nel. Et ce qui est signifi catif est qu’il y a une grande
différence selon le milieu socioéconomique : moins
de 50 % des enfants des quartiers aisés ont un
poste de télévision dans leur chambre, contre 97
%, c’est-à-dire presque la totalité, des enfants des
quartiers défavorisés. La consommation de télé et
de médias est plus élevée chez les enfants habitant
dans un secteur défavorisé. Et les programmes
qu’ils regardent ne sont pas du tout des émissions
éducatives ou des émissions pour enfants, mais
des séries B, des émissions musicales, des fi lms
d’horreur, des fi lms violents, etc. 28 % des 6-8
ans et la moitié des 9 ans affi rment regarder la télé
seuls dans leur chambre, passée la limite fatidique
des 21 h 00. Près d’un quart des 8-15 ans disent
regarder la télé seuls. Les adultes contrôlent donc
de moins en moins l’accès de leurs enfants aux
médias, et à la télé en particulier.
Quant aux médias interactifs, les parents ont
encore plus de mal à exercer un contrôle. Les sta-
tistiques font état de changements énormes par
rapport à ce que l’on a pu constater il y a quelques
années. Beaucoup de jeunes ont accès à Internet
à la maison. 65 % des enfants britanniques ont
un téléphone portable ; et même, un enfant de 5
à 9 ans sur onze possède son mobile, ainsi que
82 % des 12-15 ans. 64 % des enfants ont accès
à Internet en dehors de la maison ou de l’école, ce
qui est évidemment très diffi cile à maîtriser. Peu
d’enfants ont accès à Internet dans leur propre
chambre, mais 40 % des 8-11 ans et 71 %, donc
une grande majorité des 12-15 ans disent utiliser
Internet à la maison sans contrôle parental. On
relève depuis quelques années, et surtout depuis
un ou deux ans, une tendance au développement
des social networking sites, les plateformes de
mise en réseau sur Internet comme « My Space »,
« Facebook » et « Bebo », qu’affectionnent particu-
lièrement les jeunes. Il est extrêmement diffi cile de
mesurer la popularité de ces sites, parce qu’il est
facile pour un jeune de créer plusieurs profi ls, de
dire n’importe quoi sur son âge. Mais les enquêtes
montrent qu’aux États-Unis, la moitié des 12-17
ans utilisent ces réseaux et que la moitié visitent
ces sites au moins une fois par jour. Le Net exerce
donc une infl uence énorme sur la vie des jeunes.
Et, de manière inquiétante, s’agissant du contrôle
des parents, alors que la plupart d’entre eux
disent mettre en place des règles pour encadrer
le temps passé par leurs enfants devant la télé ou
sur Internet, on constate que cela ne correspond
pas aux recherches menées directement auprès
des jeunes. C’est pourquoi l’IPPR s’est focalisé
sur l’utilisation des nouvelles formes de médias. La
plupart des jeunes disent n’être soumis à aucune
restriction parentale quant à l’usage d’Internet.
Beaucoup estiment que leurs parents ne savent
rien de leurs activités en ligne.
Pour ce qui concerne la publicité dans les médias
traditionnels, ce qui la caractérise, en particulier à la
télévision, ces deux ou trois dernières années, est
qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’industrie
publicitaire devient de plus en plus sophistiquée
et agressive et cible de plus en plus les jeunes ; en
particulier les petits enfants. Alors qu’il y a deux
décennies, pour vendre des produits destinés aux
enfants, on visait le public adulte, aujourd’hui,
les annonceurs cherchent à atteindre directe-
ment les enfants en court-circuitant les parents.
Nous appelons ce phénomène « pester power ».
L’annonceur vise directement l’enfant, en disant :
« Voilà un produit dont tu as besoin », l’idée étant
que l’enfant fera du forcing auprès des parents
pour qu’ils l’achètent. Ceci soulève de sérieuses
questions d’éthique.
Un autre phénomène est le tweening, qui concerne
les enfants de 6 à 12 ans : des produits qui étaient
destinés aux adolescents, comme les produits de
maquillage, sont de plus en plus présentés aux
plus jeunes. On les encourage à s’occuper de leur
beauté, de leur régime alimentaire, etc. Un certain
nombre d’enquêtes et de reportages de journa-
listes ont mis en évidence ce genre de technique
chez les annonceurs.
Une autre pratique nous vient des États-Unis et
du Canada : les entreprises britanniques sponsori-
sent maintenant des équipements dans les écoles.
Ainsi, Cadbury, grand confi seur, sponsorise des
équipements de sport et de gymnastique dans
les établissements scolaires. Mais il n’y a que 4 %
des parents à trouver qu’il y a trop de marketing en
direction des enfants.
S’agissant de la publicité dans les nouvelles formes
de média, c’est une tendance qui est encore plus
inquiétante, parce que plus diffi cile à contrôler. On
voit maintenant de la publicité qui cible directe-
ment les enfants à travers les plateformes de mise
en réseau comme « Facebook » et « Bebo » ou les
sites de jeux. La société Skittles a payé plusieurs
centaines de milliers d’euros à « Bebo », l’un des
principaux sites pour les enfants d’âge scolaire,
pour mettre en ligne un profi l afi n de recruter des
enfants de 13 ans comme ambassadeurs de la