Hag Pessah sameah ! Pessah 5776 - N°79 LE MAGAZINE DU KKL ENTRETIEN AVEC HAÏM KORSIA, GRAND RABBIN DE FRANCE PESSAH ET LE GOÛT DE LA LIBERTÉ HOMMAGES YOM HAZIKARON, LE TEMPS DU SOUVENIR DOSSIER : L'ALYA DES ANNÉES 1880 À NOS JOURS L’ALYA CONTEMPORAINE : Avril - Mai - Juin 2016 - N°79 - 5€ CONSTRUIRE L'AVENIR D'ISRAËL dHsK 3 UN TOU BICHVAT ROYAL ! 4 Projet du KKL de France L’aire de rencontre parents-soldats de Bat Galim UN TEMPS DE RETROUVAILLES 6 Interview PESSAH ET LE GOÛT DE LA LIBERTÉ Entretien avec Haïm Korsia, grand rabbin de France 8 Fêtes 9 YOM HAZIKARON, le temps du souvenir LE DEVENIR DES SIGNATAIRES de la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël 10 Commentaire LA DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE, par Sylvia Elbaze, directrice de l’école maternelle et primaire Maïmonide-Rambam 11 Éducation TOU BICHVAT, la caravane passe ! 12 Dossier: l'alya des années 1880 à nos jours L'ALYA CONTEMPORAINE : construire l'avenir d'Israël 17 Agriculture durable PESTICIDES NATURELS: BioBee envoie des insectes dans le monde entier 18 Environnement 20 WATERLINK LES BRÈVES DU KKL ÉDITORIAL C hers lecteurs, E n cette période fondamentale de l'année juive, où nous célébrons, dans un même élan de fierté, la libération de notre peuple de l'esclavage d'Égypte et le renouveau de notre souveraineté nationale sur la terre de nos ancêtres, le magazine Adama vous propose de réfléchir à la signification de Pessah en compagnie du grand rabbin de France, Haïm Korsia, mais aussi d'évoquer les célébrations de Yom Hazikaron et de Yom Haatsmaout, marqueurs essentiels de l'identité israélienne. Dans ce numéro, nous reviendrons par ailleurs sur les événements festifs que le KKL de France et ses départements de l'Éducation et des Legs et Testaments ont organisés, à Paris, en banlieue et en province, en l'honneur de Tou Bichvat, fête par excellence de notre institution. À cette occasion, vous découvrirez notamment la première manifestation de notre Club seniors, qui rivalise d'inventivité pour proposer à nos aînés un programme d'activités sur mesure. Au fil des pages qui suivent, vous pourrez aussi apprécier l'ultime volet de notre dossier annuel sur l'histoire de l'immigration juive en Terre promise, réservant une place toute particulière à l'alya de France, d'hier à aujourd'hui. Notre laisserons ensuite le champ libre aux contributions de nos partenaires d'Israël Science Info et de la SPNI-France. Nous vous invitons également à prendre connaissance de notre nouveau projet, l'aménagement d'une aire de rencontre parents-soldats en faveur la base navale de Bat Galim, près de Haïfa, un havre de paix attendu avec impatience par les défenseurs d'Israël ! Nous sommes persuadés que vous serez sensibles à cette initiative du KKL de France, partenaire de longue date de Tsahal. En attendant nos prochaines rencontres, nous vous souhaitons, ainsi qu'à tous les vôtres, de très belles fêtes de Pessah et de Yom Haastmaout ! ■ Hag Pessah sameah ! 22 Club seniors 23 TOU BICHVAT-SUR-SEINE LIVRES À DÉCOUVRIR Fino Ephraim EDERY Robert ZBILI Délégué général du KKL de France président du KKL de France ADAMA, le magazine du KKL, est édité par le Keren Kayemeth LeIsraël - Association loi 1901 - Directeur de la publication : Raymond BUNAN - Comité de rédaction : Adva BENZIMRA - Nadine CHICHE - Fino EDERY - Laurence KIMAN - Philippe LÉVY - Reuven NAAMAT - Frédéric NORDMANN - Yaël SIMON - Robert ZBILI - Maquette : SH Graphic - Impression: AM PLUS, 93260 Les Lilas - Dépôt légal : à parution - Commission paritaire : N° 0718G79279 - ISSN 1621 - 8590 Crédits photos : archives photos du KKL, OTIS, sauf mention contraire - L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, détérioration ou non-retour des documents qui lui sont confiés. Il se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de marques, noms de firmes, d’associations, institutions, etc. est faite sans aucun but publicitaire. Ce mailing comprendra les éléments suivants : Adama, une lettre accompagnatrice et une Haggada de Pessah. www.kkl.fr Un Tou Bichvat royal ! © Erez Lichtfeld 1 4 3 © Erez Lichtfeld © Erez Lichtfeld © Erez Lichtfeld 2 1. L’artiste israélienne Cabra Casay. 2. Le grand rabbin Olivier Kaufmann. 3. De gauche à droite : Fino Edery, délégué général du KKL de France, Haïm Korsia, grand rabbin de France, Avihaï Hayoun, commandant adjoint de la base navale de Bat Galim, et Robert Zbili, président du KKL de France. 4. Roger Cukierman, président du Crif, aux côtés d’Uzi Landau. À l'occasion du nouvel an des arbres, le KKL de France a convié ses amis franciliens à un grand dîner de gala dans le cadre prestigieux du Pavillon royal, le 27 janvier dernier. De nombreuses personnalités ont honoré l'événement de leur présence, dont Carmel Shama-Hacohen, ambassadeur d'Israël auprès de l'Unesco, le général de réserve Doron Gavish, directeur général de la mission européenne du ministère israélien de la Défense, Arik Elazar, attaché militaire près l'ambassade d'Israël, le grand rabbin de France Haïm Korsia, le grand rabbin Olivier Kaufmann, Roger Cukierman, président du Crif, Ariel Goldmann, président du FSJU, Joël Mergui, président du Consistoire, Claude Barouch, représentant l'UPJF, ainsi que plusieurs élus, dont le député Meyer Habib et l'adjoint au maire du XVIe arrondissement Jérémy Redler. La manifestation accueillait également Uzi Landau, coprésident mondial du KKL récemment élu, et Avihaï Hayoun, commandant adjoint de la base de la marine de Bat Galim, à laquelle est consacré le nouveau projet du KKL de France (lire pages 4-5). Après que le grand rabbin de France eut inauguré la soirée aux côtés de Fino Edery, délégué général du KKL de France, le grand rabbin Olivier Kaufmann a conduit le seder de Tou Bichvat, rappelant à l'assistance le sens de cette célébration du renouveau de la nature et la symbolique des sept espèces bibliques qui y sont convoquées. En cette journée de commémoration de la libération du camp d'Auschwitz, Régine Frydman, survivante du ghetto de Varsovie et militante enthousiaste du KKL, est ensuite montée sur scène, tandis qu'un hommage a été rendu à deux regrettés présidents de son antenne française, Simon Laufer et Albert Czarnobroda (zal). Les représentants des grandes institutions communautaires se sont ensuite succédé à la tribune (lire ci-contre), avant que Robert Zbili, président du KKL de France, ne présente l'invité d'honneur de la cérémonie, Uzi Landau, venu spécialement de Jérusalem. Celui-ci a brossé le portrait géopolitique d'un Moyen-Orient en pleine décomposition, au regard duquel Israël apparaît comme une heureuse exception. Enfin, Corinne Le magazine du KKL Champagner-Katz, vice-présidente du KKL de France, et Avihaï Hayoun ont présenté le projet de l'aire de rencontre parentssoldats de la base militaire de Bat Galim, auquel le KKL invite ses contributeurs à participer. « La situation de l’Occident face au terrorisme et à l’islamisme radical présente un besoin impérieux d’assurer les gouvernances des États, a souligné Corinne Champagner-Katz. C’est pourquoi le KKL de France soutient Tsahal et fédère plusieurs projets liés à la sécurité des personnes et des biens ». La partie festive de l'événement a été animée par la jeune et talentueuse chanteuse Cabra Casay, exemple de réussite de l'alya d'Éthiopie, qui s'est fait connaître grâce à sa prestation au sein du célèbre Idan Raichel Project. I Ils ont dit.... « Tou Bichvat met l'humain au centre de nos préoccupations et met en avant notre relation avec la terre que nous partageons. Nous ne nous laisserons pas assombrir l’esprit par des obscurantistes. » Grand rabbin Olivier Kaufmann « La visite de Rohani en France le jour même de la commémoration de la Shoah est une insulte à nos martyrs et une offense aux valeurs de la République. » Roger Cukierman, président du Crif « Nous devons remercier le KKL pour tout ce qu'il nous apporte. » Ariel Goldmann, président du FSJU « Être juif et sioniste en France aujourd'hui est un challenge. Mais, contrairement aux années 30, nous avons l'État d'Israël, un État phare sur les plans militaire, technologique et culturel. Pendant que Daesh détruit les vestiges des civilisations anciennes, Israël construit. Et c'est pour cela que le KKL existe. » Robert Zbili, président du KKL de France « Je dis au mouvement BDS qu'il y a bien un apartheid au Moyen-Orient. Un apartheid contre les femmes, contre les minorités, contre les chrétiens, contre les Juifs et contre Israël, dans les pays arabes et l'Autorité palestinienne. » Uzi Landau, coprésident mondial du KKL Un Tou Bichvat royal ! ADAMA 3 N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 DR DR DR DR DR Projet du KKL de France Projet du KKL de France ADAMA N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 4 Dans le cadre de son partenariat de longue date avec l'Armée de défense d'Israël, le KKL développe des projets en faveur du bien-être de celles et ceux qui défendent le pays. Lui-même engagé dans cette démarche, le KKL de France propose aujourd'hui à ses amis d'œuvrer à la réalisation d'une aire de rencontre parents-soldats au sein de la base de la marine de Bat Galim, à Haïfa. www.kkl.fr Le magazine du KKL L’aire de rencontre parents-soldats de Bat Galim Un temps de retrouvailles Tel Aviv Jérusalem V éritable armée populaire, Tsahal mobilise chaque année (presque) tous les Israéliens âgés de 18 ans, qui y effectuent un service de deux à trois ans. Nombreux sont les appelés qui, au sortir de l'adolescence, se trouvent ainsi éloignés Eilat de leur famille pour de longues périodes. Afin de soutenir leur moral, essentiel à leur efficacité et à leur épanouissement, le KKL aménage des aires de rencontre, agréables et ombragées, où les parents peuvent rendre visite, les bras chargés de douceurs et de cadeaux, à leur fille ou leur fils sous les drapeaux. Beer Sheva UN FLEURON DE LA MARINE Située à Haïfa, la base de la marine de Bat Galim accueille jusqu'à 1500 soldats. Elle abrite notamment un cours d'officiers, une école de plongée et une formation de commandement de haut niveau. Dotée d'une flotte de bateaux lance-missiles et de patrouilleurs, elle assure la sécurité le long de côtes, prévenant avec succès toute attaque ennemie, ainsi que les fréquentes tentatives d'infiltration terroriste par voie maritime. Une vigilance de tous les instants que le commandant de la base, Ronen Mainiss, attribue à la qualité des enseignements et des valeurs qui y sont dispensés. UN PETIT COIN DE PARADIS... Impressionnés par la visite de Bat Galim lors de la deuxième édition du voyage « Israël aujourd'hui et demain » à l'automne 2015, les responsables du KKL de France ont choisi de lui apporter leur concours. Le projet prévoit la réhabilitation esthétique et fonctionnelle de la zone d'amarrage et de ses environs : renforcement du quai et de la rampe de mise à l'eau des bateaux, construction d'une pergola et d'une aire de détente, aménagements paysagers (dont un jardin de rocaille), travaux d'éclairage, de clôture, d'adduction et d'évacuation des eaux, le tout dans un souci permanent de préserver l'environnement naturel. Le site profitera non seulement aux soldats et à leurs visiteurs, mais aussi aux résidents locaux, qui