pessah - KKL France

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Hag Pessah sameah !
Pessah 5776 - N°79
LE MAGAZINE DU KKL
ENTRETIEN AVEC HAÏM KORSIA, GRAND RABBIN DE FRANCE
PESSAH
ET LE GOÛT DE LA LIBERTÉ
HOMMAGES
YOM HAZIKARON,
LE TEMPS DU SOUVENIR
DOSSIER : L'ALYA DES ANNÉES 1880 À NOS JOURS
L’ALYA CONTEMPORAINE :
Avril - Mai - Juin 2016 - N°79 - 5€
CONSTRUIRE L'AVENIR D'ISRAËL
dHsK
3
UN TOU BICHVAT ROYAL !
4 Projet du KKL de France
L’aire de rencontre parents-soldats de Bat Galim
UN TEMPS DE RETROUVAILLES
6 Interview
PESSAH ET LE GOÛT DE LA LIBERTÉ
Entretien avec Haïm Korsia, grand rabbin de France
8 Fêtes
9
YOM HAZIKARON, le temps du souvenir
LE DEVENIR DES SIGNATAIRES de
la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël
10 Commentaire
LA DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE,
par Sylvia Elbaze, directrice de l’école maternelle
et primaire Maïmonide-Rambam
11
Éducation
TOU BICHVAT, la caravane passe !
12 Dossier: l'alya des années 1880 à nos jours
L'ALYA CONTEMPORAINE :
construire l'avenir d'Israël
17 Agriculture durable
PESTICIDES NATURELS: BioBee envoie
des insectes dans le monde entier
18 Environnement
20
WATERLINK
LES BRÈVES DU KKL
ÉDITORIAL
C hers lecteurs,
E
n cette période fondamentale de l'année juive,
où nous célébrons, dans un même élan de fierté,
la libération de notre peuple de l'esclavage d'Égypte et
le renouveau de notre souveraineté nationale sur la terre
de nos ancêtres, le magazine Adama vous propose de
réfléchir à la signification de Pessah en compagnie du
grand rabbin de France, Haïm Korsia, mais aussi d'évoquer
les célébrations de Yom Hazikaron et de Yom Haatsmaout,
marqueurs essentiels de l'identité israélienne.
Dans ce numéro, nous reviendrons par ailleurs sur les
événements festifs que le KKL de France et ses départements de l'Éducation et des Legs et Testaments ont
organisés, à Paris, en banlieue et en province, en l'honneur
de Tou Bichvat, fête par excellence de notre institution.
À cette occasion, vous découvrirez notamment la première manifestation de notre Club seniors, qui rivalise
d'inventivité pour proposer à nos aînés un programme
d'activités sur mesure.
Au fil des pages qui suivent, vous pourrez aussi apprécier
l'ultime volet de notre dossier annuel sur l'histoire de
l'immigration juive en Terre promise, réservant une place
toute particulière à l'alya de France, d'hier à aujourd'hui.
Notre laisserons ensuite le champ libre aux contributions de nos partenaires d'Israël Science Info et de la
SPNI-France.
Nous vous invitons également à prendre connaissance
de notre nouveau projet, l'aménagement d'une aire de
rencontre parents-soldats en faveur la base navale de
Bat Galim, près de Haïfa, un havre de paix attendu avec
impatience par les défenseurs d'Israël ! Nous sommes
persuadés que vous serez sensibles à cette initiative du
KKL de France, partenaire de longue date de Tsahal.
En attendant nos prochaines rencontres, nous vous
souhaitons, ainsi qu'à tous les vôtres, de très belles fêtes
de Pessah et de Yom Haastmaout ! ■
Hag Pessah sameah !
22 Club seniors
23
TOU BICHVAT-SUR-SEINE
LIVRES À DÉCOUVRIR
Fino Ephraim EDERY
Robert ZBILI
Délégué général
du KKL de France
président
du KKL de France
ADAMA, le magazine du KKL, est édité par le Keren Kayemeth LeIsraël - Association loi 1901 - Directeur de la publication : Raymond BUNAN - Comité
de rédaction : Adva BENZIMRA - Nadine CHICHE - Fino EDERY - Laurence KIMAN - Philippe LÉVY - Reuven NAAMAT - Frédéric NORDMANN - Yaël SIMON - Robert
ZBILI - Maquette : SH Graphic - Impression: AM PLUS, 93260 Les Lilas - Dépôt légal : à parution - Commission paritaire : N° 0718G79279 - ISSN 1621 - 8590
Crédits photos : archives photos du KKL, OTIS, sauf mention contraire - L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, détérioration ou non-retour des
documents qui lui sont confiés. Il se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de marques, noms de firmes,
d’associations, institutions, etc. est faite sans aucun but publicitaire. Ce mailing comprendra les éléments suivants : Adama, une lettre accompagnatrice et une Haggada
de Pessah.
www.kkl.fr
Un
Tou Bichvat
royal !
© Erez Lichtfeld
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© Erez Lichtfeld
© Erez Lichtfeld
© Erez Lichtfeld
2
1. L’artiste israélienne Cabra Casay.
2. Le grand rabbin Olivier Kaufmann.
3. De gauche à droite : Fino Edery, délégué général du KKL
de France, Haïm Korsia, grand rabbin de France, Avihaï
Hayoun, commandant adjoint de la base navale de Bat
Galim, et Robert Zbili, président du KKL de France.
4. Roger Cukierman, président du Crif, aux côtés d’Uzi
Landau.
À
l'occasion du nouvel an des arbres,
le KKL de France a convié ses amis
franciliens à un grand dîner de gala dans
le cadre prestigieux du Pavillon royal,
le 27 janvier dernier. De nombreuses personnalités ont honoré l'événement de leur
présence, dont Carmel Shama-Hacohen,
ambassadeur d'Israël auprès de l'Unesco,
le général de réserve Doron Gavish, directeur général de la mission européenne du
ministère israélien de la Défense, Arik Elazar,
attaché militaire près l'ambassade d'Israël,
le grand rabbin de France Haïm Korsia,
le grand rabbin Olivier Kaufmann, Roger
Cukierman, président du Crif, Ariel
Goldmann, président du FSJU, Joël Mergui,
président du Consistoire, Claude Barouch,
représentant l'UPJF, ainsi que plusieurs élus,
dont le député Meyer Habib et l'adjoint
au maire du XVIe arrondissement Jérémy
Redler. La manifestation accueillait également Uzi Landau, coprésident mondial
du KKL récemment élu, et Avihaï Hayoun,
commandant adjoint de la base de la
marine de Bat Galim, à laquelle est consacré
le nouveau projet du KKL de France
(lire pages 4-5).
Après que le grand rabbin de France eut
inauguré la soirée aux côtés de Fino Edery,
délégué général du KKL de France, le grand
rabbin Olivier Kaufmann a conduit le seder
de Tou Bichvat, rappelant à l'assistance le
sens de cette célébration du renouveau
de la nature et la symbolique des sept
espèces bibliques qui y sont convoquées.
En cette journée de commémoration de
la libération du camp d'Auschwitz, Régine
Frydman, survivante du ghetto de Varsovie
et militante enthousiaste du KKL, est ensuite
montée sur scène, tandis qu'un hommage
a été rendu à deux regrettés présidents
de son antenne française, Simon Laufer et
Albert Czarnobroda (zal). Les représentants
des grandes institutions communautaires
se sont ensuite succédé à la tribune (lire
ci-contre), avant que Robert Zbili, président
du KKL de France, ne présente l'invité
d'honneur de la cérémonie, Uzi Landau,
venu spécialement de Jérusalem. Celui-ci
a brossé le portrait géopolitique d'un
Moyen-Orient en pleine décomposition,
au regard duquel Israël apparaît comme
une heureuse exception. Enfin, Corinne
Le magazine du KKL
Champagner-Katz, vice-présidente du KKL
de France, et Avihaï Hayoun ont présenté
le projet de l'aire de rencontre parentssoldats de la base militaire de Bat Galim,
auquel le KKL invite ses contributeurs à
participer. « La situation de l’Occident face
au terrorisme et à l’islamisme radical présente
un besoin impérieux d’assurer les gouvernances des États, a souligné Corinne
Champagner-Katz. C’est pourquoi le KKL
de France soutient Tsahal et fédère plusieurs
projets liés à la sécurité des personnes et
des biens ». La partie festive de l'événement
a été animée par la jeune et talentueuse
chanteuse Cabra Casay, exemple de réussite
de l'alya d'Éthiopie, qui s'est fait connaître
grâce à sa prestation au sein du célèbre
Idan Raichel Project. I
Ils ont dit....
« Tou Bichvat met l'humain au centre de nos
préoccupations et met en avant notre relation
avec la terre que nous partageons. Nous ne
nous laisserons pas assombrir l’esprit par des
obscurantistes. »
Grand rabbin Olivier Kaufmann
« La visite de Rohani en France le jour même
de la commémoration de la Shoah est une
insulte à nos martyrs et une offense aux
valeurs de la République. »
Roger Cukierman, président du Crif
« Nous devons remercier le KKL pour tout
ce qu'il nous apporte. »
Ariel Goldmann, président du FSJU
« Être juif et sioniste en France aujourd'hui
est un challenge. Mais, contrairement aux
années 30, nous avons l'État d'Israël, un État
phare sur les plans militaire, technologique et
culturel. Pendant que Daesh détruit les vestiges
des civilisations anciennes, Israël construit.
Et c'est pour cela que le KKL existe. »
Robert Zbili, président du KKL de France
« Je dis au mouvement BDS qu'il y a bien un
apartheid au Moyen-Orient. Un apartheid
contre les femmes, contre les minorités,
contre les chrétiens, contre les Juifs et contre
Israël, dans les pays arabes et l'Autorité
palestinienne. »
Uzi Landau, coprésident mondial du KKL
Un Tou Bichvat royal !
ADAMA
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N °79
- P E S S A H 5776 / 2016
DR
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Projet du KKL de France
Projet du KKL de France
ADAMA
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4
Dans le cadre de
son partenariat de
longue date avec
l'Armée de
défense d'Israël,
le KKL développe
des projets en
faveur du bien-être
de celles et ceux
qui défendent le
pays. Lui-même
engagé dans cette
démarche, le KKL
de France propose
aujourd'hui à ses
amis d'œuvrer à la
réalisation d'une
aire de rencontre
parents-soldats au
sein de la base de
la marine de Bat
Galim, à Haïfa.
www.kkl.fr
Le magazine du KKL
L’aire de rencontre parents-soldats de Bat Galim
Un temps de
retrouvailles
Tel Aviv
Jérusalem
V
éritable armée populaire, Tsahal mobilise
chaque année (presque) tous
les Israéliens âgés de 18 ans, qui
y effectuent un service de deux
à trois ans. Nombreux sont les
appelés qui, au sortir de l'adolescence, se trouvent ainsi éloignés
Eilat
de leur famille pour de longues
périodes. Afin de soutenir leur moral, essentiel à leur efficacité et à leur épanouissement,
le KKL aménage des aires de rencontre,
agréables et ombragées, où les parents
peuvent rendre visite, les bras chargés de
douceurs et de cadeaux, à leur fille ou leur
fils sous les drapeaux.
Beer Sheva
UN FLEURON DE LA MARINE
Située à Haïfa, la base de la marine de Bat
Galim accueille jusqu'à 1500 soldats. Elle
abrite notamment un cours d'officiers, une
école de plongée et une formation de
commandement de haut niveau. Dotée
d'une flotte de bateaux lance-missiles et
de patrouilleurs, elle assure la sécurité le
long de côtes, prévenant avec succès toute
attaque ennemie, ainsi que les fréquentes
tentatives d'infiltration terroriste par voie
maritime. Une vigilance de tous les instants
que le commandant de la base, Ronen
Mainiss, attribue à la qualité des enseignements et des valeurs qui y sont dispensés.
UN PETIT COIN DE PARADIS...
Impressionnés par la visite de Bat Galim
lors de la deuxième édition du voyage
« Israël aujourd'hui et demain » à l'automne
2015, les responsables du KKL de France
ont choisi de lui apporter leur concours.
