Chapitre 3. Transferts de protons

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Chapitre 3. Transferts de protons
3.1. Introduction
En chimie, on qualifie de "proton" indifféremment l'espèce H+ et l'espèce H3O+ . La
première est, comme présenté dans la section d’atomistique, une particule élémentaire
constituant du noyau. La notation classique des physiciens pour cette particule est p+ .
Le noyau de l'atome d'hydrogène n'étant constitué que d'un proton, on a adopté en
chimie la notation H+ . L'espèce H+ peut être observée en phase gazeuse, mais sa
grande affinité pour les électrons la fait réagir rapidement avec les atomes porteurs de
paire libre pour former un lien covalent. Dans l'eau, le seul solvant considéré lors de cet
exposé, on a donc :
H
(+)
H
+
O
H
O
H
H
H
ou, en notation plus classique :
H+ + H2O -> H3O+
H3O+ est donc la seule espèce "proton" observable en solution aqueuse. Lorsque l'on
parle de proton en solution aqueuse, on s’y réfère donc automatiquement. Par contre,
lorsque l'on parle de transfert de proton, on parle bien de l'espèce H+ qui est transférée
d'une espèce moléculaire vers une autre espèce moléculaire, comme par exemple :
H3O+ + NH3 -> H2O + NH4+
On appellera acide toute espèce moléculaire capable de céder un proton et base toute
espèce moléculaire capable d'accepter un proton (définition dite de "Brönsted").
3.2. Force des acides et des bases
3.2.1. Réactions de transfert impliquées
L'eau est à la fois une base et un acide. Cette double propriété entraîne quelques
conséquences fondamentales en ce qui concerne les transferts de protons dans l'eau :
(a) L'eau réagit avec elle-même selon l'équation :
H2O + H2O
OH- +
© Jacques Penelle
H3O+
21
Cette réaction est appelée réaction d'autoprotolyse (on trouvera parfois aussi le
terme d’auto-ionisation dans la littérature scientifique). Elle est équilibrée et
fortement déplacée vers les réactifs. La constante d'équilibre correspondante
(constante d'autoprotolyse) est généralement notée Kw (le w trouvant son origine
dans l'anglais water et dans l'allemand Wasser). On la définit par la relation :
Kw = [OH-].[H3O+ ]
(3-1)
la contribution des réactifs ([H2O]2) étant omise au dénominateur dans la
mesure où l'eau est aussi le solvant de la réaction et sa concentration de 55,5 M
reste constante (le taux de conversion est en effet d’approximativement
0,00000018%).
A 25°C et sous 1 atmosphère, la valeur numérique de Kw est de 10-14!; à 40°C,
température plus proche de celles de beaucoup de mammifères, elle vaut
10-13,534. Sa valeur exacte sous diverses conditions expérimentales peut être
trouvée dans des ouvrages spécialisés. Dans le cadre de ce cours, nous
utiliserons la valeur 10–14.
(b) Tout acide (donneur de proton noté A-H) sera caractérisé par sa capacité à
réagir avec l'eau selon l'équation :
A-H + H2O
A- + H3O+
(remarque : il existe des acides chargés positivement (NH4+ par exemple) ;
dans ce cas, on écrira l'équation générale sous la forme!:
A-H+ + H2O
A + H3O+ )
L'espèce moléculaire obtenue après perte du proton (A- ou A) est appelée base
conjuguée.
(c) Par analogie, toute base (accepteur de proton) sera caractérisée par sa capacité
à réagir avec l'eau selon l'équation :
ou
A- + H2O
A-H + OH-
A + H2O
A-H+ + OH-
L'espèce moléculaire obtenue après acceptation du proton (A-H ou A-H+ ) est
appelée acide conjugué.
© Jacques Penelle
22
3.2.2. Classement qualitatif des acides et des bases
Les acides et les bases peuvent être divisés en deux catégories :
(1) Les acides forts et les bases fortes sont caractérisés par leur capacité à réagir
de manière complète avec l'eau. Pour ces espèces, on a donc respectivement les
équations :
A-H + H2O -> A- + H3O+
ou
A- + H2O -> A-H + OHLes acides forts les plus courants sont HI, HBr, HCl, HClO4, HClO3, HNO3 et
H2SO4 (ce dernier, uniquement pour le don de son premier proton). Les seuls
acides forts de la biochimie sont les dérivés de l’acide sulphonique (-SO3H, voir
section «!chimie organique!») comme la taurine.
Les bases conjuguées des acides forts sont donc incapables de réagir avec l'eau
par transfert de proton. Lorsque l’on dissout du chlorure de sodium
(constituant majeur du sel de cuisine) dans l'eau, on ne forme donc pas d'espèce
OH- par la réaction :
Cl- + H2O
HCl + OH-
(2) Les acides et les bases faibles, au contraire, atteignent un équilibre lorsqu'ils
réagissent avec l'eau. Une fraction plus ou moins importante de l'acide ou
de la base de départ restera présente en solution et en équilibre avec l'espèce
conjuguée.
3.2.3. Classement quantitatif des acides et des bases faibles
Il est possible de déterminer une constante d'équilibre pour la réaction des acides et des
bases faibles avec l'eau.
La constante d'acidité (Ka) est définie par la réaction :
H3O+ + A-
HA + H2O
On a donc pour la constante d’équilibre!:
[H O ][A ]
=
+
Ka
"
3
[HA]
(3-2)
Remarque : [H2O] est à nouveau omis pour la même raison que celle mentionée
précédemment
! pour Kw.