pourront s'y relaxer en appréciant la vue imprenable sur la mer. En contribuant à cette réalisation, vous deviendrez un acteur privilégié du lien unique qui relie le KKL à Tsahal. Vous égayerez aussi ce moment si particulier de la vie de milliers de jeunes Israéliens qu'est le service militaire. Ces « gardiens d'Israël » vous en sont d'ores et déjà reconnaissants ! ■ LE PROJET EN BREF... DR Haïfa ● La grande Famille des parents de soldats C’est ici que les parents réalisent pour la première fois que leur enfant est devenu un homme, un soldat, un véritable adulte. Les bras, trop courts pour faire le tour de ses épaules, effleurent sa barbe devenue rugueuse. C’est ici que l’on réalise que ce « petit mec » revêt un uniforme, celui de Tsahal, le pantalon un peu lâche, et les mains qui sentent les soins apportés à son arme en bandoulière. C’est ici que la maman, convaincue qu’il ne mangera rien à l’armée, arrive chargée des mets préférés de son enfance. C’est ici que nous, parents, avons besoin d’être seuls avec notre fils, mais à la fois de trouver quelqu’un qui partage nos interrogations sur le quotidien de ces trois années qui commencent : les manœuvres, le front, la guerre, les amis, les nuits seul loin de nous. C’est ici, qu’à la table à côté les parents de son nouvel ami vous proposent de partager leurs mets typiques. C’est ici que votre famille d’adoption devient une grande famille, la Famille des parents de tous ces soldats dont nous attendons le retour prodigue, sains et saufs. C’est ici, sous une pergola, dans un espace ombragé avec tables, bancs, point d’eau, végétation et air frais, que nous allons, le cœur serré, les étreindre très fort jusqu’à la prochaine fois. ● Nom : aire de rencontre parents-soldats de Bat Galim. Localisation : la base de Bat Galim est située à Haïfa, au bord de la mer. ● Objectifs : - Offrir aux familles la possibilité de rencontrer leurs enfants appelés dans un cadre plaisant et confortable. - Créer un accès sécurisé à la mer pour le grand public. - Entretenir la relation unique qui unit le KKL et Tsahal. Ephraïm Edery, père et délégué général du KKL Projet du KKL de France ADAMA 5 N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 ENTRETIEN avec Haïm Korsia, grand rabbin de France DR Pessah et le goût de la liberté À l’occasion de ce numéro de Pessah et Yom Haatsmaout, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur la symbolique des ces fêtes qui, toutes deux, nous parlent de l’exigence de liberté. Adama : Comment rattachez-vous la fête de Pessah à la symbolique de l’émancipation d’un peuple dont l’aspiration à la liberté est intimement liée à ses racines ? Haïm Korsia : Pessah, c’est, avant toute chose, la liberté. Dès que l’homme recouvre la liber té et alors qu’il est dans le désert, il cherche une direction, celle de la terre d’Israël. Il passe par le mont Sinaï certes, mais avec pour destination la terre d’Israël. Un midrach raconte que lorsque Dieu demande à Moïse de construire le Tabernacle, il le bâtit avec des arbres. Ce sont ceux que Jacob avait plantés, avant de demander à ses enfants de les arracher pour les emmener avec eux en Égypte en esclavage, puis dans le désert. Ce sont ces arbres-là qui vont leur permettre de construire le Tabernacle. Cet enseignement montre combien l’arbre peut incarner l’espérance. La sortie d’Égypte n’est pas uniquement synonyme de liberté retrouvée, elle ne signifie pas seulement la « liberté pour la liberté », mais le fait de désirer bien davantage, Al akhat kama vekama, « d’autant plus que », citation issue du texte que l’on récite le soir de la Pâque. On lit Dayenou, «cela nous aurait suffi », lorsque les Hébreux sortent d’Égypte, mais ils ne voulaient pas uniquement sortir d’Egypte pour être libres. Ils voulaient aussi passer par le mont Sinaï, recevoir la Torah, entrer en Terre sainte et construire le temple accompagné par les arbres, «car l’homme est comme l’arbre des champs » (Dt, 20 : 19). Ainsi, quand on protège un arbre, on protège la société.Toute société qui s’obstine à protéger les arbres en oubliant les hommes s’écroule, alors que les sociétés qui protègent l’homme en viennent toujours à protéger l’arbre, donc ses racines. Adama : Puisque vous évoquez les racines, comment reliez-vous celles qui unissent Pessah à l’État d’Israël ? H.K. : La genèse de l’État d’Israël ne date pas de 1948, mais plonge ses racines comme un arbre dans une longue et belle histoire. C’est un pays qui avait des structures bien avant d’exister, comme par exemple l’Université du mont Scopus créée en 1918, soit près de trente ans avant la déclaration d’indépendance. Ainsi l’émergence de l’État peut s’apparenter à l’apparition de feuilles sur un arbre d’Israël préexistant, dont le peuple juif est le tronc et les racines, la Torah. Les racines du peuple et de l’État d’Israël remontent jusqu’en Égypte. C’est la raison pour laquelle nous répétons chaque année le soir de Pessah : « avadim ayinou lefaro bemistrayim », « nous avons été esclaves de Pharaon en Égypte », car il nous faut jamais l’oublier. Cela permet Pessah et le goût de la liberté ADAMA N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 6 à tout un chacun de prendre conscience de ce qui peut arriver et venir bouleverser une situation qui nous semblait proche d’un état de perfection. Cette propension à concevoir qu’un état de perfection est en fait toujours perfectible constitue un des fondements du judaïsme. Là se trouve également la vraie idée de Pessah. Adama: Les premiers soirs de Pessah lors du seder, il est de tradition de questionner et lire la Haggada. En quoi cette narration continuet-elle d’interroger notre condition d’hommes libres ? H.K. : La Haggada de Pessah est une machine à transmettre. Émeric Deutsch, que je considérais comme mon père, se plaisait souvent à dire : « la Haggada est la liturgie de la table ». Au moment où l’on se rassemble autour d’un repas, on attribue aux mets que l’on déguste une dimension spirituelle, en leur donnant du sens, comme l’a écrit Bossuet : « Vivre c’est consommer du temps ». Le judaïsme s’inscrit pleinement dans cette logique d’accompagner toujours les grands moments de l’année, comme Pessah, par la symbolique d’un aliment, pour lui donner du sens. Parce que le temps a aussi du sens, on cherche du sens au temps. À Pessah, dans cette liturgie familiale de la table, on apprend aux enfants à questionner les anciens, les anciens des anciens, à l’image de ce très beau verset : « Interroge ton père, il te racontera, tes anciens ils te diront » (Dt, 32 : 7). Adama : C’est un peu comme si on mangeait de la liberté ? H.K. : Oui, en quelque sorte. Pour reprendre votre expression, on « mange de la liberté » à Pessah, mais on mange d’abord des herbes amères ou du harosset, qui symbolisent l’esclavage, car il ne peut exister de liberté sans qu’il y ait eu esclavage. À l’image du chabbat, jour pendant lequel on s’abstient de tout www.kkl.fr travail. On ne peut penser l’arrêt du travail, s’il n’y a pas eu de travail auparavant. De la même façon, il est éminemment difficile d’appréhender la liberté sans avoir vécu l’esclavage. Adama : Dans la tradition juive, cette façon d’éprouver l’amertume estelle une étape obligée pour savourer le bonheur de la liberté retrouvée ? H.K. : Nous consommons d’abord les herbes amères, avant de ressentir la délivrance, sans jamais pour autant oublier ce goût amer. La douceur n’efface donc pas l’amertume. Bien au contraire, on nous montre que l’amertume a parfois de la Le magazine du KKL douceur. Ainsi, le harosset, qui symbolise le mortier, est construit comme une sorte d’asservissement avec toutefois un goût sucré. C’est qu’il faut endurer la souffrance de sor tir de cet état d’asservissement pour la véritable liber té, la véritable douceur. C’est ce que l’on vit pendant le seder de Pessah, lorsque l’on rappelle la noirceur-même de notre histoire. Adama : On retrouve aussi cette transition entre Yom Hazikaron et Yom Haatsmaout : ce moment de recueil en hommage aux soldats tombés jusqu’à ce réveil très joyeux de l’indépendance … H.K. : Effectivement, et on la retrouve également en France avec le 14 juillet, jour de la Fête nationale, qui est un moment lumineux pour la République dans sa représentation de la chute de l’asser vissement et d’un tragiquement célèbre 16 juillet (rafle du Vel d’Hiv’, 16-17 juillet 1942, ndlr) qui restera à tout jamais une tâche noire de notre histoire. Un peuple ne peut sur vivre s’il ne célèbre ou glorifie uniquement ses heures lumineuses, en tentant d’occulter ou d’oublier ses heures noires. Là réside une des forces du peuple juif, celle de savoir en permanence se remémorer les moments heureux et malheureux. ■ L e Keren Kayemeth LeIsraël est naturellement associé aux fêtes de Pessah puisque l’institution sioniste a permis de concrétiser le retour du peuple juif sur sa terre et le renouveau de l’assemblée d’Israël. Véritable « liturgie de la table » et « machine à transmettre », comme la désigne Haïm Korsia dans son interview, la Haggada de Pessah tisse, au fil du récit de la sortie d’Égypte et du cérémonial du seder, la promesse de voir se concrétiser la phrase « Lechana habaa biyirouchalaïm » - l’an prochain à Jérusalem. Avec ce numéro d’Adama, le KKL a le plaisir de vous offrir une Haggada illustrée par l’artiste israélien Emanuel Yair, dont l’atelier de création se situe à Jérusalem. Représentative de son univers vif et coloré, avec des motifs chatoyants qui réalisent l’harmonieuse fusion entre l’art des manuscrits anciens et des emprunts plus modernes au thème oriental, cette Haggada 5776 est une édition de grande qualité. Avec ses textes en hébreu, leur traduction et retranscription phonétique, elle permettra à tous de suivre le cours du seder et ravira particulièrement les enfants. Toute la rédaction d’Adama souhaite à ses lecteurs hag Pessah sameah. Pessah et le goût de la liberté ADAMA 7 N °79 - P E S S A H 5776 / 2015 YOM HAZIKARON, LE TEMPS DU SOUVENIR Avant que la nation tout entière ne communie dans la joie de la fête de l'indépendance (Yom Haatsmaout), le temps se fige, vingt-quatre heures durant, afin d’honorer celles et ceux qui se sont sacrifiés pour la souveraineté du peuple juif. Telle est la signification de Yom Hazikaron. her à notre tradition, le souvenir est intimement corrélé aux grands moments de la vie juive. Il n'est guère de prière ou de célébration qui n'y fasse référence, quitte à associer tristesse et réjouissances. Le passage solennel du Jour du souvenir (4 Iyar) au Jour de l'indépendance (5 Iyar)* en est un exemple flagrant. QUELQUES MOTS D'HISTOIRE C'est en 1950 qu'est apparue la nécessité de consacrer une journée particulière à la mémoire des soldats tombés au champ d'honneur. En janvier 1951, une commission ad hoc est diligentée par Ben Gourion afin d'en définir les contours et le positionnement calendaire. Adopté par la Knesset en 1963, le Yom Hazikaron trouve naturellement place la veille du Yom Haatsmaout, pour mieux souligner le prix d'une liberté durement acquise. En 1998, les commémorations sont élargies aux victimes civiles du terrorisme. dédié, minute de silence et allumage de torches rythment ces instants de recueillement. Le jour même, la