dHsK Chana tova 5777 ! LE MAGAZINE DU KKL Octobre - Novembre - décembre 2016 - N°81 - 5€ © Noam Chen - IMOT Tichri 5777 - N°81 UN RÉCIT AUTHENTIQUEMENT « YIÉROSHALMI » QUESTION DE TEMPS… SUR LE MONT DU TEMPLE ÉDUCATION CONNEXION ÉTABLIE ! ÉDITORIAL 3 Les thèmes d’Adama pour l'année 5777 en l’honneur du ÈME 50 ANNIVERSAIRE de la réunification de Jérusalem 4 Haïm KORSIA, Grand Rabbin de France POUR JÉRUSALEM, je ne me tairai point LE KEREN KAYEMETH LEISRAËL DE FRANCE ET LA VILLE DE JÉRUSALEM Pourquoi Jérusalem ? 1- Parce que Jérusalem est le port d’attache du Peuple Juif sur la terre d’Israël, dans le passé comme dans le présent, et l’expression du Sionisme dans toute sa splendeur : le retour à Sion, l’amour de Sion, la lutte pour Israël, la construction et le développement de la terre d’Israël. 5 De la fondation de Jérusalem à la destruction DU SECOND TEMPLE 6 LE ROI DAVID 2- 50 ans après 1967 : c’est le son du Shofar du Grand Rabbin de Tsahal Shlomo Goren, au pied du Kotel, entouré de jeunes parachutistes israéliens, qui retentit encore dans nos oreilles, dans nos familles, dans nos synagogues, dans nos communautés à travers le globe. Il proclame la Réunification et l’unité de Jérusalem. Ces jeunes soldats de 1967 ont rejoint les rangs des défenseurs de la ville, ceux du Roi David, les Hasmonéens, les résidents de la ville de 1948 et ceux de toutes les époques de l’histoire de cette ville. Un récit authentiquement « yiéroshalmi » 3- Jérusalem demeure la Cité par excellence qui témoigne d’une présence juive majoritaire et permanente et ce, depuis plus de 3000 ans. 8 10 12 14 16 la fondation du royaume d’Israël Les sources d’eau de JÉRUSALEM QUESTION DE TEMPS… sur le mont du Temple L’originalité bigarrée mais apaisante du quartier de BAKAA-TALPIOT À JÉRUSALEM YÉHUDA AMIHAÏ, poète national d’Israël et chantre de Jérusalem Entre le Vieux-Talpiot et Arnon Hanatsiv La vibrante communauté « CARLEBACH » Mizmor Lé-David à Jérusalem 17 ANDRÉ CHOURAQUI, poète de Jérusalem 18 Éducation CONNEXION ÉTABLIE ! 20 21 23 Une piste cyclable à la mémoire D'ALEX MOÏSE LES BRÈVES DU KKL Club Seniors NOS AÎNÉS sur les traces de Rachi 4- C’est ici même, sur la colline du Mont Moriah, que se déroula le drame le plus spectaculaire de notre histoire d’Alliance et de sacrifice ; une alliance avec les cieux, une alliance avec la terre, une alliance éternelle. 5- C’est aussi sur le Mont des Oliviers que la lumière va éclairer les Nations du monde pour reconnaître Jérusalem, Cité de l’éternité du Peuple Juif et d’Israël. 6- Et enfin, pourquoi Jérusalem ? Pour expliquer aux falsificateurs de l’histoire, les délégués des Nations au Conseil de l’Unesco, à ceux qui ont gardé le silence, aux politiques, aux historiens, aux grands reporters, ceux qui dans le contexte européen voudraient respecter l’Islam militant, que le Keren Kayemeth LeIsraël s’engage sur le terrain de l’information et de la lutte contre la désinformation. 7- Le visiteur d’aujourd’hui, comme celui du 12ème siècle, qui se promène dans les ruelles de la ville, ressent en lui un élan d’attache à tous les chapitres de l’histoire juive. « Si je t’oublie Ô Jérusalem… » est un programme de réalisations pour cette nouvelle année 5777 qui propose des expositions, des tables rondes, des films, des journées à thème, des délégations : Seniors (Septembre 2016 et Mars 2017), « Israël Aujourd’hui et demain », (Novembre 2017), la « Marche pour l’Eau » (Mars 2017), Yom Yéroushalayim (Mai 2017). Et bien évidement les classes de CM2 tout au long de l’année. Une vraie production « Made in Jérusalem ». Nous invitons tous nos amis et militants à nous rejoindre, à prendre part à nos actions et à manifester leur soutien à Jérusalem, au KKL et à l’État d’Israël. Continuons à couronner Jérusalem de parcs et de forêts. « Cette année à Jérusalem » Fino Ephraim EDERY Robert ZBILI Délégué général du KKL de France président du KKL de France ADAMA, le magazine du KKL, est édité par le Keren Kayemeth LeIsraël - Association loi 1901 - Directeur de la publication : Raymond BUNAN - Comité de rédaction : Adva BENZIMRA - Nadine BISMUTH - Fino EDERY - Laurence KIMAN - Frédéric NORDMANN - Yaël SIMON - Robert ZBILI - Maquette : SH Graphic Impression: AM PLUS, 93260 Les Lilas - Dépôt légal: à parution - Commission paritaire: N° 0718G79279 - ISSN 1621 - 8590 Crédits photos : archives photos du KKL, OTIS, sauf mention contraire - L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, détérioration ou non-retour des documents qui lui sont confiés. Il se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de marques, noms de firmes, d’associations, institutions, etc. est faite sans aucun but publicitaire. Ce mailing comprendra les éléments suivants : Adama, un carnet et une lettre accompagnatrice. Le magazine du KKL www.kkl.fr LES T H È M E S D U J O U R NA L A DA M A DE L'AN NÉE 5777 ème En l’honneur du 50 anniversaire de la réunification de Jérusalem L es thèmes du journal Adama de l'année 5777 seront des illustrations, des promenades, des rencontres et des dialogues autour de Jérusalem. Nous vous emmènerons sur les hauts lieux de l’histoire ancienne et moderne de la ville de Jérusalem ; aux sources du Guikhon, le lieu même où Salomon, fils de David, fut nommé roi d'Israël ; à l'horloge solaire de la place du marché bâtie selon le calendrier établi à l’époque du Second Temple, pour donner un rythme à la ville et à ses citoyens ; un arrêt face à l’esplanade du temple d'Hérode ; et sur les bancs rocailleux de la première synagogue de l'histoire, et bien d'autres ballades inédites. Les rencontres : avec des hommes qui ont laissé des traces éternelles sur le paysage de la ville. Ceux qui, à travers leurs écrits, ont saisi l’opinion, le regard et l’amour; avec les civilisations qui ont transformé Jérusalem en une cité unique, qui se sont battues pour sa Sainteté, pour sa Liberté; le Roi David, Yehouda Hamaccabi, le poète Y. Amihaii, D. Shahar, le général Ouzi Narkiss, Isaii Jeremie, Shai Agnon et bien d’autres encore. © Noam Chen - IMOT Nous maintiendrons un dialogue permanent avec les autres civilisations qui ont également fait le choix de Jérusalem, avec les différentes communautés qui peuplent la ville. Étudier et commenter une prophétie, un psaume, un poème, un slogan, dialoguer avec la cité du 21e siècle, ses universités, ses musées et son excellence dans le monde médical et sa haute technologie. Le tout est de vous faire partager ce sentiment de haute tension que ressent le visiteur. Nos pieds s’arrêtent dans tes portiques, ô Jérusalem, Jérusalem qui es bâtie comme une ville d’une harmonieuse unité ! ✁ www.kkl.fr KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKLAU KKL JOURNAL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK D’ABONNEMENT ADAMA 1 BULLETIN 8 ° N KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK à retourner auKKL : Keren Kayemeth LeIsraël - 11 KKL rue du 4-Septembre, 75002 Paris KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK Tél.KKL : 01 42KKL 86 KKL 88 88 KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK Nom : ..................................................................................................... Prénom : ........................................................................................................................... KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK Adresse : ..................................................................................................................................................................................................................................................... KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL E-mail KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK CodeKKL postalKKL / VilleKKL : ............................................................................................................ : ...................................................................................... KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KL KKL KKL KKL KKL pour KKL KKL KKL KKL PrixKKL de l’abonnement 4 numéros : 20KKL € KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL PARIS KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK ❏ parKKL chèqueKKL à l’ordre du KKL ❏ parKKL CCP 17.029.55U CENTRE KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK ❏ parKKL carte bleue _______________________________ Date d’expiration KL KKL KKL KKL KKLN°KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL/ _________ KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK Cryptogramme ________________ (3 derniers chiffres au dos de la C.B.) Signature : KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK DR Pour Jérusalem, je ne me tairai point Isaïe (LXII, 1) O n ne peut être que profondément choqué lorsqu’on apprend que notre pays, la France, pays des Lumières et de la laïcité, a apposé sa signature au bas de la résolution adoptée par le Conseil exécutif de l’UNESCO le 16 avril dernier, sur le point intitulé « Palestine occupée ». Soyons clair : il ne s’agit pas pour moi, ce n’est ni mon rôle ni mon ambition, d’évoquer les conflits politiques et territoriaux qui occupent et déchirent les États du Proche-Orient. Mais le responsable religieux français que je suis, ne peut demeurer silencieux devant une telle atteinte à la foi de nombre de fidèles, qui ont accompagné la destinée du Temple de Jérusalem, de Salomon le bâtisseur à Jésus chassant les marchands ; je ne peux rester indifférent devant une telle offense à l’Histoire et à l’honneur. des pays qui approuvent cette position est proprement révoltant pour le patriote que je suis. Le principe de laïcité, inscrit dans notre Constitution, aurait dû interdire de prendre aussi ouvertement parti pour des tenants extrémistes, aveuglés par des considérations bien éloignées de la miséricorde divine. La France, l’une des nations qui a le plus largement contribué à la clairvoyance et à la mesure de notre civilisation, ne peut pas ne pas être