© Jacques Penelle
23
On utilise souvent une échelle logarithmique, l'échelle p :
Par définition, p = - log
On a aussi : pH = - log [H3O+ ]
d'où pK = - log K
(3-3)
Par exemple,
pKa = 4,5 ! Ka = 10-4,5
Il faut toujours bien se rappeler que l'échelle p est une échelle logarithmique en base 10.
On a donc par exemple :
pH
1
2
[H3 O+]
10-1 M = 0,1 M
10-2 M = 0,01 M
En passant d'un pH de 1 à 2, on diminue donc la concentration en protons d'un facteur
10.
La constante de basicité (Kb) est définie par :
A- + H2O
d’où
HA + OH-
Kb =
[HA][OH" ]
(3-4)
[A" ]
On peut passer de Kb à Ka ou l'inverse par la relation :
Ka . Kb =Kw
!
(3-5)
Démonstration :
[H O ][A ] [HA][OH ]
=
[HA]
[A ]
+
K a .K b
"
"
3
"
K a .K b = [H 3O + ][OH" ]
K a .K b = K w
La détermination!expérimentale des pKa permet l'établissement d'une échelle d'acidité
dans l'eau. De nombreuses valeurs peuvent être trouvées dans des compilations
spécialisées. Une échelle résumée au couples acido-basiques les plus courants est
disponible au tableau 3-1 ci-dessous. Elle reprend les valeurs de pKa dans l'eau à 25°C
pour divers couples "acide + base conjuguée". Deux couples essentiels correspondant
aux couples de H2O en tant qu'acide et que base (lignes 7 et 28) définissent les
"frontières" de la zone couverte par les couples acides-bases faibles.
© Jacques Penelle
24
Tableau 3-1. Valeurs de pKa pour quelques couples acido-basiques caractéristiques
(à 298 K)
forme acide
1
2
3
4
5
6
acide chlorhydrique
acide bromhydrique
acide iodhydrique
acide sulfurique (1)
acide perchlorique
acide nitrique
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
ion hydronium
acide oxalique (1)
acide sulfurique (2)
acide phosphorique (1)
glycine (1)
acide pyruvique
acide fluorhydrique
acide formique
acide oxalique (2)
acide acétique
ion pyridinium
acide carbonique (1)
acide sulfhydrique (1)
acide phosphorique (2)
acide cyanhydrique
ion ammonium
acide borique (1)
glycine (2)
acide carbonique (2)
ion methylammonium
acide phosphorique (3)
eau
29 ammoniac (-> amidure)
30 acide sulfhydrique (2)
pKa
HCl
HBr
HI
H2SO4
HClO4
HNO3
limite des acides forts
H3O+
H2C2O4
1,2
HSO42,0
H3PO4
2,2
+
2,3
C2H6NO2
C3H4O3
2,4
HF
3,2
CH2O2
3,8
4,2
HC2O4
C2H4O2
4,8
+
5,3
C5H6N
H2CO3
6,4
H2S
7,1
7,2
H2PO4
HCN
9,2
+
9,3
NH4
H3BO3
9,3
C2H5NO2
9,8
10,3
HCO310,6
CH6N+
12,3
HPO42H2O
limite des bases fortes
NH3
HSacide
conjugué
© Jacques Penelle
base conjuguée
ClBrIHSO4ClO4NO3H2O
HC2O4SO42H2PO4C2H5NO2
C3H3O3FCHO2C2O4C2H3O2C5H5N
HCO3HSHPO42CNNH3
H2BO3C2H4NO2CO32CH5N
PO43OHNH2S2forme basique
25
Comme déjà discuté, les acides forts réagissent avec l'eau pour donner de manière
irréversible H3O+ . On a donc :
HCl + H2O ! H3O+ + ClCl- + H2O
HCl + OHDe même, pour les bases fortes, on aura :
NH2- + H2O ! NH3 + OHNH3 + OHNH2- + H2O
Remarque : Dans certains tableaux disponibles dans la littérature, les acides forts et les
bases fortes sont accompagnés d'un pKA et sont classés en fonction de celui-ci, par
exemple : HI > HBr > HClO4 etc....
Les pKA repris n'ont cependant aucune
signification lorsqu’on ne considère que les réactions acide-base dans l'eau. Dans l’eau
comme solvant, tous les acides forts se transforment en effet quantitativement en leur
base conjuguée et en H3O+ . Il n'est donc pas possible de classer les acides forts les uns
par rapport aux autres. Les valeurs de pKA fournies permettent cependant de déterminer
que dans l'acide sulfurique utilisé comme solvant, l'acide nitrique sera un acide faible.
Le tableau des pKA permet de déterminer quels seront les transferts de protons
thermodynamiquement possibles.
(1) Les réactions avec les acides forts et bases fortes (y compris OH-) seront
toujours possibles, que le réactif partenaire soit fort ou faible.
(2) Pour les réactions des acides faibles avec les bases faibles, on devra toujours
pour observer une réaction, avoir une droite rejoignant l'acide et la base selon une
diagonale telle que tracée au schéma ci-dessous :
H3O+
HA1
H2O
A1-
réaction favorisée
réaction défavorisée
HA2
A2-
H2O
OH-
Exemple : Examinons la réaction HF + CO=3 :
HF est un acide faible (ligne 13) et CO32- (ligne 25) ainsi que HCO3- (ligne 18) sont des
bases faibles.
© Jacques Penelle
26
On aura besoin dans le tableau des couples :
13
18
25
HF
H2CO3
HCO3-
FHCO3CO32=
On voit que HF peut réagir avec CO3 et avec HCO3-. Le produit final de la réaction
dépendra donc de la quantité de HF présent. Si l'on met un équivalent par rapport à
CO32-, on obtiendra HCO3- comme produit final ; si l'on met deux équivalents, on
obtiendra H2CO3.