population israélienne interrompt à l'unisson toute activité, à 11h, pour deux minutes de silence. Familles et officiels visitent ensuite les cimetières militaires où reposent les disparus, dont celui du mont Herzl. À l'issue de cette journée vouée au souvenir, le drapeau d'Israël est de nouveau hissé, tandis que sont allumées les torches de l'indépendance, symbole de la « transmission de flambeau » entre les deux grandes célébrations nationales. ■ * Les cérémonies sont susceptibles d'être décalées d'un ou plusieurs jours afin de ne pas profaner le chabbat. Jordan Bensimon, UN DÉROULEMENT CODIFIÉ le sionisme chevillé au corps La veille au soir, drapeau en berne, les cérémonies débutent au Kotel au son de la sirène, en présence des grandes personnalités de l'État et de l'armée et des familles endeuillées. Récitation d'un Yizkor Yom Hazikaron, le temps du souvenir ADAMA N °79 Emmanuel Moreno, soldat d'élite Quatrième des cinq fils de Sylvia et Shlomo Ilan Moreno, Emmanuel Moreno, né le 17 juin 1971, fait son alya avec sa famille à l'âge d'un an. Après avoir vécu à Jérusalem, il intègre l'école de préparation militaire de Bné David à Eli. Soldat remarquable, il sert au sein de la Sayeret Matkal pendant seize ans, jusqu'au grade de lieutenant-colonel. « Si Tsahal est la meilleure armée au monde, que la Sayeret Matkal est sa meilleure unité et qu'Emmanuel est son meilleur élément, alors Emmanuel est le meilleur soldat du monde », déclarait à son sujet Herzi Halevi, l'ancien commandant de la plus fameuse unité d'élite des forces israéliennes. Entraîné pour des opérations spéciales requérant un très haut niveau de compétence, il a notamment participé à la capture du leader terroriste Mustafa Dirani et au sauvetage d'Eliahu Gorel, kidnappé en 2003 par des Arabes palestiniens. Nombre de ses missions sont toujours classées secret défense. À 35 ans, il devait tomber le 19 août 2006 près de Baalbek, au cours de la deuxième guerre du Liban, laissant derrière lui une épouse et trois enfants. D'une proverbiale modestie et tenu au secret pendant sa carrière militaire, Emmanuel Moreno a été honoré à titre posthume par plusieurs citations et décorations. Le KKL de France a réalisé une aire de jeux à sa mémoire à Tlamim. Une source porte également son nom à Mevasseret Tsion. - P E S S A H 5776 / 2016 8 Né le 19 avril 1992 à Lyon, Jordan Bensimon est animé très jeune de sentiments sionistes. C'est ainsi qu'à l'âge de 16 ans, il quitte famille et amis pour s'installer en Israël. Il participe au programme Naalé, puis entre dans une école de préparation militaire à Netanya afin d'être incorporé dans les rangs de Tsahal. C'est chose faite en juillet 2012. Très motivé, le jeune homme parvient à être accepté dans l'unité d'élite Egoz. Mobilisé lors de l'opération Tsouk Eitan, il tombe au combat, sous les coups du Hamas, le 20 juillet 2014. Il avait 22 ans. Des milliers d'anonymes accompagnent alors ses proches et ses camarades au cimetière d'Ashkélon pour lui rendre un dernier hommage, ainsi qu'à 27 de ses compagnons d'arme. « Jordan n’était pas seulement un frère formidable et un fils exceptionnel, il était également humble et décidé à s’engager pour la défense d’Israël», a témoigné sa sœur. « La seule chose que nous pouvons te dire, c’est un grand merci, a déclaré, pour sa part, l’un de ses camarades. Merci pour ton amour d’Israël. Notre victoire sera également la tienne. Tu peux être certain que tu as joué un rôle significatif pour la sécurité du pays. » DR C Au rang des quelque 23 400 disparus d'une liste qui s'allonge, hélas, d'année en année figurent de jeunes Français qui ont donné leur vie pour Israël. Parmi ceux-ci, Emmanuel Moreno et Jordan Bensimon (zal) www.kkl.fr Le magazine du KKL LE DEVENIR DES SIGNATAIRES DE LA DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE DE L'ÉTAT D'ISRAËL Par Frédéric Nordmann, président d'honneur du KKL de France Moshé Shertok (1894-1965) : ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1956, Moshé Shertok – hébraïsé en Sharett – occupe le poste de Premier ministre de l'État d'Israël du 26 janvier 1954 au 3 novembre 1955. De nouveau ministre des Affaires étrangères jusqu'en juin 1956, il prend ensuite la tête de l'Agence juive jusqu'à sa disparition. Golda Meyerson (1898-1978) : plus connue sous le nom de Golda Meir, Golda Meyerson (née Mabovitch) a notamment été ministre du Travail, ministre des Affaires étrangères, puis quatrième Premier ministre de l'État d'Israël de 1969 à 1974. DR DR David Ben Gourion (1886-1973) : cofondateur du Mapaï, ancêtre du parti travailliste, et dirigeant du yichouv, David Ben Gourion (né Gryn) est chef du gouvernement israélien de 1948 à 1953, puis de 1955 à 1963. Il décède le 1er décembre 1973 au kibboutz Sde Boker. DR DR S i le texte de la déclaration d'indépendance est bien connu, et nous en avons exploré les détails et montré ses limites et ses ambigüités (lire Adama n°76 de Tichri 5776-septembre 2015, page 17), la liste de ses 37 signataires l'est beaucoup moins. Il y a les plus célèbres, dont trois Premiers ministres (David Ben Gourion, Moshé Sharett et Golda Meir), et d'autres qui sont souvent oubliés aujourd'hui, mais dont nombre de rues et d'avenues des villes d'Israël portent le patronyme. Il faut aussi mentionner ceux qui ne l'ont pas signée, parce qu'ils n'y avaient pas été conviés à l'époque, bien qu'ils fussent en charge d'une responsabilité importante, la direction des mouvements de résistance armée. On doit aussi les considérer comme des « pères de la nation». Quand, plus tard, on leur a demandé de rajouter leur paraphe sur cette liste, ils ont répondu : « On ne change pas l'histoire ! » Menahem Begin et Ytzhak Shamir ont été, par la suite, eux aussi, Premiers ministres de l'État d'Israël. 68 ans après l'événement, tous ont disparu aujourd'hui. Nous vous proposons de revenir ici sur quatre figures marquantes. Vous trouverez l’intégralité de cette liste des signataires sur notre site Internet : kkl.fr, rubrique « Adama ». ■ Le 4e gouvernement israélien prête serment le 24 décembre 1952 au domicile de Yitzhak Ben-Zvi, président de l’État d’Israël. Assis de gauche à droite : Ben Zion Dinur, le Premier ministre David Ben Gourion, le président Yitzhak Ben Zvi, Dov Yosef. Debout de g. à d. : Peretz Naftali, Levi Eshkol, Pinhas Lavon,Yosef Serlin, Golda Meir, Moshe Sharett, Pinhas Rosen, Israël Rokach, Peretz (Fritz) Bernstein. Yitzhak Ben Zvi (1884-1963) : né Shymshelevitch, Yitzhak Ben Zvi, pionnier des Poale Tsion, devient, en 1952, le deuxième président de l'État d'Israël, après le décès de Chaïm Weizmann. Il est réélu en 1957 et 1962. Le devenir des signataires ADAMA 9 N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 DR Commentaire de la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël Par Sylvia Elbaze, directrice de l’école maternelle et primaire Maïmonide-Rambam « Mus par ce lien historique et traditionnel, les Juifs s’efforcèrent au long des siècles de revenir dans le pays de leurs ancêtres. Au cours de ces dernières décennies, ils rentrèrent en masse dans leur pays. Pionniers, immigrants clandestins, combattants, ils ont défriché les déserts, ressuscité la langue hébraïque, construit des villes et des villages et créé une communauté en pleine expansion, contrôlant sa vie économique et culturelle, recherchant la paix mais sachant aussi se défendre, apportant à tous les habitants du pays les bienfaits du progrès et aspirant à l’indépendance nationale. » J uillet 1973, j’ai 10 ans. Avec mes parents, frères et sœurs, nous nous apprêtons à quitter définitivement Agadir, notre Maroc natal. J’entends murmurer le nom d’Israël où se trouve déjà toute la famille. Un moment d’hésitation, Ashdod, Strasbourg, Lyon… Ce sera finalement Bordeaux. son « destin juif », déclare sur sa découverte, à l’âge de 19 ans : « II est clair qu’un lien s’est noué là, entre cette nation et moi, que rien, jamais, ne viendra plus révoquer. » On ne sor t pas indemne d’une telle aventure quand on est un jeune être en construction identitaire. Avide d’apprendre, ayant soif de connaissances : Rav Kook, Golda Meir, la Hagana, Ben Gourion, Herzl, le mandat britannique, la Shoah, la charte de l’indépendance... je veux comprendre. C’est là que s’offre à moi ce que « protection des lieux saints de toutes les religions » signifie. Comme nul endroit ailleurs sur cette planète ! Se dévoile alors, le long des r uelles pavées, Jérusalem la millénaire, avec ses Juifs orthodoxes, ses mosquées, ses monastères et ses églises. Les cartes postales, cachées au fond d’un tiroir durant toute mon enfance, deviennent réalité. J’ai le vertige de tant de révélations, on flotte bien à la mer Morte, on peut prier au Kotel et y glisser une prière sur un bout de papier, le falafel m’apparaît alors comme le mets le plus délicieux ! « Je rentre de ce voyage débordant d’amour pour ce pays, animée d’un sionisme qui ne me quittera plus.» Vient alors la nécessité de parler l’hébreu et de s’enivrer des chansons d’Arik Einstein et Chava Alberstein. Un petit détour par l’Université hébraïque de Jérusalem, où je croise Juifs et non-Juifs, me convaincra définitivement qu’Israël est la seule démocratie de cette partie du monde, où la parole circule librement, où la justice garantit l’équité à tous les citoyens sans distinction de religion ; je distille mon discours en pasionaria à la maison comme à l’école que je dirigerai quelques années plus tard. Le rav Kook (1865-1935) Novembre 2015, Paris est meurtri par une série d’attentats. Fino Edery (délégué général du KKL de France, ndlr) me fait intervenir dans l’émission « Kola chel ima » (« La Voix d’une mère ») sur Galei Tsahal, radio de l’armée israélienne. La petite fille de 10 ans raconte que ses trois enfants ont quitté leur Paris natal : ils ont choisi de s’installer, d’étudier et de servir au sein de Tsahal. Mon rêve de toucher la Terre sainte se réalisera un an plus tard. J’idéalise ce moment avant de le vivre. Israël, terre de retour des Juifs venus des quatre coins du monde pour réaliser leur idéal sioniste, religieux ou politique, peu importe alors, la « loi des prophètes d’Israël assure liberté, justice et paix à tous ». Résonne alors en moi, prise d’émotion, le murmure de mon père osant à peine prononcer ISRAËL en terre hostile ; ce murmure est devenu un cri de fierté. DR Bernard-Henri Lévy, dans l’une de ses dernières déclarations sur ce qu’il appelle La déclaration d’indépendance ADAMA N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 10 Ce n’est pas l’histoire qui recommence… C’est leur histoire qui commence enfin ! ■ Le magazine du KKL Tou Bichvat, la caravane passe ! À l'occasion du nouvel an des arbres, la caravane de Tou Bichvat du département de l'Éducation du KKL a sillonné, du fois 17 au entionné pour la première dans31 janvier, Hadar.la région parisienne, la capitale belge et même la la Michna, Tou Bichvat n’est autre, à l’origine, que le jour deafin prélèvement Suisse, de sensibiliser lesinterpréenfants Les de certaines dîmes. Toutefois, de nouvelles des établissements juifs à la signification tations interprétations entourent peu à peu, en rabbiniques et aux symboles de la fête, ainsi qu'à Eretz Israël, cette échéance fiscale. Sous