F. FAUQUANT-MILLET
élément semi-simple hd’un sl2-triplet principal (x, h, y)agissant sur le centralisateur
gyde ydans g([41] ou [16, Chap. 8]). Cela donne le résultat remarquable (dû toujours
à Kostant, [42]) selon lequel, en identifiant g∗avec ggrâce à la forme de Killing, l’ap-
plication de restriction induit un isomorphisme d’algèbres entre Y(g)et l’algèbre des
fonctions régulières sur x+gy. D’ailleurs ce résultat a une interprétation géométrique
intéressante en termes de “tranche” ou de “section de Weierstrass” (voir Chap. VI, Sec-
tion A, Par. 1). Plus précisément x+gyest une tranche ou section de Weierstrass (dite
ici de Kostant) pour Y(g)dans g∗. Ces sections de Weierstrass permettent une “linéari-
sation” des générateurs d’une algèbre d’invariants et donc une meilleure compréhension
de ces générateurs.
On peut se demander si tous ces résultats peuvent ou non se généraliser aux algèbres
de Lie paraboliques ou biparaboliques.
C’est ce qui a été fait en partie, du moins pour les sous-algèbres biparaboliques
d’une algèbre de Lie simple gde type An: A. Joseph a en effet montré que des sec-
tions de Weierstrass existent toujours pour de telles sous-algèbres. Plus précisément il a
construit ce qu’il a appelé des “paires adaptées” (voir Chap. VI, Section A, Par. 2 pour
une définition précise) qui fournissent ensuite, sous certaines conditions, des sections de
Weierstrass. Ces paires adaptées sont en quelque sorte l’analogue, pour une algèbre de
Lie non réductive, d’un sl2-triplet principal. Notons que, si (x, h, y)est un sl2-triplet
principal de Kostant, le couple (h, x)est une paire adaptée pour gcar (ad h)(x) = −x
et xest régulier dans g≃g∗.
Lorsqu’une paire adaptée existe, Joseph a d’ailleurs aussi montré un résultat analogue
à celui de Kostant pour les degrés des générateurs de l’algèbre des invariants du bipara-
bolique (tronqué) associé, lorsqu’on sait que cette algèbre d’invariants est une algèbre de
polynômes (voir [40, Cor. 2.3] ou 2.4 de la Sec. A du Chap. VI).
Ainsi la connaissance de la polynomialité ou non de certaines algèbres d’invariants
d’algèbres de Lie est-elle un problème crucial en théorie des invariants.
La recherche d’invariants dans des algèbres de Lie et la description précise de ces
invariants sont un aspect important de la Théorie des Invariants et de la Théorie des
Groupes de Lie, qui intéresse non seulement des mathématiciens dans le monde entier et
ceci depuis plus d’un siècle, mais également des physiciens (voir par exemple [4], [5], [23]
ou [54] ... où des descriptions d’opérateurs de Casimir, c’est-à-dire d’invariants dans des
algèbres de Lie, sont données explicitement). Le centre de l’algèbre enveloppante d’une
algèbre de Lie joue un rôle important en théorie des représentations des algèbres de Lie,
en particulier l’isomorphisme de Duflo entre ce centre et le centre de Poisson de l’algèbre
symétrique.
L’essentiel de mon travail est consacré à l’étude de la polynomialité de l’algèbre des
invariants de sous-algèbres (bi)paraboliques tronquées d’une algèbre de Lie semi-simple
g, sur un corps algébriquement clos de caractéristique nulle. Signalons d’ailleurs que,
pour une sous-algèbre biparabolique donnée, l’algèbre des invariants du tronqué associé
est égal au semi-centre associé à cette sous-algèbre biparabolique.
Mon mémoire d’habilitation se décompose de la façon suivante.
– Le premier chapitre expose les notions préliminaires utiles pour la suite : j’y donne
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