3.2.4. Détermination de la constante d'équilibre d'une réaction acide-base
A partir des constantes d'acidités, on peut également déterminer la constante d'équilibre
de n'importe quelle réaction de transfert de protons.
Dans le cas général :
HA1 + A2 -
A1! ][HA 2 ]
[
K=
[HA1 ][A2! ]
on a :
et donc :
K=
car :
K A1
et
A1 - + HA2
KA1
KA 2
A1! ][ H3O+ ]
[
=
[ HA1]
1
K A2
=
[ HA2 ]
[ A!2 ][H3O+ ]
On peut donc déterminer la constante d'équilibre de n'importe quelle réaction de transfert
de proton.
Exemples :
(a) Prenons
"2
HA1 avec un pKA1 = 2 ! KA1 = 10
et HA2 avec pKA2 = 10 ! KA2 = 10"10 ,
soit une grande différence de pKA.
[ ]
[ ]
[ HA 2 ] A1"
10 "2
8
!K =
=
= 10 =
KA2 10"10
[ HA1] A "2
KA1
© Jacques Penelle
27
La constante K de 108 signifie qu'on a, à l'équilibre, 100 millions de fois plus de
produits que de réactifs. La conversion est de plus de 99,999 % et on aura une réaction
très déplacée vers la droite (en pratique, une réaction complète).
HA1 + A2- -> A1- + HA2
(b) Prenons
HA1 avec pKA1 = 4, 5
et HA2 avec pKA 2 = 4, 7
K=
10 !4,5
!4,7
10
= 10 0,2 = 1,58
Il y a cette fois 1,6 fois plus de produits que de réactifs. La réaction est donc équilibrée
sans que l'équilibre ne soit fortement déplacé dans un sens ou dans l'autre :
HA1 + A2- ! A1- + HA2
3.3. Notions et calculs de pH
3.3.1. Notions de base
Le pH est une mesure quantitative de l’acidité d’une solution aqueuse. Il est défini de
manière logarithmique selon l’échelle p déjà examinée précédemment lors de la
présentation de la notion de pK. On définit donc!:
pH = -log [H3O+ ]
(3-3)
Dans l’eau pure, la quantité d’ion H3O+ est régie par l’équilibre d’autoprotolyse et la
constante d’autoprotolyse Kw (équation 3-1)!:
H2O + H2O
concentrations initiales
a
a
-x
-x
a-x ~ a a-x ~ a
concentrations à l’équilibre
+
0
+x
x
H3O+
0
+x
x
K w = [H 3O + ][OH" ] = x.x = x 2
On a donc!:
d’où!:
OH-
[H O ] = x =
+
3
Kw
et
(
1/ 2
pH = "log[ H 3O+ ] = "log K w
!
) = 12 pK
w
=7
Un pH de 7 correspond donc à la neutralité (absence d’acides ou de bases extérieurs).
! pH supérieur à 7 indique !
Un
la basicité tandis qu’un pH inférieur à 7 correspond à une
solution acide.
© Jacques Penelle
28
L’équilibre d’autoprotolyse étant toujours présent puisqu’il ne dépend, pour son
existence, que de la présence de molécules d’eau, la relation entre [H3O+ ] et [OH-] est
elle aussi toujours liée par les mêmes relations, c’est-à-dire!:
[H O ] =
+
3
Kw
[OH " ]
et inversement!:
[OH ] =
"
Kw
[H 3O+ ]
(3-6)
La détermination de [H3O+ ] implique donc toujours la connaissance simultanée de
–
[OH ].
!
!
La notion de pH est cruciale en biologie et en biochimie. La plupart des formes de vie
ne peuvent en effet maintenir leurs fonctions que dans une gamme de pH limitée,
souvent proche de la neutralité. Au niveau moléculaire, les vitesses de beaucoup des
réactions biochimiques essentielles, ainsi que celles des grandes réactions parasites
comme la dégradation des biomacromolécules par hydrolyse, sont fonctions du pH.
Enfin, la détermination expérimentale du pH est aisée dans de nombreuses
configurations expérimentales, essentiellement par l’utilisation de pH-mètres.
3.3.2. Calcul du pH en fonction de l’addition d’acides ou de bases dans l’eau
Plusieurs cas peuvent être envisagés!:
-
addition de la base conjuguée d’un acide fort (ex.!: chlorure de
sodium) ou de l’acide conjugué d’une base forte monofonctionnelle,
addition d’un acide fort monofonctionnel (ex.!: acide chlorhydrique)
ou d’une base forte (ex.!: hydroxide),
addition d’un acide faible monofonctionnel (ex.!: acide acétique) ou
d’une base faible monofonctionnelle (ex.!: acétate),
addition d’un acide polyfonctionnel (ex.!: acides phosphorique ou
sulfurique),
addition conjointe d’un acide faible et de sa base conjuguée
(exemple!: acide acétique et acétate),
addition conjointe d’un acide faible et d’une base faible nonconjuguée (ex.!: acétate et ion ammonium).
a. Addition de la base conjuguée d’un acide fort (ex.!: chlorure de sodium)
ou de l’acide conjugué d’une base forte monofonctionnelle
Dans ces deux cas, toute réaction avec l’eau est impossible. On aura par exemple!:
Cl- + H2O
HCl + OH-
Le pH de la solution sera donc celui de la solution aqueuse avant l’addition, c’est-àdire pH = 7.