Le projet prévoit la réhabilitation esthétique
et fonctionnelle de la zone d'amarrage et
de ses environs : renforcement du quai et
de la rampe de mise à l'eau des bateaux,
construction d'une pergola et d'une aire
de détente, aménagements paysagers (dont
un jardin de rocaille), travaux d'éclairage,
de clôture, d'adduction et d'évacuation
des eaux, le tout dans un souci permanent
de préserver l'environnement naturel. Le
site profitera non seulement aux soldats
et à leurs visiteurs, mais aussi aux résidents
locaux, qui pourront s'y relaxer en appréciant la vue imprenable sur la mer.
En contribuant à cette réalisation,
vous deviendrez un acteur privilégié
du lien unique qui relie le KKL à
Tsahal. Vous égayerez aussi ce
moment si particulier de la vie de
milliers de jeunes Israéliens qu'est
le service militaire. Ces « gardiens
d'Israël » vous en sont d'ores et déjà
reconnaissants ! ■
LE PROJET EN BREF...
DR
Haïfa
●
La grande Famille des parents de soldats
C’est ici que les parents réalisent pour la première fois que leur enfant est devenu un homme,
un soldat, un véritable adulte. Les bras, trop courts pour faire le tour de ses épaules, effleurent
sa barbe devenue rugueuse. C’est ici que l’on réalise que ce « petit mec » revêt un uniforme,
celui de Tsahal, le pantalon un peu lâche, et les mains qui sentent les soins apportés à son
arme en bandoulière. C’est ici que la maman, convaincue qu’il ne mangera rien à l’armée,
arrive chargée des mets préférés de son enfance. C’est ici que nous, parents, avons besoin
d’être seuls avec notre fils, mais à la fois de trouver quelqu’un qui partage nos interrogations
sur le quotidien de ces trois années qui commencent : les manœuvres, le front, la guerre, les
amis, les nuits seul loin de nous. C’est ici, qu’à la table à côté les parents de son nouvel ami
vous proposent de partager leurs mets typiques. C’est ici que votre famille d’adoption devient
une grande famille, la Famille des parents de tous ces soldats dont nous attendons le retour
prodigue, sains et saufs. C’est ici, sous une pergola, dans un espace ombragé avec tables,
bancs, point d’eau, végétation et air frais, que nous allons, le cœur serré, les étreindre très fort
jusqu’à la prochaine fois.
●
Nom : aire de rencontre
parents-soldats de Bat Galim.
Localisation : la base de Bat
Galim est située à Haïfa, au bord
de la mer.
●
Objectifs :
- Offrir aux familles la possibilité de
rencontrer leurs enfants appelés
dans un cadre plaisant et
confortable.
- Créer un accès sécurisé à la mer
pour le grand public.
- Entretenir la relation unique qui
unit le KKL et Tsahal.
Ephraïm Edery, père et délégué général du KKL
Projet du KKL de France
ADAMA
5
N °79
- P E S S A H 5776 / 2016
ENTRETIEN avec Haïm Korsia, grand rabbin de France
DR
Pessah et le goût de la liberté
À
l’occasion de ce numéro de
Pessah et Yom Haatsmaout,
le grand rabbin de France, Haïm
Korsia, nous a accordé un entretien dans
lequel il revient sur la symbolique des ces
fêtes qui, toutes deux, nous parlent de
l’exigence de liberté.
Adama : Comment rattachez-vous
la fête de Pessah à la symbolique de
l’émancipation d’un peuple dont
l’aspiration à la liberté est intimement liée à ses racines ?
Haïm Korsia : Pessah, c’est, avant toute
chose, la liberté. Dès que l’homme recouvre la liber té et alors qu’il est dans le
désert, il cherche une direction, celle de
la terre d’Israël. Il passe par le mont Sinaï
certes, mais avec pour destination la terre
d’Israël. Un midrach raconte que lorsque
Dieu demande à Moïse de construire
le Tabernacle, il le bâtit avec des arbres.
Ce sont ceux que Jacob avait plantés, avant
de demander à ses enfants de les arracher
pour les emmener avec eux en Égypte en
esclavage, puis dans le désert. Ce sont ces
arbres-là qui vont leur permettre de
construire le Tabernacle. Cet enseignement
montre combien l’arbre peut incarner
l’espérance.
La sortie d’Égypte n’est pas uniquement
synonyme de liberté retrouvée, elle ne
signifie pas seulement la « liberté pour la
liberté », mais le fait de désirer bien davantage, Al akhat kama vekama, « d’autant plus
que », citation issue du texte que l’on récite
le soir de la Pâque. On lit Dayenou, «cela
nous aurait suffi », lorsque les Hébreux
sortent d’Égypte, mais ils ne voulaient pas
uniquement sortir d’Egypte pour être libres.
Ils voulaient aussi passer par le mont Sinaï,
recevoir la Torah, entrer en Terre sainte et
construire le temple accompagné par les
arbres, «car l’homme est comme l’arbre des
champs » (Dt, 20 : 19). Ainsi, quand on protège un arbre, on protège la société.Toute
société qui s’obstine à protéger les arbres
en oubliant les hommes s’écroule, alors
que les sociétés qui protègent l’homme
en viennent toujours à protéger l’arbre,
donc ses racines.
Adama : Puisque vous évoquez les
racines, comment reliez-vous celles
qui unissent Pessah à l’État d’Israël ?
H.K. : La genèse de l’État d’Israël ne date
pas de 1948, mais plonge ses racines
comme un arbre dans une longue et belle
histoire. C’est un pays qui avait des structures bien avant d’exister, comme par
exemple l’Université du mont Scopus créée
en 1918, soit près de trente ans avant la
déclaration d’indépendance. Ainsi l’émergence de l’État peut s’apparenter à l’apparition de feuilles sur un arbre d’Israël
préexistant, dont le peuple juif est le tronc
et les racines, la Torah. Les racines du peuple
et de l’État d’Israël remontent jusqu’en
Égypte. C’est la raison pour laquelle nous
répétons chaque année le soir de Pessah :
« avadim ayinou lefaro bemistrayim », « nous
avons été esclaves de Pharaon en Égypte »,
car il nous faut jamais l’oublier. Cela permet
Pessah et le goût de la liberté
ADAMA
N °79
- P E S S A H 5776 / 2016
6
à tout un chacun de prendre conscience
de ce qui peut arriver et venir bouleverser
une situation qui nous semblait proche
d’un état de perfection. Cette propension
à concevoir qu’un état de perfection est
en fait toujours perfectible constitue un
des fondements du judaïsme. Là se trouve
également la vraie idée de Pessah.
Adama: Les premiers soirs de Pessah
lors du seder, il est de tradition de
questionner et lire la Haggada.
En quoi cette narration continuet-elle d’interroger notre condition
d’hommes libres ?
H.K. : La Haggada de Pessah est une
machine à transmettre. Émeric Deutsch,
que je considérais comme mon père, se
plaisait souvent à dire : « la Haggada est la
liturgie de la table ». Au moment où l’on se
rassemble autour d’un repas, on attribue
aux mets que l’on déguste une dimension
spirituelle, en leur donnant du sens, comme
l’a écrit Bossuet : « Vivre c’est consommer
du temps ». Le judaïsme s’inscrit pleinement
dans cette logique d’accompagner toujours
les grands moments de l’année, comme
Pessah, par la symbolique d’un aliment, pour
lui donner du sens. Parce que le temps a
aussi du sens, on cherche du sens au temps.
À Pessah, dans cette liturgie familiale de la
table, on apprend aux enfants à questionner
les anciens, les anciens des anciens, à l’image
de ce très beau verset : « Interroge ton père,
il te racontera, tes anciens ils te diront »
(Dt, 32 : 7).
Adama : C’est un peu comme si on
mangeait de la liberté ?
H.K. : Oui, en quelque sorte. Pour reprendre
votre expression, on « mange de la liberté »
à Pessah, mais on mange d’abord des herbes
amères ou du harosset, qui symbolisent l’esclavage, car il ne peut exister de liberté sans
qu’il y ait eu esclavage. À l’image du chabbat,
jour pendant lequel on s’abstient de tout
www.kkl.fr
travail. On ne peut penser l’arrêt du travail,
s’il n’y a pas eu de travail auparavant. De la
même façon, il est éminemment difficile
d’appréhender la liberté sans avoir vécu
l’esclavage.
Adama : Dans la tradition juive, cette
façon d’éprouver l’amertume estelle une étape obligée pour savourer
le bonheur de la liberté retrouvée ?
H.K. : Nous consommons d’abord les
herbes amères, avant de ressentir la délivrance, sans jamais pour autant oublier ce
goût amer. La douceur n’efface donc pas
l’amertume. Bien au contraire, on nous
montre que l’amertume a parfois de la
Le magazine du KKL
douceur. Ainsi, le harosset, qui symbolise
le mortier, est construit comme une sorte
d’asservissement avec toutefois un goût
sucré. C’est qu’il faut endurer la souffrance
de sor tir de cet état d’asservissement
pour la véritable liber té, la véritable
douceur. C’est ce que l’on vit pendant le
seder de Pessah, lorsque l’on rappelle la
noirceur-même de notre histoire.
Adama : On retrouve aussi cette
transition entre Yom Hazikaron et
Yom Haatsmaout : ce moment de
recueil en hommage aux soldats
tombés jusqu’à ce réveil très joyeux
de l’indépendance …
H.K. : Effectivement, et on la retrouve
également en France avec le 14 juillet,
jour de la Fête nationale, qui est un
moment lumineux pour la République
dans sa représentation de la chute de
l’asser vissement et d’un tragiquement
célèbre 16 juillet (rafle du Vel d’Hiv’,
16-17 juillet 1942, ndlr) qui restera à
tout jamais une tâche noire de notre
histoire. Un peuple ne peut sur vivre
s’il ne célèbre ou glorifie uniquement
ses heures lumineuses, en tentant
d’occulter ou d’oublier ses heures
noires. Là réside une des forces du
peuple juif, celle de savoir en permanence se remémorer les moments
heureux et malheureux. ■
L
e Keren Kayemeth LeIsraël est naturellement associé aux
fêtes de Pessah puisque l’institution sioniste a permis de
concrétiser le retour du peuple juif sur sa terre et le renouveau
de l’assemblée d’Israël.
Véritable « liturgie de la table » et « machine à transmettre »,
comme la désigne Haïm Korsia dans son interview, la Haggada
de Pessah tisse, au fil du récit de la sortie d’Égypte et du cérémonial du seder, la promesse de voir se concrétiser la phrase
« Lechana habaa biyirouchalaïm » - l’an prochain à Jérusalem.
Avec ce numéro d’Adama, le KKL a le plaisir de vous offrir
une Haggada illustrée par l’artiste israélien Emanuel Yair,
dont l’atelier de création se situe à Jérusalem.
Représentative de son univers vif et coloré, avec des motifs
chatoyants qui réalisent l’harmonieuse fusion entre l’art des
manuscrits anciens et des emprunts plus modernes au thème
oriental, cette Haggada 5776 est une édition de grande
qualité.
Avec ses textes en hébreu, leur traduction et retranscription
phonétique, elle permettra à tous de suivre le cours du seder
et ravira particulièrement les enfants.
Toute la rédaction d’Adama souhaite à ses lecteurs hag Pessah sameah.
Pessah et le goût de la liberté
ADAMA
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N °79
- P E S S A H 5776 / 2015
YOM HAZIKARON,
LE TEMPS DU SOUVENIR
Avant que la nation tout entière ne communie dans la joie de la
fête de l'indépendance (Yom Haatsmaout), le temps se fige,
vingt-quatre heures durant, afin d’honorer celles et ceux qui
se sont sacrifiés pour la souveraineté du peuple juif. Telle est la
signification de Yom Hazikaron.
her à notre tradition, le souvenir est
intimement corrélé aux grands
moments de la vie juive. Il n'est guère de
prière ou de célébration qui n'y fasse référence, quitte à associer tristesse et réjouissances. Le passage solennel du Jour du
souvenir (4 Iyar) au Jour de l'indépendance
(5 Iyar)* en est un exemple flagrant.