Conscients de la l'institution sioniste. l’impulsion des sages del'œuvre Galilée, de le 15 M DR Éduc@tion www.kkl.fr supervisé par une cour religieuse qui se charge d'embaucher des ouvriers agricoles, d'emmagasiner et de distrib u e r la nourriture, permet de son côté de rationaliser le principe de libre disposition des fruits de la terre. DR portée que lui Chevat acquiert alors confère le Pentateuque, nosclasses sages ontvertes du KKL Les Quelque écoliers, le statut 1800 de « jour du collégiens et lycéens de amplement débattu des seize écoles,deTalmudé jugement la végé-Torah, mouvements de jeuloisainsi quiprofité entourent la nesse et maisons d'enfants ont des tation ». activités ludo-éducatives concoctées chmita, par les notamment animateurs dans du KKL, Laurence, Moïse, Joëlle, Ariel le et Odélia. cœur de la traité Au Cheviit Ladeconstitution ce programme, qui fait la part belle à l'interactivité, Michna et dans le d’un une rituel particulier présentation comprenant diaporama, projection de Talmud de Jérusalem : film, chants et plantation de petrozilia (persil israélien). travaux interdits (enseLe Nouvel An des arbres perd de sa perDes quiz, des jeux et un livret intitulé « Objectif Tou mencement, la-bours, tinence à l’heure de»laont dispersion duété peuBichvat également proposés aux plus grands. taille, moisson...) et ple juif. Il tombe dansdul’oubli «Nouslongtemps nous inspirons meilleur de l'éducation inforautorisés (dans l'opdans la sphère séfarade, Maïmonide se en charge du départemelle, commente Laurence Kiman, L'année de la préservacontentant de rappeler lapidairement sa France.tique ment de l'Éducation du KKL de L'intervention du sabbatique Pour la troisième année consécutive, les KKL associe Bichvat ashkéà une fête ludique tion et desioniste, la vieà des vocation primitive. DansTou l’univers à l'ère contemporaine écoles de l'Alliance israélite universelle ont l'exemple de ce que vivent les petits Israéliens, qui planplantes: irrigation, fernaze, son souvenir est ravivé lorsque appel au des KKL pour Siorganiser des classesde dela chmita, qui ne tentYehouda un arbre de en Mayence, ce jour.» Ildit s'agit aussi, bien entendu, tilisation, désherbage...),fait destination les prescriptions Guershom ben découverte en faveur de 150 élèves de CM2. Les de transmettre à la nouvelle génération le respect de produits poussant sans intervention s'appliquent qu'à Eretz Israël, ont perdu Meor Hagola, décrète l’interdiction du élèves des écoles de Pavillons-sous-bois, de Paris l'environnement et les valeurs écologiques véhiculées humaine (qui ne peuvent être ni vendus de pertinence après l'exil, elles ont jeûne en ce jour. Près de quatre cents (Gustave-Leven et Rachi) et deleur Genève (Girsa) auront depuis toujours par le KKL. ni achetés ni jetés), limitation de leur connu un regain d'actualité à l'heure de ans plus tard, Jacob Moelin, dit le Maharil, le privilège de vivre une expérience unique à travers consommation à un usage personnel, la reconstruction sioniste. Alors que les rapporte l’usage de s’abstenir de liredelefruits secs d'Israël ont été l'histoire, la géographie et les réalités actuelles de Par ailleurs, 8000 sachets (1) ... conditions de stockage pionniers juifs luttaient au quotidien pour Tahanoun (prières deaux supplication) le 15 ainsi qu'à leurs camal'État juif. Autre école parisienne, l’EJM a décidé de distribués jeunes participants, faire de ce voyage une expérience unique en ne Sans compromettre le sens profond de la survie de leurs exploitations et qu'une du mois derades Chevat. Dansécoles le Choulhan d'autres franciliennes et provinciales (Strasque l’hébreuannée pour tous ses échanges. bourg,Karo Nice, abonde Marseille...), mobilisation d'une acte de renouveau, depratiquant foi et de justice de jachère les aurait condamnés Aroukh, Joseph dansgrâce ce à la cet Notons que le Talmud Torah de la communauté équipe de bénévoles motivés, qui se sont relayés, dans les sociale, qui rappelle à tout un chacun à une ruine certaine, le grand rabbin de sens. Mais c’est à la Kabbale lourianique massorti Adath Shalom enverra ses élèves de la Spektor, a imabureaux du KKL, pour conditionner les petites douceurs que la terre n'appartient qu'à Dieu et Kaunas, Yitzhak Elchanan que l’on doit la « réhabilitation » de Tou classe de bar/bat mitsva afin de concrétiser leur de Terre promise dans les délais impartis. «Cela fait chaud giné, à la fin du XIXe siècle, un système relativise la notion de fortune matérielle, Bichvat à partir du XVIe siècle, la renaisenseignement. Du Néguev à la Galilée, en passant au cœur de se dire que des enfants ont reçu ce petit sac comparable à celui de la vente du hametz le judaïsme rabbinique s'est efforcé d'en sance de l’arbre se voyant corrélée à celle par Jérusalem, les jeunes marcheront sur les traces rempli de bons fruits d’Israël et réaliser que nous, bénélors des fêtes de Pessah: adoucir les stipulations les plus sévères de la terre d’Israël et à contribué la gueoula (délides héros de la Bible, visiteront de magnifiques sites le heter mekhira voles, avons modestement à planter cette pe(ou « permis de vente ») autorise les et d'en adapter les contours au contexte vrance de l’exil). Danssymbolique le Hemdatdu Yamim, touristiques, feront connaissance avec les réalisations tite graine sionisme dans leur imaginaire propriétaires juifs à céder leurs terres à économique de son temps. Ainsi, dès le la consommation de fruits – déjà Alexandre répan- Illouz, l'un des volondu KKL dans les domaines de l'eau, de l'agriculture, en devenir », explique er siècle de l'ère commune, de l'afforestation et de la protection de la nature Hillel a élades Non-Juifs pour la durée de la chmita I due dans lestaires. communautés ashkénazes Inutile de préciser que ce cadeau a fait l'unanimité et s'imprégneront, sur le terrain, des valeurs du parmi les gourmands ! boré un mécanisme (dit « prozboul ») de et à les prendre en location. Avalisée – est considérée comme un tikoun (répajudaïsme et de la démocratie israélienne. Certains par le rav Kook, premier grand rabbin du transfert des dettes à un conseil rabbiration des fautes) et institutionnalisée rencontreront leurs correspondants d'une Un nouveau succès à porter à l'actif du département de mandat britannique pendant l'année de chmita, afin de dans un seder, ponctué de passages de la école d'Ashdod. L'occasion de parfaire leur l'Éducation KKL, plébiscité équipes pédagonique, puis par le les droits du créancier et de Bible, du Talmud et dudu Zohar, ainsi que par lessauvegarder pratique de l'hébreu ! Affaire à suivre dans giques et les responsables de mouvements de jeunesse. g r aAdama... n d ne pas paralyser l'obtention de prêts à de lectures de poèmes. Le chapitre du un prochain numéro du magazine À très bientôt pour les événements de Yom Haatsmaout ! § rabbinat de l'État l'approche de cette échéance. Le dispositif Hemdat Yamim traitant de ce repas céréd'Israël, cette du otzar beth din, entrepôt communautaire moniel est réédité sous le titre Peri Etz Pour plus d'informations, contactez le département de l’Éducation du KKL : Tél. : 01 42 86 88 88 - [email protected] - [email protected] L'ALYA DES ANNÉES 1880 À NOS JOURS / 4 E VOLET DR Alya russe en 1970. L’ALYA CONTEMPORAINE : DR CONSTRUIRE L'AVENIR D'ISRAËL DR Avigdor Liberman. A lors que les premières décennies de l'État juif moderne avaient été dominées par l'alya massive des rescapés de la Shoah et des Mizrahim issus majoritairement des pays arabes, les guerres des Six Jours et de Kippour devaient inaugurer une notable évolution dans le profil des olim. Conforté par le degré de développement respectable qu'il avait atteint au regard de sa jeunesse, le succès global de sa politique d'intégration et la preuve de sa puissance militaire administrée sur les champs de bataille, Israël allait connaître de nouvelles vagues d'immigration, plus ou moins intenses, en provenance de tous les continents. Qu'ils soient motivés par un sentiment d'appartenance à la nation juive, l'urgence humanitaire ou l'espoir d'une vie meilleure sous des cieux démocratiques, les candidats au départ continuèrent en effet d'affluer aux portes du pays. Parmi les alyot les plus emblématiques ont été retenues dans ce dossier celles des Juifs d'Union soviétique – puis de la Communauté des États indépendants (CEI) – et celle des immigrants français, de plus en plus nombreux à faire le choix de Sion à l’aube du nouveau millénaire. Nous consacrerons à cette alya une galerie de portraits. L'alya contemporaine ADAMA N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 12 www.kkl.fr Le magazine du KKL L L’ALYA « RUSSE », UN RENFORT EXCEPTIONNEL Déterminante aux premières lueurs du sionisme, l'alya « russe » s'avère minimale de 1948 à 1967. La guerre des Six Jours se traduit en revanche, chez bien des Juifs soviétiques éloignés de leur foi par des décennies d'athéisme officiel et de propagande antisémite, par un regain de fierté et une identification accrue à l'État d'Israël, avec lequel l'URSS vient de rompre ses relations diplomatiques. Des refuzniks au million d'olim Traditionnellement hostile à l'émigration, Moscou ne délivre de visa de sortie qu'à titre exceptionnel. Le demandeur et sa famille se trouvent d'emblée contraints d'abandonner emploi, logement et nationalité d'origine, voire d'acquitter une lourde taxe. Ceux dont le dossier est rejeté, les refuzniks – dont Natan Sharansky s'érige Accueil de Natan Sharansky à sa descente d’avion en Israël par Shimon Peres en 1986. DR e regain migratoire consécutif à l'indiscutable victoire de Tsahal en 1967 incite les autorités israéliennes à adapter de bonne heure les structures d'encadrement des olim. Alors que l'Agence juive poursuit sa mission historique de soutien à l'immigration, le ministère de l'Intégration s'occupe des dossiers du logement, de l'emploi, de l'éducation, de la santé, etc. Peu à peu se font jour des problématiques liées à la fiscalité, aux inscriptions scolaires et universitaires, aux équivalences de diplômes et, plus généralement, à la lourdeur des procédures bureaucratiques. Diverses aides financières (dont le sal klita, « panier d'intégration ») et autres exemptions de taxes sont mises en place. En 2013, face à une conjoncture inédite, le conseil des ministres entérine le nouveau nom du ministère de l'Immigration et de l'Intégration (alya veklita), signifiant que l'État entend également prendre en charge une partie des prérogatives jusqu'alors du ressor t exclusif de l'Agence juive. Le symbole d'une nouvelle ère dans l'histoire plus que centenaire de l'alya. en porte-parole –, et qui entreprennent malgré tout de quitter le pays sont considérés comme « traîtres à la patrie » et emprisonnés. À la fin des années 70, l'affaire Dymshits-Kuznetsov, au cours de laquelle des refuzniks tentent veinement de détourner un avion vers Tel-Aviv, suscite une prise de conscience internationale, obligeant le régime à relever les plafonds de ses quotas d'émigration. Ainsi, dans la décennie suivante, 250 000 personnes sont autorisées à monter en Israël, où 140 000 s'établissent effectivement. De fait, une proportion sans cesse grandissante – pour être majoritaire à la fin des années 80 – de