Une pharmacovigilance au service des patients 30 ans d’expérience Prescrire Assises du médicament 19 avril 2011 1 Assises du médicament 19 avril 2011 2 Informer les soignants pour une décision partagée avec les patients Deux mots-clés : informer et décider Prescrire vise à apporter aux soignants les données de pharmacologie clinique et de thérapeutique dont les soignants et les patients ont besoin pour prendre les décisions de soins. Assises du médicament 19 avril 2011 3 Hiérarchiser les priorités (1) Hiérarchiser les priorités selon plusieurs axes, avec toujours en tête l’intérêt premier des patients 1- Priorité au travail sur les médicaments - de référence dans telle ou telle situation clinique : pour gérer au mieux ces médicaments très utilisés - qui doivent disparaître mais ne sont pas encore retirés : pour soutenir les prescripteurs et les patients en avance sur les agences - récemment arrivés sur le marché : pour contrebalancer la promotion, qui met en avant leur « efficacité » bien plus que leurs dangers Assises du médicament 19 avril 2011 4 Hiérarchiser les priorités (2) Hiérarchiser les priorités selon plusieurs axes, avec toujours en tête l’intérêt premier des patients 2- Priorité au travail sur les effets indésirables - graves - qui modifient fortement la balance bénéficesrisques - mal connus : nouveaux ou négligés Assises du médicament 19 avril 2011 5 Méthode documentaire adaptée - surveiller les alertes - aller au devant des données quand des effets indésirables potentiels ont transparu du dossier dès le moment de l’AMM, ou par parenté à une classe chimique ou thérapeutique ou mécanisme pharmacologique, etc. - veiller la littérature scientifique pour identifier les nouvelles données d’effets indésirables des évolutions de la place des médicaments en thérapeutique Assises du médicament 19 avril 2011 6 Adapter les ressources à l’ampleur du problème Des textes courts pour des problèmes qui posent peu de problèmes de décision. Ex : les médicaments à bénéfices non démontrés, ou facilement remplaçables : pas besoins de perdre du temps. Si doute sur effet indésirable grave : enlever de la panoplie thérapeutique. Ex. : trimétazidine et troubles extrapyramidaux Des textes longs pour des problèmes délicats : contexte complexe, données d’interprétation difficile Ex. : diphosphonates et fibrillation auriculaire Assises du médicament 19 avril 2011 7 Méthode rédactionnelle adaptée : mises en perspective et recoupements (1) 1 - Recoupement des données Recoupement observation isolée + données d’essais l'image de la pyramide : à la base, très nombreuses élévations de transaminases à la pointe, quelques hépatites fulminantes. Le recoupement fait appel aussi aux données chez l'animal, la pharmacologie, la connaissance de cette classe de médicaments, etc. Assises du médicament 19 avril 2011 8 Méthode rédactionnelle adaptée : mises en perspective et recoupements (2) 2- Recoupement des expertises Beaucoup d’organismes actifs dans le monde, à rechercher, suivre et relayer pour prendre en compte des évaluations de qualité déjà réalisées : - des agences du médicament de nombreux pays - des centres spécialisés : les CRPV - des centres indépendants : Arznei-Telegramm en Allemagne : une base de notifications, des évaluations, des alertes en ligne www.arznei-telegramm.de d’autres bulletins indépendants rassemblés dans ISDB www.isdbweb.org, etc. Assises du médicament 19 avril 2011 9 Toujours une information comparative Pas Pas Pas Pas de science pour la science, de collection de papillons, recherche de cas parfaits, de préoccupation juridique, Au contraire, une information comparative et utilitaire, à visée opérationnelle pour que SOIGNANTS et PATIENTS puissent prendre des décisions de soins en connaissance de cause Assises du médicament 19 avril 2011 10 Les conséquences pour les patients de cette information En permanence : penser aux conséquences pour le patient de l’information (ou de la non information) - au moment du choix du sujet - au moment de choix du format du texte et de son orientation rédactionnelle : quel message ? - au moment de la rédaction : quelles sont les données utiles, et les inutiles - jusqu’à la parution du texte Assises du médicament 19 avril 2011 11 Mettre en perspective les données, fournir les éléments pour une décision de soins Replacer l'information dans le contexte thérapeutique et proposer de quoi soigner mieux : - éviter les reports sur des médicaments de balance bénéfices-risques est encore plus défavorable - éviter que les patients ne soient pas traités, à tort, par peur excessive des effets indésirables - proposer des éléments de surveillance pour gérer mieux le traitement - orienter vers de meilleurs choix de traitement en prenant en compte l’évolution naturelle de la maladie, les bénéfices attendus du médicament, les autres effets indésirables, les alternatives. Assises du médicament 19 avril 2011 12 D’abord ne pas nuire (1) Pour guider les choix en réaction à la