4INFORMATION JUIVE Janvier 2010
réservé aux grands maîtres du
Talmud, mais un nombre croissant
de rabbins israéliens y accolent
la mention de Gaon, littéralement,
génie ! N’en jetez plus !
Je comprends aussi que divers
commentateurs s’inquiètent pour le
sionisme et les dérives de la
politique de la société israélienne.
Nous avons tous du mal à accepter
que l’Etat d’Israël ne soit pas le
paradis terrestre avant la faute.
Scandales politiques, financiers ou
sexuels : la liste est longue et
choquante. Le vœu de Dizengoff :
“Israël sera un pays normal lorsque
nous aurons des voleurs et des
prostituées” a été largement exaucé,
encore que ces deux professions
n’aient pas été totalement absentes
en diaspora. Qu’importe : c’est sans
doute le prix à payer pour la
normalisation – la mise aux
“normes” de l’Occident – du destin
juif… Et je ne cite que pour
mémoire la faible place qu’occupent
la Torah, son éthique et ses
commandements dans l’espace
public et surtout privé d’Israël.
Face à ces constatations, que tout
un chacun peut faire, on oublie
cependant trop aisément qu’il s’agit
essentiellement de péchés de
jeunesse, s’agissant du sionisme :
et si j’ose dire, s’agissant du
judaïsme et de ses représentants, de
péchés de vieillesse. Or, Israël est
un Etat jeune, où se posent de
brûlants problèmes d’intégration,
d’identité nationale et d’angoisses
sécuritaires. Quant aux rabbins – je
parle des vrais rabbins et non pas
des faiseurs d’argent et de miracles
- ils sont confrontés à un problème
non moins dramatique. Ah ! Que la
Torah était jolie dans la diaspora
avec ses sublimes théories et
subtilités, étudiée avec euphorie
dans les yéchivot et les cercles
d’études ! Mais, la Torah, c’est la
théorie : a-t-on observé combien les
deux mots sont proches ? Un Etat,
c’est la réalité. La différence est
abyssale.
Il ne faudrait surtout jamais
oublier qu’en dehors de quelques
juifs – hélas, quelquefois néga-
sionistes, l’amour de l’Etat d’Israël
est aujourd’hui le seul point
commun à tous les juifs. On peut le
déplorer : jadis, le consensus s’était
fait autour de la Torah. Récemment,
Jacques Attali observait que nous
étions le seul peuple dans l’histoire
qui, dans son universelle
dispersion, se référait à la même loi.
Il y voyait le modèle et l’espoir de
cette véritable loi universelle que
les nations tardent à promulguer. Et
les raisons d’espérer, de croire à
l’avenir d’Israël et d’être fier de son
incroyable résurrection ne
manquent pas. C’est pourquoi, quoi
que nous pensions, il me semble
qu’il y a aujourd’hui un impératif
catégorique de ne pas mêler nos
voix aux détracteurs d’Israël et de
mettre toujours un bémol à nos
réserves. Je ne doute pas
qu’un jour, nos attentes seront
comblées.
Le troisième
Temple PAR JOSY EISENBERG
Pour la seconde fois,
dans notre cher
journal, notre ami –
Bouganim – a la dent
dure envers un
phénomène de société
en Israël : le vrai culte des faux
saints. Fréquemment déçu du
sionisme, il est aujourd’hui, déçu,
sinon du judaïsme, à tout le moins
des phénomènes éminemment
discutables qu’il engendre
aujourd’hui.
Sur le fond, Ami Bouganim n’a
évidemment pas tort, et les faits
qu’il relate sont d’une extrême
gravité. Ils sont le symptôme
spectaculaire des dérives multiples
qui frappent aujourd’hui la vie juive
: super-orthodoxie, obscurantisme,
culte de la personnalité, corruption
financière, superstition et, comme
l’a bien montré Bouganim, usage
pervers de la Cabbale. Le plus
grave, dans ce sombre tableau,
paraît être l’arrogance, qui jure avec
la traditionnelle humilité de nos
maîtres spirituels, qui se gardaient
bien de promettre des miracles.
Dans cet ordre d’idées, Ami
Bouganim a omis de relever un
autre affligeant phénomène : non
seulement tout un chacun s’arroge
aujourd’hui le titre de Rav, jadis
EDITO
Non seulement tout un chacun s'arroge aujourd'hui le
titre de Rav, jadis réservé aux grands maîtres du
Talmud, mais un nombre croissant de rabbins
israéliens y accolent la mention de Gaon,
littéralement, génie ! N'en jetez plus !