postulants à l'alya choisit de dévier de sa destination initiale, au point de transit de Vienne, pour solliciter un statut de réfugié auprès d'un pays occidental, notamment les États-Unis. Les autorités israéliennes ne manquent d'ailleurs pas de s'inquiéter d'un éventuel revirement soviétique. Une crainte dissipée à l'heure de la Perestroïka puis de la CEI, lorsque sont levées les restrictions à l'émigration juive. Face à la dégradation de l'économie, aux violences ethniques qui secouent les anciennes républiques soviétiques et au raidissement de la politique migratoire de Washington, les Juifs de l'exempire communiste optent massivement pour la terre de leurs ancêtres, soutenus par une Agence juive active. Près d'un million de « Russes » (sur 1,6 million de départs) réalisent leur alya dans les années 90 et 2000, dont 240 000 non-Juifs selon le rabbinat, mais éligibles à loi du Retour. Après un net tarissement de ce « réservoir », la crise ukrainienne de 2014 relance l'intérêt pour Israël (+ 50 % par rapport à 2013 pour l'ensemble de l'ex-URSS). L'éclosion d'une intelligentsia Par son ampleur, cette vague d'immigration génère inévitablement des difficultés de logement et d'emploi, sans oublier le déclassement social qui affecte celles et ceux dont les compétences se révèlent inadaptées au marché du travail israélien. Pour autant, elle se démarque par un taux élevé de personnes diplômées (60 % ont suivi plus de 13 ans d’enseignement en arrivant en Israël) et (hautement) qualifiées, bien supérieur à la moyenne nationale. Premier transfert à grande échelle d'une société industrialisée à une autre, la grande alya « russe » se compose de dizaines de milliers d'ingénieurs, d'architectes, de médecins, d'universitaires, d'informaticiens, d'intellectuels et d'artistes, contribuant au développement exponentiel d'Israël dans les domaines de la haute technologie, de la recherche, de la santé, de l'éducation et de la culture. Souvent perçue comme un contrepoids à la fertilité de la minorité arabe, elle donne lieu à une identité originale, valorisant la « russité » linguistique et culturelle. Aussi les années 90 et 2000 voient-elles le fleurissement d'écoles, L'alya contemporaine ADAMA 13 N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 Le théâtre Gesher. DR de théâtres (ex : théâtre Gesher de Haïfa), d'associations, de lieux de sociabilité et de médias (chaîne Israël Plus, station radiophonique Reka, journal Vesti...) russophones. Ce phénomène tend toutefois à s'estomper, les jeunes générations nées en Israël étant davantage assimilées à la culture dominante. Fréquemment déjudaïsés, les olim d'ex-URSS affichent volontiers des revendications laïques (ouverture de magasins le chabbat, nourriture non cachère, mariages et enterrements non religieux...), au grand déplaisir du public de stricte observance. Leur poids électoral se traduit dans les urnes au profit de partis qui leur sont plus spécialement «dédiés» (Israël Bealya de Natan Sharansky, 1995 ; Israël Beteinou d'Avigdor Lieberman, 1999) ou de partis « classiques », tel le Likoud. Parfois accusés de communautarisme ou soupçonnés d'avoir impor té des pratiques « mafieuses» au pays de la Bible (prostitution, trafic de drogue, grande criminalité), ils éveillent çà et là méfiance et jalousie. Il n'empêche que leur intégration couronnée de succès (maîtrise de l'hébreu, forte employabilité, salaire moyen équivalent à celui du reste de la population en 2012...) et leur apport à la société israélienne leur ont valu d'être classés, par Binyamin Netanyahou, parmi « les plus grands miracles qui sont arrivés à l'État ». ZEEV ELKIN, MINISTRE DE L'IMMIGRATION ET DE L'INTÉGRATION é à Kharkov le 3 avril 1971, Zeev Elkin s'engage activement au sein du mouvement Bné Akiva, dont il devient secrétaire général de l'antenne soviétique en 1990. En décembre de la même année, il réalise son alya et entreprend des études supérieures à l'Université hébraïque de Jérusalem, dont il sort diplômé en histoire et en mathématiques en 1994. Plus tard, il s'intéresse aux études juives et médiévales, plus particulièrement aux écrits de Saadia Gaon. Il s'investit également dans l'éducation juive dans les anciennes républiques soviétiques. En 2006, il est élu député de la 17e Knesset sur la liste du parti Kadima et dirige la sous-commission de l'intégration des enfants et jeunes immigrants. En novembre 2008, à la suite d'un désaccord sur l'orientation de sa formation politique, il rejoint le Likoud, sur la liste duquel il est réélu. De mars 2013 à juin 2014, il occupe la fonction de vice-ministre des Affaires étrangères, puis devient président de la commission de la Knesset chargée des Affaires étrangères et de la Défense. Réélu en 2015, il est actuellement ministre de l'Immigration et de l'Intégration et ministre des Affaires et du Patrimoine de Jérusalem. ■ Zeev Elkin. L'ALYA DE FRANCE ET D'EUROPE Jouissant d'un climat favorable depuis l'après-guerre, les Juifs français n'ont pas été, jusqu'à une date récente, les plus nombreux à réaliser l'alya, même s'ils ont contribué, de manière significative, au rayonnement de l'État juif (lire portraits ciaprès). Sans toujours franchir le pas, la majorité des celles et ceux qui sont engagés dans la vie communautaire expriment cependant leur attachement à l'égard d'Israël, où la plupart comptent famille et relations. Toutefois, la dégradation progressive de « l'état de grâce » post-Shoah depuis quinze ans devait engendrer – dans la douleur – des questionnements sur le devenir du judaïsme en Europe. Perception biaisée du DR Nombreux témoignages de sympathie devant l’Hypercacher Vincennes après l’attentat. DR DR N conflit israélo-arabe nourrie par une désinformation médiatique persévérante, sacralisation néoprolétarienne de la «cause palestinienne », rémanence de stéréotypes judéophobes dans l'opinion publique L'alya contemporaine ADAMA N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 14 (notamment musulmane), banalisation de l'antisémitisme, de Dieudonné à la campagne de boycott du mouvement BDS, agressions physiques, de Créteil à Marseille, attaques violentes et meurtrières (affaire www.kkl.fr ministre Netanyahou à la suite des attentats de janvier 2015, rappelant aux Juifs de France et d'Europe qu'Israël « est [leur] DR Ilan Halimi, tuerie de Toulouse, émeutes de la rue de la Roquette et de Sarcelles, attentat de l'Hypercacher...) obligent à reconsidérer la vie juive paisible et assumée qui a prévalu à la fin du XXe siècle. Sécurisation des écoles et synagogues par l'armée, dissimulation des signes distinctifs et autres « précautions» s'imposent peu à peu dans le paysage communautaire. L'absence de per spectives économiques, pour les jeunes surtout, assombrit encore cette atmosphère délétère.Tandis que les plus fortunés acquièrent des propriétés en Israël, quelque 13 000 Français accomplissent leur alya de 2000 à 2009. Après un léger recul autour de 2010, l'année 2013 se solde par un bilan de 3400 olim, score plus que doublé en 2014 (7000) et pulvérisé en 2015 (8000). Les déclarations du Premier foyer » et qu'ils y seront « accueillis les bras ouverts », les actions menées par l'Agence juive et l'Organisation sioniste mondiale, le programme spécial de 180 millions de shekels adopté le 15 février 2015 en faveur Le magazine du KKL de l'alya française, belge (cf. attentat du musée juif de Bruxelles) et ukrainienne (cf. supra) et la levée de certains obstacles (ex : l'exemption de l'examen professionnel pour les dentistes votée le 26 janvier 2016) accompagnent ce mouvement sans précédent, qui pourrait connaître un développement majeur dans les prochaines années et s'étendre à d'autres nations européennes. Ainsi, après plus de 135 années de vagues migratoires successives ou concomitantes et quelque 68 ans après la renaissance de l'État d'Israël, l'alya sioniste n'a pas achevé d'écrire son histoire. Fait unique au monde, elle s'est d'ores et déjà imposée comme l'un des phénomènes les plus marquants du destin juif contemporain. ■ SUCCESS STORIES DE L'ALYA DE FRANCE DR I ssu d'une double lignée de kabbalistes et fils du grand rabbin d'Algérie, Léon Ashkénazi naît à Oran le 21 juin 1922. Parallèlement à ses études juives auprès de son père et de son grand-père, il fréquente l'école laïque française. Peu après son entrée aux Éclaireurs israélites de France, il vit avec amertume l'abrogation du décret Crémieux, qui entache sa confiance en la patrie française. En 1943, il s'engage dans la Légion étrangère en qualité d'aumônier. Un temps interné, en tant que soldat juif, au camp de Bedeau, il combat ensuite dans la Coloniale. Il est blessé à Strasbourg peu avant la victoire alliée. Son retour en Algérie est de courte durée. De nouveau sur le sol métropolitain, il est au nombre des fondateurs, avec Robert Gamzon (dit « Castor »), de l'École d'Orsay, vouée à la reconstruction du judaïsme français. Il y rencontre notamment Jacob Gordin, dont il suit l'enseignement. Assumant bientôt la direction de l'établissement, il est par ailleurs commissaire général des Éclaireurs israélites et président de l'UEJF. Non sans consacrer sa réflexion à l'identité nationale du peuple juif, il obtient une licence de philosophie et un diplôme de l'école d'ethnologie et d'anthropologie du musée de l'Homme. Retenu, pour des raisons familiales, de monter en Israël, où se joue, à ses yeux, l'avenir du judaïsme, il s'implique dans l'éducation et donne de nombreuses conférences, où il prône une approche à la fois moderne et fidèle à l'héritage judaïque. Il crée, entre autres, le Centre universitaire d'études juives. C'est en 1968 qu'il accomplit enfin son rêve de s'installer en Terre sainte. Étudiant auprès des rav Kook et Ashlag, il donne naissance au fameux Institut Maayanot et au Centre Yaïr, où sont formés de nombreux cadres juifs francophones. Propagateur des valeurs de la Torah auprès du peuple juif «redevenu hébreu », il est sollicité par une multitude d'organismes. Artisan du dialogue interreligieux, il est aussi à l'origine du rapprochement entre l'État d'Israël et le continent africain. Après son décès, survenu le 21 octobre 1996, ses disciples endeuillés ont abondamment diffusé ses écrits (consultables sur www.toutmanitou.org). ■ ANDRÉ NEHER (1914-1988): philosophe, exégète et enseignant N é le 22 octobre 1914 à Obernai, André Neher grandit dans l'amour de la France. En 1927, sa famille s'installe à Strasbourg. Après des études d'allemand et de musique, il est reçu premier au Capes et enseigne l'allemand, à l'âge de 22 ans, au collège de Sarrebourg. Il parfait au demeurant son éducation juive à la synagogue de Strasbourg et à la yechiva de Montreux. Mobilisé en septembre 1939, il est réformé et rejoint sa famille réfugiée en Corrèze, où il trouve un poste de professeur. Chassé de la fonction publique en application du statut des Juifs, sous le regard indifférent de ses collègues, il expérimente, tout comme Léon Ashkénazi, la fragilité de l'alliance judéo-française. Après guerre, il épouse Renée Bernheim et abandonne la langue de Goethe au profit des études bibliques, qui lui vaudront ses plus célèbres œuvres. Titulaire de la chaire de littérature juive tout juste créée à l'université de Strasbourg