offusquée par le déni de réalité que constitue la résolution votée. Elle ne peut pas ne pas voir, dans la répétition, l'insistance, la litanie maladive des termes « Israël, Puissance occupante » tout au long du texte, le révélateur des vrais mobiles de ses auteurs. Elle aurait dû, sans conteste, retenir sa plume. Aussi est-il de ma responsabilité de dénoncer cette avanie comme un écho au prophète Isaïe (LXII, 1) : Pour Jérusalem, je ne me tairai point. Le Ministre des Affaires étrangères m’a assuré de la constance de la position de notre pays et de l’évidence de la connaissance que possèdent nos représentants et nos diplomates des faits historiques incontestables. Jean-Marc Ayrault, dont j'ai pu mesurer la solidité des convictions, devra le réaffirmer de façon forte et claire lors de son prochain voyage en Israël, mi-mai. Nous avons fait part de notre souhait et réitérons notre demande que cette position soit également clairement réaffirmée par notre pays, notamment lors de la 40ème session du Comité du Patrimoine Mondial qui se tiendra à Istanbul du 10 au 20 juillet prochain. En restant vigilants, nous souhaitons aussi aider l’UNESCO à retrouver le sens premier et profond de la charte qui la fonde et de l’espoir qu’elle porte pour tous. ■ © Noam Chen DR Que l’UNESCO, dont la mission est de promouvoir la paix, la sécurité et les libertés fondamentales en « resserrant par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre les nations » s’inscrive dans une dénégation aberrante, en adoptant une résolution qui laisse entendre que les Juifs n’auraient aucun droit de regard sur le Mur occidental (ici appelé place Al Buraq), voire qu’ils n’auraient pas construit le Temple de Jérusalem, ne manque pas de laisser pantois les honnêtes observateurs. Il y a là injure à ce que nous rapportent les textes sacrés, la Bible et ses 867 mentions de Jérusalem, comme les Evangiles, mais aussi à l’Histoire. D’innombrables voyageurs aussi érudits que Pierre Loti, qui n’était pourtant pas un parangon de philosémitisme, ou Chateaubriand, pour ne citer qu’eux, témoignent, s’il en était besoin, de l’enracinement ancestral du judaïsme dans ces lieux : «c’est vendredi soir, le moment traditionnel où, chaque semaine, les Juifs vont pleurer en un lieu spécial concédé par les Turcs, sur les ruines de ce Temple de Salomon… » (Chateaubriand, 1811). En citant ces écrivains, je ne fais que me référer modestement aux Témoignages sur Israël dans la littérature française, ouvrage publié en 1938 par le Grand Rabbin Jacob Kaplan, qui a su souligner le rôle exceptionnel de passeurs de mémoire qu’ont joué les auteurs français dans l’histoire du peuple juif. Certes, on ne devrait être que moyennement surpris par la position de l’UNESCO, quand on sait que le tombeau des Patriarches et la tombe de Rachel ont été récemment classés, par la même organisation, comme des lieux de culte exclusivement musulmans. Mais dénier aux Juifs, mais aussi aux Chrétiens qui se sont appuyés sur la construction du Temple pour élever les cathédrales, aux Francs-Maçons qui en ont fait le symbole de leur humanisme, et enfin aux non-croyants, l’appartenance à ces lieux historiques et inspirés, est faire insulte à la mémoire et à l’intelligence collectives de l’humanité. C'est d’ailleurs aussi faire insulte à l'Islam, car cette foi s'enracine dans celles qui l'ont précédée. Or, s'il n'y a pas de Temple, pourquoi ce lieu particulier pour une mosquée ? Il se trouve que si, en France, nos synagogues, nos églises, nos temples et nos mosquées sont tournées vers l'Orient, c'est que ces lieux suivent l'appel de Jérusalem, celui du Temple. Une telle attitude est sans aucun doute préoccupante pour l’avenir de l'UNESCO, malgré tout le respect qu’on peut avoir pour les objectifs poursuivis par ses fondateurs et l’estime portée à sa Directrice générale. Que la France ajoute son paraphe à ceux Pour Jérusalem, je ne me tairai point ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 4 www.kkl.fr Le magazine du KKL De la fondation de Jérusalem restitution par Cyrus des objets sacrés pillés (mais les tables de Moïse manquent). −1004 avant l'ère chrétienne : date la plus probable, selon les historiens, de la fondation de Jérusalem par le roi David, d'où la commémoration officielle des 3000 ans de la ville en 1996. Une première commémoration plus approximative avait été organisée dans les années 1952-1953, donnant lieu à la création à Jérusalem, le 1er juin 1954, de David, opéra en cinq actes de Darius Milhaud sur un livret d'Armand Lunel. Sur le site de la ville, Abram avait jadis rencontré Melchisédech, roi de Salem, et c'est sur le mont Moriah que, devenu Abraham, il s'était apprêté à sacrifier son fils Isaac. La tradition juive situe même dans ce lieu la résidence d'Adam expulsé du paradis. David y achète au roi jébuséen Arauna une aire de battage où sera construit le futur sanctuaire. Il danse devant l'Arche lors de son installation sur ce site, au son des trompettes et du chofar. Au lendemain de l'affaire Dreyfus, le jeune philosophe juif français Henri Franck (1889-1912) écrira un long poème, publié après sa mort et intiulé La Danse devant l'Arche, qui exprime sa quête d'une identité plénière : « Je suis fier d'être admis à vos cérémonies, Ô Dieu du peuple élu, ô mon maître, ô mon roi; Je suis heureux que mon enfance soit nourrie Dans votre temple saint, de votre sainte loi. » −444 a.e.c. : inauguration des murailles de la ville reconstruite par Néhémie. −332 a.e.c. : Alexandre le Grand à Jérusalem. Domination grecque, initialement tolérante. −167 a.e.c. : profanation du temple par Antiochus Epiphane, roi de la dynastie séleucide. Début de la révolte des Maccabim. −141 a.e.c. : victoire des Maccabim et réinauguration du Temple. −140 a.e.c. : Jérusalem capitale du royaume indépendant de la dynastie hasmonéenne. −63 a.e.c. : conquête romaine de Pompée, autonomie juive et non plus indépendance. −37 à −4 a.e.c. : règne de Hérode. Agrandissement important du temple et projets architecturaux spectaculaires. Le musée d'Israël à Jérusalem a proposé, en 2013-2014, une vaste exposition intitulée Hérode le Grand, le dernier voyage du roi. −965 à −925 a.e.c. : règne de Salomon, qui construit en sept ans le temple et aussi, en treize ans, un vaste palais royal. Dès la mort de Salomon, scission du royaume du nord (capitale Samarie), distinct du royaume de Juda, autour de Jérusalem. 6 e.c. : les procurateurs romains successifs, basés à Césarée, gouvernent la Judée et se rendent à Jérusalem pendant la période de la Pâque. −725 a.e.c. : règne d'Ezechias, qui évite au royaume de Juda la destruction subie par le royaume d'Israël et fait percer le tunnel du Siloë vers la source du Guihon (une inscription en hébreu découverte en 1880 attestait de la fin des travaux). Isaïe prophétise la paix universelle messianique autour du temple. 33 e.c. : procès et crucifixion à Jérusalem de Jésus de Nazareth sous la procurature de Ponce-Pilate. 66 e.c. : début de la révolte juive contre les Romains, commandés par Vespasien. 70 e.c. : siège de Jérusalem par Titus, fils de Vespasien (qui est devenu empereur). Guerre civile juive. Fuite de Yohanan Ben Zackaï, qui est autorisé par les Romains à fonder l'académie de Yavneh. Première brèche dans les murs du temple le 17 Tamouz. Prise et incendie du temple le 9 Av. Les morts juifs se comptent par centaines de milliers. Défilé à Rome des chefs captifs de la révolte et des objets pillés dans le temple, dont la menorah. Un arc de Triomphe édifié à Rome sur le forum les représente. ■ −586 a.e.c. : conquête babylonienne, Nabuchodonosor détruit le temple le 9 du mois de Av et exile les élites juives. Prophéties d'Ezechiel (un des premiers exilés) et de Jérémie (qui a fui en Egypte). −538 a.e.c. : décret du roi perse Cyrus autorisant le retour des exilés. −516 a.e.c. : inauguration du temple reconstruit, De la fondation de Jérusalem... ADAMA 5 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 DR © Noam Chen - IMOT à la destruction du Second Temple Le Personnage clé de l’histoire juive, David exerça la fonction royale pendant quarante ans. Né en 907 avant notre ère et mort en 837, il joua un rôle déterminant dans la transformation du peuple hébreu, dispersé et divisé, en puissance politique régionale. Devenu roi, David rassemble les tribus d’Israël sous la bannière d’un État souverain, avec une capitale, Jérusalem, et des institutions qui assurent sa pérennité. L e récit biblique sur David comprend tous les ingrédients qui ont permis d’écrire sa légende et d’en faire un des héros de l’histoire d’Israël. Jeune berger devenu chef de bande David est un homme dont la Bible ne cache pas les faiblesses ou les fautes, mais affirme aussi les qualités de poète, puisqu’on lui attribue la rédaction des Psaumes. L’accession au pouvoir de David, rapportée dans le premier livre de Samuel, est ponctuée de prouesses militaires, d’aventures multiples et de ruses ingénieuses d’un chef de guerre doué d’un charisme évident et d’un sens politique aiguisé. David réussit à conquérir la ville de Jérusalem, restée imprenable pendant 450 ans après l’entrée des Hébreux en terre d’Israël, et y fixa la capitale du Royaume d’Israël. Il mit ainsi un terme à la menace des Philistins et s’empara de la DR DR Mosaïque du roi David. cité-forteresse de Jérusalem dominée par les Jébuséens. David avait réussi à unifier plusieurs groupes en leur accordant des parts de butin : « Tous les gens en détresse, tous ceux qui avaient des créanciers, tous les mécontents se rassemblèrent autour de lui et il devint un chef. » (Samuel 1, 22, 1-2). Désigné par Samuel, David remplacera Saül, qui l’avait nommé à ses côtés après son duel mémorable contre Goliath. Ce combat est devenu un des mythes fondateurs de l’héroïsme juif à travers les âges. Selon la tradition, malgré la profonde jalousie de Saül envers lui, celui-ci lui donna sa fille Mikhal, ce qui lui permit ensuite d’acquérir un statut de roi légitime auprès du peuple et de fonder