QUELQUES MOTS D'HISTOIRE
C'est en 1950 qu'est apparue la nécessité
de consacrer une journée particulière à
la mémoire des soldats tombés au champ
d'honneur. En janvier 1951, une commission ad hoc est diligentée par Ben Gourion
afin d'en définir les contours et le
positionnement calendaire. Adopté
par la Knesset en 1963, le Yom Hazikaron
trouve naturellement place la veille du
Yom Haatsmaout, pour mieux souligner
le prix d'une liberté durement acquise.
En 1998, les commémorations sont
élargies aux victimes civiles du terrorisme.
dédié, minute de silence et allumage de
torches rythment ces instants de recueillement. Le jour même, la population
israélienne interrompt à l'unisson toute
activité, à 11h, pour deux minutes de
silence. Familles et officiels visitent ensuite
les cimetières militaires où reposent les
disparus, dont celui du mont Herzl.
À l'issue de cette journée vouée au souvenir, le drapeau d'Israël est de nouveau
hissé, tandis que sont allumées les torches
de l'indépendance, symbole de la « transmission de flambeau » entre les deux
grandes célébrations nationales. ■
* Les cérémonies sont susceptibles d'être décalées
d'un ou plusieurs jours afin de ne pas profaner
le chabbat.
Jordan Bensimon,
UN DÉROULEMENT CODIFIÉ
le sionisme chevillé au corps
La veille au soir, drapeau en berne, les
cérémonies débutent au Kotel au son de
la sirène, en présence des grandes personnalités de l'État et de l'armée et des
familles endeuillées. Récitation d'un Yizkor
Yom Hazikaron, le temps du souvenir
ADAMA
N °79
Emmanuel Moreno, soldat d'élite
Quatrième des cinq fils de Sylvia et Shlomo Ilan
Moreno, Emmanuel Moreno, né le 17 juin 1971,
fait son alya avec sa famille à l'âge d'un an. Après
avoir vécu à Jérusalem, il intègre l'école de préparation militaire de Bné David à Eli. Soldat remarquable, il sert au sein de la Sayeret Matkal pendant
seize ans, jusqu'au grade de lieutenant-colonel. « Si
Tsahal est la meilleure armée au monde, que la
Sayeret Matkal est sa meilleure unité et qu'Emmanuel
est son meilleur élément, alors Emmanuel est le
meilleur soldat du monde », déclarait à son sujet
Herzi Halevi, l'ancien commandant de la plus
fameuse unité d'élite des forces israéliennes. Entraîné
pour des opérations spéciales requérant un très haut
niveau de compétence, il a notamment participé à
la capture du leader terroriste Mustafa Dirani et au
sauvetage d'Eliahu Gorel, kidnappé en 2003 par
des Arabes palestiniens. Nombre de ses missions
sont toujours classées secret défense. À 35 ans, il
devait tomber le 19 août 2006 près de Baalbek, au
cours de la deuxième guerre du Liban, laissant
derrière lui une épouse et trois enfants. D'une proverbiale modestie et tenu au secret pendant sa carrière
militaire, Emmanuel Moreno a été honoré à titre
posthume par plusieurs citations et décorations.
Le KKL de France a réalisé une aire de jeux à sa
mémoire à Tlamim. Une source porte également
son nom à Mevasseret Tsion.
- P E S S A H 5776 / 2016
8
Né le 19 avril 1992 à Lyon, Jordan Bensimon est
animé très jeune de sentiments sionistes. C'est ainsi
qu'à l'âge de 16 ans, il quitte famille et amis pour
s'installer en Israël. Il participe au programme Naalé,
puis entre dans une école de préparation militaire
à Netanya afin d'être incorporé dans les rangs de
Tsahal. C'est chose faite en juillet 2012. Très motivé,
le jeune homme parvient à être accepté dans l'unité
d'élite Egoz. Mobilisé lors de l'opération Tsouk
Eitan, il tombe au combat, sous les coups du Hamas,
le 20 juillet 2014. Il avait 22 ans. Des milliers d'anonymes accompagnent alors ses proches et ses camarades au cimetière d'Ashkélon pour lui rendre un
dernier hommage, ainsi qu'à 27 de ses compagnons
d'arme. « Jordan n’était pas seulement un frère formidable et un fils exceptionnel, il était également humble
et décidé à s’engager pour la défense d’Israël»,
a témoigné sa sœur. « La seule chose que nous pouvons te dire, c’est un grand merci, a déclaré, pour
sa part, l’un de ses camarades. Merci pour ton amour
d’Israël. Notre victoire sera également la tienne. Tu
peux être certain que tu as joué un rôle significatif
pour la sécurité du pays. »
DR
C
Au rang des quelque 23 400 disparus d'une
liste qui s'allonge, hélas, d'année en année
figurent de jeunes Français qui ont donné leur
vie pour Israël. Parmi ceux-ci, Emmanuel
Moreno et Jordan Bensimon (zal)
www.kkl.fr
Le magazine du KKL
LE DEVENIR DES SIGNATAIRES
DE LA DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE
DE L'ÉTAT D'ISRAËL
Par Frédéric Nordmann, président d'honneur du KKL de France
Moshé Shertok (1894-1965) :
ministre des Affaires étrangères de 1948 à
1956, Moshé Shertok – hébraïsé en
Sharett – occupe le poste de Premier
ministre de l'État d'Israël du 26 janvier
1954 au 3 novembre 1955. De nouveau
ministre des Affaires étrangères jusqu'en
juin 1956, il prend ensuite la tête de
l'Agence juive jusqu'à sa disparition.
Golda Meyerson (1898-1978) :
plus connue sous le nom de Golda Meir,
Golda Meyerson (née Mabovitch) a
notamment été ministre du Travail, ministre
des Affaires étrangères, puis quatrième
Premier ministre de l'État d'Israël de 1969
à 1974.
DR
DR
David Ben Gourion (1886-1973) :
cofondateur du Mapaï, ancêtre du parti
travailliste, et dirigeant du yichouv,
David Ben Gourion (né Gryn) est chef
du gouvernement israélien de 1948 à
1953, puis de 1955 à 1963. Il décède le
1er décembre 1973 au kibboutz Sde Boker.
DR
DR
S
i le texte de la déclaration d'indépendance est bien
connu, et nous en avons exploré les détails et
montré ses limites et ses ambigüités (lire Adama
n°76 de Tichri 5776-septembre 2015, page 17), la liste de
ses 37 signataires l'est beaucoup moins. Il y a les plus
célèbres, dont trois Premiers ministres (David Ben
Gourion, Moshé Sharett et Golda Meir), et d'autres qui
sont souvent oubliés aujourd'hui, mais dont nombre de
rues et d'avenues des villes d'Israël portent le patronyme.
Il faut aussi mentionner ceux qui ne l'ont pas signée,
parce qu'ils n'y avaient pas été conviés à l'époque, bien
qu'ils fussent en charge d'une responsabilité importante,
la direction des mouvements de résistance armée.
On doit aussi les considérer comme des « pères de la
nation». Quand, plus tard, on leur a demandé de rajouter
leur paraphe sur cette liste, ils ont répondu : « On ne
change pas l'histoire ! » Menahem Begin et Ytzhak Shamir
ont été, par la suite, eux aussi, Premiers ministres de
l'État d'Israël.
68 ans après l'événement, tous ont disparu aujourd'hui.
Nous vous proposons de revenir ici sur quatre figures
marquantes. Vous trouverez l’intégralité de cette liste
des signataires sur notre site Internet : kkl.fr, rubrique
« Adama ». ■
Le 4e gouvernement israélien prête serment le 24 décembre 1952
au domicile de Yitzhak Ben-Zvi, président de l’État d’Israël.
Assis de gauche à droite : Ben Zion Dinur, le Premier ministre David Ben
Gourion, le président Yitzhak Ben Zvi, Dov Yosef.
Debout de g. à d. : Peretz Naftali, Levi Eshkol, Pinhas Lavon,Yosef Serlin, Golda
Meir, Moshe Sharett, Pinhas Rosen, Israël Rokach, Peretz (Fritz) Bernstein.
Yitzhak Ben Zvi (1884-1963) :
né Shymshelevitch, Yitzhak Ben Zvi,
pionnier des Poale Tsion, devient, en 1952,
le deuxième président de l'État d'Israël,
après le décès de Chaïm Weizmann. Il est
réélu en 1957 et 1962.
Le devenir des signataires
ADAMA
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DR
Commentaire de la déclaration
d’indépendance de l’État d’Israël
Par Sylvia Elbaze, directrice de l’école maternelle et primaire Maïmonide-Rambam
« Mus par ce lien historique
et traditionnel, les Juifs s’efforcèrent au long des siècles de
revenir dans le pays de leurs
ancêtres. Au cours de ces dernières décennies, ils rentrèrent
en masse dans leur pays.
Pionniers, immigrants clandestins, combattants, ils ont défriché les déserts, ressuscité la
langue hébraïque, construit des
villes et des villages et créé une
communauté en pleine expansion, contrôlant sa vie économique et culturelle, recherchant
la paix mais sachant aussi
se défendre, apportant à tous
les habitants du pays les bienfaits du progrès et aspirant à
l’indépendance nationale. »
J
uillet 1973, j’ai 10 ans. Avec mes parents,
frères et sœurs, nous nous apprêtons à
quitter définitivement Agadir, notre Maroc
natal. J’entends murmurer le nom d’Israël
où se trouve déjà toute la famille. Un
moment d’hésitation, Ashdod, Strasbourg,
Lyon… Ce sera finalement Bordeaux.
son « destin juif », déclare sur sa découverte, à l’âge de 19 ans : « II est clair qu’un
lien s’est noué là, entre cette nation et moi,
que rien, jamais, ne viendra plus révoquer. »
On ne sor t pas indemne d’une telle
aventure quand on est un jeune être en
construction identitaire.
Avide d’apprendre, ayant soif de connaissances : Rav Kook, Golda Meir, la Hagana,
Ben Gourion, Herzl,
le mandat britannique,
la Shoah, la charte de
l’indépendance... je veux
comprendre.
C’est là que s’offre à moi ce que « protection
des lieux saints de toutes
les religions » signifie.
Comme nul endroit
ailleurs sur cette planète ! Se dévoile alors,
le long des r uelles
pavées, Jérusalem la
millénaire, avec ses Juifs
orthodoxes, ses mosquées, ses monastères
et ses églises. Les cartes
postales, cachées au
fond d’un tiroir durant
toute mon enfance, deviennent réalité.
J’ai le vertige de tant de révélations, on
flotte bien à la mer Morte, on peut prier
au Kotel et y glisser une prière sur un bout
de papier, le falafel m’apparaît alors comme
le mets le plus délicieux !
« Je rentre de ce
voyage débordant
d’amour pour ce
pays, animée d’un
sionisme qui ne me
quittera plus.»
Vient alors la nécessité
de parler l’hébreu et de
s’enivrer des chansons
d’Arik Einstein et Chava
Alberstein. Un petit
détour par l’Université
hébraïque de Jérusalem,
où je croise Juifs et non-Juifs, me convaincra
définitivement qu’Israël est la seule démocratie de cette partie du monde, où la
parole circule librement, où la justice garantit
l’équité à tous les citoyens sans distinction
de religion ; je distille mon discours en
pasionaria à la maison comme à l’école
que je dirigerai quelques années plus tard.
Le rav Kook (1865-1935)
Novembre 2015, Paris est meurtri par une
série d’attentats. Fino Edery (délégué général
du KKL de France, ndlr) me fait intervenir
dans l’émission « Kola chel ima » (« La Voix
d’une mère ») sur Galei Tsahal, radio de
l’armée israélienne.
La petite fille de 10 ans raconte que ses
trois enfants ont quitté leur Paris natal :
ils ont choisi de s’installer, d’étudier et de
servir au sein de Tsahal.
Mon rêve de toucher la Terre sainte se
réalisera un an plus tard. J’idéalise ce
moment avant de le vivre. Israël, terre de
retour des Juifs venus des quatre coins du
monde pour réaliser leur idéal sioniste,
religieux ou politique, peu importe alors,
la « loi des prophètes d’Israël assure liberté,
justice et paix à tous ».
Résonne alors en moi, prise d’émotion,
le murmure de mon père osant à peine
prononcer ISRAËL en terre hostile ; ce
murmure est devenu un cri de fierté.