en 1955, il milite avec succès en faveur de l'intégration de l'hébreu moderne parmi les langues enseignées dans les facultés françaises. Acteur de la vitalité juive alsacienne d'après-guerre, le couple Neher-Bernheim s'investit dans l'accueil de ses coreligionnaires d'Afrique du Nord déracinés et dans le dialogue avec les chrétiens. Après la guerre des Six Jours, les deux écrivains s'envolent pour Jérusalem, une alya souvent interprétée comme une réponse aux allégations du général de Gaulle sur le « peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur ». André Neher devient professeur de pensée juive à l'université de Tel-Aviv et publie, aux côtés de son épouse, de nombreux ouvrages de référence. ■ DR LÉON ASHKÉNAZI, dit « Manitou » (1922-1996) : le maître à penser L'alya contemporaine ADAMA 15 N °78 - T O U B I C H VAT 5776 / 2016 HENRI ATLAN (né en 1931) : un grand savant du XXIe siècle RAPHAËL OUZAN (né en 1988) : le petit génie du big data L DAVID HARARI (né en 1941) : le père du drone avid Harari voit le jour au Caire, le 9 mars 1941, au sein d'une famille juive francophone. À la suite de la crise de Suez (1956), celle-ci est expulsée d'Égypte et trouve refuge à Paris, où le jeune David est scolarisé au lycée Carnot. Après le baccalauréat, il opte pour des études d'ingénieur, qu'il complète par un doctorat en physique en 1967. Profondément heurté par la volte-face du général de Gaulle, il décide, en compagnie de son épouse et de ses filles, d'aller « servir Israël ». Soigneusement préparé, leur projet d'alya aboutit en 1970. Embauché par le groupe Industries aérospatiales israéliennes (IAI), il tire du choc de la guerre de Kippour des enseignements à la portée insoupçonnée. Il lui vient en effet à l'esprit l'idée d'un système de renseignement de nature à prévenir les pilotes des dangers dans les zones de combat. Le concept du drone était né. En 1977, il est chargé du développement de ce programme innovant qui soulève parfois le scepticisme. Le drone est utilisé pour la première fois en situation réelle en 1982, pendant la guerre du Liban. Il éveille dès lors l'intérêt d'autres nations. Nommé à la direction générale de IAI, David Harari s'emploie du reste à valoriser les relations franco-israéliennes GADI COHEN (né en 1955) : un Français à la tête de la branche commerciale d’IAI D DR DR D e Franco-Israélien Raphael Ouzan, expert des mobiles et du big data (données massives), a fondé la société BillGuard (rachetée fin 2015 par la Market Place Prosper) qui développe des technologies de pointe dans le centre de recherche et développement à Tel-Aviv. Ce petit génie est programmeur informatique depuis l'âge de 13 ans. « Enfant, je dessinais des machines à envoyer dans l'espace. Pour mes 10 ans, j'ai demandé à ma grand-mère de m’abonner à un mensuel de jeu, et c'est ainsi que tout a commencé. J’ai compris qu’apprendre la programmation était beaucoup plus utile qu'envoyer des jouets en orbite ! », explique-t-il. Raphaël Ouzan a reçu la plus haute distinction du président d'Israël « pour l'innovation technologique » et a été invité, parmi les dirigeants mondiaux, au Forum économique de Davos 2012, tout ceci avant l'âge de 25 ans. Raphaël Ouzan a été officier et décoré dans les unités d'élite d'Israël (programmation et renseignement militaire) où il a piloté les ingénieurs les plus brillants du pays. Il est également fondateur d'Israël Tech Challenge qui propose des bourses aux meilleurs talents dans le monde en science des données, en cybersécurité et en formation des directeurs de la technologie. Il donne des conférences sur le big data, le crowd sourcing (appel à des réseaux ou au grand public pour réaliser une tâche) et la cybersécurité. epuis 2008, c’est un Français, Gadi Cohen, qui occupe le poste de vice-président exécutif et responsable du groupe d’aviation civile d’Israel Aerospace Industries. À ce titre, il coordonne et supervise toutes les activités L'alya contemporaine ADAMA N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 16 MICHÈLE HASSID (née en 1959) : des Arts et Métiers à la direction de Bedek IAI « J DR DR DR N é à Blida le 27 décembre 1931, Henri Atlan fréquente l'École d'Orsay où il rencontre sa future épouse, Liliane Cohen. Armé d'un doctorat de médecine en 1958, complété par un doctorat d'État en sciences en 1971, il se passionne pour l'auto-organisation du vivant, dans le sillage de Heinz von Foerster. C'est ainsi qu'il part étudier à l'Institut Weizmann de Rehovot sous l'autorité d'Aharon Katzir (Katchalsky). De retour à Paris en 1972, où sa publication intitulée « L'organisation biologique et la théorie de l'information » lui vaut une large notoriété, il enseigne la biophysique à l'Hôtel-Dieu, puis au centre de recherche en biologie humaine de l'hôpital universitaire Hadassah de Jérusalem. Il est par ailleurs à l'initiative du Centre de recherche en épistémologie appliquée (Crea) de l'École polytechnique. En 1983, il est nommé au Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie. Enfin, il est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Sa démarche tend à concilier sciences, sources juives et philosophie, interrogeant sans cesse la relation entre science et éthique. ■ commerciales, une branche qui réalise 30 % du chiffre d’affaires et presque 100 % du chiffre d’affaires à l’export d’IAI. Depuis plus de 40 ans, plus de 1000 avions opérationnels dans le monde ont été conçus, produits et certifiés chez IAI, qui détient le record du monde des certifications. Les succès commerciaux à l’export d’IAI en font un moteur économique et social pour le pays. Gadi Cohen est diplômé avec mention en génie aéronautique du Technion de Haïfa. Il est entré en tant qu’ingénieur chez IAI en 1983. Après avoir été cinq ans officier et ingénieur en conception aéronautique dans l'armée de l'Air israélienne, il est devenu responsable du département pour la conception de véhicules aériens sans pilote (UAV), entre 1988 et 1993. En 1993, Gadi Cohen a été nommé directeur général adjoint de la division ingénierie d’IAI, puis en 1995, directeur général de la division de la production au sein du groupe avions commerciaux pour le développement et la production d'avions d'affaires. ■ (satellite Venus) et la coopération israélo-europénne (Galileo). Ainsi, il officie pendant une décennie en tant que conseiller au commerce extérieur auprès du gouvernement français. De 2003 à 2009, il est président de la filiale européenne des IAI et développe des partenariats avec EADS, Dassault Aviation, Airbus ou encore Intertechnique. Retraité en 2009, il a notamment reçu le prix de la Défense israélienne, le prix américain Pioneer et le prix d'Israël (2011). Il est également chevalier de la Légion d'honneur. ■ 'ai toujours été consciente de mon attrait pour les matières scientifiques », révèle d’emblée Michèle Hassid. Alors qu’elle finissait ses études d’ingénieur à l’Ensam, cette Française s’inscrit à l’Agence juive pour faire son alya et se rend au Bourget sur le stand d’IAI. Le futur ingénieur est reçu en entretien d’embauche dès le lendemain. Elle arrive donc en Israël avec un contrat de travail. Sans parler l’hébreu, la brillante jeune femme intègre l’équipe de conception du projet d’avion chasseur ultraperformant Lavi, dont le développement a été brutalement interrompu en 1987 sous la pression des États-Unis, qui ne voulaient pas que l'aide américaine serve à financer un concurrent du F16. « Pendant mes études, j'ai pris une décision qui a orienté toute ma vie. J'ai décidé de ne pas commencer à chercher un travail en France. Par sionisme, je savais que je devais vivre ma vie en Israël. Je m’épanouis pleinement dans mon métier, tant sur le plan professionnel que personnel », confie-t-elle. Michèle Hassid est aujourd’hui directrice du service d’ingénierie de Bedek Aviation, l’une des principales filiales d’IAI. Le 8 mars dernier, Michèle Hassid a participé au colloque « Femmes, science et innovation » organisé par Israël Science Info à Jérusalem au Lev Academic Center, qui a connu un immense succès. À cette occasion, elle a souligné : « être mère de famille et cadre dirigeant dans l’industrie oblige à quelques sacrifices, mais mes proches ont su s’adapter. » ■ Portraits réalisés par Yaël Simon et Esther Amar Le magazine du KKL P Pesticides naturels BioBee envoie des insectes dans le monde entier Les pesticides chimiques sont considérés comme facteurs à risques de certains cancers. La meilleure alternative en matière de pratiques agricoles consiste à utiliser des pesticides naturels (ou lutte biologique). Située au kibboutz Sdé Eliyahou, au nord d’Israël, la société BioBee est spécialisée dans l’élevage d’abeilles pour la pollinisation des cultures, des araignées et des mouches pour lutter contre les ravageurs. our aider les éleveurs colombiens à lutter contre les acariens qui détruisent les cultures, la société israélienne BioBee a livré 600 millions d’araignées Phytoseiulus persimilis. Même si le gramme d’araignées coûte 165 euros (presque 5 fois le prix du gramme d’or), c’est un investissement rentable, car l’utilisation de pesticides chimiques ne permet pas aux agriculteurs d’exporter du fait des réglementations internationales. En outre, les ravageurs développent une tolérance aux pesticides chimiques qui sont de plus en plus toxiques. Les araignées BioBee voyagent dans des bouteilles contenant 2000 à 4000 individus, puis sont répandues sur les cultures. Le menu quotidien de chaque araignée se compose de sept acariens. Par ailleurs, BioBee a envoyé 380 millions de mouches stériles en Croatie et en Bosnie pour lutter contre la mouche des fruits dans les vergers d’agrumes. Ces mouches ont subi un processus de stérilisation radioactive (TIS) dans les laboratoires BioBee. Respectueuse de l’environnement, cette méthode de lutte antiparasitaire est non-chimique et elle permet de réduire l’utilisation des pesticides. La disparition des pollinisateurs est un phénomène mondial. Or, 80% de notre alimentation découle de l’activité des pollinisateurs. Le Japon est durement touché par l’effondrement spectaculaire des populations d’abeilles : 50% des colonies ont disparu, notamment en raison de l’utilisation croissante de pesticides dans les champs de riz. En juillet dernier, BioBee a envoyé au pays du soleil levant des colonies de « Bumblebee » (bourdons) comprenant une reine et une cinquantaine d’abeilles ouvrières, à bord de ruches climatisées et équipées de sacs d’eau sucrée pour le voyage. Les Bumblebees savent s’adapter et réalisent leurs tâches même lorsque les conditions météo se dégradent. Leur atout est qu’elles ont tendance à rester dans la serre et à ne pas sortir dans les champs. ■ Sécurité alimentaire : Des emballages pour conserver les aliments et préserver les ressources naturelles Un rapport des Nations unies a montré qu’aujourd’hui, environ 30% de la nourriture produite dans le monde est jetée sans être même consommée ni déballée. Les chercheurs israéliens vont permettre de conserver et de protéger plus longtemps les aliments en rayon. L’ industrie agro-alimentaire investit des sommes pharamineuses en vue de créer de nouveaux matériaux pour conserver les légumes et fruits frais. Problème : les bactéries se