Revue Hématologie 2010 ; 16 (5) : 372-81 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Mécanismes cellulaires de la réponse immune anti-FVIII chez les patients hémophiles A Cells mechanisms of factor VIII specific immune response in hemophilia A patients 1* Christopher Cayzac Isabelle Diaz2* Priscilla Lapalud1 Jean-Pierre Vendrell1 Christine Biron Andreani3 Jean-François Schved3 Géraldine Lavigne-Lissalde1,3 1 UMR 3145 SysDiag CNRS/Bio-Rad, Cap Delta/Parc Euromédecine, Montpellier 2 Institut pour la recherche en biothérapie, Saint-Eloi, Montpellier 3 Centre régional de traitement de l’hémophilie, Hôpital Universitaire Saint-Eloi, Montpellier <[email protected]> * Ces auteurs ont contribué de façon égale à ce travail. Résumé. Le développement d’allo-anticorps (Acs) anti-facteur VIII (FVIII) est actuellement la complication majeure du traitement des patients atteints d’hémophilie A (HA). Elle survient chez 25 à 30 % des patients traités par FVIII substitutif. Améliorer la prévention et tenter d’éradiquer ou de neutraliser ces anticorps anti-FVIII sont des préoccupations constantes pour les cliniciens et les scientifiques. L’étude de la réponse cellulaire et humorale qui détermine l’apparition d’inhibiteurs est un outil indispensable à l’amélioration de la prédiction et du traitement des inhibiteurs. Différentes cellules sont impliquées dans la réponse spécifique anti-FVIII telles que les macrophages, les cellules dendritiques, les lymphocytes B (LB) ou les lymphocytes T (LT). Cette revue a pour but de synthétiser les connaissances actuelles des mécanismes cellulaires impliqués dans la réponse immune anti-FVIII chez les patients HA traités. Mots clés : hémophilie A, lymphocytes B, facteur VIII, ELISpot Abstract. Nowadays, the development of anti-factor VIII (FVIII) antibodies (Abs) is the main complication of the treatment of haemophilia A (HA) patients It concerns 25 to 30 % of patients treated by substituted FVIII. Improve the prevention and try to eradicate or to neutralize these antibodies remain a challenge for both clinicians and scientists. Many studies give a lot of information on the anti-FVIII immune response. Different cells are implied in the anti-FVIII specific response such as macrophages, dendritic cells, lymphocytes B (LB) or lymphocytes T(LT). This review aims to summarize the current knowledge on the cellular mechanisms involved in the anti-FVIII immune response of treated HA patients. Key words: hemophilia A, B-cells, factor VIII, ELISpot 1 Tirés à part : G. Lavigne-Lissalde 372 – les hémophilies sévères où le taux résiduel de l’activité coagulante du FVIII est inférieur à 1 % ; – les hémophilies modérées avec des taux compris entre 1 et 5 % ; – les formes mineures avec des taux compris entre 5 et 40 %. Le traitement repose sur les injections de concentrés de facteur VIII plasmatique ou recombinant. Les modalités thérapeuHématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 doi: 10.1684/hma.2010.0503 L’ hémophilie A (HA) est une affection hémorragique héréditaire transmise selon un mode récessif lié au chromosome X, due à un déficit en facteur VIII (FVIII) de la coagulation. La sévérité clinique dépend de l’importance du déficit en FVIII. On distingue classiquement : Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. tiques sont le traitement curatif à la demande lors de la survenue d’un épisode hémorragique ou le traitement prophylactique, traitement substitutif préventif par injections répétées de FVIII. La complication iatrogène majeure la plus redoutée est actuellement l’apparition d’allo-anticorps (allo-Acs) anti-FVIII, appelés inhibiteurs, neutralisant l’activité procoagulante du FVIII et rendant inefficaces les traitements substitutifs conventionnels. Ces Acs inhibiteurs apparaissent chez 15 à 30 % des hémophiles A sévères [1], le plus souvent dans les 50 premiers jours d’exposition aux concentrés de FVIII substitutifs (jours cumulés en présence de l’antigène [JCPA]). Ces inhibiteurs sont des Acs polyclonaux, majoritairement des immunoglobulines de type G (IgG) [2, 3]. Les raisons pour lesquelles ce type de réponse immune apparaît chez certains patients sont mal définies. Cependant, des facteurs de risque influençant le développement