la dynastie royale d av i d i q u e , reprise ensuite dans la conception messianique j u i v e . Pour suivi Combat entre David par les fouet Goliath par Daniele da Volterra (1555). dres de Saül, D av i d m e n a une vie d’errance dans les montagnes Le roi David ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 6 de Juda, au cours de laquelle il conclut même un pacte avec les Philistins. Il ne fait aucun doute que l’événement le plus important de la vie de David est la conquête de Jérusalem, et le livre des Chroniques nous décrit comment son général Yoav réussit à pénétrer dans la ville en escaladant un tunnel, probablement celui qui monte vers la cité depuis la source du Gikhon, qui se trouve hors des murs. Jérusalem, en dépit de sa position centrale, n’appartenait à aucune tribu, tout en étant à cheval entre le territoire de Benjamin et de Juda. En introduisant dans la ville l’Arche d’alliance, il posa les fondations du futur Temple, dont il négocia l’achat de l’emplacement. La célébration de cette acquisition fut suivie d’une fête au cours de laquelle D a v i d exprima sa joie d’une manière telle que Mikhal lui fit le reproche de se Le magazine du KKL www.kkl.fr © Noam Chen DR Le roi David par Michel-Ange (1501). humains, un grand homme aux yeux de la tradition, dont la lignée donnera naissance au Messie, désigné fils de David. Le fils qu’il conçut avec Bat Sheva mourut, en dépit des actes de contrition et de prières de son père, mais un peu plus tard un autre fils naquit, doué d’une grande sagesse, Salomon. La tour du roi David à Jérusalem. Psautier et roi fondateur d’un État, David était aussi un grand musicien dont le génie de rassembleur et de guerrier créa autour de lui un véritable mythe qui inspira de nombreux artistes comme Michel-Ange, Chagall, Cranach ou Charpentier. ■ Statue du roi David jouant de la harpe. C’est par la bouche du prophète Nathan que l’Eternel confirme le contrat d’alliance avec le roi David et le lien indéfectible qui existera à l’avenir entre le peuple d’Israël et son royaume dont la capitale est et sera Jérusalem. Une fois ce lien établi, le rôle de David consista à étendre le royaume d’Israël et à le renforcer par des conquêtes et des alliances. Le texte biblique ne fait pas l’économie des aspects troubles de la personnalité de David, notamment lorsqu’il décrit son péché envers Bat Sheva, dont il envoie le mari, Uri, se faire tuer au combat, afin de pouvoir l’épouser ensuite. David reconnut sa faute, et son aveu explique pourquoi il reste, malgré ses défauts DR donner en spectacle devant les servantes comme un rustre (Samuel 2, 16). Mais David lui répliqua : « C’est devant Dieu que j’ai dansé ; Et je m’humilierai davantage et me ferai tout petit à mes propres yeux. Et quant aux servantes, par elles je serai tenu en honneur. » Certes il ne sera pas celui qui construira le Temple, mais l’Eternel lui attribue une maison, à savoir une dynastie dont la vocation est de durer dans l’histoire. Le choix de Jérusalem comme capitale constitue un acte politique majeur et marque la volonté de David de construire un Etat centralisateur et fort. Cette décision ne résulte pas uniquement de son importance stratégique, ville haute protégée par des collines, mais avant tout du lieu où elle se trouve, qui possède un sens spirituel, car selon le texte biblique l’achat de terres mentionné dans Samuel II, 24 correspond au site du mont Moria, lieu de la scène du sacrifice d’Isaac, et c’est également en ce même endroit que Jacob a rêvé de l’échelle qui mène vers le ciel. Il donna à cette citadelle le nom de Sion. Le roi David ADAMA 7 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 Les sources d’eau de Jérusalem ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 8 © Noam Chen - IMOT Depuis la fondation de Jérusalem par les Jébuséens, l’eau est un enjeu crucial pour cette ville perchée à près de 800 m. au-dessus du niveau de la mer et dont les sources hydrologiques sont rares, donc précieuses. Le climat plutôt sec de cette cité, proche du désert de Judée ne permet pas non plus une rétention des eaux de pluie, dont la moyenne annuelle ne dépasse pas 550mm. Ville située au carrefour des deux grands aquifères de la région, celui de la bande côtière et celui qui va de la Mer Morte au lac de Tibériade, elle souffre d’une véritable carence hydrologique et d’une incapacité à empêcher la fuite des eaux. La situation hydrologique de la ville fait face à deux problèmes majeurs : la profondeur des nappes phréatiques en raison de l’altitude de la ville, et la rareté des sources d’eau naturelles. Le magazine du KKL www.kkl.fr Hamigdalim et Breikhot Hanakhachim, les bassins des tours et les bassins des serpents, ont servi pendant toute cette période. La plupart ont disparu mais il en subsiste certains vestiges comme les bassins de Sultan et de Mamila, à proximité de la Vieille Ville de Jérusalem. A l’époque de l’existence du Temple l’eau faisait l’objet d’une attention particulière dans les rites et coutumes de la ville et chaque année on fêtait la présence de cette « matière précieuse » au moment de Souccot où il est raconté que personne ne peut connaître ce qu’est la joie s’il n’a pas vu la joie de Beit Hachoeva (littéralement la maison du pompage). On remerciait le Seigneur pour les pluies des années précédentes et on priait pour celles de l’année à venir. A son origine, il y a plus de 4000 ans, la ville était alimentée par deux sources naturelles, qui permettaient tant bien que mal de nourrir une population peu nombreuse, inférieure à 1000 habitants pendant la période jébuséenne. Ces deux sources, Ayn Rogel et Maayan Hagihon, se trouvent légèrement hors de la ville fortifiée, proches de Kfar Silouan aujourd’hui, et leur situation géographique explique pourquoi les premiers habitants de Jérusalem élirent domicile à proximité de ces sources, avant la création d’un tunnel souterrain protégé par des parois en pierre, reliant les sources à la ville. La source de Gihon ne fournissait en moyenne que 50m3 par jour à cette période. Le tunnel souterrain et secret permit à la ville de résister pendant plus de 700 ans à des sièges successifs jusqu’à la conquête par David grâce à un subterfuge, qui consista à pénétrer par un tuyau le long de la source du Gihon, c’est-à-dire en empruntant ce tunnel souterrain si l’on comprend à la lettre la description de cette expédition dans le livre de Samuel. Ces deux sources étant insuffisantes, les habitants de la ville commencèrent à creuser des puits, mais cette activité de forage ne fit que dégrader la situation des nappes phréatiques. Le tunnel souterrain menant à la source finit par s’engorger et s’ensabler et cessa d’être utilisé par les habitants pendant plus de 2000 ans. Ce n’est qu’il y a 150 ans qu’un archéologue britannique, Ce sont les Hasmonéens qui mirent en œuvre un projet de grande envergure pour résoudre le problème d’approvisionnement en eau à Jérusalem. Ils comprirent qu’il fallait trouver un moyen d’acheminer des quantités suffisantes en provenance de sources éloignées de la ville. A cet effet ils construisirent deux aqueducs à partir des sources d’Arouv et de Biar situées à plusieurs dizaines de kilomètres de la cité royale. Ces Les bassins de Salomon, 1890 DR DR Charles Warren, en redécouvrit une ouverture et la fit connaître du public. Pendant la période du royaume d’Israël, la question de l’eau ne cessa de préoccuper le pouvoir en place, et il y a 2600 ans le roi Ezéchias fit construire un bassin de plus de 500 m2 à Shiloah pour y recueillir les eaux de la source de Gihon. En 1880 une équipe d’archéologues découvrit une plaque en hébreu ancien décrivant les travaux de construction de ce bassin. Cette plaque est aujourd’hui exposée au musée d’Istanbul. aqueducs aboutissent à des bassins surnommés Breikhot Schlomo, les bassins de Salomon. Le parcours de l’eau, serpentant en dénivelé, permettait de fournir aux habitants les quantités nécessaires à leurs besoins ménagers. Grâce à ces infrastructures ce sont des milliers de litres d’eau qui parvenaient chaque jour à Jérusalem. Sous l’occupation romaine, Hérode utilisa le même procédé en le développant et en ajoutant d’autres aqueducs, ainsi que des tunnels souterrains qui permirent de raccourcir les distances, puisqu’ils traversaient les roches des collines encerclant la ville. Il créa également des bassins de rétention qui, bien que ne fournissant pas de l’eau potable, pouvaient être utilisés pour d’autres tâches. Ces bassins surnommés Breikhot Après la destruction et l’exil d’une grande partie de la population, la ville ne fut plus la capitale d’aucun État, excepté pendant la courte période du royaume des Croisés. Les crises de pénurie d’eau étaient fréquentes et les habitants trouvèrent des solutions individuelles au problème en creusant des puits dans leurs jardins. Le résultat de cette action fut catastrophique pour les nappes phréatiques et la ville continua de souffrir de ce fléau jusqu’à l’arrivée des Anglais après l’application du Mandat britannique en Palestine. L’autorité mandataire construisit un aqueduc long d’une soixantaine de kilomètres pour approvisionner Jérusalem à partir de la rivière Yarkon, dont la source se trouve près de Roch Haayn. Grâce à ce système la ville put bénéficier d’environ 13.000 m3 d’eau par jour. Mais l’équilibre hydrologique de la cité resta encore très fragile pendant de nombreuses années, comme on put le constater lors de la guerre d’Indépendance où toute une partie de la ville juive fut coupée de ressources en eau pendant plusieurs semaines par la Légion jordanienne. Il fallut l’opération Shiloakh, menée par le Palmah, pour soulager les habitants de la disette qui sévissait dans la partie juive de la ville. Depuis la création de l’État d’Israël de nombreuses infrastructures ont été mises en place par Mekorot et le KKL pour assurer l’alimentation en eau potable ainsi que l’évacuation des eaux usées et leur recyclage. ■ Les sources d’eau de Jérusalem ADAMA 9 