© Jacques Penelle
29
b. Addition d’un acide fort monofonctionnel (ex.!: HCl) ou d’une base
forte (ex.!: NaOH)
Dans le cas d’un acide fort, celui-ci réagit complètement avec l’eau selon la réaction!:
HCl + H2O -> H3O+ + Clconcentrations initiales
a
-a
0
concentrations finales
On a donc!:
0
+a
a
0
+a
a
[H3O+ ] = a = [HCl]0
et donc!: pH = - log([HCl]0)
De même, avec une base forte comme un hydroxide, on aura!:
NaOH + H2O -> OH- + Na+
concentrations initiales
a
-a
0
concentrations finales
On a donc!:
0
+a
a
0
+a
a
[OH-] = a = [NaOH]0
Kw
(réaction d’autoprotolyse),
[OH " ]
Sachant que [ H 3O+ ] =
on arrive à : pH = -log(Kw . [NaOH]0-1) = pKw + log([NaOH]0)
!
c. Addition d’un acide faible monofonctionnel (ex.!: CH3COOH) ou d’une
base faible monofonctionnelle (ex.!: CH3COO-)
L’acide faible réagit avec l’eau de manière réversible selon l’équation!:
CH3COOH + H2O ! H3O+ + CH3COOconcentrations initiales
a
-x
a-x
concentrations à l’équilibre
0
+x
x
[H O ][CH COO ] =
=
+
On a donc!:
Ka
3
"
3
[CH 3COOH]
Ka = 10-4,7
0
+x
x
x2
a"x
Cette équation correspond à une équation du second degré à une inconnue en x qui est
mathématiquement soluble (une des deux solutions de l’équation sortira de la gamme de
concentrations
! physiquement accessibles comprises entre 0 et a).
© Jacques Penelle
30
Il est plus simple cependant de considérer le fait que, vu la faible valeur de Ka (10-4,7), le
taux de transformation de la réaction doit être faible. En d’autres termes, le terme x sera
très petit par rapport au terme a (ou encore!: a ~ a-x). L’équation générale se simplifie
alors en!:
x2
et
x = K aa
Ka =
a
et on aura!:
[H O ] = x =
+
3
et
(
pH = "log
!
K a [CH 3COOH] 0 !
!
)
K a [CH 3COOH] 0 =
pK a 1
" log([CH 3COOH] 0 )
2
2
Pour une base faible, on aura!de même :
CH3COO- + H2O ! OH- + CH3COOH
!
concentrations initiales
a
-x
a-x
concentrations à l’équilibre
0
+x
x
Kb
0
+x
x
[OH ][CH COOH] = x
=
a"x
[CH COO ]
"
et donc!:
Kb = 10-9,3
2
3
-
3
Kb, la constante de basicité est liée à Ka par la relation (3-5) démontrée précédemment.
En utilisant le!même raisonnement que précédemment, on arrive à!:
[OH ] = x =
"
[H O ] =
+
et
3
!
K b [CH 3COO - ] 0
Kw
Kw
=
"
[OH ] K b [CH 3COO" ]
0
ou, sous une forme logarithmique!:
!
1
1
pH = "log [H 3O + ] = "logK w + logK b + log [CH 3COO" ] 0
2
2
(
(
)
1
1
pH = 14 " pK b + log [CH 3COO" ] 0
2
2
(
et
!
)
)
ou, en utilisant pKa !plutôt que pKb (sur base de l’équation pKw = 14 = pKa + pKb ) :
!
1
1
pH = 7 + pK a + log [CH 3COO" ] 0
2
2
(
)
!
© Jacques Penelle
31
d. Addition d’un acide polyfonctionnel (ex.!: H3PO4 ou H2SO4)
La différence de pKa pour des acides polyfonctionnels est généralement importante, de
l’ordre de plusieurs unités de pK, soit plusieurs ordres de grandeur. La seconde
déprotonation (et a fortiori les déprotonations subséquentes) est donc négligeable par
rapport à la première, et on pourra donc traiter ce cas en considérant que l’acide
polyfonctionnel agit comme un acide monofonctionnel.
Dans le cas de l’acide sulfurique, on considérera donc que l’acide est un acide fort
monofonctionnel. Dans le cas de l’acide phosphorique, on aura un acide faible
monofonctionnel.
On notera qu’un mélange d’un acide fort avec un acide faible ou d’une base forte avec
une base faible peut être traitée selon la même logique à condition que la quantité de
l’acide fort ou de la base forte ne soit pas négligeable par rapport à la quantité de l’acide
faible ou de la base faible.
e. Mélange d’un acide faible et de sa base conjuguée (ex.!: CH3COOH et
CH3COO-)
On a!:
CH3COOH + H2O ! H3O+ + CH3COOconcentrations initiales
a
-x
a-x
concentrations à l’équilibre
0
+x
x
Ka
b
+x
b+x
[H O ][CH COO ] = x(b + x)
=
+
et
Ka = 10-4,7
"
3
3
[CH 3COOH]
a"x
Ici encore, on peut considérer que x est faible par rapport à a et b.
On aura donc!:
!
Ka =
d’où!:
[H O ] = x =
+
3
!
et
!
xb
a
et
x=
K aa
b
K a [CH 3COOH] 0
[CH COO!]
-
3
0
# K CH COOH &
# CH COOH &
[ 3
]0 (
]0 (
%[ 3
pH = "log% a
=
pK
"
log
a
% [CH COO ] (
% [CH COO ] (
3
3
$
'
$
0
0 '
Cette configuration spéciale d’un acide faible et de sa base conjuguée est appelée un
!mélange tampon. Elle permet de fixer le pH d’une solution en fonction du rapport des
concentrations initiales d’un couple acide faible / base conjuguée défini.
En pratique, le pH peut être fixé dans la zone définie par les rapports de concentrations
initiales compris entre 10 et 0,1, c’est-à-dire dans la zone de pH définie par (pKa +1) et
© Jacques Penelle
32
(pKa -1). Au-delà de cette limite, l’approximation x << b et x << a ne tient plus et le pH
déviera significativement de celui calculé par la relation ci-dessus.