connaissance des effets indésirables, 1- exiger un haut niveau de preuves en termes de bénéfices du traitement : - pour que les effets indésirables connus et encore inconnus soient acceptables du fait du bénéfice prévisible du traitement - pour ne pas faire perdre une chance d’utiliser un autre traitement plus efficace Assises du médicament 19 avril 2011 13 ex. : hormonothérapie substitutive de la ménopause, diéthylstilbestrol Il faudra s’en souvenir longtemps et l’enseigner aux étudiant à titre d’exemple : - des millions de femmes ménopausées ont été exposées à des estroprogestatifs sans que la balance bénéficesrisques ait été correctement évaluée : puis un essai clinique bien mené a montré une augmentation des effets indésirables cardiaques et des cancers du sein. - le diéthylstilbestrol : des effets indésirables chez les enfants et pas de bénéfices démontrés sur l’évolution des grossesses Ne pas exposer des patients à des médicaments sans savoir ce qu’on fait. Assises du médicament 19 avril 2011 14 D’abord ne pas nuire (2) Pour guider les choix en réaction à la connaissance des effets indésirables, 2- le doute doit bénéficier au patient et non au médicament ni à la firme, sinon on laisse trop de patients exposés La pharmacologie et l’industrie pharmaceutique sont au service de la santé, ….. et non l’inverse Assises du médicament 19 avril 2011 15 En Vigilance, on doit savoir faire avec des petits bouts d'information, des bribes (1) Certaines bribes d'information sur un médicament sont des pointes émergées d'icebergs : - liée à sa parenté avec d'autres substances dont on connaît le profil d'effets indésirables, - liée aux incertitudes et doutes qui sont apparus au cours du développement du médicament, - liée aux effets pharmacologiques que l'on connaît de ce médicament, Assises du médicament 19 avril 2011 16 En Vigilance, on doit savoir faire avec des petits bouts d'information, des bribes (2) Certaines bribes d'information sur un médicament sont des pointes émergées d'icebergs : - car il faut du temps pour connaître à fond un médicament, - car l’information sur effets indésirables est contraire à l’intérêt immédiat de la firme, d’où sous publication, sous médiatisation, etc. Il faut travailler autant sur les séries d'observations d'effets indésirables que sur les essais cliniques. Assises du médicament 19 avril 2011 17 Constat Prescrire : accès aux données trop limité (1) Il y a encore beaucoup de chemin à faire vers la transparence. Il faut un large accès : - aux données sur lesquelles les agences travaillent, - aux rapports de synthèses et d’évaluation, - aux travaux des commissions, verbatim et comptes rendus - aux bases de données de pharmacovigilance - aux registres d’essais cliniques - aux résultats des essais. Assises du médicament 19 avril 2011 18 Constat Prescrire : accès aux données trop limité (2) Il y a encore beaucoup de chemin à faire vers la transparence. Les soignants doivent apporter les meilleurs soins en l’état actuel des connaissances et doivent donc avoir accès aux données. Les données cliniques ne sont la propriété ni des firmes, ni des agences. Ce sont des données publiques d’intérêt public. Assises du médicament 19 avril 2011 19 Constat Prescrire : paralysie des décisions (1) Un constat que Prescrire doit reprend régulièrement : « En pratique, c’est aux professionnels de santé de protéger les patients tant que les firmes et les agences n’auront pas totalement mis un terme à ce commerce » Assises du médicament 19 avril 2011 20 Constat Prescrire : paralysie des décisions (2) Quelques exemples encore d’actualité : - des médicaments de la toux et du rhume suppositoires pour les enfants contenant des terpènes, la pholcodine, la pentoxyvérine et allongement de QT, des antihistaminiques, des vasoconstricteurs, etc. - le nimésulide, la pioglitazone, la trimétazidine, la varénicline, la bupropione, etc. Assises du médicament 19 avril 2011 21 Constat Prescrire : paralysie des décisions (3) Le cas Uvesterol° 1996 : signalement de malaise d’un nourrisson à Prescrire 2006 : première demi-mesure de l’Agence : changement de dispositif doseur, sans preuve de son rôle 2011 : la notification de malaises n’a pas diminué ; nouvelle analyse de l’Agence : diffusion de précautions d’emploi. Qu’est-ce qu’on attend ? Un décès ? Assises du médicament 19 avril 2011 22 Une question toujours d’actualité : combien de morts ? Les effets indésirables des médicaments ne sont pas des tableaux abstraits ou des p < 0.05. Ce sont des patients qui souffrent ou qui meurent. Aux Etats-Unis d’Amérique, une étude Medicare, assurance maladie qui couvre les patients âgés de plus de 65 ans et les personnes invalides, a montré une mortalité à l’hôpital liée aux effets indésirables des médicaments, qui, extrapolée à la France, montre environ 20 000 morts dans cette population par an. Les rares données disponibles en France sont cohérentes avec cet ordre de grandeur. Assises du médicament 19 avril 2011 23