DR
Bernard-Henri Lévy, dans l’une de ses
dernières déclarations sur ce qu’il appelle
La déclaration d’indépendance
ADAMA
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Ce n’est pas l’histoire qui recommence…
C’est leur histoire qui commence enfin ! ■
Le magazine du KKL
Tou Bichvat, la caravane passe !
À l'occasion du nouvel an des arbres,
la caravane de Tou Bichvat du
département de l'Éducation du KKL a
sillonné,
du fois
17 au
entionné pour
la première
dans31 janvier,
Hadar.la région
parisienne,
la
capitale
belge
et même la
la Michna, Tou Bichvat n’est autre,
à l’origine, que le
jour deafin
prélèvement
Suisse,
de sensibiliser
lesinterpréenfants
Les
de certaines dîmes.
Toutefois, de nouvelles
des établissements
juifs à la signification
tations
interprétations entourent peu à peu, en
rabbiniques
et aux symboles de la fête,
ainsi qu'à
Eretz Israël, cette échéance fiscale. Sous
Conscients
de la
l'institution sioniste.
l’impulsion des sages del'œuvre
Galilée, de
le 15
M
DR
Éduc@tion
www.kkl.fr
supervisé par
une cour religieuse
qui
se
charge
d'embaucher
des ouvriers
agricoles,
d'emmagasiner et de distrib
u
e
r
la nourriture,
permet de son
côté de rationaliser le principe
de libre disposition des fruits de
la terre.
DR
portée que lui
Chevat acquiert alors
confère le Pentateuque,
nosclasses
sages ontvertes du KKL
Les
Quelque
écoliers,
le
statut 1800
de « jour
du collégiens et lycéens de
amplement
débattu
des
seize écoles,deTalmudé
jugement
la végé-Torah, mouvements de jeuloisainsi
quiprofité
entourent
la
nesse
et
maisons
d'enfants ont
des
tation ».
activités ludo-éducatives concoctées chmita,
par les notamment
animateurs dans
du KKL, Laurence, Moïse, Joëlle, Ariel le
et Odélia.
cœur de la
traité Au
Cheviit
Ladeconstitution
ce programme, qui fait la part belle
à l'interactivité,
Michna
et dans le
d’un une
rituel
particulier
présentation
comprenant diaporama,
projection
de
Talmud
de Jérusalem
:
film, chants et plantation de petrozilia (persil israélien).
travaux
interdits
(enseLe Nouvel An des arbres perd de sa perDes quiz, des jeux et un livret intitulé « Objectif Tou
mencement,
la-bours,
tinence à l’heure
de»laont
dispersion
duété
peuBichvat
également
proposés
aux plus grands.
taille,
moisson...)
et
ple juif. Il tombe
dansdul’oubli
«Nouslongtemps
nous inspirons
meilleur de l'éducation inforautorisés
(dans
l'opdans la sphère
séfarade,
Maïmonide
se en charge du départemelle,
commente
Laurence Kiman,
L'année
de la préservacontentant de
rappeler
lapidairement
sa France.tique
ment
de l'Éducation
du KKL de
L'intervention
du
sabbatique
Pour la troisième année consécutive,
les
KKL associe
Bichvat ashkéà une fête ludique
tion et
desioniste,
la vieà des
vocation primitive.
DansTou
l’univers
à
l'ère
contemporaine
écoles
de
l'Alliance
israélite
universelle
ont
l'exemple
de
ce
que
vivent
les
petits
Israéliens,
qui
planplantes:
irrigation,
fernaze, son souvenir est ravivé lorsque
appel au des
KKL pour Siorganiser
des classesde
dela chmita, qui ne
tentYehouda
un arbre de
en Mayence,
ce jour.» Ildit
s'agit aussi,
bien entendu,
tilisation,
désherbage...),fait
destination
les prescriptions
Guershom ben
découverte en faveur de 150 élèves de CM2. Les
de
transmettre
à
la
nouvelle
génération
le
respect
de
produits poussant sans intervention
s'appliquent qu'à Eretz Israël, ont perdu
Meor Hagola, décrète l’interdiction du
élèves des écoles de Pavillons-sous-bois, de Paris
l'environnement et les valeurs écologiques véhiculées
humaine
(qui
ne
peuvent
être
ni
vendus
de
pertinence
après l'exil, elles ont
jeûne en ce jour. Près de quatre cents
(Gustave-Leven et Rachi) et deleur
Genève
(Girsa) auront
depuis toujours par le KKL.
ni
achetés
ni
jetés),
limitation
de
leur
connu
un
regain
d'actualité
à l'heure de
ans plus tard, Jacob Moelin, dit le Maharil,
le privilège de vivre une expérience unique à travers
consommation
à
un
usage
personnel,
la
reconstruction
sioniste.
Alors
que les
rapporte l’usage
de s’abstenir
de liredelefruits secs d'Israël ont été
l'histoire, la géographie et les réalités actuelles de
Par ailleurs,
8000 sachets
(1) ...
conditions
de
stockage
pionniers
juifs
luttaient
au
quotidien
pour
Tahanoun (prières
deaux
supplication)
le 15 ainsi qu'à leurs camal'État juif. Autre école parisienne, l’EJM a décidé de
distribués
jeunes participants,
faire
de
ce
voyage
une
expérience
unique
en
ne
Sans
compromettre
le
sens
profond
de
la
survie
de
leurs
exploitations
et
qu'une
du mois derades
Chevat.
Dansécoles
le Choulhan
d'autres
franciliennes et provinciales (Strasque l’hébreuannée
pour tous
ses échanges.
bourg,Karo
Nice, abonde
Marseille...),
mobilisation
d'une
acte de renouveau,
depratiquant
foi et de justice
de jachère
les aurait condamnés
Aroukh, Joseph
dansgrâce
ce à la cet
Notons
que
le
Talmud
Torah
de
la
communauté
équipe
de
bénévoles
motivés,
qui
se
sont
relayés,
dans
les
sociale,
qui
rappelle
à
tout
un
chacun
à
une
ruine
certaine,
le grand rabbin de
sens. Mais c’est à la Kabbale lourianique
massorti
Adath
Shalom
enverra
ses
élèves
de
la Spektor, a imabureaux
du
KKL,
pour
conditionner
les
petites
douceurs
que
la
terre
n'appartient
qu'à
Dieu
et
Kaunas,
Yitzhak
Elchanan
que l’on doit la « réhabilitation » de Tou
classe de bar/bat mitsva afin de concrétiser leur
de
Terre
promise
dans
les
délais
impartis.
«Cela
fait
chaud
giné, à la fin du XIXe siècle, un système
relativise la notion de fortune matérielle,
Bichvat à partir du XVIe siècle, la renaisenseignement. Du Néguev à la Galilée, en passant
au cœur de se dire que des enfants ont reçu ce petit sac
comparable
à celui
de la vente du hametz
le
judaïsme
rabbinique
s'est
efforcé
d'en
sance de l’arbre se voyant corrélée à celle
par Jérusalem, les jeunes marcheront sur
les traces
rempli de bons fruits d’Israël et réaliser que nous, bénélors
des
fêtes
de
Pessah:
adoucir
les
stipulations
les
plus
sévères
de la terre d’Israël
et à contribué
la gueoula
(délides héros de la Bible, visiteront de magnifiques sites le heter mekhira
voles, avons
modestement
à planter cette pe(ou « permis
de vente ») autorise les
et
d'en
adapter
les
contours
au contexte
vrance de l’exil).
Danssymbolique
le Hemdatdu
Yamim,
touristiques,
feront connaissance
avec les réalisations
tite graine
sionisme dans leur imaginaire
propriétaires
juifs
à céder leurs terres à
économique
de
son
temps.
Ainsi,
dès
le
la consommation
de fruits
– déjà Alexandre
répan- Illouz, l'un des volondu KKL dans les domaines de l'eau, de l'agriculture,
en devenir
», explique
er siècle de l'ère commune,
de
l'afforestation
et
de
la
protection
de
la
nature
Hillel
a
élades
Non-Juifs
pour
la durée de la chmita
I
due dans lestaires.
communautés
ashkénazes
Inutile de préciser
que ce cadeau a fait l'unanimité
et
s'imprégneront,
sur
le
terrain,
des
valeurs
du
parmi
les
gourmands
!
boré
un
mécanisme
(dit
«
prozboul
»)
de
et
à
les
prendre
en
location. Avalisée
– est considérée comme un tikoun (répajudaïsme
et
de
la
démocratie
israélienne.
Certains
par
le
rav
Kook,
premier
grand rabbin du
transfert
des
dettes
à
un
conseil
rabbiration des fautes) et institutionnalisée
rencontreront
leurs
correspondants
d'une
Un
nouveau
succès
à
porter
à
l'actif
du
département
de
mandat
britannique
pendant
l'année
de
chmita,
afin
de
dans un seder, ponctué de passages de la
école d'Ashdod. L'occasion de parfaire leur
l'Éducation
KKL, plébiscité
équipes pédagonique, puis par le
les droits du créancier et de
Bible, du Talmud
et dudu
Zohar,
ainsi que par lessauvegarder
pratique de l'hébreu ! Affaire à suivre dans
giques et les responsables de mouvements de jeunesse.
g r aAdama...
n d
ne
pas
paralyser
l'obtention
de
prêts
à
de lectures de poèmes. Le chapitre du
un prochain numéro du magazine
À très bientôt pour les événements de Yom Haatsmaout ! §
rabbinat
de
l'État
l'approche
de
cette
échéance.
Le
dispositif
Hemdat Yamim traitant de ce repas céréd'Israël,
cette
du
otzar
beth
din,
entrepôt
communautaire
moniel est réédité sous le titre Peri Etz
Pour plus d'informations, contactez le département de l’Éducation du KKL :
Tél. : 01 42 86 88 88 - [email protected] - [email protected]
L'ALYA DES ANNÉES 1880 À NOS JOURS /
4 E VOLET
DR
Alya russe en 1970.
L’ALYA CONTEMPORAINE :
DR
CONSTRUIRE L'AVENIR D'ISRAËL
DR
Avigdor Liberman.
A
lors que les premières décennies de
l'État juif moderne avaient été dominées par
l'alya massive des rescapés de la Shoah et des
Mizrahim issus majoritairement des pays
arabes, les guerres des Six Jours et de Kippour
devaient inaugurer une notable évolution dans
le profil des olim. Conforté par le degré de
développement respectable qu'il avait atteint
au regard de sa jeunesse, le succès global de
sa politique d'intégration et la preuve de sa
puissance militaire administrée sur les champs
de bataille, Israël allait connaître de nouvelles
vagues d'immigration, plus ou moins intenses,
en provenance de tous les continents. Qu'ils
soient motivés par un sentiment d'appartenance à la nation juive, l'urgence humanitaire
ou l'espoir d'une vie meilleure sous des cieux
démocratiques, les candidats au départ continuèrent en effet d'affluer aux portes du pays.
Parmi les alyot les plus emblématiques ont
été retenues dans ce dossier celles des Juifs
d'Union soviétique – puis de la Communauté
des États indépendants (CEI) – et celle des
immigrants français, de plus en plus nombreux
à faire le choix de Sion à l’aube du nouveau
millénaire. Nous consacrerons à cette alya
une galerie de portraits.
L'alya contemporaine
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12
www.kkl.fr
Le magazine du KKL
L
L’ALYA « RUSSE »,
UN RENFORT
EXCEPTIONNEL
Déterminante aux premières lueurs du
sionisme, l'alya « russe » s'avère minimale
de 1948 à 1967. La guerre des Six Jours
se traduit en revanche, chez bien des Juifs
soviétiques éloignés de leur foi par des
décennies d'athéisme officiel et de propagande antisémite, par un regain de fierté
et une identification accrue à l'État d'Israël,
avec lequel l'URSS vient de rompre ses
relations diplomatiques.
Des refuzniks au million d'olim
Traditionnellement hostile à l'émigration,
Moscou ne délivre de visa de sortie qu'à
titre exceptionnel. Le demandeur et sa
famille se trouvent d'emblée contraints
d'abandonner emploi, logement et nationalité d'origine, voire d'acquitter une lourde
taxe. Ceux dont le dossier est rejeté, les
refuzniks – dont Natan Sharansky s'érige
Accueil de Natan Sharansky à sa descente d’avion
en Israël par Shimon Peres en 1986.