En biologie moléculaire et d’autres domaines de la recherche biologique, on utilise
fréquemment le mélange dihydrogénophosphate/hydrogénophosphate H2PO4-/ HPO42dont le pKa à 7,2 est proche du pH observé dans beaucoup de milieux physiologiques.
L’efficacité (ou capacité) d’un mélange tampon est défini par la quantité d’acide ou de
base forts nécessaire à neutraliser une fonction acidobasique du système, et donc de
sortir du rapport des concentrations initiales compris entre 10 et 0,1.
f. Addition stoechiométrique d’un acide faible et d’une base faible nonconjuguée (ex.!: NH4+ CH3COO-)
L’acétate d’ammonium se dissout dans l’eau en se dissociant entièrement selon!:
NH4 COOCH3 -> CH3COO- + NH4+
Partant de l’équation globale de transfert de protons entre espèces impliquées :
CH3COO- + NH4+
concentrations initiales
a
-x
concentrations à l’équilibre a-x
!
CH3COOH + NH3
a
-x
a-x
0
+x
x
0
+x
x
on peut définir une constante globale de transfert!KG (voir section 3.2.4) :
KG
[CH 3COOH][NH 3 ] =
=
[CH COO ][NH ]
+
"
3
4
K a NH 4 +
K a CH 3 COOH
x2
2
(a " x)
[H O ][CH COO ] =
=
+
Comme par définition!: K a CH 3 COOH
!
=
"
3
3
[CH 3COOH]
a"x
[H O ] ( x )
+
3
x
et donc!: [H 3O + ] = K a CH 3 COOH
!
(a " x)
et que!:
!
x
= KG
(a " x)
on peut conclure que!:
[H O ] = K
+
3
a
CH 3 COOH
KG
!
[H O ] = K
+
3
a
!
CH 3 COOH
K a NH 4 +
K a CH 3 COOH
© Jacques Penelle
!
= K a NH 4
+
K a CH 3 COOH
33
et donc!:
1
1
#
&
+
+
pH = "log% K a NH 4 K a CH 3 COOH ( = " logK a NH 4 " logK a CH 3 COOH
$
'
2
2
et
pH =
!
1
1
+
pK a NH 4 + pK a CH 3 COOH
2
2
Les acides aminés à demi-neutralisation (structure A ci-dessous) constituent un cas
particulier
de cette situation!:
!
COO
H3N
R
(A)
La forme zwitterionique A qui les caractérise contient, en effet, à la fois une fonction
acide faible (-NH3 +), équivalente à l’ammonium dans l’exemple précédent, et une
fonction carboxylate (-COO-), équivalente à l’acétate dans ce même exemple. Le pH à
ce point est donc égal à la demi-somme des deux pKa. On appelle ce point le point
isoélectrique de l’acide aminé car la molécule est électriquement neutre.
A pH plus élevés (pH basiques), l’acide aminé se trouvera sous la forme chargée
négativement B!(éventuellement en mélange avec A); à pH moins élevés (pH acide),
l’acide aminé se trouvera sous la forme chargée positivement C (éventuellement en
mélange avec A).!
COO
H2N
R
COOH
H3N
R
(B)
(C)
Les mélanges A / B et A / C constituent des mélanges tampons correspondants à une
des situations examinées ci-dessus. Sous leur forme totalement basique ou totalement
acide, B et C correspondent respectivement à une base faible difonctionnelle et à un
acide faible difonctionnel. Ces cas ont également été traités précédemment.
On notera au passage qu’il est aisé à partir des relations examinées précédemment de
déterminer la (les) forme(s) exacte(s) sous la(les)quelle(s) se trouve un acide aminé à un
pH donné, le pH physiologique par exemple.
© Jacques Penelle
34
3.3. Calcul du pH lors d!une réaction acide-base
Il est possible de déterminer le pH d’une solution lors d’une réaction entre un acide et
une base, en utilisant notamment les relations étudiées à la section précédente.
Exemple!:
Dans le cas de la neutralisation d’un acide faible (exemple!: acide acétique) par une
base forte (exemple!: hydroxyde de sodium), on calculera tout d’abord le rapport des
espèces présentes après réaction.
CH3 COOH + OHAprès addition de!:
-> CH3 COO- + H2 O
(réaction complète)
on aura!donc :
0 équivalent de OH-,
0,25 équivalent de OH-,
0,50 équivalent de OH-,
0,75 équivalent de OH-,
1,00 équivalent de OH-,
1,25 équivalentsde OH-,
CH3 COOH (cas c)
un mélange 1!: 3 CH3 COO-/CH3 COOH (tampon)
un mélange 1!: 1 CH3 COO-/CH3 COOH (tampon)
un mélange 3!: 1 CH3 COO-/CH3 COOH (tampon)
CH3 COO- (cas c)
un mélange 1!: 0,25 CH3 COO-/OH- (cas d,
mélange base forte / base faible).
L’exemple ci-dessus montre que les mélanges tampons peuvent être obtenus par trois
voies!: (a) dissolution dans des proportions prédéfinies de l’acide faible et de sa base
conjuguée (voie directe), (b) réaction d’un acide fort avec une base faible ou (c) réaction
d’une base forte sur un acide faible (voies indirectes).
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Chapitre 4. Transferts d!électrons
4.1. Introduction
Les réactions de transfert d'électrons en milieu aqueux (appelées aussi réactions redox)
possèdent quelques similarités avec les réactions de transfert de protons étudiées au
chapitre précédent, mais il existe également de profondes différences.
