teurs de l’allèle 134 dans le promoteur du gène IL10 et chez
seulement 37,5 % des patients non porteurs. Concernant le
polymorphisme du gène TNFα, la présence d’inhibiteurs est
retrouvée chez 72,7 % des patients avec le génotype SNIP
TNFA-308 A/A contre 39,7 % des patients TNFA-308 G/G
et 46,9 % des patients TNFA-308 G/A (étude sur 78 familles
d’hémophiles A). Le génotype SNIP TNFA-308 A/A du gène
TNFαsemble donc être un facteur de risque de développer
des inhibiteurs anti-FVIII [29].
L’activation du LT CD4+ induit une prolifération clonale et leur
différenciation en LTh et LT mémoires (figure 3).
La catégorie des LTh générés est notamment définie par le
type de cytokines qu’ellessontcapablesdesécréter[30,31].
Les Th1 sécrètent de l’IFNγet de l’IL2, cette catégorie de
cellules T effectrices étant associée à une immunité de type
cellulaire. Les Th2 sécrètent de l’IL4 et de l’IL10, et ils sont
associés à une immunité de type humorale et aux réactions
allergiques. Chez l’homme, une réponse de type Th1 induit
majoritairement le développement d’IgG1 et IgG3, sous-
types d’Ig qui lient le complément. Une réponse de type Th2,
conduit au développement d’IgG4, sous-classe d’IgG qui ne
lie pas le complément. Ainsi, en analysant le profil des IgG,
il est possible de déterminer le type de LTh impliqué dans la
réponse immune anti-FVIII [32]. Les Th17 impliqués dans
certaines maladies auto-immunes et inflammatoires produisent
l’IL17, cytokine aux propriétés pro-inflammatoires [33, 34].
La régulation et les fonctions de ces Th17 ne sont pas encore
claires. Les Treg peuvent être classés en deux groupes : adap-
tatifs et naturels [35, 36]. Les Treg naturels sont originaires
du thymus. Les Treg adaptatifs sont induit en périphérie
après exposition à l’antigène dans des circonstances favori-
sant la tolérance (costimulation limitée par l’IL10 ou molécules
immuno-suppressives, par exemple). Ces cellules régulatrices
induites semblent jouer leur rôle suppresseur par production
d’IL10 et de TGFβ[37]. Les Treg naturels sont des cellules qui
expriment constitutivement le cytotoxic T lymphocyte associa-
ted protein 4 (CTLA4) leur permettant d’inhiber les cellules
effectrices [37]. Le polymorphisme C/T-318 du gène codant
pour la région promotrice du CTLA-4 a été associé à une
surexpression du CTLA-4 rapporté comme ayant un effet
protecteur significatif face à la formation d’inhibiteurs anti-
FVIII [38]. Les LTreg semblent jouer un rôle important dans
l’immunité impliquant le FVIII.
Induction de LB mémoires
Les LTh sont capables d’activer spécifiquement un LB ayant
internalisé son antigène spécifique. Le LB reconnaît le FVIII
par l’intermédiaire de son BCR (IgD ou IgM membranaire) et
après protéolyse du FVIII, les peptides sont exposés à la surface
cellulaire sur le CMHII. Le LTh sonde le complexe CMHII-
peptide des LB avec son TCR. Une interaction spécifique
conduit à l’activation du LB. Cette activation induit alors la
formation d’un centre de germination dans l’organe lymphoïde
secondaire avec prolifération clonale du LB éventuellement des
commutations de classes, et différenciation en LB mémoires et
plasmocytes sécréteurs d’anticorps spécifiques du FVIII.
Réponse immunitaire secondaire anti-FVIII
Les LB et LT mémoires générés lors de la réponse immunitaire
primaire jouent un rôle prépondérant chez les patients atteints
d’HA. En effet, lors d’une nouvelle exposition au FVIII, ces
cellules s’activent et sont capables d’une prolifération et
d’une différenciation rapide rendant la réponse plus efficace
[39]. Les LB mémoires activés prolifèrent, générant de
nouveaux LB mémoires et des plasmocytes sécrétant des Ig
plus affines pour leur antigène et donc plus efficaces pour
neutraliser le FVIII thérapeutique (figure 4).
Données expérimentales issues
de la littérature
L’étude des mécanismes immunologiques à l’origine du
développement d’un inhibiteur chez certains patients et de
la modulation de cette réponse par les protocoles d’ITI a fait
l’objet de nombreux travaux. Cependant, beaucoup d’incon-
nues persistent. La faible incidence de la maladie et du
développement d’inhibiteurs, ainsi que la complexité d’une
étude des mécanismes cellulaires, rendent les études cliniques
difficiles.
Les perturbations des mécanismes immunologiques normaux
de tolérance semblent jouer un rôle important dans le
développement d’Acs dirigés contre le FVIII. En effet, le
risque de développer un inhibiteur est plus important si l’ano-
malie génétique ne permet pas la synthèse du FVIII, et donc
l’incapacité de développer une tolérance centrale [39].
Par ailleurs, l’ARNm du FVIII est présent dans le thymus de souris
non HA indiquant potentiellement un rôle dans une tolérance
centrale pour le FVIII. Il a également été montré qu’une injec-
tion de FVIII intrathymique chez une souris knock-out pour le
FVIII induisait une tolérance vis-à-vis de celui-ci [40, 41].
Ces données suggèrent qu’en situation « normale », c’est-
à-dire chez un individu non hémophile ou chez un hémophile
A sans inhibiteur, les cellules B et T autoréactives vis-à-vis du
FVIII sont éliminées par le mécanisme de tolérance centrale.
L’implication des LTreg dans la réponse immunitaire anti-FVIII
fait l’objet de nombreux travaux. Reipert et al. ont émis l’hypo-
thèse qu’une exposition chronique au FVIII dans des condi-
tions de « non-danger » (sans stimulus additionnel tel que
des agonistes pour certains TLR nécessaires au développe-
ment d’une réponse immunitaire effective) chez des patients
HA pourrait induire la création de cellules Treg spécifiques du
FVIII capables de supprimer l’activité de LT effecteurs dirigés
contre le FVIII et ainsi la réponse humorale anti-FVIII médiée
par les LB [42] (figure 5). Par ailleurs, cette équipe suggère un
rôle potentiellement important de stimuli pro-inflammatoires
encore indéterminés qui permettraient le développement de
la réponse immunitaire contre le FVIII.
Les IgG4 sont principalement retrouvés chez les patients
présentant un fort titre d’inhibiteurs probablement résultant
des expositions répétés au FVIII substitutif [32]. La présence
d’IgG4 témoigne de l’implication des Th2 dans la réponse
Hématologie, vol. 16, n° 5, septembre-octobre 2010
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