DR
e regain migratoire consécutif à
l'indiscutable victoire de Tsahal
en 1967 incite les autorités
israéliennes à adapter de bonne heure les
structures d'encadrement des olim. Alors
que l'Agence juive poursuit sa mission
historique de soutien à l'immigration, le
ministère de l'Intégration s'occupe des
dossiers du logement, de l'emploi, de
l'éducation, de la santé, etc. Peu à peu
se font jour des problématiques liées à
la fiscalité, aux inscriptions scolaires
et universitaires, aux équivalences de
diplômes et, plus généralement, à la lourdeur des procédures bureaucratiques.
Diverses aides financières (dont le sal klita,
« panier d'intégration ») et autres exemptions de taxes sont mises en place. En 2013,
face à une conjoncture inédite, le conseil
des ministres entérine le nouveau nom
du ministère de l'Immigration et de
l'Intégration (alya veklita), signifiant que
l'État entend également prendre en charge
une partie des prérogatives jusqu'alors
du ressor t exclusif de l'Agence juive.
Le symbole d'une nouvelle ère dans
l'histoire plus que centenaire de l'alya.
en porte-parole –, et qui entreprennent
malgré tout de quitter le pays sont considérés comme « traîtres à la patrie » et
emprisonnés. À la fin des années 70, l'affaire
Dymshits-Kuznetsov, au cours de laquelle
des refuzniks tentent veinement de détourner un avion vers Tel-Aviv, suscite une prise
de conscience internationale, obligeant le
régime à relever les plafonds de ses quotas
d'émigration. Ainsi, dans la décennie suivante, 250 000 personnes sont autorisées
à monter en Israël, où 140 000 s'établissent
effectivement. De fait, une proportion sans
cesse grandissante – pour être majoritaire
à la fin des années 80 – de postulants à
l'alya choisit de dévier de sa destination
initiale, au point de transit de Vienne, pour
solliciter un statut de réfugié auprès d'un
pays occidental, notamment les États-Unis.
Les autorités israéliennes ne manquent
d'ailleurs pas de s'inquiéter d'un éventuel
revirement soviétique. Une crainte dissipée
à l'heure de la Perestroïka puis de la CEI,
lorsque sont levées les restrictions à
l'émigration juive. Face à la dégradation de
l'économie, aux violences ethniques qui
secouent les anciennes républiques soviétiques et au raidissement de la politique
migratoire de Washington, les Juifs de l'exempire communiste optent massivement
pour la terre de leurs ancêtres, soutenus
par une Agence juive active. Près d'un
million de « Russes » (sur 1,6 million de
départs) réalisent leur alya dans les années
90 et 2000, dont 240 000 non-Juifs selon le
rabbinat, mais éligibles à loi du Retour. Après
un net tarissement de ce « réservoir », la
crise ukrainienne de 2014 relance l'intérêt
pour Israël (+ 50 % par rapport à 2013
pour l'ensemble de l'ex-URSS).
L'éclosion d'une intelligentsia
Par son ampleur, cette vague d'immigration
génère inévitablement des difficultés de
logement et d'emploi, sans oublier le
déclassement social qui affecte celles et
ceux dont les compétences se révèlent
inadaptées au marché du travail israélien.
Pour autant, elle se démarque par un taux
élevé de personnes diplômées (60 % ont
suivi plus de 13 ans d’enseignement en
arrivant en Israël) et (hautement) qualifiées,
bien supérieur à la moyenne nationale.
Premier transfert à grande échelle d'une
société industrialisée à une autre, la grande
alya « russe » se compose de dizaines de
milliers d'ingénieurs, d'architectes, de médecins, d'universitaires, d'informaticiens,
d'intellectuels et d'artistes, contribuant au
développement exponentiel d'Israël dans
les domaines de la haute technologie, de
la recherche, de la santé, de l'éducation et
de la culture. Souvent perçue comme un
contrepoids à la fertilité de la minorité
arabe, elle donne lieu à une identité originale, valorisant la « russité » linguistique
et culturelle. Aussi les années 90 et 2000
voient-elles le fleurissement d'écoles,
L'alya contemporaine
ADAMA
13
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Le théâtre Gesher.
DR
de théâtres (ex : théâtre Gesher de Haïfa),
d'associations, de lieux de sociabilité et de
médias (chaîne Israël Plus, station radiophonique Reka, journal Vesti...) russophones.
Ce phénomène tend toutefois à s'estomper,
les jeunes générations nées en Israël étant
davantage assimilées à la culture dominante.
Fréquemment déjudaïsés, les olim d'ex-URSS
affichent volontiers des revendications laïques
(ouverture de magasins le chabbat, nourriture
non cachère, mariages et enterrements non
religieux...), au grand déplaisir du public de
stricte observance. Leur poids électoral se
traduit dans les urnes au profit de partis qui
leur sont plus spécialement «dédiés» (Israël
Bealya de Natan Sharansky, 1995 ; Israël
Beteinou d'Avigdor Lieberman, 1999) ou de
partis « classiques », tel le Likoud. Parfois
accusés de communautarisme ou soupçonnés d'avoir impor té des pratiques
« mafieuses» au pays de la Bible (prostitution,
trafic de drogue, grande criminalité), ils éveillent çà et là méfiance et jalousie. Il n'empêche
que leur intégration couronnée de succès
(maîtrise de l'hébreu, forte employabilité,
salaire moyen équivalent à celui du reste de
la population en 2012...) et leur apport à la
société israélienne leur ont valu d'être classés,
par Binyamin Netanyahou, parmi « les plus
grands miracles qui sont arrivés à l'État ».
ZEEV ELKIN, MINISTRE DE L'IMMIGRATION ET DE L'INTÉGRATION
é à Kharkov le 3 avril 1971, Zeev Elkin s'engage activement au sein du mouvement Bné
Akiva, dont il devient secrétaire général de l'antenne soviétique en 1990. En décembre de
la même année, il réalise son alya et entreprend des études supérieures à l'Université hébraïque
de Jérusalem, dont il sort diplômé en histoire et en mathématiques en 1994. Plus tard,
il s'intéresse aux études juives et médiévales, plus particulièrement aux écrits de Saadia Gaon.
Il s'investit également dans l'éducation juive dans les anciennes républiques soviétiques. En 2006,
il est élu député de la 17e Knesset sur la liste du parti Kadima et dirige la sous-commission de
l'intégration des enfants et jeunes immigrants. En novembre 2008, à la suite d'un désaccord sur
l'orientation de sa formation politique, il rejoint le Likoud, sur la liste duquel il est réélu. De
mars 2013 à juin 2014, il occupe la fonction de vice-ministre des Affaires étrangères, puis devient
président de la commission de la Knesset chargée des Affaires étrangères et de la Défense.
Réélu en 2015, il est actuellement ministre de l'Immigration et de l'Intégration et ministre des
Affaires et du Patrimoine de Jérusalem. ■
Zeev Elkin.
L'ALYA DE FRANCE
ET D'EUROPE
Jouissant d'un climat favorable depuis
l'après-guerre, les Juifs
français n'ont pas été,
jusqu'à une date récente,
les plus nombreux à réaliser l'alya, même s'ils ont
contribué, de manière significative, au rayonnement de
l'État juif (lire portraits ciaprès). Sans toujours franchir
le pas, la majorité des celles
et ceux qui sont engagés dans la vie communautaire expriment cependant leur
attachement à l'égard d'Israël, où la plupart
comptent famille et relations. Toutefois,
la dégradation progressive de « l'état de
grâce » post-Shoah depuis quinze ans
devait engendrer – dans la douleur – des
questionnements sur le devenir du
judaïsme en Europe. Perception biaisée du
DR
Nombreux témoignages de sympathie
devant l’Hypercacher Vincennes
après l’attentat.
DR
DR
N
conflit israélo-arabe nourrie par une
désinformation médiatique persévérante,
sacralisation néoprolétarienne de la «cause
palestinienne », rémanence de stéréotypes
judéophobes dans l'opinion publique
L'alya contemporaine
ADAMA
N °79
- P E S S A H 5776 / 2016
14
(notamment musulmane), banalisation de
l'antisémitisme, de Dieudonné à la campagne de boycott du mouvement BDS,
agressions physiques, de Créteil à Marseille,
attaques violentes et meurtrières (affaire
www.kkl.fr
ministre Netanyahou à la suite des attentats
de janvier 2015, rappelant aux Juifs de
France et d'Europe qu'Israël « est [leur]
DR
Ilan Halimi, tuerie de Toulouse, émeutes
de la rue de la Roquette et de Sarcelles,
attentat de l'Hypercacher...) obligent à reconsidérer la vie juive
paisible et assumée qui a prévalu
à la fin du XXe siècle. Sécurisation
des écoles et synagogues par
l'armée, dissimulation des signes
distinctifs et autres « précautions»
s'imposent peu à peu dans le
paysage communautaire.
L'absence de per spectives
économiques, pour les jeunes
surtout, assombrit encore cette
atmosphère délétère.Tandis que
les plus fortunés acquièrent des
propriétés en Israël, quelque
13 000 Français accomplissent leur
alya de 2000 à 2009. Après un léger recul
autour de 2010, l'année 2013 se solde
par un bilan de 3400 olim, score plus que
doublé en 2014 (7000) et pulvérisé en
2015 (8000). Les déclarations du Premier
foyer » et qu'ils y seront « accueillis les bras
ouverts », les actions menées par l'Agence
juive et l'Organisation sioniste mondiale,
le programme spécial de 180 millions de
shekels adopté le 15 février 2015 en faveur
Le magazine du KKL
de l'alya française, belge (cf. attentat du
musée juif de Bruxelles) et ukrainienne
(cf. supra) et la levée de certains obstacles
(ex : l'exemption de l'examen
professionnel pour les dentistes
votée le 26 janvier 2016)
accompagnent ce mouvement
sans précédent, qui pourrait
connaître un développement
majeur dans les prochaines
années et s'étendre à d'autres
nations européennes.
Ainsi, après plus de 135 années
de vagues migratoires successives ou concomitantes et
quelque 68 ans après la renaissance de l'État d'Israël, l'alya
sioniste n'a pas achevé d'écrire
son histoire. Fait unique au monde, elle
s'est d'ores et déjà imposée comme l'un
des phénomènes les plus marquants du
destin juif contemporain. ■
SUCCESS STORIES DE L'ALYA DE FRANCE
DR
I
ssu d'une double lignée
de kabbalistes et fils du
grand rabbin d'Algérie,
Léon Ashkénazi naît à
Oran le 21 juin 1922. Parallèlement à ses études
juives auprès de son père
et de son grand-père, il fréquente l'école laïque française. Peu après son entrée aux Éclaireurs israélites
de France, il vit avec amertume l'abrogation du décret Crémieux, qui entache sa confiance en la patrie
française. En 1943, il s'engage dans la Légion étrangère en qualité d'aumônier. Un temps interné, en
tant que soldat juif, au camp de Bedeau, il combat
ensuite dans la Coloniale. Il est blessé à Strasbourg
peu avant la victoire alliée. Son retour en Algérie
est de courte durée. De nouveau sur le sol métropolitain, il est au nombre des fondateurs, avec Robert Gamzon (dit « Castor »), de l'École d'Orsay,
vouée à la reconstruction du judaïsme français. Il y
rencontre notamment Jacob Gordin, dont il suit
l'enseignement. Assumant bientôt la direction de
l'établissement, il est par ailleurs commissaire général des Éclaireurs israélites et président de l'UEJF.
Non sans consacrer sa réflexion à l'identité nationale du peuple juif, il obtient une licence de philosophie et un diplôme de l'école d'ethnologie et
d'anthropologie du musée de l'Homme. Retenu,
pour des raisons familiales, de monter en Israël,
où se joue, à ses yeux, l'avenir du judaïsme, il s'implique dans l'éducation et donne de nombreuses
conférences, où il prône une approche à la fois
moderne et fidèle à l'héritage judaïque. Il crée,
entre autres, le Centre universitaire d'études juives.