d’inhibiteurs ont été bien mis en évidence. Il s’agit de facteurs intrinsèques propres au patient, ou extrinsèques et donc dépendants des modalités de traitement choisies. Le traitement des accidents hémorragiques survenant chez un patient avec inhibiteurs pose de gros problèmes thérapeutiques et nécessite l’utilisation de produits court-circuitant l’action du FVIII. Le traitement de fond est l’instauration d’une induction de tolérance immune (ITI). L’ITI consiste en l’administration régulière de très fortes doses de FVIII pour neutraliser l’inhibiteur et en obtenir la disparition attestée par la nondétection de l’inhibiteur et un taux de récupération normal du FVIII lors des études cinétiques associée à une demi-vie normale. Différents protocoles existent en fonction des doses et du rythme d’injection [4-7]. Cependant, l’ITI est un traitement extrêmement contraignant (surtout chez le jeune enfant avec un abord veineux plus difficile), très coûteux [8, 9] et dont l’issue est associée à 30 % d’échecs [10, 11]. Les mécanismes immunologiques impliqués dans le développement d’inhibiteurs ou dans la modulation de cette réponse immune par les protocoles d’ITI chez les HA traités sont, malgré de nombreuses études, mal connus. L’identification des circonstances et des causes de développement d’un inhibiteur sont des thèmes de travail importants dans le domaine de l’hémophilie. La recherche des cellules impliquées dans la réponse immune anti-FVIII a fait l’objet de nombreuses études qu’il s’agisse des lymphocytes T (LT), des lymphocytes T régulateurs (LTreg), des cellules dendritiques (CD), des macrophages et des lymphocytes B (LB) [12-18]. Des modèles murins d’hémophilie A sévère (souris KO pour le gène du FVIII) ont permis d’étudier plus facilement les mécanismes cellulaires impliqués dans la réponse immune anti-FVIII [19, 20], les LB, et plus particulièrement les LB mémoires impliqués à différents niveaux dans la physiopathologie. Dans cette revue, nous étudierons successivement : – les mécanismes généraux de la réponse immune dirigée contre le FVIII ; – les données expérimentales récentes issues de la littérature ; – les moyens d’étude des cellules spécifiques de la réponse immune anti-FVIII. Liste des abréviations Acs Afssaps BCR CD CPA CTLA4 CMHII ELISA ELISpot FVIII HA Ig IL ITI JCPA LB LT LTh LTreg TCR TGF TNF UKHCDO anticorps agence française de sécurité sanitaire des produits de santé B cell receptor cellule dendritique cellule présentatrice de l’antigène cytotoxic T lymphocyte associated protein 4 complexe majeur d’histocompatibilité de type II enzym-linked immunosorbent assay enzym link immunosorbent spot facteur VIII hémophile A immunoglobuline interleukine induction de tolérance immune jours cumulés en présence de l’antigène lymphocyte B lymphocyte T lymphocyte T helper lymphocyte T régulateur T cell receptor transforming growth factor tumor necrosis factor UK Haemophilia Centre Doctors’ Organization Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 Mécanismes cellulaires généraux de la réponse immune anti-FVIII Le développement d’allo-Acs dirigés contre le FVIII thérapeutique répondrait au mécanisme classique d’une réponse humorale T dépendante dans le cas d’un antigène soluble. Schématiquement, durant la réponse immune primaire, l’antigène est capté de façon non spécifique par une cellule présentatrice d’antigène (CPA), qui présente celui-ci sous forme de peptides exposés sur le complexe majeur d’histocompatibilité de type II (CMH II). Puis, après migration dans un organe lymphoïde secondaire, le complexe CMHII-peptide est présenté aux LT CD4+. La reconnaissance spécifique entre le complexe CMHII-peptide et le récepteur TCR du LT CD4+ entraîne l’activation du LT CD4+ spécifique de l’antigène, sa prolifération et sa différenciation en LT mémoire et en LT helper (LTh) (figure 1). Le LTh est capable d’apporter les signaux nécessaires à l’activation de LB spécifiques de l’antigène. L’activation du LB induit sa prolifération et sa différenciation d’une part en cellules sécrétrices d’Ig spécifiques de l’antigène (plasmocytes) et, d’autre part, en LB mémoires spécifiques. La réponse immune anti-FVIII suivrait ce schéma simplifié [21] (figure 2). 