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 U N R É C I T AU T H E N T I QU E M E N T « Y I É RO S H A L M I » Question de temps... DR C Si vous vous promenez le long de la rue Yaffo à Jérusalem, à hauteur du célèbre marché Mahané Yéhouda, et plus exactement au numéro 92, vous découvrirez sur la façade d’une maison un très beau cadran solaire. C’est l’une des dernières œuvres qui nous reste du maître artisan Moshé Shapiro, qui fit le bonheur de nombreuses synagogues de Jérusalem au tout début du XX ième siècle (*). et horloger s’était en effet spécialisé dans la fabrication de cadrans solaires de très grande précision, d’autant que la loi juive utilise fréquemment les heures de lever et de coucher du soleil pour indiquer à chaque Juif le moment le plus opportun pour réaliser certaines de ses obligations telles que les prières du matin, de l’aprèsmidi et du soir, ainsi que l’allumage des bougies de Chabbat le vendredi soir. Et c’est donc à juste titre que les horloges solaires de Moshé Shapiro furent très appréciées. Or, la vie juive n’est pas la seule à être rythmée par le soleil puisque l’islam également impose à ses fidèles nombre de pratiques religieuses à des « heures relatives ». De tout temps, les chefs religieux musulmans furent donc très intéressés à posséder un cadran solaire, notamment ceux qui avaient en charge la mosquée d’Omar située dans la Vieille Ville de Jérusalem. Mais s’ils étaient prêts à de grands sacrifices pour ériger une telle horloge sur le mur de cette mosquée, ce n’était pas tant par souci religieux que par désir de réhausser le prestige de ce lieu de pèlerinage aux yeux du monde arabe… C’est ainsi qu’en 1901, Moshé Shapiro fut invité dans les bureaux du cheikh Nimar, le chef religieux musulman de Jérusalem, qui le reçut chaleureusement et lui demanda de construire un cadran solaire sur la mosquée d’Omar. Tout en affirmant que de nombreux artisans arabes possédaient un talent semblable à celui de son hôte, il avait pensé que si un Juif réalisait ce cadran solaire, cela contribuerait grandement à améliorer les relations entre les Juifs et les Arabes. Shapiro ne fut pas dupe : il savait très bien que le cheikh ne pouvait compter que sur lui pour mener à bien cet ouvrage. Aussi fut-il très embarrassé : il n’osait refuser de peur de provoquer le courroux de cet homme puissant prêt à tout pour obtenir ce cadran solaire qui lui permettrait d’améliorer son prestige. Mais la mosquée était érigée sur le mont du Temple, là-même où furent érigés les deux Temples du peuple d’Israël… Or, bien que ces deux Temples Question de temps... sur le mont du Temple ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 10 aient été détruits, la sainteté de ce lieu n’a pas disparu au fil des générations, et il reste donc interdit aux personnes « impures » inaptes à s’y rendre. Un salaire considérable ! Remarquant le désarroi de Shapiro, le cheikh lui proposa de poursuivre cette discussion dans sa maison princière, loin du bruit de la foule qui se pressait dans ses bureaux : peut-être serait-il alors plus à son aise pour se décider ? Le cheikh introduisit l’horloger dans sa somptueuse maison et lui réitéra sa proposition, mais cette fois en lui faisant comprendre subtilement – mais fermement – où était son « intérêt »… L’artisan obtint finalement un délai de réflexion de deux jours. Dès qu’il quitta le cheikh, il se dirigea vers la maison du seul homme capable de l’aider dans cette affaire : le fameux Rav Haïm Sonnenfeld, l’une des sommités rabbiniques du Yichouv juif d’Eretz Israël. Voici le conseil qu’il donna : notre horloger devait dans un premier temps exiger un prix exorbitant pour son travail. Et si l’argent ne se révélait pas un obstacle, Shapiro devait alors invoquer le «problème religieux » de l’entrée d’un Juif sur le mont du Temple. La décision ne lui appartenant pas, une «autorité rabbinique compétente » devait être consultée. Deux jours plus tard, Shapiro réapparut devant le cheikh qui lui demanda sans préambule quelle était sa réponse. Conformément aux conseils du Rav Sonnenfeld, Shapiro l’avertit que le salaire de ce travail était « considérable ». Sans dire un mot, le cheikh se leva, alla à son coffre-fort et en retira un gros sac contenant 30 000 napoléons d’or qu’il plaça devant l’horloger, puis lui dit en souriant : « Tout est à vous ! Et si cela ne suffit pas, je suis prêt à vous donner deux fois et même trois fois cette somme s’il le faut ! ». www.kkl.fr Le magazine du KKL sur le mont du Temple « Maitre du monde ! Qui est comme Ton peuple Israël ? ». Moshé Shapiro ne sut plus quoi répondre, car le Rav lui avait ouvert un horizon qu’il n’avait à aucun moment imaginé – ce qui le plongea dans un profond embarras… Aussi demanda-t-il la nuit pour réfléchir ! Le lendemain, le Rav ouvrit sa porte à un homme très résolu, et lorsqu’il questionna l’horloger sur sa décision, celui-ci lui répondit : « Je ne construirai aucune horloge sur la mosquée d’Omar, même si le cheikh m’offrait un million de napoléons ! ». Des paroles qui émurent beaucoup le Rav, d’autant que la pauvreté était si grande à Jérusalem en ce temps-là ! Aussi embrassa-t-il Shapiro en s’exclamant : « Maitre du monde ! Qui est comme Ton peuple Israël ? ». Lorsque le cheikh vint entendre la décision du Rav Sonnenfeld, un « non » catégorique lui fut annoncé. Comme la Torah interdisait à tout Juif de pénétrer sur le mont du Temple, le Rav ne saurait autoriser Shapiro à construire un cadran solaire sur la mos- quée d’Omar. Il rappela aussi au cheikh que la loi musulmane reconnaissait à chaque individu le droit de pratiquer sa religion et qu’en aucun cas, on ne pouvait le contraindre à la transgresser. Lors d’une rencontre secrète , le cheikh Nimar avertit Shapiro du danger qui le menaçait et, tout en lui accordant son soutien parce qu’il estimait que son refus était justifié, il lui conseilla néanmoins de quitter Jérusalem pour sa propre sécurité : le peuple ne se calmerait, en effet, pas si facilement… DR Le cheikh accepta sans broncher cette sentence et quitta le Rav en termes amicaux. Mais ce ne fut pas le cas de la population arabe, dont la colère fut soulevée par ce refus de l’honneur d’embellir l’un des plus prestigieux lieux de pèlerinage de l’islam : un tel affront de la part d’un Juif devait donc être vengé ! DR Shapiro lui exposa alors le problème fondamental qui l’empêchait d’arrêter sa décision : un Juif avait-il le droit d’entrer sur le mont du Temple ? Seule une autorité rabbinique était en mesure de répondre. Quand le cheikh lui demanda à qui il envisageait de soumettre le problème, il avança le nom du Rav Sonnenfeld auquel la population arabe vouait alors un grand respect. L’horloger rapporta ensuite cet entretien au Rav qui l’écouta attentivement et qui lui posa une question autant directe qu’inattendue : - Trouvez-vous séduisante la perspective de recevoir 30 000 napoléons ? - Que veut donc dire le Rav ?, s’étonna Shapiro. - Si cet argent est important pour vous, nous pouvons peut-être trouver - bien évidemment sans nous opposer à la Torah - des moyens vous permettant d’entrer sur le mont du Temple pour réaliser ce cadran solaire. L’horloger Moshé Shapiro fut donc contraint de fuir sa Jérusalem natale pour aller se réfugier à Pétah Tikva où il vécut jusqu’à la fin de sa vie. ■ Richard Darmon (*) Extrait et adapté du livre « Gardian of Jerusalem » - Artscroll History Series – 1983. Question de temps... sur le mont du Temple ADAMA 11 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 L’originalité bigarrée mais apaisante du quartier de Bakaa-Talpiot à Jérusalem DR Situé dans la partie-sud de Jérusalem et s’étalant sur les nombreuses petites rues parallèles ou perpendiculaires aux boulevards de Hébron et de Bethléem qui lui confèrent un irrésistible cadre de détente, ce quartier très vert, paisible et ouvert est doté d’une population étonnamment variée: en effet, il comporte tout d’abord des familles de résidents venus d’Irak, d’Iran, du Maroc et d’Europe centrale dans les années 1950, mais aussi de nombreux anciens et plus récents émigrants américains mais aussi francophones ayant fait leur alya en Israël depuis la fin des années 1970. A tel point qu’on y entend autant parler l’hébreu que l’anglais et le français… La maison de Bethléem à Bakaa. Bakaa-Talpiot à Jérusalem ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 12 Le magazine du KKL www.kkl.fr ans cesse en train d’être rénové, ce double quartier résidentiel, qui englobe aussi le secteur de Talpiot, est délimité à l’ouest par l’avenue Emek Réfaïm – cette artère pleine de restaurants, de cafés et de petites boutiques rattachées à la Mochava-Germanite -, ainsi qu’à l’est par le Derekh Bethléhem, où pubs avec terrasses ou jardins et petits magasins de mode se sont beaucoup aussi implantés ces dernières années. Sa limitesud est constituée par les vergers et les installations rénovées du kibboutz-hôtel de Ramat-Rahel (qui font face au nouveau quartier plus distant de Har-Homa, pendant que son extrémité-nord n’est autre que la Promenade Haas (Tayélet) surplombant magistralement le village d’Abou-Tor avec plus au loin, une vue panoramique très élargie sur toute la Vieille Ville de Jérusalem et sur la partie-ouest de la capitale. Bakaa-Talpiot jouxte aussi la zone - encore plus recherchée au plan immobilier - de Arnona, du haut de laquelle les habitants peuvent voir quand le ciel est dégagé, depuis leurs balcons ou leurs terrasses, certaines parties de la mer Morte située 1200 mètres plus bas… ainsi que les monts jordaniens de Moav se dressant de l’autre côté de la frontière du Jourdain et où la Bible hébraïque a bien pris le soin de préciser que Moshé, le libérateur du peuple hébreu de l’Egypte pharaonique, était enterré dans un lieu « secret »… Deux « sous-quartiers » à l’histoire mouvementée, mais assez différente Avant 1948, la plupart des somptueuses maisons maures de type ancien de Bakaa (avec fenêtres et portes en voûte, avancées en colonnades, patios et cours intérieurs dotés