C'est en 1968 qu'il accomplit enfin son rêve de
s'installer en Terre sainte. Étudiant auprès des
rav Kook et Ashlag, il donne naissance au fameux
Institut Maayanot et au Centre Yaïr, où sont formés
de nombreux cadres juifs francophones. Propagateur des valeurs de la Torah auprès du peuple juif
«redevenu hébreu », il est sollicité par une multitude d'organismes. Artisan du dialogue interreligieux, il est aussi à l'origine du rapprochement
entre l'État d'Israël et le continent africain. Après
son décès, survenu le 21 octobre 1996, ses disciples
endeuillés ont abondamment diffusé ses écrits
(consultables sur www.toutmanitou.org). ■
ANDRÉ NEHER (1914-1988):
philosophe, exégète et enseignant
N
é le 22 octobre 1914 à Obernai, André Neher
grandit dans l'amour de la France. En 1927,
sa famille s'installe à Strasbourg. Après des études
d'allemand et de musique, il est reçu premier au
Capes et enseigne l'allemand, à l'âge de 22 ans,
au collège de Sarrebourg. Il parfait au demeurant
son éducation juive à la synagogue de Strasbourg
et à la yechiva de Montreux. Mobilisé en septembre
1939, il est réformé et rejoint sa famille réfugiée
en Corrèze, où il trouve un poste de professeur.
Chassé de la fonction publique en application du
statut des Juifs, sous le regard indifférent de ses
collègues, il expérimente, tout comme Léon
Ashkénazi, la fragilité de l'alliance judéo-française.
Après guerre, il épouse Renée Bernheim et abandonne la langue de Goethe au profit des études
bibliques, qui lui vaudront ses plus célèbres œuvres.
Titulaire de la chaire de littérature juive tout juste
créée à l'université de Strasbourg en 1955, il milite
avec succès en faveur de l'intégration de l'hébreu
moderne parmi les langues enseignées dans les
facultés françaises. Acteur de la vitalité juive alsacienne d'après-guerre, le couple Neher-Bernheim
s'investit dans l'accueil de ses coreligionnaires
d'Afrique du Nord déracinés et dans le dialogue
avec les chrétiens. Après la guerre des Six Jours,
les deux écrivains s'envolent pour Jérusalem, une
alya souvent interprétée comme une réponse aux
allégations du général de Gaulle sur le « peuple
d'élite, sûr de lui-même et dominateur ». André
Neher devient professeur
de pensée juive à l'université de Tel-Aviv et publie,
aux côtés de son épouse,
de nombreux ouvrages de
référence. ■
DR
LÉON ASHKÉNAZI,
dit « Manitou » (1922-1996) :
le maître à penser
L'alya contemporaine
ADAMA
15
N °78
- T O U B I C H VAT 5776 / 2016
HENRI ATLAN (né en 1931) :
un grand savant du XXIe siècle
RAPHAËL OUZAN (né en 1988) :
le petit génie du big data
L
DAVID HARARI
(né en 1941) :
le père du drone
avid Harari voit le
jour au Caire, le
9 mars 1941, au sein d'une
famille juive francophone.
À la suite de la crise de
Suez (1956), celle-ci est
expulsée d'Égypte et
trouve refuge à Paris, où le
jeune David est scolarisé
au lycée Carnot. Après le baccalauréat, il opte pour
des études d'ingénieur, qu'il complète par un doctorat en physique en 1967. Profondément heurté
par la volte-face du général de Gaulle, il décide,
en compagnie de son épouse et de ses filles, d'aller
« servir Israël ». Soigneusement préparé, leur projet d'alya aboutit en 1970. Embauché par le groupe
Industries aérospatiales israéliennes (IAI), il tire du
choc de la guerre de Kippour des enseignements
à la portée insoupçonnée. Il lui vient en effet à l'esprit l'idée d'un système de renseignement de nature
à prévenir les pilotes des dangers dans les zones
de combat. Le concept du drone était né. En 1977,
il est chargé du développement de ce programme
innovant qui soulève parfois le scepticisme. Le
drone est utilisé pour la première fois en situation
réelle en 1982, pendant la guerre du Liban. Il éveille
dès lors l'intérêt d'autres nations. Nommé à la
direction générale de IAI, David Harari s'emploie
du reste à valoriser les relations franco-israéliennes
GADI COHEN (né en 1955) :
un Français à la tête de la branche
commerciale d’IAI
D
DR
DR
D
e Franco-Israélien
Raphael Ouzan, expert
des mobiles et du big data
(données massives), a
fondé la société BillGuard
(rachetée fin 2015 par la
Market Place Prosper)
qui développe des technologies de pointe dans le
centre de recherche et développement à Tel-Aviv.
Ce petit génie est programmeur informatique
depuis l'âge de 13 ans. « Enfant, je dessinais des
machines à envoyer dans l'espace. Pour mes
10 ans, j'ai demandé à ma grand-mère de m’abonner à un mensuel de jeu, et c'est ainsi que tout a
commencé. J’ai compris qu’apprendre la programmation était beaucoup plus utile qu'envoyer des
jouets en orbite ! », explique-t-il. Raphaël Ouzan a
reçu la plus haute distinction du président d'Israël
« pour l'innovation technologique » et a été invité,
parmi les dirigeants mondiaux, au Forum économique de Davos 2012, tout ceci avant l'âge de
25 ans. Raphaël Ouzan a été officier et décoré
dans les unités d'élite d'Israël (programmation et
renseignement militaire) où il a piloté les ingénieurs
les plus brillants du pays.
Il est également fondateur d'Israël Tech Challenge
qui propose des bourses aux meilleurs talents dans
le monde en science des données, en cybersécurité
et en formation des directeurs de la technologie.
Il donne des conférences sur le big data, le crowd
sourcing (appel à des réseaux ou au grand public
pour réaliser une tâche) et la cybersécurité.
epuis 2008, c’est un
Français, Gadi Cohen,
qui occupe le poste de
vice-président exécutif et
responsable du groupe
d’aviation civile d’Israel
Aerospace Industries. À ce
titre, il coordonne et supervise toutes les activités
L'alya contemporaine
ADAMA
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16
MICHÈLE HASSID (née en 1959) :
des Arts et Métiers
à la direction de Bedek IAI
«
J
DR
DR
DR
N
é à Blida le 27 décembre 1931, Henri
Atlan fréquente l'École
d'Orsay où il rencontre sa
future épouse, Liliane Cohen. Armé d'un doctorat
de médecine en 1958,
complété par un doctorat
d'État en sciences en 1971,
il se passionne pour l'auto-organisation du vivant,
dans le sillage de Heinz von Foerster. C'est ainsi
qu'il part étudier à l'Institut Weizmann de Rehovot
sous l'autorité d'Aharon Katzir (Katchalsky). De
retour à Paris en 1972, où sa publication intitulée
« L'organisation biologique et la théorie de l'information » lui vaut une large notoriété, il enseigne la
biophysique à l'Hôtel-Dieu, puis au centre de recherche en biologie humaine de l'hôpital universitaire Hadassah de Jérusalem. Il est par ailleurs à
l'initiative du Centre de recherche en épistémologie
appliquée (Crea) de l'École polytechnique. En 1983,
il est nommé au Comité consultatif national
d'éthique pour les sciences de la vie. Enfin, il est
directeur d'études à l'École des hautes études en
sciences sociales. Sa démarche tend à concilier
sciences, sources juives et philosophie, interrogeant
sans cesse la relation entre science et éthique. ■
commerciales, une branche qui réalise 30 % du
chiffre d’affaires et presque 100 % du chiffre d’affaires à l’export d’IAI. Depuis plus de 40 ans, plus
de 1000 avions opérationnels dans le monde ont
été conçus, produits et certifiés chez IAI, qui détient
le record du monde des certifications. Les succès
commerciaux à l’export d’IAI en font un moteur
économique et social pour le pays. Gadi Cohen
est diplômé avec mention en génie aéronautique
du Technion de Haïfa. Il est entré en tant qu’ingénieur chez IAI en 1983. Après avoir été cinq ans
officier et ingénieur en conception aéronautique
dans l'armée de l'Air israélienne, il est devenu responsable du département pour la conception de
véhicules aériens sans pilote (UAV), entre 1988 et
1993. En 1993, Gadi Cohen a été nommé directeur
général adjoint de la division ingénierie d’IAI,
puis en 1995, directeur général de la division de la
production au sein du groupe avions commerciaux
pour le développement et la production d'avions
d'affaires. ■
(satellite Venus) et la coopération israélo-europénne (Galileo). Ainsi, il officie pendant une décennie en tant que conseiller au commerce extérieur
auprès du gouvernement français. De 2003 à 2009,
il est président de la filiale européenne des IAI et
développe des partenariats avec EADS, Dassault
Aviation, Airbus ou encore Intertechnique. Retraité
en 2009, il a notamment reçu le prix de la Défense
israélienne, le prix américain Pioneer et le prix
d'Israël (2011). Il est également chevalier de la
Légion d'honneur. ■
'ai toujours été consciente
de mon attrait pour les
matières scientifiques »,
révèle d’emblée Michèle
Hassid. Alors qu’elle finissait ses études d’ingénieur
à l’Ensam, cette Française
s’inscrit à l’Agence juive
pour faire son alya et se
rend au Bourget sur le stand d’IAI. Le futur ingénieur est reçu en entretien d’embauche dès le
lendemain. Elle arrive donc en Israël avec un contrat
de travail. Sans parler l’hébreu, la brillante jeune
femme intègre l’équipe de conception du projet
d’avion chasseur ultraperformant Lavi, dont le
développement a été brutalement interrompu
en 1987 sous la pression des États-Unis, qui ne
voulaient pas que l'aide américaine serve à financer
un concurrent du F16. « Pendant mes études,
j'ai pris une décision qui a orienté toute ma vie.
J'ai décidé de ne pas commencer à chercher un
travail en France. Par sionisme, je savais que je devais
vivre ma vie en Israël. Je m’épanouis pleinement
dans mon métier, tant sur le plan professionnel
que personnel », confie-t-elle. Michèle Hassid est
aujourd’hui directrice du service d’ingénierie de
Bedek Aviation, l’une des principales filiales d’IAI.
Le 8 mars dernier, Michèle Hassid a participé
au colloque « Femmes, science et innovation »
organisé par Israël Science Info à Jérusalem au Lev
Academic Center, qui a connu un immense succès.
À cette occasion, elle a souligné : « être mère
de famille et cadre dirigeant dans l’industrie oblige
à quelques sacrifices, mais mes proches ont su
s’adapter. » ■
Portraits réalisés par
Yaël Simon et Esther Amar
Le magazine du KKL
P
Pesticides naturels
BioBee envoie des insectes dans le monde entier
Les pesticides chimiques sont considérés comme facteurs à risques de certains cancers. La meilleure alternative en
matière de pratiques agricoles consiste à utiliser des pesticides naturels (ou lutte biologique). Située au kibboutz
Sdé Eliyahou, au nord d’Israël, la société BioBee est spécialisée dans l’élevage d’abeilles pour la pollinisation des
cultures, des araignées et des mouches pour lutter contre les ravageurs.
our aider les éleveurs colombiens à
lutter contre les acariens qui détruisent
les cultures, la société israélienne BioBee a
livré 600 millions d’araignées Phytoseiulus
persimilis. Même si le gramme d’araignées
coûte 165 euros (presque 5 fois le prix du
gramme d’or), c’est un investissement rentable, car l’utilisation de pesticides chimiques
ne permet pas aux agriculteurs d’exporter
du fait des réglementations internationales.
En outre, les ravageurs développent une
tolérance aux pesticides chimiques qui sont
de plus en plus toxiques. Les araignées
BioBee voyagent dans des bouteilles contenant 2000 à 4000 individus, puis sont répandues sur les cultures. Le menu quotidien
de chaque araignée se compose de sept
acariens. Par ailleurs, BioBee a envoyé
380 millions de mouches stériles en Croatie
et en Bosnie pour lutter contre la mouche
des fruits dans les vergers d’agrumes. Ces
mouches ont subi un processus de stérilisation radioactive (TIS) dans les laboratoires
BioBee. Respectueuse de l’environnement,
cette méthode de lutte antiparasitaire est
non-chimique et elle permet de réduire
l’utilisation des pesticides.