373 Peptides FVIII CPA CMHII LT TCR Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. + Signaux de danger LT helper Figure 1. Activation d’un LT CD4+ par une CPA. Interaction spécifique entre le CMHII-peptide d’une CPA ayant capté un antigène et le TCR d’un LT CD4+ conduisant à l’activation du lymphocyte T. Peptides FVIII CMHII TCR LT helper LB Plasmocytes LB mémoires Figure 2. Activation d’un LB par une cellule T effectrice. Interaction spécifique entre le CMHII-peptide d’un LB ayant capté un antigène et le TCR d’un LT CD4+ conduisant à l’activation du lymphocyte B. Réponse immunitaire primaire anti-FVIII Localisation et circonstance de la première rencontre CPA/FVIII 374 LT mémoires Les raisons de la forte immunogénicité du FVIII thérapeutique comparé à d’autres protéines thérapeutiques sont encore indéterminées. Le lieu et la circonstance de la première rencontre entre le FVIII et la CPA sont mal connus. Cette rencontre pourrait s’effectuer sur le site de saignements répétés, comme les articulations, zone d’inflammation chronique, favorisant le recrutement et l’activation de CPA [22, 23]. Les CPA ayant capté le FVIII pourraient alors initier la réponse immunitaire spécifique dans les organes lymphoïdes secondaires. La rate aurait un rôle potentiel dans cette première rencontre. En effet, une accumulation majoritaire de FVIII au niveau de la zone marginale de la rate apparaît après administration de FVIII radio-marqué chez des modèles murins d’hémophilie [19]. Les antigènes présents dans le sang circulant rencontrent au niveau de la rate les macrophages, CD et LB jouant potentiellement un rôle de CPA. L’accumulation du FVIII au niveau de la zone marginale de la rate pourrait favoriser sa prise en charge par les CPA. De plus, il a été montré qu’une Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 d’Acs de haute affinité pour l’antigène et la commutation de classe au travers de la sécrétion de cytokines dans l’environnement des LB situés dans les centres de germination des organes lymphoïdes secondaires [26]. La génération d’Acs inhibiteurs de la classe IgG nécessite l’aide de LTh CD4+ antigène spécifique [27]. De plus, la disparition des inhibiteurs est corrélée à l’effondrement des LT CD4+ chez les patients hémophiles infectés par le VIH déclarant le statut du sida [7]. Les LT CD4+ sondent, par l’intermédiaire de leur TCR, les complexes CMHII-peptides présentés par les CPA. Cette interaction spécifique conduit à la formation d’une synapse immunologique, caractérisant le relais entre l’immunité acquise et l’immunité adaptative spécifique d’un antigène. Dans cette synapse immunologique, l’interaction entre le CMHII-peptide de la CPA et le TCR du LT CD4+ est appelée signal 1 (figure 3). Il s’ensuit le signal 2 ou signal de costimulation entre le CD40 (CD) et le CD40L (LT), puis le CD80/CD86 (CD) et le CD28 (LT). Les deux signaux induisent la sécrétion de cytokines par les deux cellules (signal 3). Ces cytokines jouent un rôle de médiateurs dans la réponse immunitaire. Il existe des cytokines anti-inflammatoires et pro-inflammatoires qui orientent le type de LTh impliqué dans une réponse immunitaire. Le polymorphisme génétique, notamment des régions promotrices des gènes codant pour la cytokine pro-inflammatoire TNFα et anti-inflammatoire IL10, influence le risque de développer des inhibiteurs [28]. Un polymorphisme génétique dans le promoteur du gène de l’IL10 (allèle 134) a été démontré comme facteur de risque génétique de développer un inhibiteur. Les inhibiteurs sont rapportés chez 72,7 % des patients por- splénectomie entraînait une réduction significative mais non nulle de la réponse anti-FVIII. Ainsi, la rate jouerait un rôle important dans l’élaboration de la réponse immune primaire anti-FVIII [19]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Les CPA du FVIII Les CD sont capables de capter et présenter le FVIII aux LT [12]. L’équipe de Pfistershammer a montré que l’activation primaire d’un LT CD4+ spécifique du FVIII nécessitait son interaction avec une CD mature [13]. La maturation d’une CD nécessite des signaux de danger tels que des produits dérivés de pathogènes ou des cytokines inflammatoires. Le FVIII ne pourrait pas induire à lui seul une réponse immunitaire adaptative