Les deux réactions sont ainsi basées sur le transfert d'une espèce incapable d'exister
dans l'eau – respectivement e- et H+ – d'un réactif X vers un réactif Y. H+ comme e- sont
en effet des constituants de l'atome trop réactifs que pour survivre dans l'eau. Nous
avons vu que H+ se maintient dans le milieu aqueux en se transformant en une espèce
H3O+ qui peut dans certains cas servir de véhicule de transfert. L'électron est incapable
d'adopter une telle stratégie. Il y a donc nécessité dans ce cas d'un transfert direct entre
partenaires réactionnels.
Les réactions de transfert d'électrons peuvent donc être très rapides, rapides, lentes ou
excessivement lentes, selon les cas. Nous avons vu que les réactions acide-base dans
l'eau étaient d’habitude fort rapides. Un mécanisme de transfert par relais, tel que
schématisé à deux dimensions ci-dessous, permet en effet au proton d'être «!transféré!»
à grande distance de l'acide vers la base ou vice-versa.
H
A
O H
H
O H
H
O H
H
O H
H
B
(+)
(-)
A
H O
H
H O
H
H O
H
H O
H
H B
L’analyse de la possibilité d'une réaction de transfert d'électrons sur base des potentiels
redox (concept thermodynamique), telles que celles que nous serons amenés à faire dans
ce chapitre, ne traduira donc pas toujours la possibilité d’observer la réaction en
question. La cinétique peut en effet être tellement lente que la vie entière d'un
expérimentateur ne suffirait pas à observer une évolution. A l’heure actuelle, il n'existe
pas de théorie satisfaisante qui permette de prédire de manière générale, et même très
approximativement, la vitesse d'une réaction redox dans des conditions expérimentales
données. Le plus souvent, seule la littérature existante et les connaissances
professionnelles d'un chercheur permettront d’estimer a priori le caractère réalisable ou
non d'une réaction nouvelle.
Il est à noter que la plupart des réactions de la chimie organique appartiennent à cette
classe des réactions de transfert d’électrons à cinétiques lentes. La plupart des
molécules de la biochimie étant de nature organique, les réactions observées dans les
mécanismes du vivant appartiennent donc aussi à cette catégorie. Cet état de fait
explique l’importance très limitée accordée à la thermodynamique lors de
l’enseignement de la chimie organique et de la biochimie.
© Jacques Penelle
36
4.2. Les réactions de transfert d!électrons": analyse qualitative
4.2.1. Couples réducteur-oxydant
Par définition, un oxydant est une espèce chimique capable d'accepter un ou plusieurs
électrons et un réducteur est une espèce chimique capable de céder un ou plusieurs
électrons. L'oxydation d'un réactif correspondra à une réaction au cours de laquelle des
électrons lui sont pris (le réactif réagit avec un oxydant). A l'inverse, la réduction d'un
réactif correspondra à une réaction au cours de laquelle des électrons lui sont cédés (le
réactif réagit avec un réducteur).
On écrira donc pour les réactions redox :
REDUCTEUR
OXYDANT CONJUGUE + n e-
(4-1)
Il faut noter que cette équation (appelée équation partielle) n'a pas d'existence réelle, les
électrons n’ayant pas la possibilité d’exister en tant que réactif ou produit.
L'établissement d'équation partielles permet cependant de déterminer les équations
globales par combinaison de deux couples réducteur - oxydant conjugué (voir point
suivant) et de classer les différents oxydants et réducteurs sur base de leur capacité
(thermodynamique) à céder ou accepter un ou plusieurs électrons.
Dans le cas des réactions de transfert de protons, l'établissement des réactifs et produits
était aisé car un acide par essence contenait un proton H+ et sa base conjuguée se dérivait
par écriture de la même espèce chimique avec un hydrogène en moins et une charge
négative en plus (exemple: HCl / Cl-, H2PO4- / HPO42- ou NH4+ / NH3). Dans le cas des
réactions redox, tous les électrons (ou du moins tous les électrons de cœur) peuvent
potentiellement être transférés et l'écriture de l'équation partielle peut devenir très
complexe.
Certains couples sont aisés à écrire, par exemple :
Na
Ca
Fe
Fe
Fe+ +
Na+ + eCa+ + + 2 eFe+ + + 2 eFe+ + + + 3 eFe+ + + + e-
mais d'autres couples sont moins évidents, par exemple :
Cr2O7=
+ 14 H+ + 6 eoxydant
e- transférés
2 Cr+ +
réducteur
+ 7 H2O
4.2.2. Ecriture des réactions redox lorsque l’on connaît les produits et réactifs
Il peut arriver que l’on connaisse les réactifs et produits d'une réaction de transfert
d'électrons et que l'on veuille déterminer la stœchiométrie et les coréactifs éventuels (eau,
acide et base) de manière à écrire une réaction globale respectant les règles générales de
transformation des réactifs en produits.
Prenons l'exemple suivant. On sait que l'acide nitrique dilué réagit avec du soufre pour
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37
donner du monoxyde d'azote et de l'acide sulfurique :
HNO3 dilué + S -> NO + H2SO4
On peut à partir de cette information extraire les deux couples "oxydant + réducteur
conjugué" :
H N O3 +
S
NO
oxydant + réducteur
=>
HNO3
S
+ H2S O4
réducteur + oxydant
NO
H2SO4
La pondération des équations partielles exige de pouvoir déterminer un nombre
d'oxydation (voir 4.2.3 ci-dessous). La perte et le gain d'électrons subis pendant la
réaction redox peuvent en effet être corrélés, à l'échelle moléculaire, à une variation du
nombre d'oxydation, au niveau de l'atome d'azote pour la première espèce et au niveau de
l'atome de soufre pour la seconde.