La disparition des pollinisateurs est un
phénomène mondial. Or, 80% de notre
alimentation découle de l’activité des pollinisateurs. Le Japon est durement touché
par l’effondrement spectaculaire des populations d’abeilles : 50% des colonies ont
disparu, notamment en raison de l’utilisation
croissante de pesticides dans les champs
de riz. En juillet dernier, BioBee a envoyé
au pays du soleil levant des colonies de
« Bumblebee » (bourdons) comprenant
une reine et une cinquantaine d’abeilles
ouvrières, à bord de ruches climatisées et
équipées de sacs d’eau sucrée pour le
voyage. Les Bumblebees savent s’adapter
et réalisent leurs tâches même lorsque
les conditions météo se dégradent. Leur
atout est qu’elles ont tendance à rester
dans la serre et à ne pas sortir dans les
champs. ■
Sécurité alimentaire :
Des emballages pour conserver
les aliments et préserver les
ressources naturelles
Un rapport des Nations unies a
montré qu’aujourd’hui, environ
30% de la nourriture produite
dans le monde est jetée sans
être même consommée ni déballée. Les chercheurs israéliens
vont permettre de conserver et
de protéger plus longtemps les
aliments en rayon.
L’
industrie agro-alimentaire investit des
sommes pharamineuses en vue de créer
de nouveaux matériaux pour conserver les
légumes et fruits frais. Problème : les bactéries
se développent et adhèrent au produit et
à son emballage en formant une structure
complexe, le biofilm, très nocif pour les
consommateurs. À l’Université hébraïque
de Jérusalem, Michael Brandwein et son
équipe ont trouvé une molécule capable
d’empêcher la communication bactérienne,
la TZD. Elle a été intégrée avec succès à
des cartons ondulés (transport et stockage)
et à des emballages plastiques. Les produits
frais sont ainsi protégés avant leur consommation. Les emballages « TZD » pourront
également protéger les récoltes des
agriculteurs, dont une grande quantité est
perdue chaque année du fait des contaminations bactériennes.
Par ailleurs, Rotem Shemesh et Max Krepker,
doctorants au Technion, ont développé
un nouvel emballage alimentaire destiné
notamment aux produits de boulangerie,
dont beaucoup finissent à la poubelle. Cet
emballage, qui empêche le développement
de bactéries et de moisissures,
va permettre aux consommateurs de faire d’importantes
économies. Il contient des huiles
essentielles qui protègent le
pain, le fromage ou les autres
aliments. Il se présente comme
un sac en plastique normal,
et certains de ses éléments sont
en fait des nanotubes minuscules qui contiennent des huiles
à base d’extraits de plantes,
telles que le basilic et le thym, connues pour
leur capacité à tuer les bactéries, les moisissures et les champignons. L’emballage
libère de l’huile volatile d’une manière
contrôlée vers les produits cuits au four, ce
qui empêche le développement de microorganismes provoquant la détérioration des
aliments. Ce produit pourrait être bientôt
commercialisé et permettre de réduire
l’utilisation des conservateurs. ■
DR
Agriculture durable
DR
www.kkl.fr
Esther Amar
Fondatrice d’Israël Science Info, présidente de l’AJE,
Association des journalistes de l’environnement
Agriculture durable
ADAMA
17
N °79
- P E S S A H 5776 / 2016
DR
DR
DR
WaterLink:Des journalistesfra
Début février 2016,
une délégation de journalistes
de France a effectué un voyage
d’étude en Israël pour
découvrir les réalisations du
KKL dans les domaines de
l’eau, de l’agriculture durable
et des énergies renouvelables.
Retour sur les temps forts d’un
parcours riche et instructif.
F
ruit d’une coopération active entre le
B’nai Brith France et le KKL, le voyage
«WaterLink », emmenant en Israël experts
et autres bloggeurs spécialistes de l’environnement, a été ponctué de rencontres
scientifiques et de visites pour une mise
en perspective des contributions israéliennes et françaises sur les questions et
les défis de transition énergétique, d’écologie et d’adaptation des écosystèmes.
« Une occasion de voir Israël sous un jour
totalement différent », confie un des journalistes présents. Véronique Hauptschein
et Norbert Lipszyc*, co-organisateurs de
ce voyage qui « consiste à présenter la réalité israélienne dans tous les domaines du
développement durable, y compris les technologies israéliennes présentes et futures »,
réaffirment leur ambition « de modifier
l’image d’Israël dans les médias. C’est en
venant en Israël que les gens se feront une
idée exacte du pays. »
WaterLink
ADAMA
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- P E S S A H 5776 / 2016
18
Les eaux usées du Gouch Dan:
un cercle vertueux
Première étape de ce voyage : la visite de
la station d’épuration des effluents du
Gouch Dan, l’une des plus grandes usines
de recyclage de l’eau dans le monde, située
dans la banlieue sud de Tel-Aviv. Son centre
d’accueil enseigne l’écologie aux visiteurs
grâce à un parcours pédagogique qui
illustre le leadership mondial d’Israël dans
le recyclage de l’eau (environ 75% des
effluents d’Israël sont purifiés et servent
à l’agriculture). Plus de 50% de l’eau utilisée
pour l’agriculture provient déjà d’eau recyclée, avec l’objectif d’atteindre à terme
les 90%. L’augmentation des ressources
en eau permet de faire fructifier les
champs du Néguev. L’eau purifiée, relativement bon marché, est mise à la disposition des agriculteurs. Le recyclage de
www.kkl.fr
Le magazine du KKL
nçais en visite dans le Néguev
La pépinière de Gilat :
des graines à la forêt
Dans cette pépinière, gérée par le KKL,
qui contient plus de 20 000 espèces et
satisfait les besoins du sud du pays, sont
cultivés des plants et graines de milliers
d’espèces d’arbres et de buissons ornementaux, distribués gratuitement pour
tout usage public. Devant les journalistes
curieux de comprendre le processus
de germination, dont la température et
l’hygrométrie sont contrôlées par ordinateur, Pablo Cherkasky, directeur de la pépinière, a décrit les différentes étapes de la
croissance d’une plante. L’arrosage par le
système de goutte-à-goutte a particulièrement retenu l’attention. Lorsque les
plants sont suffisamment grands, ils sont
répartis dans toute la région du Néguev
où ils sont alors replantés. « À Tou Bichvat,
fêté ce mois-ci en Israël, des centaines
de milliers de personnes ont participé aux
plantations d’arbres organisées par le KKL
dans tout le pays », a conclu P. Cherkasky.
Tout un symbole !
R&D: l’agriculture dans le Néguev
À la station de recherche et de développement (R&D) du sud du pays, située dans
le Hevel Habessor, la délégation a rencontré Liana Ganot, coordinatrice de la
protection de la flore, qui leur a exposé
la recherche expérimentale en agronomie
pratiquée afin d’aider les agriculteurs à
affronter les conditions spécifiques du
climat et du sol, économiser de l’eau, lutter
contre les parasites et améliorer la rentabilité des divers secteurs de l’agriculture.
Grâce à des méthodes de culture innovantes et à des variétés inventées par les
agronomes de la station de R&D, l’agriculture est florissante dans cette région,
malgré le climat aride et le manque d’eau.
Impressionnés par les diverses cultures,
dont l’emblématique serre des tomates
(70% de toute la production de tomates
d’Israël provient du Néguev), les invités
ont été étonnés par le mode de culture
des fraises en suspension, dont le procédé
limite les dégâts liés aux parasites.
Nir Am: histoires d’eau
En arrivant au kibboutz Nir Am, la délégation a pu constater la proximité avec la
bande de Gaza et la menace permanente
décrite par leur hôtesse, Yaël Projeanne.
À quelques dizaines de mètres d’un
champ, un agriculteur fit la découverte
d’un tunnel creusé par les terroristes du
Hamas.
Le musée de l’eau attenant au kibboutz
se trouve dans un bâtiment historique
ayant servi de station de pompage au
premier réseau de distribution d’eau du
Néguev, mis en place en 1947.
Au cours de la visite, Yaël Projeanne a
narré au groupe l’histoire du peuplement
du Néguev, en insistant sur le rôle essentiel
de l’eau dans l’histoire de la région.
Le musée retrace en effet comment le
Néguev a été attribué par l’ONU à Israël
après la décision de par tage prise par
l’organisation internationale. Lorsque
11 points de peuplement ont été fondés
dans le Néguev s’est posée la question
cruciale de l’alimentation en eau de
tous ces nouveaux kibboutzim. « Avec des
canalisations de six pouces ! », telle fut la
réponse de Ben Gourion, mise à
exécution. Clé de la mise en valeur du
Néguev, l’eau a ainsi transformé une partie
du désert en une région verdoyante.
Le réservoir de Sderot:
l’irrigation des champs
Ce réservoir est l’un des quelque
250 réservoirs construits par le KKL pour
collecter les eaux produites par les usines
de traitement des eaux usées afin de les
recycler et, durant la saison des pluies,
les eaux de ruissellement, afin que les
agriculteurs puissent disposer d’eau
pendant les sept à huit mois de saison
sèche. En hiver, lorsqu’il est inutile d’arroser
les champs, les eaux usées purifiées s’accumulent dans le réservoir d’une capacité
de 1 million de m3 d’eau et, en été, les
eaux servent à l’irrigation des champs
et des vergers. La délégation a ainsi
mesuré le rôle majeur du KKL dans le
développement des ressources en eau.
C’est ainsi que s’est achevée cette visite
passionnante dans le Néguev. La délégation a poursuivi sa visite pour mieux
comprendre la gestion de l’eau et le développement de l’agriculture à la station de
traitement des déchets par biofiltrage de
Kfar Saba, près des bassins verts de Hod
Hasharon et au Centre Volcani (équivalent
israélien de l’INRA). ■
*Norbert Lipszyc est expert dans le domaine de
l’eau et du développement durable et président de
SPNI France.
DR
l’eau permet donc non seulement d’économiser de l’eau potable, mais évite aussi
de polluer les rivières et l’eau de mer. Des
processus de contrôle rigoureux et un
suivi continu garantissent la qualité de
l’eau. L’eau purifiée, d’une qualité proche
de l’eau potable, convient à toutes les
catégories de cultures.
WaterLink
ADAMA
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© Laurent Sigwald
HAREL SKAAT À LA CONQUÊTE DE PARIS !
C'était un événement très attendu par les nombreux fans qu'il compte en France : pour la première fois de sa prometteuse
carrière, Harel Skaat s'est produit à Paris, le 3 février dernier, à l'invitation du KKL. À cette occasion, un public fourni,
dont des Israéliens venus par familles entières, a investi la salle de l'Alhambra, dont l'ambiance intimiste se prêtait à
merveille à la prestation d'un artiste tout en simplicité. Avant que l'auditoire ne puisse en apprécier la voix claire, la jeune
Ana Ka, époustouflante candidate de l'émission « The Voice », a assuré une première partie envoûtante, expression d'un
don incontestable pour la pratique vocale. Devant une salle comble, l'enfant de Kfar Saba (tout comme son illustre aîné,
Idan Raichel...) au physique juvénile a su émerveiller l'assistance, unanimement conquise par sa présence, sa performance
et sa sincérité. Récompensé à de maintes reprises par la profession, le représentant d'Israël à l'Eurovision 2010, révélé
par l'émission « Kokhav Nolad » (l'équivalent de « La Nouvelle Star »), a interprété quelques-uns de ses plus grands
succès, de Veat à Kol hatsiporim, en passant par Kama od efchar et Akhchav, alternant
ballades romantiques et titres rock, rythmés
et entraînants. Non sans gratifier
les spectateurs d'enthousiasmantes
nouveautés et d'un poignant
Yerouchalaïm chel zahav, Harel Skaat a
pris le temps de dialoguer cordialement,
en hébreu, français et anglais, avec les
jeunes et moins jeunes venus l'applaudir.
Nul doute que tous attendent avec impatience
son quatrième album... et sa prochaine date
dans l'Hexagone ! ■
Les brèves du KKL
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Le magazine du KKL
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Martine et Daniel Cohen.