primaire par l’intermédiaire des cellules dendritiques. Les LB ont un rôle potentiel de CPA : ils sont capables de présenter un antigène et de délivrer le signal de costimulation au LT naïf [14, 15]. Les macrophages, capables de capturer les antigènes, sont également potentiellement impliqués dans la présentation du FVIII [13]. Une fois internalisé par une CPA, le FVIII est protéolysé en peptides de 9 à 14 résidus et apprêté sur les molécules de CMHII exprimées à la surface des membranes [24]. Ces CPA matures sont alors capables de migrer dans les organes lymphoïdes secondaires. Mise en place de l’immunité adaptative : rôle des LT L’implication des LT a été démontrée dans la réponse immune anti-FVIII [17, 18, 25]. Les LT CD4+ régulent la production Signal 2 CD80/86 CD28 Signal 1 CPA CMHII TCR CD40 CD40L Signal de costimulation LT CD4+ Cytokines : signal 3 Signaux 1, 2 et 3 Cytokines : signal 3 Activation du LT CD4+ Figure 3. Synapse immunologique. Interaction entre une CPA ayant capté un antigène et un LT CD4+ spécifique de l’antigène. Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 375 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. teurs de l’allèle 134 dans le promoteur du gène IL10 et chez seulement 37,5 % des patients non porteurs. Concernant le polymorphisme du gène TNFα, la présence d’inhibiteurs est retrouvée chez 72,7 % des patients avec le génotype SNIP TNFA-308 A/A contre 39,7 % des patients TNFA-308 G/G et 46,9 % des patients TNFA-308 G/A (étude sur 78 familles d’hémophiles A). Le génotype SNIP TNFA-308 A/A du gène TNFα semble donc être un facteur de risque de développer des inhibiteurs anti-FVIII [29]. L’activation du LT CD4+ induit une prolifération clonale et leur différenciation en LTh et LT mémoires (figure 3). La catégorie des LTh générés est notamment définie par le type de cytokines qu’elles sont capables de sécréter [30, 31]. Les Th1 sécrètent de l’IFNγ et de l’IL2, cette catégorie de cellules T effectrices étant associée à une immunité de type cellulaire. Les Th2 sécrètent de l’IL4 et de l’IL10, et ils sont associés à une immunité de type humorale et aux réactions allergiques. Chez l’homme, une réponse de type Th1 induit majoritairement le développement d’IgG1 et IgG3, soustypes d’Ig qui lient le complément. Une réponse de type Th2, conduit au développement d’IgG4, sous-classe d’IgG qui ne lie pas le complément. Ainsi, en analysant le profil des IgG, il est possible de déterminer le type de LTh impliqué dans la réponse immune anti-FVIII [32]. Les Th17 impliqués dans certaines maladies auto-immunes et inflammatoires produisent l’IL17, cytokine aux propriétés pro-inflammatoires [33, 34]. La régulation et les fonctions de ces Th17 ne sont pas encore claires. Les Treg peuvent être classés en deux groupes : adaptatifs et naturels [35, 36]. Les Treg naturels sont originaires du thymus. Les Treg adaptatifs sont induit en périphérie après exposition à l’antigène dans des circonstances favorisant la tolérance (costimulation limitée par l’IL10 ou molécules immuno-suppressives, par exemple). Ces cellules régulatrices induites semblent jouer leur rôle suppresseur par production d’IL10 et de TGFβ [37]. Les Treg naturels sont des cellules qui expriment constitutivement le cytotoxic T lymphocyte associated protein 4 (CTLA4) leur permettant d’inhiber les cellules effectrices [37]. Le polymorphisme C/T-318 du gène codant pour la région promotrice du CTLA-4 a été associé à une surexpression du CTLA-4 rapporté comme ayant un effet protecteur significatif face à la formation d’inhibiteurs antiFVIII [38]. Les LTreg semblent jouer un rôle important dans l’immunité impliquant le FVIII. Induction de LB mémoires 376 Les LTh sont capables d’activer spécifiquement un LB ayant internalisé son antigène spécifique. Le LB reconnaît le FVIII par l’intermédiaire de son BCR (IgD ou IgM membranaire) et après protéolyse du FVIII, les peptides sont exposés à la surface cellulaire sur le CMHII. Le LTh sonde le complexe CMHIIpeptide des LB avec son TCR. Une interaction spécifique conduit à l’activation du LB. Cette activation induit alors la formation d’un centre de germination dans l’organe lymphoïde secondaire avec prolifération clonale du LB éventuellement des commutations