La détermination du nombre d'oxydation pour les quatre espèces impliquées dans notre
exemple donne le résultat suivant :
(+5)
!
HNO3
(+2)
!
NO
(0)
!
S
(+6)
!
H2SO4
Le nombre d'électron transféré par atome dans chacune des équations partielles est égal
à la différence de nombre d'oxydation.
On a donc :
5
HNO3
+ 3 e-
+2
NO
Cette équation partielle n'est pas pondérée correctement car on observe 3 charges d'un
côté et aucune de l'autre, 3 atomes d'oxygène d'un côté, un seul de l'autre et 1 atome
d'hydrogène d'un côté, aucun de l'autre.
© Jacques Penelle
38
Pour pondérer l'équation partielle, on suivra les règles suivantes :
- d'abord, équilibrer les charges en ajoutant des H+ ou des OH- d'un des deux
côtés de l'équation,
- ensuite, pondérer en ajoutant des molécules d'eau d'un des deux côtés de
l'équation.
On équilibrera les charges en ajoutant des H+ dans le cas de réactions ayant lieu en
milieu acide ou en présence d'un acide comme réactif ou produit. On ajoutera des OHdans les autres cas.
Dans l’exemple repris, on aura donc :
HNO3 + 3 e- + 3 H+
4 H2O + S
NO + 2 H2O
H2SO4 + 6 e- + 6 H+
et en tenant compte du fait que six électrons doivent être acceptés par molécule de
soufre!:
[ HNO3 + 3e- + 3 H+
NO + 2 H2O ] x 2
4 H2O + S
H2SO4 + 6 e- + 6 H+
____________________________________________________________________
6 H+ + 2 HNO3 + 4 H2O + S
2 NO + 4 H2O + H2SO4 + 6 H+
2 HNO3 + S
2 NO + H2SO4
Les deux équations partielles fournissent ainsi une équation globale qui, dans ce cas
précis, peut être simplifiée par élimination des 6 H+ à gauche et à droite. Si cette
simplification n'avait pas été possible, il aurait fallu fournir une source de protons soit
sous forme interne (ici des HNO3), soit sous forme d'un acide ne participant pas à la
réaction redox (on choisit le plus souvent H2SO4 ou plus rarement H3PO4).
Autre exemple : réaction de l'acide nitrique dilué avec l'iodure
(pour HNO3, on retrouve la même équation partielle que celle de l'exemple précédent)
[ HNO3 + 3 H+ + 3e-
NO + 2 H2O ] x 2
(-1)
[ 2 I"
(!!! on a 1 e- transféré par atome)
(0)
I2 + 2 e- ] x 3
___________________________________________________________
2 HNO3 + 6 H+ + 6 I-
2 NO + 4 H2O + 3 I2
Supposons qu'au départ, on ait utilisé du KI comme source de I-. On a par addition à
gauche et à droite dans l'équation globale :
© Jacques Penelle
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2 HNO3 + 6 H+ + 6 I2 NO + 4 H2O + 3 H2O
+
6 NO3 + 6 K
6 NO3- + 6 K+
_____________________________________________________________
8 HNO3 + 6 KI
2 NO + 4 H2O + 3 I2 + 6 KNO3
Dans ce cas, HNO3 sert en même temps d'oxydant et de donneur de proton.
4.2.3. Détermination du nombre d'oxydation
Il existe deux méthodes principales pour la détermination d'un nombre d'oxydation :
(a) à partir de la formule de Lewis
On dessine la structure de Lewis et on transfère fictivement pour chaque liaison :
- la moitié des électrons de la liaison vers l'atome le plus électronégatif
dans le cas de liaisons entre deux atomes de nature différentes,
- aucun des électrons de la liaison dans le cas de liaisons entre deux
atomes de nature identique.
Le nombre d'oxydation correspond au nombre d'électrons perdus fictivement par l'atome
(parfois appelé la charge fictive de l'atome). Si l'atome a gagné des électrons, le nombre
d'oxydation correspond au nombre d'électrons acceptés fictivement affecté d'un signe
négatif (-).
Exemple : l'acide phosphoreux (les paires libres ont été omises pour la clarté du
dessin)
O (-2)
O
H
O
P
O
H
(+1)
H
(+1)
(+3)
O
(-2)
P
O
(-2)
H
H (+1)
H
(b) à partir de la formule brute
Pour une formule brute de type AaHbOc où A, H, et O correspondent aux atomes
présents dans la molécule (A : un atome quelconque, H : hydrogène, O : oxygène),
- les nombres d'oxydation de l'hydrogène et l'oxygène seront toujours, respectivement,
(+1) et (-2) sauf pour les composés suivants :
- les hydrures (LiH, CaH2 ...) : le nombre d'oxydation de H sera (-1),
- l'hydrogène et l'oxygène moléculaire : le nombre d'oxydation sera (0),
- les dérivés où l'atome d'oxygéné est lié à un atome de fluor (+1).
© Jacques Penelle
40
- le nombre d'oxydation de l'atome A sera déterminé par l'équation suivante :
a Nox(A) + b - 2c = (charge globale de la molécule)
exemples :
H3PO3
S2O3=
(4-2)
Nox(P) + 3 - 6 = 0 => Nox(P) = +3
2 Nox(S) - 6 = - 2 => Nox(S) = +2
! Le nombre d'oxydation établi par cette méthode correspond à un nombre d'oxydation
moyen.
Remarque générale : Chaque atome du tableau périodique des éléments est caractérisé
par un certain nombre d'étages d'oxydation stables, d'ailleurs renseignés dans certains
tableaux. L'étage d'oxydation (0) existera toujours car c'est celui de l'élément.