de bassins d’eau) abritaient avant 1948 les familles de riches commerçants et propriétaires terriens arabes de la région, tout en constituant aussi les résidences secondaires de certains grands bourgeois de l’élite jordanienne. Or, ce sont ces mêmes mini-palais saisis au début 1949 par l’État d’Israël naissant puis remis en gestion à l’Agence juive, qui seront scindés - pour chacun d’eux - en plusieurs mini-appartements distribués dès le début des années 1950 aux familles nombreuses venant d’Irak, d’Iran puis du Maroc. Quant au sous-quartier de Talpiot (un lieu lui aussi cité dans la Bible pour ses jardins et ses abondants vergers, notamment dans le Cantique des Cantiques), il a été fondé en 1922 par des Juifs européens arrivés en Israël et qui en ont édifié les première bâtisses. de mètres de là - aimait tirer sans raison des obus malheureusement souvent meurtriers… Ce que l’écrivain Shmuel Yossef Agnon, le célèbre Prix Nobel israélien de Littérature qui s’était installé en 1924 dans le haut de la zone d’Arnona a, lui-même, plusieurs fois décrit dans ses essais et nouvelles (sa maison existe toujours et a été transformée en musée). Mais ce quartier ne fut pas très longtemps habité : ainsi, les premiers résidents juifs de Talpiot durent-ils être évacués d’urgence de leurs maisons lors des sanglantes émeutes arabes de 1929, pour ne pouvoir y revenir que quelques années plus tard. D’autant qu’après ces émeutes, ce quartier était alors assez bien protégé et connu comme relativement sûr, notamment du fait de la présence de la base militaire britannique d’Allenby, le plus important camp militaire anglais de Palestine. Après juin 1967, Israël aménage une zone industrielle dans la partie sud-ouest du quar tier de Talpiot, afin d’y accueillir d’ailleurs de nombreuses entreprises et commerces précédemment implantés dans le quartier de la Mamilla – lequel devient quant à lui plutôt touristique. La construction de deux nouveaux quartiers populaires d’habitation est parallèlement lancée au début des années 1970 sur les deux grandes collines contrôlées par l’ONU avant 1967 : Arnona et Arnon-Hanatsiv. Le vrai plaisir de vivre à Bakaa-Talpiot… DR S The Little House à Bakaa(1930) En mai 1948, à l’expiration du Mandat britannique, la Haganah lance l’Opération Kilshon qui consiste à renforcer les points de défense de Jérusalem contre les attaques des légions arabes. Capturée par la Haganah, cette base militaire de Talpiot devient l’un des points stratégiques permettant la réussite de cette opération. Ce qui transforme alors Talpiot en quartier frontalier jouxtant le tracé de la ligne séparant Israël de la Jordanie. Une situation qui se poursuivra jusqu’en juin 1967 lorsque Tsahal va conquérir tous les quartiers et zones alentours lors de la fameuse Guerre des Six-Jours. Cette victoire militaire israélienne permettra de repousser la frontière 30 km plus à l’est et, ce faisant, de ramener calme et sérénité à Bakaa comme à Talpiot sur les rues desquelles la Légion arabe jordanienne – alors positionnée à peine à quelques centaines Contrairement à certains autres quartiers bien plus « homogènes » de Jérusalem dotés de barrières aussi bien mentales que physiques et très réelles, Bakaa-Talpiot a la particularité de regrouper plusieurs types de populations cohabitant tranquillement ensemble sans le moindre incident : religieux et laïcs, traditionnalistes et sionistes pratiquants, jeunes couples, célibataires, retraités et familles nombreuses, immigrants d’anciennes ou de récentes dates originaires de France, de Belgique ou d’Amérique et d’Angleterre... Un « savoir-vivre ensemble » qui fait de ce quartier – où tout est tranquillement accessible à pied - un microcosme enfin apaisé de la grande mosaïque israélienne, en conférant ainsi à cette par tie de Jérusalem une véritable harmonie. Laquelle s’accorde si bien à la tranquillité des après-midis parfois ensommeillés du dédalle de tous ses jardins où poussent, dans des senteurs enivrantes, citronniers, figuiers, orangers, grenadiers et arbres de Jasmin et de Judée. ■ Richard Darmon Bakaa-Talpiot à Jérusalem ADAMA 13 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 Yéhuda Amihaï, poète national d’Israël et chantre de Jérusalem N é en 1924 avec le nom Ludwig Pfeuffer à Wurtzbourg en Allemagne et mort à Jérusalem en septembre 2000, Amihaï vient d’une famille juive d'éleveurs de chevaux et de maquignons liée au monde paysan de la Franconie bavaroise. Effrayée dès 1935 par les persécutions nazies, sa famille émigre en 1936 en Palestine et ce n’est donc qu’à 12 ans qu’il entreprendra l'étude intensive de l'hébreu. Dix ans plus tard, la famille changera de nom et s’appellera désormais Amihaï en français : Mon peuple vit. Après des études littéraires et religieuses, il s'engage d'abord dans la Brigade juive de l'armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale puis, il rejoint en 1948 le Palmach (bras armé de la Haganah) durant la guerre d'indépendance. Paradoxalement, ce n'est pas l'étudiant mais le soldat - lors ses interminables veillées militaires entre deux combats près du canal de Suez en 1948-49 - qui découvrira la poésie, notamment celle de Thomas Stearns Eliot et Rainer Maria Rilke. Il comprend alors que la grandeur passée et parfois un peu désuète de l’hébreu biblique qu'il a étudié à l'école doit devenir, grâce à la poésie, la langue d'un peuple : peu à peu, se faisant poète de l’amour en temps de guerre, il forgera donc en écrivant dans sa « langue personnelle » une approche créatrice intimiste, populaire et savante, initiée depuis sa découverte d’Eliot et de Rilke. De sa vie heurtée et de ce réapprentissage d'une nouvelle langue, il a tiré une leçon d'espoir, devenant un homme de paix, de bonté et d’ouverture : « S’il vous plaît ne jetez plus une seule pierre encore, Yéhuda Amihaï, poète national d’Israël ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 14 vous faites remuer ma terre, la sainte, l’entière, l’ouverte terre, vous la remuez vers la mer et la mer ne le veut pas, la mer dit, pas en moi », écrira-t-il dans son Poème provisoire « De mon temps » rédigé en 1988 au beau milieu de « l’Intifada des pierres » palestinienne… La « vigie de Jérusalem » Revenu à la vie civile, Amihaï habite le quartier de Yémin Moshe à Jérusalem où il étudie l’histoire et l’exégèse biblique, ainsi que la littérature hébraïque. Il deviendra professeur dans les lycées, puis dans les séminaires d'enseignants israéliens et enfin maître de conférence à l'Université hébraïque de Jérusalem. Sa langue n'était plus l'allemand natal, mais l'hébreu : celui des prophètes, mais aussi celui des gens simples. Celui du quotidien, de ses objets « domestiques », et aussi des effrayants cadavres de la guerre, comme de la beauté des amoureux et des enfants de ce pays déchiré… Détestant les honneurs et les intrigues politiques et aimant à se définir comme un « révolutionnaire humaniste», il a vécu simplement à Jérusalem en en arpentant les ruelles, les jardins parfumés et les terrasses à toutes les heures du jour ou de la nuit pour y capter leur chant profond : « L’air au-dessus de Jérusalem est chargé de prières et de rêves, comme l’air au-dessus des villes industrielles, il est très difficile à respirer » Ecologie de Jérusalem, 1980). Plus en core : il entretenait une relation amoureuse, passionnelle et même fusionnelle avec cette ville qu’il considérait DR Poète juif sans doute le plus traduit depuis le Roi David, Yéhuda Amihaï était un sage parmi ces sages que l'on croisait parfois à Jérusalem: une ville dont il a tant chanté, dans sa langue simple et sensible, le «paysage humain», les jeux de lumière, ainsi que les contrastes quotidiens parfois violents. Auteur de 80 ouvrages dont la moitié a été traduite en langues étrangères (*), il a été honoré – en plus d’une dizaine de récompenses notoires – du Prix Bialik ainsi que du grand Prix Israël de Poésie en 1982 pour avoir initié une mutation révolutionnaire dans le langage poétique de l’hébreu. Le magazine du KKL www.kkl.fr comme une offrande possible de « partage » : « Je peux rester sur mon balcon et dire à mes enfants. Juste là je fus bombardé pour la première fois. Et là-bas, juste à droite, juste derrière ces arbres, je reçus mon premier baiser ». Le leader d’une véritable « révolution poétique » Un peu comme au temps des prophètes, Amihaï aura réussi une étonnante fusion entre le peuple et « son » poète : il avait en effet le verbe heurté et parfois très dur pour rappeler à chacun les exigences de la fraternité humaine. Poète de tous et non pas d'une élite fermée, il parlait d'espoir en se dressant sobrement - et avec l’humilité des vrais poètes - contre l'oppressante blessure de la guerre et de la haine : « Mon fils a un parfum de paix. Le ventre de sa mère lui a promis ce que Dieu ne peut nous promettre ». Ou encore : « Mon seul drapeau ce sont mes habits - Quelques poèmes sur Jérusalem… L'Amour de Jérusalem Ici on construit une maison et là on détruit ici on creuse la terre et là on creuse le ciel, ici on s'assoit et là on marche ici on hait et là on aime. Mais celui qui aime Jérusalem dans les guides touristiques ou les livres de prières ressemble à celui qui aime une femme selon le Kama sutra. Parfois Jérusalem est une ville de couteaux : même les espoirs de paix sont affûtés pour trancher dans la difficile réalité, ils s'émoussent ou se cassent. Les cloches des églises font tellement d'efforts de paix qu'elles deviennent lourdes, comme un pilon qui broie dans le mortier des voix lourdes, graves et remuantes. Et lorsque le chantre et le muezzin entonnent leur chant, surgit le cri tranchant : notre seigneur notre Dieu à tous est un Dieu un et affûté. Traduit par Michel Eckhard Elial © Noam Chen Il y a une rue où l'on ne vend que viande rouge et une rue où l'on ne vend qu'habits et parfums. Il y a des jours où je ne vois qu'êtres jeunes et beaux, et des jours où je ne vois qu'infirmes, aveugles, lépreux, faces convulsées et rictus. Touristes Un