de classes, et différenciation en LB mémoires et plasmocytes sécréteurs d’anticorps spécifiques du FVIII. Réponse immunitaire secondaire anti-FVIII Les LB et LT mémoires générés lors de la réponse immunitaire primaire jouent un rôle prépondérant chez les patients atteints d’HA. En effet, lors d’une nouvelle exposition au FVIII, ces cellules s’activent et sont capables d’une prolifération et d’une différenciation rapide rendant la réponse plus efficace [39]. Les LB mémoires activés prolifèrent, générant de nouveaux LB mémoires et des plasmocytes sécrétant des Ig plus affines pour leur antigène et donc plus efficaces pour neutraliser le FVIII thérapeutique (figure 4). Données expérimentales issues de la littérature L’étude des mécanismes immunologiques à l’origine du développement d’un inhibiteur chez certains patients et de la modulation de cette réponse par les protocoles d’ITI a fait l’objet de nombreux travaux. Cependant, beaucoup d’inconnues persistent. La faible incidence de la maladie et du développement d’inhibiteurs, ainsi que la complexité d’une étude des mécanismes cellulaires, rendent les études cliniques difficiles. Les perturbations des mécanismes immunologiques normaux de tolérance semblent jouer un rôle important dans le développement d’Acs dirigés contre le FVIII. En effet, le risque de développer un inhibiteur est plus important si l’anomalie génétique ne permet pas la synthèse du FVIII, et donc l’incapacité de développer une tolérance centrale [39]. Par ailleurs, l’ARNm du FVIII est présent dans le thymus de souris non HA indiquant potentiellement un rôle dans une tolérance centrale pour le FVIII. Il a également été montré qu’une injection de FVIII intrathymique chez une souris knock-out pour le FVIII induisait une tolérance vis-à-vis de celui-ci [40, 41]. Ces données suggèrent qu’en situation « normale », c’està-dire chez un individu non hémophile ou chez un hémophile A sans inhibiteur, les cellules B et T autoréactives vis-à-vis du FVIII sont éliminées par le mécanisme de tolérance centrale. L’implication des LTreg dans la réponse immunitaire anti-FVIII fait l’objet de nombreux travaux. Reipert et al. ont émis l’hypothèse qu’une exposition chronique au FVIII dans des conditions de « non-danger » (sans stimulus additionnel tel que des agonistes pour certains TLR nécessaires au développement d’une réponse immunitaire effective) chez des patients HA pourrait induire la création de cellules Treg spécifiques du FVIII capables de supprimer l’activité de LT effecteurs dirigés contre le FVIII et ainsi la réponse humorale anti-FVIII médiée par les LB [42] (figure 5). Par ailleurs, cette équipe suggère un rôle potentiellement important de stimuli pro-inflammatoires encore indéterminés qui permettraient le développement de la réponse immunitaire contre le FVIII. Les IgG4 sont principalement retrouvés chez les patients présentant un fort titre d’inhibiteurs probablement résultant des expositions répétés au FVIII substitutif [32]. La présence d’IgG4 témoigne de l’implication des Th2 dans la réponse Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 Réponse immunitaire primaire T Cellules B mémoires Cellules T mémoires B Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Réexposition au FVIII Prolifération clonale B B B B B Plasmocytes B Figure 4. Réponse immunitaire secondaire. Les LT et LB mémoires s’activent rapidement suite à une réexposition au FVIII. Peptides FVIII TCR CMHII CPA LT LTreg + Signaux de danger LT helper Peptides FVIII CMHII LB Plasmocytes TCR LT mémoires LT helper LB mémoires Figure 5. Implication des LTreg dans la réponse immunitaire anti-FVIII. Inhibition de l’activation d’un LT CD4+ spécifique du FVIII par un LTreg. immune développée contre le FVIII. Récemment, il a été montré que l’IL4 produite par les LTh2 prévient la formation de LTreg en inhibant la régulation effectuée par le facteur de transcription FOXP3 [43]. La molécule FOXP3 joue un rôle déterminant dans le développement et le fonctionnement des Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 LTreg. Des mutations du gène codant pour FOXP3 sont responsables chez l’homme de maladies auto-immunes sévères [44, 45]. Il apparaît ainsi cohérent que l’échec d’ITI chez ces patients avec inhibiteurs d’isotype IgG4 soit plus fréquent [46]. 