Discours de Monsieur Gérard Collomb Sénateur-Maire de Lyon A l’occasion de la Conférence Internationale de l’Institut Aspen France Sur le thème : « La question religieuse dans le monde occidental : Etat, religion et société » Salons Rouges de l’Hôtel de Ville de Lyon Vendredi 2 juillet 2004 Monsieur le Secrétaire Général du Sommet mondial des Nations Unies pour la Paix des Leaders Spirituels et Religieux, Monsieur le Vice-Président de l’Institut Aspen France, Monsieur le Directeur de l’Institut Aspen France, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs, Je vous souhaite la bienvenue dans cet Hôtel de Ville où nous sommes heureux de vous accueillir. Monsieur Pascal Perzo nous présentera dans quelques instants les missions de l’Institut Aspen France. Il retracera notamment la brillante carrière de Monsieur Bawa Jain, Secrétaire général du Sommet mondial des Nations Unies pour la Paix des Leaders Spirituels et Religieux. Je veux simplement vous dire que nous sommes heureux d’accueillir ce soir dans cet Hôtel de Ville Aspen autour du thème du fait religieux. Nous pensons en effet que la question du fait religieux que vous avez inscrit au cœur de vos débats résonne à Lyon d’un écho tout particulier. En effet, cette ville a une tradition de confrontation des différentes cultures et des différentes spiritualités. C’est bien évidemment un des berceaux du christianisme. Avec Saint Pothin, Sainte Blandine, nous sommes au cœur des mythes fondateurs du christianisme d’aujourd’hui. En même temps on s’aperçoit qu’il y a à Lyon une communauté juive extrêmement ancienne à Lyon. Il faut lire le nom des rues du quartier du Vieux Lyon qui atteste de cette présence très ancienne de la communauté juive. 1 La Renaissance à Lyon fut un moment de large confrontation, à la fois des religions, période de la Réforme, et des cultures, avec en particulier, du fait des franchises accordées à la ville la possibilité d’une expression large. A la fois les grands érudits et les imprimeurs qui diffusèrent leurs pensées vinrent à Lyon fonder en partie cet humanisme sur lequel nous vivons depuis plusieurs siècles. Dans la suite de l’histoire lyonnaise, cette tradition de dialogue inter religieux s’est largement exprimée. C’est à Lyon par exemple que le premier dialogue entre Catholiques et Protestants se serait établi de manière profonde autour de la figure de l’Abbé Couturier qui, venant d’une pensée plutôt conservatrice, et donc un peu monolithique, sous l’influence des idées du catholicisme social, de la Chronique Sociale de Marius Gonin, évolue et produit une première volonté de rapprochement entre l’église catholique et le monde réformé. Nous avons ensuite, pendant la tragique période de l’occupation, la création de l’Amitié Chrétienne qui rassemble alors à la fois des jésuites, comme le Père Chaillet, fondateur de Témoignage Chrétien, et des théologiens protestants comme le Pasteur Roland de Pury. Cette tradition se perpétue avec la figure charismatique du Cardinal Albert Decourtray qui dans un premier temps ouvre le dialogue avec la religion juive. Cette grande figure sera à l’origine de l’acte de repentance de l’église envers ses frères juifs. En même temps qu’il développe ce dialogue, Albert Decourtray ouvre sur le monde musulman et vient devant le Conseil municipal de Lyon plaider pour la création de la Grande Mosquée à Lyon. C’est cette volonté de compréhension de la philosophie, de la culture ou de la religion de l’autre qui explique que l’Hôtel de Ville soit largement ouvert pour débattre des questions spirituelles et religieuses et accueillir les uns et les autres. En tant que Maire de Lyon, je m’inscris dans les règles d’une République laïque. Cette laïcité ne doit pas se marquer par la négation ou l’indifférence du fait religieux, mais par un effort de compréhension et d’accueil. Il est de mon devoir à la fois de permettre que chacune et chacun puisse exercer librement la religion de son choix et de faire en sorte que personne ne puisse faire l’objet d’intimidation parce qu’il exerce telle ou telle religion. Je crois surtout qu’il est de notre devoir commun de faire respecter les croyances des uns et des autres. C’est pourquoi avec les autorités religieuses de l’agglomération lyonnaise, avec le Cardinal Philippe Barbarin, avec le Grand Rabbin de la région Richard Wertenschlag, avec Monsieur Kamel Kabtane et les représentants des différents cultes religieux, nous avons formé un cercle, « Concorde et Solidarité », qui veut effectivement diffuser ces valeurs d’échanges, de dialogue et d’enrichissement mutuel. Ce qui est important est que chacun puisse confronter ses idées philosophiques ou spirituelles aux idées des autres. C’est en écoutant l’autre, en dialoguant avec lui, en essayant de 2 comprendre de l’intérieur la profondeur de ses idées que l’on approfondit ses propres idées intellectuelles ou spirituelles. Mesdames et Messieurs, C’est ce dialogue que nous voulons introduire à Lyon. C’est pourquoi j’ai été très heureux que l’Institut Aspen puisse organiser à Lyon ces journées de rencontre sur le fait religieux. Ces questions sont au cœur de nos problèmes de civilisation. Ce dialogue et cette compréhension sont essentielles pour l’avenir du XXIe siècle, en particulier dans notre pays. Soit nous arriverons à favoriser ce dialogue, soit le repli de chacun sur soi-même et sur ses propres idées produira pour l’avenir les pires catastrophes. C’est dans des réunions comme les vôtres que peuvent s’ébaucher les voies du dialogue du futur entre les différentes religions. Je vous remercie d’avoir organisé à Lyon ces rencontres. 3