développent et adhèrent au produit et à son emballage en formant une structure complexe, le biofilm, très nocif pour les consommateurs. À l’Université hébraïque de Jérusalem, Michael Brandwein et son équipe ont trouvé une molécule capable d’empêcher la communication bactérienne, la TZD. Elle a été intégrée avec succès à des cartons ondulés (transport et stockage) et à des emballages plastiques. Les produits frais sont ainsi protégés avant leur consommation. Les emballages « TZD » pourront également protéger les récoltes des agriculteurs, dont une grande quantité est perdue chaque année du fait des contaminations bactériennes. Par ailleurs, Rotem Shemesh et Max Krepker, doctorants au Technion, ont développé un nouvel emballage alimentaire destiné notamment aux produits de boulangerie, dont beaucoup finissent à la poubelle. Cet emballage, qui empêche le développement de bactéries et de moisissures, va permettre aux consommateurs de faire d’importantes économies. Il contient des huiles essentielles qui protègent le pain, le fromage ou les autres aliments. Il se présente comme un sac en plastique normal, et certains de ses éléments sont en fait des nanotubes minuscules qui contiennent des huiles à base d’extraits de plantes, telles que le basilic et le thym, connues pour leur capacité à tuer les bactéries, les moisissures et les champignons. L’emballage libère de l’huile volatile d’une manière contrôlée vers les produits cuits au four, ce qui empêche le développement de microorganismes provoquant la détérioration des aliments. Ce produit pourrait être bientôt commercialisé et permettre de réduire l’utilisation des conservateurs. ■ DR Agriculture durable DR www.kkl.fr Esther Amar Fondatrice d’Israël Science Info, présidente de l’AJE, Association des journalistes de l’environnement Agriculture durable ADAMA 17 N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 DR DR DR WaterLink:Des journalistesfra Début février 2016, une délégation de journalistes de France a effectué un voyage d’étude en Israël pour découvrir les réalisations du KKL dans les domaines de l’eau, de l’agriculture durable et des énergies renouvelables. Retour sur les temps forts d’un parcours riche et instructif. F ruit d’une coopération active entre le B’nai Brith France et le KKL, le voyage «WaterLink », emmenant en Israël experts et autres bloggeurs spécialistes de l’environnement, a été ponctué de rencontres scientifiques et de visites pour une mise en perspective des contributions israéliennes et françaises sur les questions et les défis de transition énergétique, d’écologie et d’adaptation des écosystèmes. « Une occasion de voir Israël sous un jour totalement différent », confie un des journalistes présents. Véronique Hauptschein et Norbert Lipszyc*, co-organisateurs de ce voyage qui « consiste à présenter la réalité israélienne dans tous les domaines du développement durable, y compris les technologies israéliennes présentes et futures », réaffirment leur ambition « de modifier l’image d’Israël dans les médias. C’est en venant en Israël que les gens se feront une idée exacte du pays. » WaterLink ADAMA N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 18 Les eaux usées du Gouch Dan: un cercle vertueux Première étape de ce voyage : la visite de la station d’épuration des effluents du Gouch Dan, l’une des plus grandes usines de recyclage de l’eau dans le monde, située dans la banlieue sud de Tel-Aviv. Son centre d’accueil enseigne l’écologie aux visiteurs grâce à un parcours pédagogique qui illustre le leadership mondial d’Israël dans le recyclage de l’eau (environ 75% des effluents d’Israël sont purifiés et servent à l’agriculture). Plus de 50% de l’eau utilisée pour l’agriculture provient déjà d’eau recyclée, avec l’objectif d’atteindre à terme les 90%. L’augmentation des ressources en eau permet de faire fructifier les champs du Néguev. L’eau purifiée, relativement bon marché, est mise à la disposition des agriculteurs. Le recyclage de www.kkl.fr Le magazine du KKL nçais en visite dans le Néguev La pépinière de Gilat : des graines à la forêt Dans cette pépinière, gérée par le KKL, qui contient plus de 20 000 espèces et satisfait les besoins du sud du pays, sont cultivés des plants et graines de milliers d’espèces d’arbres et de buissons ornementaux, distribués gratuitement pour tout usage public. Devant les journalistes curieux de comprendre le processus de germination, dont la température et l’hygrométrie sont contrôlées par ordinateur, Pablo Cherkasky, directeur de la pépinière, a décrit les différentes étapes de la croissance d’une plante. L’arrosage par le système de goutte-à-goutte a particulièrement retenu l’attention. Lorsque les plants sont suffisamment grands, ils sont répartis dans toute la région du Néguev où ils sont alors replantés. « À Tou Bichvat, fêté ce mois-ci en Israël, des centaines de milliers de personnes ont participé aux plantations d’arbres organisées par le KKL dans tout le pays », a conclu P. Cherkasky. Tout un symbole ! R&D: l’agriculture dans le Néguev À la station de recherche et de développement (R&D) du sud du pays, située dans le Hevel Habessor, la délégation a rencontré Liana Ganot, coordinatrice de la protection de la flore, qui leur a exposé la recherche expérimentale en agronomie pratiquée afin d’aider les agriculteurs à affronter les conditions spécifiques du climat et du sol, économiser de l’eau, lutter contre les parasites et améliorer la rentabilité des divers secteurs de l’agriculture. Grâce à des méthodes de culture innovantes et à des variétés inventées par les agronomes de la station de R&D, l’agriculture est florissante dans cette région, malgré le climat aride et le manque d’eau. Impressionnés par les diverses cultures, dont l’emblématique serre des tomates (70% de toute la production de tomates d’Israël provient du Néguev), les invités ont été étonnés par le mode de culture des fraises en suspension, dont le procédé limite les dégâts liés aux parasites. Nir Am: histoires d’eau En arrivant au kibboutz Nir Am, la délégation a pu constater la proximité avec la bande de Gaza et la menace permanente décrite par leur hôtesse, Yaël Projeanne. À quelques dizaines de mètres d’un champ, un agriculteur fit la découverte d’un tunnel creusé par les terroristes du Hamas. Le musée de l’eau attenant au kibboutz se trouve dans un bâtiment historique ayant servi de station de pompage au premier réseau de distribution d’eau du Néguev, mis en place en 1947. Au cours de la visite, Yaël Projeanne a narré au groupe l’histoire du peuplement du Néguev, en insistant sur le rôle essentiel de l’eau dans l’histoire de la région. Le musée retrace en effet comment le Néguev a été attribué par l’ONU à Israël après la décision de par tage prise par l’organisation internationale. Lorsque 11 points de peuplement ont été fondés dans le Néguev s’est posée la question cruciale de l’alimentation en eau de tous ces nouveaux kibboutzim. « Avec des canalisations de six pouces ! », telle fut la réponse de Ben Gourion, mise à exécution. Clé de la mise en valeur du Néguev, l’eau a ainsi transformé une partie du désert en une région verdoyante. Le réservoir de Sderot: l’irrigation des champs Ce réservoir est l’un des quelque 250 réservoirs construits par le KKL pour collecter les eaux produites par les usines de traitement des eaux usées afin de les recycler et, durant la saison des pluies, les eaux de ruissellement, afin que les agriculteurs puissent disposer d’eau pendant les sept à huit mois de saison sèche. En hiver, lorsqu’il est inutile d’arroser les champs, les eaux usées purifiées s’accumulent dans le réservoir d’une capacité de 1 million de m3 d’eau et, en été, les eaux servent à l’irrigation des champs et des vergers. La délégation a ainsi mesuré le rôle majeur du KKL dans le développement des ressources en eau. C’est ainsi que s’est achevée cette visite passionnante dans le Néguev. La délégation a poursuivi sa visite pour mieux comprendre la gestion de l’eau et le développement de l’agriculture à la station de traitement des déchets par biofiltrage de Kfar Saba, près des bassins verts de Hod Hasharon et au Centre Volcani (équivalent israélien de l’INRA). ■ *Norbert Lipszyc est expert dans le domaine de l’eau et du développement durable et président de SPNI France. DR l’eau permet donc non seulement d’économiser de l’eau potable, mais évite aussi de polluer les rivières et l’eau de mer. Des processus de contrôle rigoureux et un suivi continu garantissent la qualité de l’eau. L’eau purifiée, d’une qualité proche de l’eau potable, convient à toutes les catégories de cultures. WaterLink ADAMA 19 N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 © Laurent Sigwald HAREL SKAAT À LA CONQUÊTE DE PARIS ! C'était un événement très attendu par les nombreux fans qu'il compte en France : pour la première fois de sa prometteuse carrière, Harel Skaat s'est produit à Paris, le 3 février dernier, à l'invitation du KKL. À cette occasion, un public fourni, dont des Israéliens venus par familles entières, a investi la salle de l'Alhambra, dont l'ambiance intimiste se prêtait à merveille à la prestation d'un artiste tout en simplicité. Avant que l'auditoire ne puisse en apprécier la voix claire, la jeune Ana Ka, époustouflante candidate de l'émission « The Voice », a assuré une première partie envoûtante, expression d'un don incontestable pour la pratique vocale. Devant une salle comble, l'enfant de Kfar Saba (tout comme son illustre aîné, Idan Raichel...) au physique juvénile a su émerveiller l'assistance, unanimement conquise par sa présence, sa performance et sa sincérité. Récompensé à de maintes reprises par la profession, le représentant d'Israël à l'Eurovision 2010, révélé par l'émission « Kokhav Nolad » (l'équivalent de « La Nouvelle Star »), a interprété quelques-uns de ses plus grands succès, de Veat à Kol hatsiporim, en passant par Kama od efchar et Akhchav, alternant ballades romantiques et titres rock, rythmés et entraînants. Non sans gratifier les spectateurs d'enthousiasmantes nouveautés et d'un poignant Yerouchalaïm chel zahav, Harel Skaat a pris le temps de dialoguer cordialement, en hébreu, français et anglais, avec les jeunes et moins jeunes venus l'applaudir. Nul doute que tous attendent avec impatience son quatrième album... et sa prochaine date dans l'Hexagone ! ■ Les brèves du KKL A DAM A N °79 - P ESSAH 5776 / 2016 20 Le magazine du KKL www.kkl.fr Martine et Daniel Cohen. À LA MÉMOIRE D E RA CITOYEN DE TRO CHI, YES Le KKL de Troyes a lan cé une souscription po ur la plantation d'un bo squet à la mémoire de Rachi à Jérusalem. Le s généreux donateurs sont cordialement invités à adresser leur cont ribution, à l'ordre du KK L de France , à Willi am Gozlan, 42 rue Paul-Cé zanne, 10800 Saint-Ju lienLes-Villas. Un reçu Ce rfa leur sera adressé en retour. ■ DR Tou Bichvat a été célébré dans la joie au sud de la France, où le chanteur Idan Amedi, révélation de la scène israélienne et invité du KKL, a enflammé le public marseillais et niçois. C'est dans la cité phocéenne, le 27 janvier dernier, que l'étoile montante de 27 ans a entamé son tour de chant, mêlant avec bonheur influences pop et touche orientale. Quelque 400 personnes, dont