377 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. L’analyse des sous-classes d’IgG sur une cohorte de patients atteints d’HA congénitale a montré que le succès d’une ITI était corrélé à une prédominance d’une réponse immunitaire Th1 (lymphocytes TH1 responsables de la formation d’anticorps de sous-classe IgG1 et IgG3), tandis que les patients développant une réponse anamnestique importante contre le FVIII thérapeutique présentaient une réponse Th2 conduisant à la formation d’IgG4 principalement [32]. Leurs résultats montrent par ailleurs que la réponse Th1 prédomine chez les patients présentant un faible titre en inhibiteurs après ITI ou traitement immunosuppresseur. Ainsi, la réponse Th1 serait impliquée dans le maintien à long terme de la réponse antiFVIII, tandis que la réponse Th2 serait impliquée dans une réponse forte contre le FVIII. L’interaction entre les CPA et les LT CD4+ semble être un événement cellulaire au centre de la réponse immunitaire développée contre le FVIII chez les patients HA traités. En effet, l’utilisation d’Acs anti-CD40L, anti-CD80 ou antiCD86 bloque le signal de costimulation et prévient ponctuellement la formation d’Acs anti-FVIII dans le cadre d’une réponse immune secondaire ou primaire chez des souris naïves pour le FVIII [47, 48]. Le contexte dans lequel est présenté le FVIII par les CPA aux LT CD4+ peut s’avérer être un élément important sur le développement d’inhibiteurs. Ce contexte comprend les conditions et l’environnement dans lequel la CPA capte le FVIII et la présentation des peptides du FVIII sur le CMHII. Récemment, Dimitrov et al. ont montré que l’induction d’une enzyme, aux propriétés anti-inflammatoire (Heme oxygenase-1), avant administration de FVIII chez des souris HA réduisait significativement la réponse immunitaire humorale contre le FVIII et était associée à une diminution de l’expression du CMHII par les CPA de la rate. Ainsi, induire une réponse anti-inflammatoire endogène avant administration de FVIII pourrait être une nouvelle stratégie thérapeutique pour éviter le développement d’inhibiteurs [20]. L’influence exercée par le type de concentrés de FVIII utilisés (plasmatique ou recombinant) reste un sujet largement discuté [49]. L’origine ethnique africaine ou afro-américaine accentue le risque de développer des Acs anti-FVIII [50, 51]. Certaines variations génétiques ou polymorphismes concernant le FVIII pourraient contribuer à cette prédisposition [52]. La façon dont les peptides du FVIII sont présentés par le CMHII pourrait jouer un rôle dans le développement d’inhibiteurs. Moyens d’étude des cellules spécifiques de la réponse immune anti-FVIII 378 La réponse immune anti-FVIII obéit au schéma immunologique classique d’une réponse humorale. Ainsi, chez un patient HA avec inhibiteur, donc sensibilisé au FVIII, il y a production d’Acs spécifiques du FVIII par des cellules sécrétrices d’Ig. Les mécanismes cellulaires conduisant à la synthèse d’inhibiteurs impliquent les différentes cellules décrites précédem- ment. Certaines sont dites non spécifiques comme par exemple les CD qui vont reconnaître l’antigène et initier la réponse en le présentant aux cellules spécifiques représentées par les LB et LT essentiellement. La réponse immune mise en place est donc adaptée à l’antigène. L’étude des cellules spécifiques du FVIII s’est développée ces dernières années dans le but de mieux comprendre les mécanismes de la réponse immune chez les patients avec inhibiteurs. Les LT, LB et LB mémoires spécifiques du FVIII semblent jouer un rôle essentiel mais leur étude nécessite la détection de cellules rares et spécifiques d’un antigène, or peu de moyens sont actuellement disponibles. Les techniques de cytométrie en flux permettent de détecter et de trier des cellules circulantes, parfois présentes à des taux très faibles à partir de leurs marqueurs membranaires ; cependant à l’intérieur d’une population de LT, LB ou de LB mémoires, il n’est pas encore possible de détecter quelques cellules spécifiques d’un antigène. L’ELISpot (enzyme link immunosorbent spot) est une technique développée il y a quelques années et utilisée pour dénombrer des cellules rares humaines à