jour, j'étais assis sur les marches près d'une porte à la Tour de David J'avais posé mes deux lourds paniers à mes côtés. Un groupe de touristes entourait leur guide et je devins leur point de repère. Vous voyez cet homme avec les paniers ? Juste à droite de sa tête, il y a une voûte datant de l'époque romaine. Juste à droite de sa tête. Mais il s'en va, il s'en va ! Je me suis dit : la délivrance ne surviendra que si leur guide leur dit : Vous voyez cette voûte datant de l'époque romaine ? Ce n'est pas important, mais à côté, à gauche, un peu vers le bas, un homme est assis qui a acheté des fruits et légumes pour sa famille. Traduction personnelle d’après l’anglais mon seul hymne est mon souffle, et le premier et le dernier mot est : ‘ICI’ ». A la tête de la « révolution poétique » surgie au début des années 1950 et initiée par un groupe de jeunes écrivains, Amihaï a totalement remis en question les thèmes et les formes chers aux poètes antérieurs : appréhendant l’hébreu comme une « langue de cœur », il va donc désacraliser et parfois même vulgariser la trop grande solennité de cette langue pleine de lourdes métaphores héritées des prophètes bibliques : prônant une modernisation de la langue, il mettra en avant, non plus les « idéaux de la nation » chantés avec rhétorique par la génération précédente, mais tout simplement l’irréductible «condition humaine» à partir d’images dénudées – parfois tirées de la Bible – mais exprimées dans l’«hébreu parlé » des Israéliens, lié à son temps et à son peuple, bien que charriant toujours la souffrance et la mémoire juives ! Aimant jouer avec les mots en les détournant souvent de leur sens et en utilisant un hébreu charnel et imagé, Amihaï – dont certains accents font penser parfois à ceux d’Henri Michaux - mêlait le scepticisme et la foi, l’humour et le tragique, le profane et le saint, le doux et le cruel, le transcendant et le trivial, le cosmique et l’intime… Car, pour lui la fonction du poète est « de nommer toute chose, toute émotion, toute expérience, et ceci sobrement et exactement, sans aucune mignardise ! ». Enraciné dans la puissante géographie physique et affective d’Israël, de ses amours, de son corps, de ses propres batailles intérieures, Amihaï est resté profondément et sensuellement enlacé dans les contradictions de sa ville et de sa patrie. ■ Richard Darmon © Noam Chen (*) Ouvrages de Yéhouda Amihaï parus en langue française : Poèmes (Actes Sud - 1992 ), Poèmes de Jérusalem (Éditions de l'Éclat - 1992), Anthologie personnelle (Actes Sud - 1992), Les morts de mon père et autres nouvelles (Éditions de l'Éclat - 2001), Début fin début (Éditions de l'Éclat - 2001), Perdu dans la grâce (Poèmes choisis - Gallimard - 2006). Yéhuda Amihaï, poète national d’Israël ADAMA 15 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 E N T R E L E V I E U X - TA L P I OT E T A R N O N H A N AT S I V La vibrante communauté «Carlebach» Mizmor Lé-David à Jérusalem Alliant des offices enthousiastes de chabbat – surtout ceux, très fréquentés et très chantés, du vendredi soir - avec l’accueil toujours chaleureux de tous ses hôtes de passage et toute une série d’activités « holistiques » parallèles, cette synagogue est devenue au fil des ans le point de ralliement de nombreux jeunes – seuls ou en couple – dans cette si plaisante partiesud de Jérusalem. T out a commencé il y a une dizaine d’années par un petit « minyan » privé, organisé le vendredi soir seulement avec quelques chants hassidiques, dans le studio situé au rez-de-chaussée au domicile de Neil Kummer, l’un des fondateurs de cette communauté habitant au bout de la rue Efrata. Puis, quand les fidèles devinrent trop nombreux à s’entasser dans cette pièce - qui répandait dans le silence de la tombée de la nuit du vendredi soir les accents à la fois nostalgiques et entraînants de chants hassidiques vers les rues adjacentes-, les initiateurs de cette mini-synagogue se mirent en quête d’un local plus grand digne de les recevoir : à deux pas de là, dans la rue Nahum Shadmi, ils obtinrent la jouissance – au départ seulement pour le chabbat – du petit pavillon local des scouts israéliens (les tsofim de la tribu Avot). Un emménagement qui donna aussitôt un grand essor à cette communauté à laquelle ils donnèrent le nom de « Mizmor Lé-David », l’un des nombreux chants (re)mis en musique par leur maitre à penser, le rav Schlomo Carlebach : le « rabbin chantant » des années 1979 et 1980 dont les disques avaient déjà fait un tabac aux USA, en Israël - où il donnait souvent des récitals surtout au départ dans le moshav Méhor Moddiin qui devint son lieu d’habitation de 1976 à 1994 et celui de nombreux de ses disciples jusqu’à aujourd’hui - puis dans les grandes villes du pays, et même en France, où ses adaptations à la guitare de certains Psaumes de David et des mélodies les plus connues du répertoire hassidique moderne l’avaient aussi rendu populaire dans certains cercles d’initiés. L’une des prières parmi les plus ferventes et entraînantes du vendredi soir à Jérusalem ! Ralliant au départ plusieurs familles d’anciens puis de nouveaux immigrants venus des États-Unis, mais aussi de France et d’ailleurs, ainsi que plusieurs Israéliens « du cru » et des jeunes du quartier, tous en mal d’une synagogue dynamique dans cette partie-là de Jérusalem proche de la Promenade Haas (la Tayélet reliant le Vieux-Talpiot à ArnonHanatsiv), la communauté a commencé par élargir le cercle de ses fidèles grâce à son minyan de plus en plus élargi du vendredi soir d’où l’on vient de tout Jérusalem et où alternent, au milieu de prières ferventes, des chants enthousiastes allant droit au cœur… Au point que la salle de prières manque vraiment de place ! Là même où, juste avant Chabbat, on a réinstallé à la hâte le Séfer Torah (venu de la maison voisine de Neil Kummer) dans son Armoire sainte à l’allure encore provisoire plantée, comme dans le Michkan du désert, au milieu de cette salle de scouts en transhumance juive… Autres particularités de cette communauté toujours très accueillante qui reçoit souvent La vibrante communauté « Carlebach » ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 16 des hôtes étrangers (juifs et non-juifs), ainsi que, presque chaque chabbat, des groupes de soldats portant l’uniforme du Nahal pour « une expérience religieuse à Jérusalem » : - une série de cours quotidiens très originaux donnés chaque matin de semaine une demi-heure avant la prière journalière de Chaarit et portant sur la tradition mystique (du rav Ashlag au Ari Ha-Kadoch), sur la pensée du rav Abraham Kook, sur l’étude du Talmud ou bien de la Paracha Ha-Chavoua commentée par le Livre du Zohar ; - une caisse d’entraide sociale très active qui distribue ses bienfaits dans tout le quartier et au-delà ; - une série de séances de méditation et de yoga pour femmes ; - et aussi un charmant jardin de plantes et de légumes biologiques attenant à la synagogue, tenu par des membres de Mizmor L é-David qui observent scrupuleusement les lois du Maasser (dîme) et de la Shmita (l’année de jachère chabbatique) prévues par la Torah ! Un conseil : si vos pas vous amènent une fin de semaine à Jérusalem, prévoyez d’aller prier le vendredi soir à Mizmor Lé-David, quitte à faire une bonne marche avant et après l’office. Vous en sortirez transformés et enthousiasmés, car vous aurez renoué avec une prière à la fois fervente et gaie, chantée sur les accents de Shlomo Carlebach… dont les disciples disent qu’il aurait retrouvé « par intuition » certaines mélodies anciennes qui furent celles du hautchant des Léviim entonnées, voilà près de 2 000 ans, dans le Temple de Jérusalem ! ■ Richard Darmon [email protected] 2, rue nahum Shadmi - Jérusalem www.kkl.fr Le magazine du KKL André Chouraqui, poète de Jérusalem A ndré Chouraqui, né à Aïn Temouchent (Algérie) en 1917, est sans conteste un homme de Jérusalem. Il y a habité à partir de 1959, jusqu'à sa mort en 2007. Ses cinq enfants sont nés dans cette ville dont il a été, de 1965 à 1973, l'adjoint au maire auprès de Teddy Kollek. Connu aujourd'hui surtout pour ses très novatrices traductions en français de la Bible juive, du Nouveau Testament et du Coran, il a exercé divers métiers, parlé et écrit dans des registres différents, mais c'est l'inspiration poétique qui fournit le fil conducteur d'un parcours qui, de l'Algérie à la France et de la France à Israël, a été fait plus de continuité et d'harmonie que de contradictions. C'est en pleine tension entre les immigrants venus d'Europe et ceux venus des pays arabes, après les émeutes de Wadi Salib, qu'il se vit confier sa première responsabilité officielle en Israël, celle de conseiller David Ben Gourion sur les moyens de faciliter ce qu'on appelait alors la « fusion des communautés ». Jusque là, c'est auprès de René Cassin qu'André Chouraqui avait oeuvré comme un des responsables de l'Alliance israélite universelle (A.I.U.). Scolarisant des dizaines de milliers d'enfants juifs au Maroc et en Tunisie, cette institution a dû s'adapter non seulement à la fin du protectorat français, remplacé par des États indépendants membres de la Ligue arabe, mais aussi au départ vers Israël de la majorité de ses élèves présents, passés et sans doute à venir. A travers ses écrits juridiques et historiques, Chouraqui a incarné ce ralliement au projet sioniste de l'A.I.U., amenée à modifier ses perspectives initiales. Il publia d'ailleurs à cette époque un Que sais-je ? sur L'État d'Israël, suivi en 1973 d'une biographie de Théodore Herzl, qui répondait à une attente. En réponse à l'envoi de son Que sais-je ?, le général de Gaulle écrivait le 23 juin 1955 : « votre excellente étude, que je vous remercie de m'avoir aimablement envoyée et dédidacée, m'a permis de constater le magnifique essor réalisé dans tous les domaines par l'État d'Israël. C'est là un beau témoignage de ce que peut faire un peuple courageux, animé d'une même foi en son avenir et d'une même volonté de le forger. Je forme les meilleurs vœux pour sa prospérite ». Une fois en Israël, il fallut agir pour que le patrimoine culturel spécifique aux communautés juives d'Afrique du Nord soit reconnu à sa juste valeur, tâche pour laquelle ce descendant du rabbin érudit Saadia Chouraqui était bien qualifié. A partir de 1964, son domicile était fixé à Aïn Rogel sur la ligne de cessez-le-feu d'où par taient, souvent, des tirs jordaniens. Chouraqui accepta des démarches confidentielles pour entrer en dialogue avec les milieux du Vatican (au temps de Vatican II) comme avec des interlocuteurs arabes et musulmans inatteignables de manière officielle. Il fut ainsi mêlé à la création à Paris de la Fraternité d'Abraham, complémentaire de l'Amitié judéo-chrétienne. Dans une vie antérieure, il avait été élève du séminaire rabbinique de la rue Vauquelin en même temps qu'étudiant à la Sorbonne, membre des réseaux clandestins de sauvetage de l'OSE en France occupée, voisin attentif de l'École des prophètes, également clandestine, animée par Jacob Gordin près du Chambon sur Lignon ; puis juge de paix en Algérie au lendemain de la guerre, marié en premières noces à une femme convertie au judaïsme, qui choisit de revenir au christianisme et de mener une vie contemplative... Le souffle poétique de Jérusalem a permis de donner son unité à un parcours tourné vers l'espérance. ■ Quatre ouvrages d'André Chouraqui consacrés à Jérusalem Vivre pour Jérusalem Desclée de Brouwère, 1973 Jérusalem, une métropole spirituelle Bordas, 1981 Jérusalem revisitée, quatre millénaires d'Histoire Le Rocher, 1995 Jérusalem, ville sanctuaire Le Rocher, 1996 (poche 1998) Un riche site Internet dédié à André Chouraqui par ses amis : www.andrechouraqui.com André Chouraqui, poète de Jérusalem ADAMA 17 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 Fort des excellents retours enregistrés l'année dernière, le KKL de France a réédité, avec tout autant de succès, son séminaire estival à destination des enseignants des établissements juifs. Du 17 au 24 juillet, 45 professeurs français et belges, toutes matières confondues, ont pris part à un programme des plus enrichissants en Israël. F avoriser l'identification des jeunes à Israël. Tel est le défi singulier que relèvent au quotidien les équipes pédagogiques des écoles juives de diaspora. Pour ce faire, rien n'égale l'expérience personnelle de ce lien privilégié, alimentée par les connaissances livresques, certes, mais aussi, et surtout, par la fréquentation directe de la terre de la Bible et de l'innovation. Des visites variées Le périple a débuté par un geste hautement symbolique : une plantation d'arbres dans la forêt de Tzora. Par la suite, la délégation, accompagnée par Raymond Bunan, président d'honneur du KKL de France, Fino Edery, son délégué général, et Laurence Kiman, responsable du En immersion totale Afin de soutenir les éducateurs dans leur œuvre de transmission des valeurs juives et sionistes, le KKL de France a lancé une initiative originale : un séminaire d'une semaine à la découverte des réalités israéliennes, d'hier à aujourd'hui. Après une première édition consacrée à la Galilée, en juillet 2015, ce deuxième séjour faisait la part belle à la magie du Néguev, celle des paysages et de la créativité sans équivalent qui s'y épanouit. Recyclage des eaux usées et désalinisation de l'eau de mer, technologies agricoles de pointe, avancées écologiques, rencontres avec des résidents passionnés..., les participants ont bénéficié d'un large aperçu de ce que le grand désert israélien a à offrir au pays et au monde, de Sdé Boker à la vallée de la Arava. DR Éduc@tion Connexion Pour plus d'informations, contactez le département de l’Éducati établie ! www.kkl.fr département de l'Éducation, a visité de nombreux sites à vocation historique, éducative ou économique, dont la maison de Ben Gourion à Sdé Boker, le centre Beer Avraham à Beersheva, le centre de recherche et développement de la Arava, le village de jeunes de Nitzana, sans oublier une excursion en jeep dans le cratère de Ramon. Après les reliefs dépaysants du Néguev, les membres du groupe ont fait escale au parc de France-Adoulam, au pied des collines de Judée, puis conclu leur voyage à Le magazine du KKL Jérusalem, qui sera le théâtre du troisième séminaire, en 2017, en l'honneur du cinquantième anniversaire de la réunification de la capitale d'Israël. Dans cette attente, les heureux bénéficiaires de ce circuit inoubliable s'en sont retournés dans leurs pénates des images, des idées et des méthodes plein la tête, impatients de livrer à leurs élèves, dès la rentrée, le fruit de leur découverte du sionisme moderne... en actes ! § en bref... en bref... en bref... en bref... en bref... en bref... Le séjour des Éclaireuses et Éclaireurs israélites de France (EEIF) Le département de l'Éducation du KKL de France a également orchestré plusieurs activités en direction des jeunes cet été. Des moments de découverte, d'amitié et de communion avec l'État d'Israël ! À l'occasion du séjour de trois semaines organisé par les Éclaireuses et Éclaireurs israélites de France (EEIF) en Israël du 6 au 26 juillet, 35 jeunes Juifs français et leurs homologues israéliens du groupe Ron-Arad ont bénéficié de cinq journées d'excursion avec le KKL dans la région de Jérusalem et le désert de Judée. Des vacances qu'ils ne sont pas près d'oublier... § Le voyage des bné Mitsva Le traditionnel voyage des bné mitsva en Israël a été conjointement organisé par le KKL, le Consistoire, l'Organisation sioniste mondiale et l’Agence juive, grâce à la collaboration active de la H’avaya, du 11 au 21 juillet. Une quarantaine de jeunes ont ainsi profité d'un séjour éducatif de dix jours en Terre sainte. Un exceptionnel cadeau pour célébrer leur majorité religieuse ! § La caravane du KKL DR DR Ceux qui n'ont pas quitté l'Hexagone n'ont pas été en reste. Comme chaque année, la caravane du KKL a sillonné la France au mois du juillet, du sud du pays à la région parisienne. Les sympathiques éducateurs de l'institution sioniste sont ainsi allés à la rencontre de plus de mille enfants dans les centres de loisirs et autres colonies de vacances. Au menu, des activités ludiques autour d'Israël, des valeurs du KKL et de la déclaration d'indépendance. De quoi apprendre en s'amusant ! § on du KKL : Tél. : 01 42 86 88 88 - [email protected] - [email protected] Une piste cyclable à la mémoire d'Alex Moïse P DR Dans le cadre de la journée d'excursion organisée par le KKL de France en Israël le 9 août dernier, une piste cyclable a été inaugurée dans le parc de France-Adoulam à la mémoire d'Alex Moïse (zal), grand militant de la cause sioniste et du KKL, disparu prématurément le 5 décembre 2012. Retour sur une émouvante cérémonie. etit-fils de déporté, fils d’enfant caché et membre des Éclaireurs israélites, Alex Moïse nourrissait un amour indéfectible pour l’identité, les valeurs et la culture juives, mais aussi – et surtout – pour Israël, la grande passion de sa vie. Membre du conseil d'administration du KKL et secrétaire général de la Fédération sioniste, il s'est distingué par un sens de l'engagement sans faille en faveur de ses frères en détresse, qu'il s'agisse du sauvetage des Juifs éthiopiens, de la campagne de soutien aux Juifs d'Iran persécutés, de la mobilisation pour la libération de Gilad Shalit et contre la haine antisémite.Terrassé par de graves problèmes de santé, il s'est éteint à l'âge de 48 ans, laissant derrière lui une famille et des amis inconsolables. Sur son lit de mort, il avait appelé tous ceux qui l'aimaient à faire un don au KKL pour qu'un projet fût réalisé à son nom sur cette terre d'Israël qu'il chérissait tant. Une dernière volonté exaucée en cette belle journée du 9 août, où nombre de ses proches se sont réunis pour lui rendre hommage, à l'occasion de l'inauguration du circuit Kanim, une piste cyclable de 23 km traversant du nord au sud le parc de France-Adoulam, haut lieu d'histoire et de culture sis au pied des collines de Judée. « Le parc Adoulam France est situé dans cette même zone géographique où David a combattu Goliath et où Judah le Macchabée a rallié ses forces pour attaquer les Romains, a expliqué à ce propos Fino Edery, délégué général du KKL et maître de cérémonie. En choisissant d’honorer la mémoire d’Alex Moïse à cet endroit, le KKL de France ajoute son nom à la liste des héros du peuple juif au cours de l’histoire. » « Il était comme un petit frère pour moi, a témoigné son ami Michael Adari, délégué du KKL pour le sud de la France et l'Espagne. Il n'était pas seulement membre du conseil d'administration du KKL de France ; il occupait de nombreux postes au sein de la commu- Une piste cyclable à la mémoire d'Alex Moïse ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 20 nauté juive française, en plus de ses fonctions de secrétaire général de la Fédération sioniste. […] Le courage dont il a fait preuve face à la maladie à laquelle il a finalement succombé reflétait le courage qui a caractérisé sa vie entière. » Et Michael Adari de relater la réflexion entreprise par le KKL pour respecter son ultime vœu. « Cet homme au cœur en or vivra pour l'éternité au cœur d’Israël », a-t-il conclu. « Alex était une personne vraiment unique, a déclaré, pour sa part, Raymond Bunan, président d'honneur du KKL de France. Nous ne l'oublierons jamais. Nous sommes fiers de son héritage, et la piste cyclable en sa mémoire assurera la transmission de son message. » Selon son ami Charles Silberman, « Israël était inscrit dans les gènes d'Alex. Rien ne pouvait l’arrêter lorsqu'il était en mission. Les derniers chiffres de son numéro de téléphone étaient "1948" ! Israël faisait partie de tout ce qu'il faisait. La région d'Adoulam est le cœur d’Israël. C'est là que le roi David déambulait dans sa jeunesse. Chaque personne qui viendra ici verra le nom d'Alex. Il ne saurait y avoir de plus grand hommage pour lui. » Sensible à ces touchantes marques d'affection, Julie, l'épouse d'Alex, a chaleureusement remercié le KKL de France pour son implication dans ce