de nombreux membres de mouvements de jeunesse, étaient venues découvrir la vedette dans les salons du New Vaufrèges, en présence de Dominique Tian, député des Bouches-du-Rhône représentant le maire de Marseille, de personnalités communautaires et de l'équipe du KKL de MarseillePaca, présidé par Bernard Guigui. L'assistance n'a pas manqué d'entonner en chœur les tubes interprétés par la nouvelle coqueluche de la jeunesse israélienne, dont d'émouvantes reprises de grands classiques. Trois jours plus tard, ce fut au tour de la communauté juive de Nice d'en apprécier les talents au conservatoire à rayonnement régional, en compagnie de Rudy Salles, député des Alpes-Maritimes, de Martine Ouaknine, adjointe au maire de Nice, et des militants du KKL de NiceCôte d'Azur et Monaco, menés par leur présidente, Yaël Mazigh. Avant que les 450 auditeurs de tous âges (dont un dynamique groupe d'Éclaireurs israélites) ne vibrent à l'unisson du jeune chanteur, Uzi Landau, coprésident mondial du KKL, leur a adressé un salut de Jérusalem chaudement applaudi. De son côté, Robert Zbili, président du KKL de France, a lancé à l'assemblée un message sioniste des plus fédérateurs. Les bénéfices récoltés seront affectés à l'aménagement du parc Ariel-Sharon de Tel-Aviv, l'un des plus grands chantiers écologiques de ce début de siècle (lire Adama de Tichri 5776-septembre 2015, pages 4-5). ■ DR IDAN AMEDI PLEIN SUD BONNE CONTINUATION, DANIEL ! Quel marcheur du KKL de France ne connaît pas Daniel Cohen ? Aussi discret qu'efficace, cet authentique militant a mis bénévolement, des années durant, ses compétences et son énergie au service des randonnées du KKL, qui réunissent chaque semaine les amateurs de belles balades en Île-de-France. Sur son impulsion, le groupe formé à l'issue de la Marche pour l'eau de l'an 2000 a su se développer harmonieusement, proposant aussi à ses membres des sorties culturelles et des week-ends d'excursion. Avant de s'envoler pour Israël à l'occasion de son alya, Daniel Cohen a tenu à s'assurer de la pérennité de « KKL randos » en préparant sa succession à la tête de cette structure ouverte et conviviale. Il appartiendra désormais à Rudy et aux deux Sylvie, tout autant passionnés par la marche, de prendre la relève. Lors de ses adieux, au cours de la randonnée du 31 janvier à L'IsleAdam, Daniel Cohen a rendu un émouvant hommage aux fidèles participants, avant de céder les rênes au nouveau trio : « Je garderai de ces quatorze années passées avec vous tous de merveilleux souvenirs, de très belles tranches de vie et surtout beaucoup d’amis dont j’entretiendrai précieusement le souvenir. » Acclamé par celles et ceux avec lesquels il a partagé tant de dimanches pédestres, Daniel Cohen a également été salué par Fino Edery, délégué général du KKL de France : « Tu as marché presque autant que Moïse pendant quatorze ans, tu as ouvert la voie, passé le témoin et fait des émules. » À travers ce message, c'est toute l'équipe du KKL qui adresse ses remerciements et sa gratitude à Daniel, en lui souhaitant, ainsi qu'à son épouse Martine, une magnifique nouvelle vie en Terre promise ! ■ Programme complet des mois à venir : [email protected] Les brèves du KKL ADAMA 21 N °79 - P E S S A H 5776 / 2016 DR Tou Bichvat-sur-Seine profiter, grâce à votre soutien, de l’aire parents-soldats que le KKL va aménager pour améliorer les conditions de vie des défenseurs d’Israël, a déclaré le haut gradé de la marine israélienne. En leur nom et en celui de tous les officiers que je représente, je vous transmets notre profonde gratitude. » À l'issue de cette après-midi festive, l'artiste Ilana Shoshan a entraîné les participants dans une chira betsibour (chants collectifs) pleine de gaîté. Après son lancement au mois de janvier, le Club seniors du KKL de France a réuni ses adhérents autour d'une activité inaugurale à l'occasion du nouvel an des arbres. Une centaine d'invités ont ainsi pris part, le 26 janvier dernier, à une rencontre conviviale à bord d'une péniche parisienne. L e mouvement social des conducteurs de taxis n'a aucunement intimidé les membres du Club seniors, venus en force fêter Tou Bichvat à l'invitation du département Legs et Testaments du KKL-JNF, dirigé par Ytzhak Mopsik. Devant des tables chargées des fruits du seder, orchestré par le rabbin Malka, les convives ont partagé un moment chaleureux, ponctué par les interventions d'Uzi Landau, coprésident mondial du KKL, et d'Avihaï Hayoun, commandant adjoint de la base navale de Bat Galim, à Haïfa, à laquelle le KKL de France a choisi de consacrer son nouveau projet (lire pages 4-5). « Cette grande famille du KKL, dont je fais partie, est aussi celle des soldats de notre base, qui pourront Soucieux de proposer à ses militants et contributeurs de toujours des rendezvous conformes à leurs attentes, le KKL de France a d'ores et déjà concocté à leur attention un voyage à l’occasion de Pourim, organisé du 13 au 27 mars en Israël. L'opportunité de rendre hommage à leur indéfectible implication sioniste, mais aussi de renforcer le lien social qui tend à s'étioler avec l'âge. ■ Plus d'informations sur le Club seniors auprès de Lynda (01 42 86 54 93 ou [email protected]) ou sur kkl.fr C lu b rs Seni KL du K « L’AVENIR D’ISRAËL ENTRE VOS MAINS », UNE BROCHURE POUR VOUS AIDER À Y VOIR CLAIR « Le KKL-JNF est au service de celles et ceux qui souhaitent que tout ou partie de leur patrimoine soit consacré au développement de l’État d’Israël. Mais, concrètement, pourquoi léguer au Keren Kayemeth LeIsraël ? Comment ? Avec quelles garanties ? Ces questions récurrentes et légitimes, le département Legs et Testaments du KKL-JNF les entend souvent. Afin d’aider ses donateurs et sympathisants à bien définir les finalités et modalités juridiques et fiscales de leur projet, le KKL-JNF vient d’éditer une brochure très complète, intitulée « L’avenir d’Israël est entre vos mains ». Accessible et pédagogique, celle-ci rappelle la vocation de l’institution sioniste, décrit les réalisations qu’elle a accomplies depuis 115 ans et décrypte les principales notions liées aux différents types de legs. Des fiches techniques et conseils notariaux vous permettront d’y voir plus clair quant à la nature de votre don au KKL et vous offriront l’assurance que chacune de vos volontés sera strictement respectée. Vous y découvrirez également des témoignages de donateurs dont l’empreinte restera à jamais gravée dans l’histoire du KKL et d’Israël. L’équipe du département Legs et Testaments se tient à vos côtés et aux côtés de votre notaire pour donner corps à votre projet et le faire vivre. ■ Pour recevoir gratuitement cette brochure, sans engagement de votre part, contactez Lynda : 01 42 86 54 93 ou [email protected] Tou Bichvat-sur-Seine A DAMA N °79 - P ESSAH 5776 / 2016 22 UNE FRANCE ANTIJUIVE ? REGARD SUR LA NOUVELLE CONFIGURATION JUDÉOPHOBE. ANTISIONISME, PROPALESTINISME, ISLAMISME. Éditions du CNRS D ans ce brillant essai, Pierre-André Taguieff s'intéresse aux derniers avatars de la haine antijuive en France, produit d'un antisionisme « démonologique » et « messianique », alimenté par une « cause palestinienne » massivement islamisée et émaillé d'antimondialisme complotiste. Des premières émanations de ce qu'il a naguère qualifié de « nouvelle judéophobie », en octobre 2000, jusqu'à l'attentat de l'Hypercacher, en passant par les affaires Sellam et Halimi, le massacre de Toulouse, la manifestation « Jour de colère » et les émeutes de l'été 2014, l'auteur souligne que la diabolisation, devenue transfrontalière, dont les Juifs sont l'objet et les agressions quotidiennes contre leur personne sont avant tout le fait de jeunes musulmans, encouragés par l'indifférence plus ou moins complaisante d'une partie de la population et la culture de l'excuse véhiculée par les élites et autres médias, excluant volontiers le Juif de l'universalisme républicain. Le politologue analyse également, avec la finesse qu'on lui connaît, la perversité de l'accusation disqualifiante d'« islamophobie » et l'instrumentalisation d'un « antiracisme » profondément dévoyé. Culpabilisation des victimes et victimisation des bourreaux signent la faillite du modèle d'intégration d'un pays en crise d'identité, qui ne réalise pas toujours que l'ennemi déclaré des Juifs et d'Israël, l'islamo-terrorisme, est aussi celui des démocraties occidentales. Or, on ne saurait prétendre combattre le djihadisme sans mettre en cause l'un de ses principaux alibis, le « propalestinisme éliminationniste ». Dont acte. ■ ESTHER SCHAPIRA ET GEORG HAFNER L'ENFANT, LA MORT ET LA VÉRITÉ La Maison d'édition L e 30 septembre 2000, le monde était témoin du meurtre du petit Mohamed al-Dura, recroquevillé, avec son père, derrière un baril de béton, au carrefour de Netzarim. Le commentaire sentencieux de Charles Enderlin, correspondant de France 2, ne laissait alors aucune place au doute : le jeune Gazaoui avait été abattu froidement par l'armée israélienne. Cette image iconique de la « résistance palestinienne », qui avait le mérite d'entrer en résonance avec les préjugés des téléspectateurs sur la « brutalité » de Tsahal, devait justifier une explosion d'agressions antisémites, voire de passages à l'acte terroristes. Après le choc planétaire de la mort de cet enfant-symbole, des interrogations ont commencé à poindre quant à l'authenticité de l'incident filmé par le cameraman Talal Abu Rahma, en l'absence du reporter vedette de la chaîne publique française. Esther Schapira fait partie de ceux qui ont souhaité comprendre ce qui s'était réellement passé. Auteur de deux documentaires sur cette affaire Dreyfus du XXIe siècle, la journaliste allemande décrit ici le déroulement de l'enquête qu'elle a menée auprès de ses protagonistes et d'experts et qui allait déchaîner, à sa grande surprise, un tonnerre de réactions violentes, tout comme le combat juridique courageux et solitaire de Philippe Karsenty. Au fil du récit, incohérences et révélations sidérantes mettent à mal le narratif « palestinien » et concluent à une mise en scène « pallywoodienne ». Au-delà de ce cas d'école propagandiste, l'auteur dénonce les pratiques médiatiques où la quête de scoops accablants pour Israël prime sur la vérification des informations et où les règles journalistiques sont édictées par l'Autorité palestinienne et le Hamas. Une instrumentalisation d'autant plus alarmante qu'elle cause des ravages dans les esprits. ■ LIVRES à découvrir PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF Notes de lecture de Yaël Simon Le magazine du KKL ✁ KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKLAU KKLJOURNAL KKL KKL KKL KKL KKL KKL BULLETIN D’ABONNEMENT ADAMA 79 KKL N°KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL à retourner au : Keren Kayemeth LeIsraël - 11 rue du 4-Septembre, 75002KKL ParisKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL Tél.KKL : 01 42KKL 86 88 KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL88 KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL: KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL NomKKL : ..................................................................................................... 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