partir du sang périphérique. Elle semble être actuellement le système le plus adapté pour étudier les cellules spécifiques de l’immunité. La technique ELISpot L’ELISpot est utilisé depuis de nombreuses années en infectiologie afin de détecter et dénombrer des LT et LB spécifiques par exemple de l’hépatite B, du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), de la tuberculose, permettant par exemple d’évaluer un réservoir viral (HIV), la présence de cellules impliquées dans l’immunité vaccinale (hépatite B) [54–56]. Elle a été récemment utilisée dans le domaine de l’hémophilie pour dénombrer les LB mémoires spécifiques du FVIII chez les patients HA ayant développé un inhibiteur [42]. Le système est basé sur la capacité d’une cellule à sécréter une molécule spécifique, comme par exemple des molécules virales du VIH ou l’Interféron γ pour les LTCD4+, des Ig spécifiques d’un antigène pour les plasmocytes. Concrètement, les cellules sécrétrices sont déposées en nombre défini sur une membrane de nitrocellulose sensibilisée par des Acs ou des antigènes permettant de fixer la molécule d’intérêt qui doit être sécrétée. Après un temps d’incubation défini, les cellules sécrétrices sont éliminées et il reste localement les produits de sécrétion fixés à la membrane. Après une étape de révélation (réaction colorée ou marquage fluorescent), ces produits de sécrétion apparaissent sous forme « d’immunospots » visibles au microscope. Chaque immunospot correspond à une cellule sécrétrice de la molécule d’intérêt. Ainsi, la technique ELISpot permet de détecter et de dénombrer des cellules spécifiques (figure 6). Les LB mémoires sont, des cellules quiescentes. Leur dénombrement par ELISpot nécessite donc une étape supplémentaire consistant à stimuler les cellules afin qu’elles se différencient en cellules sécrétrices d’Ig (plasmocytes, plasmablastes). Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 1) Anticorps de capture (anti-lgG, anti-lgA ou anti-lgM) Membrane de nitrocellulose Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. 2) Dépôt des cellules B isolées, après activation : sécrétion d'immunoglobulines Fixation des lg 3) Révélation des lg spécifiques du FVIII Un spot = une cellule B mémoire spécifique du FVIII Facteur VIII marqué Membrane de nitrocellulose Figure 6. Principe de l’ELISpot. Trois grandes étapes : sensibilisation de la membrane ; capture des sécrétions cellulaires ; révélation. Application à l’exploration des LB mémoires spécifiques du FVIII On sait aujourd’hui que les LB mémoires peuvent être retrouvés dans le sang circulant. Ils sont spécifiques d’un antigène, quiescents et à longue durée de vie. Ils participent de manière prépondérante à la réponse immune secondaire et jouent un rôle essentiel dans le maintien de la réponse immune spécifique. Ainsi, après réexposition à l’antigène (par exemple, l’injection de FVIII thérapeutique) les cellules mémoires sont capables d’une prolifération et d’une différenciation rapide apportant une réponse de plus en plus efficace contre l’antigène cible. Les LB mémoires représentent 15 à 40 % des LB totaux circulants chez un adultes soit moins de 0,1 % des cellules totales du compartiment circulant [53]. La plupart des données de la littérature concernant les LB mémoires sont issues d’études réalisées à partir de modèles murins d’hémophilie A sévère. Chez la souris, il a tout d’abord été montré la persistance de cellules sécrétrices d’Acs anti-FVIII dans la rate et la moelle osseuse après traitement par du FVIII humain [57]. Plus récemment, un travail a rapporté que de fortes doses de FVIII chez la souris pourraient inhiber la restimulation des LB mémoires spécifiques du FVIII et leur différenciation en cellules sécrétrices d’Acs anti-FVIII [58]. Il existerait in vivo et in vitro un seuil d’inhibition de la réponse spécifique des LB mémoires anti-FVIII. L’inhibition est rapportée Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010 comme étant irréversible et faisant potentiellement intervenir la voie des caspases (enzymes impliquées dans les voies de signalisation de l’apoptose). Ainsi l’éradication de LB mémoires spécifiques du FVIII pourrait être un événement précoce important de l’ITI [58]. Dans un article de revue