4.2.4. Quelques réactions redox particulières
Nous analyserons dans cette section deux réactions rédox particulières.
(a) Les réactions de dismutation
Il s'agit de réactions pour lesquelles l'oxydant et le réducteur sont constitués du même
réactif.
Exemples :
(a) Cu+
Cu+ + 2Cu
Cu+
Cu+ + + e_____________________
2 Cu+ ! Cu + Cu+ +
Cu+ = oxydant
Cu+ = réducteur
(b) Le chlore en milieu basique dismute pour donner l'eau de Javel, un mélange
équimolaire de chlorure de sodium et d'hypochlorite de sodium (c'est-à-dire 1 mole
de chlorure pour une mole d'hypochlorite). Les équations partielles s'écrivent :
(0)
[Cl2 gaz
(+1)
ClO - +
+ 2 OH (0)
H2O + e- ] x 2
(-1)
2 Cl -
Cl2 gaz + 2 e-
_______________________________________________
2 Cl2 gaz + 4 OHCl2 gaz + 2 OH-
2 ClO- + 2 Cl - + 2 H2O
ClO- +
Cl - +
© Jacques Penelle
H2O (en divisant par deux)
41
=>
Cl2 gaz + 2 NaOH
NaClO +
NaCl +
H2O
L'hypochlorite est un oxydant moyen, mais suffisamment fort que pour exercer une
action désinfectante. En milieu acide, l'hypochlorite de sodium (base faible) se
transforme en acide hypochloreux qui va réagir avec le chlorure présent :
ClO- + H3O+ -> HClO + H2O
2 HClO + 2 H+ + 2 eCl2 gaz + 2 H2O
2 Cl Cl2 gaz + 2 e________________________________________
2 Cl - + 2 HClO + 2 H+
2 Cl2 gaz + 2 H2O
NaCl - + HClO + H3O+
Cl2 gaz + 2 H2O
C'est pour cette raison qu'il est dangereux de mettre de l'acide dans de l'eau de Javel : du
chlore gazeux, toxique, est dégagé.
(b) Les réactions de combustion
Il s’agit de réactions dans lesquelles de la matière organique réagit avec de l’oxygène
pour, généralement, se transformer en eau et dioxyde de carbone. Losrque des
hétéroéléments tels que l’azote et le phosphore ou le soufre sont présents, les oxydes
correspondants sont également formés, généralement à leur étage d’oxydation maximal.
La stoechiométrie de ces réactions est d’habitude simple à formuler dans la mesure où
tous les oxydes
4.3. Les réactions de transfert d!électrons": équilibre et potentiels
4.3.1 Classement qualitatif des équations partielles
Comme pour les réactions acide-base, il est possible de classer les équations partielles
selon la force oxydante croissante des oxydants utilisés (et donc selon la force
réductrice décroissante des réducteurs conjugués de ces oxydants).
Des tableaux reprenant de quelques dizaines à plusieurs milliers d'équations partielles
peuvent être trouvés dans des compilations spécialisées. Ces tableaux se présentent
comme suit :
© Jacques Penelle
42
oxydant
+
n e-
réducteur
E 0 réd
Li+
+
e-
Li
- 3,05 V
...................................................................
2 H+
F2
+
2 e-
H2
(réducteur très fort)
........
0,00 V (par définition)
.................................................................
........
+
2 e2 F+ 2,87 V
(oxydant très fort)
E0 réd est le potentiel de réduction standard (T = 25 °C, P = 1 atm). Il mesure la force
oxydante de l'oxydant impliqué. Sa signification précise sera discutée plus loin. Par
définition, sa valeur est égale à zéro pour le couple H2 / H+ .
A partir de ce tableau redox, il est possible de déterminer si un transfert d'électron va
s'effectuer entre un oxydant et un réducteur choisis (! se rappeler toutefois les
remarques générales soulevées en introduction). Pour qu'une réaction de transfert soit
possible, il sera nécessaire de pouvoir tracer une diagonale dans le sens nord-est vers
sud-ouest (/) dans le tableau (en admettant que le nord soit dirigé vers le haut du
tableau).
Quelques complications se posent parfois quant au choix du couple à choisir. L’espèce
NO3- peut ainsi se trouver reprise plusieurs fois dans un tableau :
(le - oxydant)
(le + oxydant)
NO3- + 2 H2O + 3 eNO3- + 6 H2O + 8 eNO3- + H2O + 1 e2 NO3- + 4 H+ + 2 eNO3- + 3 H+ + 2 eNO3- + 4 H+ + 3 e-
NO
NH3
NO2N2O4
HNO3
NO
+ 4 OH+ 2 OH+ 2 OH+ 2 H2O
+ H2O
+ 2 H2O
L’étude des critères permettant le choix d’une équation partielle «!raisonnable!» dépasse
le cadre de ce cours introductif.
4.3.2. Potentiels électrochimiques
La variation de potentiel électrique dans une réaction d’oxydo-réduction ou #E peut être
calculée par simple sommation des valeurs de potentiel de réduction. Cette variation est
liée à la variation d’énergie libre #G selon la relation!générale :
#G = - n F #E
(4-3)
où n correspond aux nombres d’électrons transférés et F est la constante de Faraday, la
charge correspondant à une mole d’électrons (96 500 coulombs ou joules/volt). La
valeur de #G est obtenue en J.mol-1.
© Jacques Penelle
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Une valeur pour #G sous les conditions standards (#G°’) peut être obtenue à partir des
valeurs des tableaux pour les potentiels de réduction standards. Une valeur négative de
#G°’ indique que la réaction correspondante est possible sous les conditions standards.
© Jacques Penelle
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