À LA MÉMOIRE D
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CITOYEN DE TRO CHI,
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Le KKL de Troyes a lan
cé une souscription po
ur
la plantation d'un bo
squet à la mémoire
de
Rachi à Jérusalem. Le
s généreux donateurs
sont
cordialement invités
à adresser leur cont
ribution, à l'ordre du KK
L de France , à Willi
am
Gozlan, 42 rue Paul-Cé
zanne, 10800 Saint-Ju
lienLes-Villas. Un reçu Ce
rfa leur sera adressé
en
retour. ■
DR
Tou Bichvat a été célébré dans la joie au sud de la France, où le chanteur
Idan Amedi, révélation de la scène israélienne et invité du KKL,
a enflammé le public marseillais et niçois.
C'est dans la cité phocéenne, le 27 janvier dernier, que l'étoile montante
de 27 ans a entamé son tour de chant, mêlant avec bonheur influences
pop et touche orientale. Quelque 400 personnes, dont de nombreux
membres de mouvements de jeunesse, étaient venues découvrir la
vedette dans les salons du New Vaufrèges, en présence de Dominique
Tian, député des Bouches-du-Rhône représentant le maire de Marseille,
de personnalités communautaires et de l'équipe du KKL de MarseillePaca, présidé par Bernard Guigui. L'assistance n'a pas manqué d'entonner
en chœur les tubes interprétés par la nouvelle coqueluche de la
jeunesse israélienne, dont d'émouvantes reprises de grands classiques.
Trois jours plus tard, ce fut au tour de la communauté juive de Nice
d'en apprécier les talents au conservatoire à rayonnement régional, en
compagnie de Rudy Salles, député des Alpes-Maritimes, de Martine
Ouaknine, adjointe au maire de Nice, et des militants du KKL de NiceCôte d'Azur et Monaco, menés par leur présidente, Yaël Mazigh. Avant
que les 450 auditeurs de tous âges (dont un dynamique groupe
d'Éclaireurs israélites) ne vibrent à l'unisson du jeune chanteur,
Uzi Landau, coprésident mondial du KKL, leur a adressé un salut de
Jérusalem chaudement applaudi. De son côté, Robert Zbili, président du
KKL de France, a lancé à l'assemblée un message sioniste des plus
fédérateurs.
Les bénéfices récoltés seront affectés à l'aménagement du parc
Ariel-Sharon de Tel-Aviv, l'un des plus grands chantiers écologiques de ce
début de siècle (lire Adama de Tichri 5776-septembre 2015, pages 4-5). ■
DR
IDAN AMEDI PLEIN SUD
BONNE CONTINUATION, DANIEL !
Quel marcheur du KKL de France ne connaît pas Daniel
Cohen ? Aussi discret qu'efficace, cet authentique militant a
mis bénévolement, des années durant, ses compétences et son
énergie au service des randonnées du KKL, qui réunissent
chaque semaine les amateurs de belles balades en Île-de-France.
Sur son impulsion, le groupe formé à l'issue de la Marche pour
l'eau de l'an 2000 a su se développer harmonieusement, proposant
aussi à ses membres des sorties culturelles et des week-ends d'excursion.
Avant de s'envoler pour Israël à l'occasion de son alya, Daniel Cohen a tenu à s'assurer de la pérennité de « KKL randos » en
préparant sa succession à la tête de cette structure ouverte et conviviale. Il appartiendra désormais à Rudy et aux deux Sylvie,
tout autant passionnés par la marche, de prendre la relève. Lors de ses adieux, au cours de la randonnée du 31 janvier à L'IsleAdam, Daniel Cohen a rendu un émouvant hommage aux fidèles participants, avant de céder les rênes au nouveau trio :
« Je garderai de ces quatorze années passées avec vous tous de merveilleux souvenirs, de très belles tranches de vie et surtout beaucoup
d’amis dont j’entretiendrai précieusement le souvenir. » Acclamé par celles et ceux avec lesquels il a partagé tant de dimanches
pédestres, Daniel Cohen a également été salué par Fino Edery, délégué général du KKL de France : « Tu as marché presque autant
que Moïse pendant quatorze ans, tu as ouvert la voie, passé le témoin et fait des émules. » À travers ce message, c'est toute l'équipe
du KKL qui adresse ses remerciements et sa gratitude à Daniel, en lui souhaitant, ainsi qu'à son épouse Martine, une magnifique
nouvelle vie en Terre promise ! ■
Programme complet des mois à venir : [email protected]
Les brèves du KKL
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DR
Tou Bichvat-sur-Seine
profiter, grâce à votre soutien, de l’aire
parents-soldats que le KKL va aménager
pour améliorer les conditions de vie des
défenseurs d’Israël, a déclaré le haut gradé
de la marine israélienne. En leur nom et
en celui de tous les officiers que je représente, je vous transmets notre profonde gratitude. » À l'issue de cette après-midi
festive, l'artiste Ilana Shoshan a entraîné
les participants dans une chira betsibour
(chants collectifs) pleine de gaîté.
Après son lancement au mois de
janvier, le Club seniors du KKL
de France a réuni ses adhérents
autour d'une activité inaugurale à
l'occasion du nouvel an des arbres.
Une centaine d'invités ont ainsi
pris part, le 26 janvier dernier, à
une rencontre conviviale à bord
d'une péniche parisienne.
L
e mouvement social des conducteurs
de taxis n'a aucunement intimidé les
membres du Club seniors, venus en force
fêter Tou Bichvat à l'invitation du département Legs et Testaments du KKL-JNF,
dirigé par Ytzhak Mopsik. Devant des
tables chargées des fruits du seder, orchestré par le rabbin Malka, les convives ont
partagé un moment chaleureux, ponctué
par les interventions d'Uzi Landau, coprésident mondial du KKL, et d'Avihaï Hayoun,
commandant adjoint de la base navale de
Bat Galim, à Haïfa, à laquelle le KKL de
France a choisi de consacrer son nouveau
projet (lire pages 4-5). « Cette grande famille
du KKL, dont je fais partie, est aussi celle
des soldats de notre base, qui pourront
Soucieux de proposer à ses militants et
contributeurs de toujours des rendezvous conformes à leurs attentes, le KKL
de France a d'ores et déjà concocté à
leur attention un voyage à l’occasion de
Pourim, organisé du 13 au 27 mars en
Israël. L'opportunité de rendre hommage
à leur indéfectible implication sioniste,
mais aussi de renforcer le lien social qui
tend à s'étioler avec l'âge. ■
Plus d'informations sur le Club seniors
auprès de Lynda (01 42 86 54 93 ou
[email protected]) ou sur kkl.fr
C lu b
rs
Seni
KL
du K
« L’AVENIR D’ISRAËL ENTRE VOS MAINS »,
UNE BROCHURE POUR
VOUS AIDER À Y VOIR CLAIR
« Le KKL-JNF est au service de celles et ceux
qui souhaitent que tout ou partie de leur
patrimoine soit consacré au développement
de l’État d’Israël. Mais, concrètement, pourquoi léguer au Keren Kayemeth LeIsraël ?
Comment ? Avec quelles garanties ? Ces
questions récurrentes et légitimes, le département Legs et Testaments du KKL-JNF les
entend souvent.
Afin d’aider ses donateurs et sympathisants
à bien définir les finalités et modalités juridiques et fiscales de leur projet, le KKL-JNF
vient d’éditer une brochure très complète,
intitulée « L’avenir d’Israël est entre vos
mains ».
Accessible et pédagogique, celle-ci rappelle
la vocation de l’institution sioniste, décrit les
réalisations qu’elle a accomplies depuis
115 ans et décrypte les principales notions
liées aux différents types de legs. Des fiches
techniques et conseils notariaux vous permettront d’y voir plus clair quant à la nature
de votre don au KKL et vous offriront l’assurance que chacune de vos volontés sera
strictement respectée. Vous y découvrirez
également des témoignages de donateurs
dont l’empreinte restera à jamais gravée
dans l’histoire du KKL et d’Israël.
L’équipe du département Legs et Testaments
se tient à vos côtés et aux côtés de votre
notaire pour donner corps à votre projet et
le faire vivre. ■
Pour recevoir gratuitement cette brochure, sans engagement de votre part,
contactez Lynda : 01 42 86 54 93 ou
[email protected]
Tou Bichvat-sur-Seine
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UNE FRANCE ANTIJUIVE ?
REGARD SUR LA NOUVELLE CONFIGURATION
JUDÉOPHOBE. ANTISIONISME, PROPALESTINISME, ISLAMISME.
Éditions du CNRS
D
ans ce brillant essai, Pierre-André Taguieff s'intéresse aux derniers avatars de la haine antijuive
en France, produit d'un antisionisme « démonologique » et « messianique », alimenté par une « cause
palestinienne » massivement islamisée et émaillé d'antimondialisme complotiste. Des premières émanations de
ce qu'il a naguère qualifié de « nouvelle judéophobie »,
en octobre 2000, jusqu'à l'attentat de l'Hypercacher,
en passant par les affaires Sellam et Halimi, le massacre
de Toulouse, la manifestation « Jour de colère » et les
émeutes de l'été 2014, l'auteur souligne que la diabolisation, devenue transfrontalière, dont les Juifs sont l'objet et
les agressions quotidiennes contre leur personne sont avant tout le
fait de jeunes musulmans, encouragés par l'indifférence plus ou
moins complaisante d'une partie de la population et
la culture de l'excuse véhiculée par les élites et autres
médias, excluant volontiers le Juif de l'universalisme
républicain. Le politologue analyse également, avec la
finesse qu'on lui connaît, la perversité de l'accusation
disqualifiante d'« islamophobie » et l'instrumentalisation
d'un « antiracisme » profondément dévoyé. Culpabilisation des victimes et victimisation des bourreaux
signent la faillite du modèle d'intégration d'un pays en
crise d'identité, qui ne réalise pas toujours que l'ennemi
déclaré des Juifs et d'Israël, l'islamo-terrorisme, est aussi
celui des démocraties occidentales. Or, on ne saurait
prétendre combattre le djihadisme sans mettre en cause l'un de ses
principaux alibis, le « propalestinisme éliminationniste ». Dont acte. ■
ESTHER SCHAPIRA ET GEORG HAFNER
L'ENFANT, LA MORT ET LA VÉRITÉ
La Maison d'édition
L
e 30 septembre 2000, le monde était témoin du meurtre du
petit Mohamed al-Dura, recroquevillé, avec son père,
derrière un baril de béton, au carrefour de Netzarim. Le commentaire sentencieux de Charles Enderlin, correspondant de France 2, ne laissait alors aucune
place au doute : le jeune Gazaoui avait été abattu froidement par l'armée israélienne. Cette image iconique
de la « résistance palestinienne », qui avait le mérite
d'entrer en résonance avec les préjugés des téléspectateurs sur la « brutalité » de Tsahal, devait justifier une
explosion d'agressions antisémites, voire de passages à
l'acte terroristes. Après le choc planétaire de la mort
de cet enfant-symbole, des interrogations ont commencé
à poindre quant à l'authenticité de l'incident filmé par le
cameraman Talal Abu Rahma, en l'absence du reporter
vedette de la chaîne publique française. Esther Schapira fait partie
de ceux qui ont souhaité comprendre ce qui s'était réellement
passé. Auteur de deux documentaires sur cette affaire
Dreyfus du XXIe siècle, la journaliste allemande décrit ici
le déroulement de l'enquête qu'elle a menée auprès de
ses protagonistes et d'experts et qui allait déchaîner, à sa
grande surprise, un tonnerre de réactions violentes, tout
comme le combat juridique courageux et solitaire de
Philippe Karsenty. Au fil du récit, incohérences et révélations sidérantes mettent à mal le narratif « palestinien »
et concluent à une mise en scène « pallywoodienne ».
Au-delà de ce cas d'école propagandiste, l'auteur dénonce les pratiques médiatiques où la quête de scoops
accablants pour Israël prime sur la vérification des informations et où les règles journalistiques sont édictées
par l'Autorité palestinienne et le Hamas. Une instrumentalisation
d'autant plus alarmante qu'elle cause des ravages dans les esprits. ■
LIVRES à découvrir
PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF
Notes de lecture de Yaël Simon
Le magazine du KKL
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42KKL
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de l’abonnement
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Tél. : 01 42 86 88 88 - Fax : 01 42 60 18 13
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