à paraître en 2010, Reipert et al. ont étudié les mécanismes d’activation et d’inhibition des LB mémoires à de fortes concentrations de FVIII. L’utilisation de cellules CD138- issues de rate de souris hémophiles traitées par FVIII a été pratiquée pour étudier la restimulation et la différenciation des LB mémoire in vitro. Les auteurs ont testé la modulation de l’activation de la réponse immune cellulaire par les agonistes des récepteurs Toll-like (TLR) 2, 3,4, 5, 7 et 9. Les ligands pour les récepteurs TLR7 et 9 ont été les plus efficaces. Le ligand, CpG, un ligand pour TLR 9, a exprimé des effets biphasiques. Il amplifie la réponse B mémoire à de faibles concentrations de FVIII et s’avère capable d’inhiber la réponse B mémoire à de fortes concentrations de FVIII. Les deux activités de stimulation et d’inhibition du CpG résultent d’interactions spécifiques avec le récepteur TLR9. Ces données permettront d’améliorer les études de la réponse mémoire chez l’homme et plus particulièrement chez le patient hémophile [59]. En effet, il existe encore trop peu de données sur le rôle et les mécanismes d’activation et d’inhibition des LB issues d’études chez l’homme. Une seule étude est actuellement disponible dans laquelle la technique ELISpot a été utilisée pour étudier les LB 379 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. 380 mémoires chez des patients HA sévères [46]. Les résultats ont montré la présence de cellules sécrétrices d’IgG anti-FVIII dans le sang circulant de patients avec inhibiteurs alors qu’aucune cellule sécrétrice d’IgG anti-FVIII n’était détectée chez les patients sans inhibiteur ou traités avec succès par ITI. Ceci suggère une disparition ou une anergie des LB mémoires spécifiques du FVIII après traitement par ITI. La difficulté d’une étude des mécanismes cellulaires (travail sur du sang total, cultures cellulaires, manque de reproductibilité et difficulté d’activation) associée à la rareté des cellules étudiées rend les essais chez l’homme très difficiles, c’est pourquoi la majorité des données sont issues de modèles animaux. Des études supplémentaires chez l’homme sont nécessaires afin de confirmer ces résultats et d’essayer de préciser le rôle de ces LB mémoires tant dans la réponse immune que dans l’ITI. 6. DiMichele DM, Hoots WK, Pipe SW, Rivard GE, Santagostino E. International workshop on immune tolerance induction: consensus recommendations. Haemophilia 2007 ; 13 : 1-22. Conclusion 13. Pfistershammer K, Stöckl J, Siekmann J, Turecek PL, Schwarz HP, Reipert BM. Recombinant factor VIII and factor VIII-von Willebrand factor complex do not present danger signals for human dendritic cells. Thromb Haemost 2006 ; 96 : 309-16. Le développement d’inhibiteurs chez les patients hémophiles A sévères traités par du FVIII substitutif reste une complication iatrogène redoutable. De nombreuses études s’attachent à comprendre les mécanismes immunologiques impliqués dans la réponse immune anti-FVIII dans le but de mieux prendre en charge, voire de prévenir le développement d’inhibiteurs. L’éradication des inhibiteurs par des protocoles d’ITI consistant à administrer de fortes doses de FVIII reste un phénomène mal compris. De récents progrès ont permis de mettre en évidence les différentes cellules impliquées, à partir notamment de modèles murins d’hémophilie A. L’importance des LT et des LB mémoire à la fois dans le développement de la réponse immune mais également dans la modulation de cette réponse dans l’ITI apparaît de plus en plus évidente mais de nouvelles approches biologiques seront nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes impliqués. ■ 7. Développement des inhibiteurs et prise en charge chez les patients hémophiles traités par FVIII ou IX d’origine plasmatique ou recombinante. 2006. Rapport Afssaps. 8. Chang H, Sher GD, Blanchette VS, Teitel JM. The impact of inhibitors on the cost of clotting factor replacement therapy in Haemophilia A in Canada. Haemophilia 1999 ; 5 : 247-52. 9. Rothschild C, Laurian Y, Satre EP, et al. French previously untreated patients with severe hemophilia A after exposure to recombinant factor VIII: incidence of inhibitor and evaluation of immune tolerance. 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