projet, au nom des quatre enfants du disparu et de tous les siens : « Alex aurait été très fier de voir son nom sur cette plaque et de savoir qu'une piste cyclable porte son nom. Grâce à vous, il continuera à vivre ici pour l'éternité. » ■ www.kkl.fr Le magazine du KKL 22E TROPHÉE DE GOLF SIMON ET BERTRAND LAUFER KKL ON THE GREEN © Rachel Marty S outenue par la compagnie El-Al et la banque Hapoalim, la 22e édition du trophée de golf Simon et Bertrand Laufer a réuni une centaine de joueurs, le jeudi 23 juin dernier, sur le site champêtre du Golf Club d'Apremont, dans l'Oise. Heureux de se retrouver à l'occasion de cette compétition amicale saluant traditionnellement le début de l'été, les amis sportifs du KKL de France se sont affrontés dans la bonne humeur, à laquelle contribuait, cette année, une météo particulièrement clémente. Robert Zbili, président du KKL de France, Fino Edery, son délégué général, et Haïm Cohen, délégué du KKL de Jérusalem, ont dûment félicité les participants, tandis que Carmel Shama Hacohen, ambassadeur d'Israël auprès de l’Unesco, a procédé à la remise des prix aux lauréats du concours. Les bénéfices de la manifestation seront consacrés à la plantation de la forêt des Rabbins, une initiative du grand rabbin de France, Haïm Korsia, et du président du Consistoire, Joël Mergui, en hommage aux ministres du culte juifs déportés ou assassinés pendant la Shoah, dont de nombreux résistants au nazisme. Le KKL de France remercie chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont pris part à ce projet à la mémoire de ces grandes figures du judaïsme français. ■ OLYMPIYYAR DES J.O. BLEUS-BLANCS A lors qu'était lancé le coup d'envoi des XXXIe Jeux olympiques à Rio, de jeunes volontaires du KKL organisaient, en faveur des enfants, leurs propres olympiades dans la forêt de Ben Shemen. En cette chaude journée du 5 août, les « Olympiyyar » ont ainsi transformé pour quelques heures l'aire récréative du Mexique en terrain multisports. Football, golf, tir à la corde, course de relais et d'obstacles, tir à l'arc, funambulisme, karting, tournoi de foot en chaise roulante..., les petits participants ne manquaient pas de choix pour se mesurer à leurs camarades. Les valeurs de l'olympisme, du respect de l'environnement et du sionisme étaient bien sûr au cœur de cette initiative ludique et éducative. Parmi les attractions qui ont accompagné l'événement, les enfants ont eu le plaisir de découvrir l'un des camions anti-incendie ultramodernes de l'institution sioniste (dont deux ont été financés par les amis du KKL de France). L'occasion de sensibiliser le jeune public à la lutte contre les feux de forêt.Très enthousiastes et fiers de leurs exploits, les athlètes en herbe ont visiblement apprécié le cadeau que leur offraient les animateurs du KKL, qui ont ensuite conclu leur année de volontariat par une excursion à Sataf, dans les collines de Jérusalem. ■ Opération de sensibilisation des jeunes à la lutte contre les feux de forêt. Les brèves du KKL ADAMA 21 N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 LE GROUPE DE VISEGRÁD À LA DÉCOUVERTE DE LA FORÊT DE YATIR L e 28 juin dernier, quatre représentants des ambassades de République tchèque, Pologne, Hongrie et Slovaquie, membres du groupe de Visegrád, ont été reçus dans la forêt de Yatir, étendue boisée de 6000 ha située dans le Néguev de l'Ouest, pour une démonstration grandeur nature de l'innovation israélienne en matière d'afforestation des milieux arides et semi-arides. La visite mettait notamment en exergue l'expertise du KKL dans le domaine de la régulation des effets du changement climatique. « Le savoir et le savoir-faire que le KKL a engrangés au cours des années suscitent un grand intérêt dans le monde, a déclaré David Brand, forestier en chef du KKL, en guise d'introduction. C'est seulement grâce à l'investissement du KKL dans la recherche sur l'afforestation que nous sommes aujourd'hui en mesure de partager nos réalisations avec nos collègues étrangers.» Le responsable de la forêt de Yatir, Abed Abu-Alguian, un Bédouin israélien, a expliqué à ses hôtes que les populations locales et les fermiers, y compris en provenance de l'Autorité palestinienne, étaient partie prenante de cet écosystème durable. Le groupe s'est ensuite rendu au centre Weizmann, où il a été accueilli par le célèbre professeur Dan Yakir. Celui-ci leur a délivré un passionnant exposé sur ses dernières découvertes concernant la séquestration du carbone, la gestion optimale de l'eau et l'humidité générée par la forêt. Jacek Chodorowicz, l'ambassadeur de Pologne, s'est dit impressionné par l'engagement des résidents locaux, tandis qu'Andras Kovacs, chef de mission adjoint de l'ambassade de Hongrie, a avoué qu'il n'avait pas connaissance de l'ampleur de l'investissement du KKL dans la recherche. Peter Hulenyi, l'ambassadeur slovaque, et Ivo Schwarz, son homologue tchèque, ont tous deux fait allusion, lors de la plantation d'arbres qui a conclu l'excursion, à leurs grands-parents juifs, fervents soutiens de la cause sioniste, empêchés de se rendre en Israël par le régime communiste. Une revanche sur l'histoire qui a unanimement touché l'assistance. ■ HOMMAGE AU CAPITAINE TZIKA KAPLAN D eux ans ont passé depuis que le capitaine Tzika Kaplan (zal) nous a quittés. Né à Haïfa en 1986, ce jeune père de famille avait été instructeur du mouvement de jeunesse Bné Akiva. Passionné par la nature et la randonnée, combattant aussi courageux que modeste, il est tombé au champ d'honneur lors de l'opération Bordure protectrice. Afin de lui rendre hommage, ses compagnons d'armes de l'unité Golani et sa famille se sont tournés vers le KKL afin de réaliser un point de vue panoramique à sa mémoire. C'est à la date anniversaire de sa disparation, le 20 juillet dernier, que tous les protagonistes du projet se sont rassemblés sur le mont Carmel lors d'une émouvante cérémonie d'inauguration. «Pour nous,Tzvika était comme une colonne de feu qui nous montrait le chemin et la direction que nous devions prendre, a déclaré l'un de ses camarades, Asher Tamano. Il était très attaché à la transmission des valeurs juives, et nous l'écoutions tous, laïcs et religieux confondus. Grâce à lui, tous s'entendaient bien. » Ses proches se sont réjouis que le point de vue qui porte désormais son nom, où une légère brise venue de la mer tempère l'agressivité du soleil estival, donne sur le Sentier national d'Israël, qu'il appréciait tant. Dernier à prendre la parole, Yehuda Kaplan, le père du disparu, a remercié l'architecte paysagiste Hanna Cohen pour son aide dans la planification du site. Il a également eu des mots très chaleureux pour les représentants du KKL à la cérémonie, Michael Ben Abu, Pnina Zeisler and Yuval Itah, qui ont répondu immédiatement et gracieusement à sa requête. Tous ceux qui aimaient Tzika se sont promis de se réunir chaque année en cet écrin de verdure. ■ Les brèves du KKL ADAMA N °81 - T I C H R I 5777 / 2016 22 Le magazine du KKL Nos aînés www.kkl.fr rs i n e S sur les traces de Rachi C lu b KL du K T oujours aussi avides de connaissances et curieux de découvertes en tous genres, les participants, accompagnés par Raymond Bunan, président d'honneur du KKL de France et président du Club seniors, et son épouse, ont été chaleureusement accueillis par les représentants de la communauté juive troyenne, notamment son président, Charles Aïdan, qui a conduit la visite avec profession-nalisme et dévouement. Le programme de cette riche journée a débuté par une promenade guidée dans la magnifique cité médiévale où Rachi a formulé ses inestimables commentaires. S'il n'existe quasiment plus de vestiges du quartier juif de l'époque, une sculpture sphérique signée par Raymond Moretti témoigne de la gloire passée d'un savant respecté bien audelà des frontières de sa communauté. Après un déjeuner convivial, les visiteurs se sont rendus au centre universitaire Rachi. Sa directrice, Géraldine Roux, y a donné une conférence très instructive sur la vie du rabbin champenois et sur son œuvre d'exégèse de la Bible et du DR Afin de clore en beauté la première année d'activités de son Club seniors, le KKL a organisé, le mardi 21 juin, premier jour de l'été, une excursion à Troyes en faveur des amis retraités de l'institution sioniste. Une soixantaine de personnes ont profité de cette escapade champenoise à la rencontre du plus célèbre commentateur juif français du Moyen Âge. Une brochure pour vous aider à y voir plus clair Le KKL-JNF est au service de celles et ceux qui souhaitent que tout ou partie de leur patrimoine soit consacré au développement de l’État d’Israël. Mais , concrètement, pourquoi léguer au KKL ? Comment ? Avec quelles garanties ? Pour répondre à ces questions, le KKL-JNF a édité une brochure accessible et pédagogique. Pour recevoir cette brochure, sans engagement de votre part, contactez Lynda : 01 42 86 54 93 ou [email protected] Talmud. Enfin, les membres du Club seniors ont pu apprécier la splendide synagogue du centre culturel Rachi, dont les travaux de restauration étaient alors en cours d'achèvement. Inauguré en septembre, cet espace rénové proposera, dès 2017, des offres touristiques, des cours et des conférences. Alliant culture, lien social et par tage, cette sortie a fait l'unanimité auprès des principaux intéressés, impatients de prendre part à la prochaine activité du Club seniors du KKL. Alors, à très bientôt pour de nouvelles aventures ! ■ Plus d'informations sur le Club Seniors auprès de Lynda (01 42 86 54 93 ou [email protected]) ou sur kkl.fr Nouveau : votre « Carte d’adhésion au Club Seniors » Fort de son succès, le Club Seniors du KKL crée sa « Carte Seniors » pour l’année 5777. Cette carte vous offre les avantages suivants : Faire partie de la famille « club seniors » du KKL Tarif préférentiel sur les activités du club Priorité sur les inscriptions Une dizaine d’activités sur l’année Certificat de plantation d’un arbre en votre nom Information et adhésion auprès de Lynda au 01 42 86 88 88