Les Fiches Pédagogiques du Service Éducatif de la Scène Nationale de Châlons en Champagne Les Passagers de La Comète N°4 L’Eau de la vie – 02 mars 06 GRIMM – OLIVIER PY J’y emmène mes élèves ! Un conte de Grimm, mis en scène par Olivier Py, c’est la rencontre de deux formes fondamentales de la représentation des traits humains. On ne fait pas mieux que le conte (fût-il de fées) pour explorer les questions fondamentales qui doivent se poser à tout homme en construction, à tout adolescent, à tout enfant. On le sait depuis Bettelheim, depuis Todorov et Propp. Se révèle alors comme très délicate la question essentielle de la transcription scénographique de textes dont on sait qu’ils convoquent à chaque fois, sous la forme de l’apologue parfois léger, les rudes questions du Bien et du Mal, du respect moral des coutumes, de la place du merveilleux, de l’imagination, du rêve. Il y a de la profondeur et de la gravité dans les contes des frères Grimm, comme dans la plupart des contes qui ont traversé les temps. La légèreté n’en est qu’un habillage faussement naïf qui permet à l’enfant, à l’adolescent, à l’homme de regarder loin en lui, là où il pose rarement son regard introspectif. Le constat posé, les réponses ont été variées dans le monde des arts pour questionner et moderniser les contes. Olivier Py est des plus nobles lecteurs de contes. Il les respecte au plus haut point en ne les respectant non pas dans leur exacte forme mais dans leur symbolique la plus exigeante. Voir les contes de Grimm transposés par Olivier Py dans son propre langage et dans une forte esthétique contemporaine, c’est respecter l’œuvre, c’est surtout se respecter soi car c’est partir à la recherche de ses propres méandres intérieurs. Mettre en perspective, décrypter, jubiler à saisir le non-dit, c’est ce que les spectacles d’Olivier Py permettent comme une catéchèse humaniste revendiquée par le jeune créateur, auteur et dramaturge dont on perçoit ici toute l’importance. Tout le travail de l’enseignant est de conduire l’élève à l’orée de sa propre découverte. Olivier Py est, comme tous les conteurs de haut talent, un maître en la matière. Les génies n'existent que dans les contes pour enfants. Marc Gendron Nota Bene Le service éducatif de La Comète a préparé à votre intention un Dossier Pédagogique approfondi sur le cycle « Conte » de la programmation 2005/2006. Ce dossier Conte et Théâtralité peut vous fournir des éléments de réflexion personnelle sur les problèmes esthétiques et littéraires posés par la question de l’adaptation. Le dossier aborde entre autres les questions de la morphologie du conte et de sa transcription scénique et présente les aspects fondamentaux du double questionnement littéraire et scénique qui sont à l’œuvre dans ce processus d’adaptation. Ce dossier vous sera remis sur simple demande au Service Éducatif de la Comète. GRIMM – OLIVIER PY Jacob et Wilhelm GRIMM sont deux écrivains et érudits, nés à Hanau, Jacob le 4 janvier 1785 et Wilhelm le 24 février 1786. Ils font leurs études à l'université de Marbourg. Jacob comme philologue, s'intéresse à la littérature médiévale et à la linguistique et Wilhelm comme critique littéraire. Ils travaillent dans la diplomatie et dans diverses bibliothèques à Kassel. En 1830, les deux frères sont engagés à l'université de Göttingen. Wilhelm en tant que bibliothécaire et Jacob comme chargé de cours en droit ancien, en histoire de la littérature et en philosophie. Ils quittent l'université pour des motifs politiques et reviennent à Kassel en 1837. Quelques années plus tard, Frédéric-Guillaume IV de Prusse les invite à s'installer à Berlin, ce qu'ils font dès 1841. Devenus professeurs dans son université, ils demeurent à Berlin jusqu'à la fin de leur vie. Wilhelm meurt le 16 décembre 1859 et Jacob le 20 septembre 1863. L'œuvre scientifique majeure de Jacob Grimm est sa Deutsche Grammatik (Grammaire allemande, 18191837), qui est généralement considérée comme le fondement de la philologie allemande. Au nombre des publications de son frère Wilhelm Grimm se trouvent plusieurs livres ayant pour thème la littérature et les traditions populaires allemandes, parmi lesquels les Anciens chants héroïques danois, (1811), les Légendes héroïques de l'ancienne Germanie, 1829), et la Chanson de Roland, (1838). Les frères Grimm s'intéressent également et surtout aux contes populaires allemands. Après les avoir réunis à partir de différentes sources, ils les publient en deux volumes sous le titre de Contes pour les enfants et les parents de 1812 à 1829. Une nouvelle édition paraît en 1857. Elle contient des histoires supplémentaires et devint le fameux livre intitulé Contes de Grimm. Lucas Cranach l’Ancien, La Fontaine de Jouvence (1546) Auteur, metteur en scène et comédien, Olivier Py fonde sa compagnie, L’Inconvénient des Boutures, en 1988 au sein de laquelle il met en scène ses propres pièces, entre autres La Servante, histoire sans fin, et Le Visage d’Orphée présenté au Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur du Palais des papes en 1997. Olivier Py a également mis en scène des textes d’Elizabeth Mazev et de Jean-Luc Lagarce. Au Centre Dramatique National/OrléansLoiret-Centre, qu’il dirige depuis juillet 1998, il a créé, entre autres, Requiem pour Srebrenica, (1999) et L’Apocalypse joyeuse (2000). Le Soulier de satin de Paul Claudel, créé en mars 2003 reçoit le prix Georges -Lerminier, décerné par le Syndicat de la Critique au meilleur spectacle créé en région. En 2005, création d’une trilogie, Les Vainqueurs, présentée au TNP à Villeurbanne, au CDN d’Orléans et au Festival d’Avignon. Sa pièce Théâtres a été mise en scène par Michel Raskine et Stéphane Braunschweig a créé, en 2001 au Théâtre National de Strasbourg, L’Exaltation du labyrinthe. Comédien, il a joué au théâtre et au cinéma. En 1999, il a réalisé son premier film, Les Yeux fermés, pour Arte. Il a mis en scène cinq opéras dont La Damnation de Faust de Berlioz (2003) et Tristan und Isold de Richard Wagner (2005) au Grand Théâtre de Genève. Hieronymus Bosch, 1504, Le Jardin des délices (1506) Les Passagers de la Comète – GRIMM – OLIVIER PY Enjeux de Scène Olivier Py - Rien n'est vanité Lettre ouverte aux acteurs, techniciens, administrateurs et spectateurs de la compagnie, 1998 Grand poème, long récit, vieilles légendes, apocalypses, testaments, confiteor, psalmodies, pourquoi cela ? Pourquoi un homme parle -t-il ? Le vivant est-il autre chose qu'une prise de parole, mesurer le prix de la parole, donner la parole à la parole ? Littérature, théâtre, un poing tendu, une Œillade, c'est l'aventure fondamentale qui quelquefois réclame un outil de bois et quelquefois un outil de cuivre ; est -ce la faute du cuivre s'il s'éveille clairon ? (…) Le théâtre sait des choses que nous ne savons plus, coulées quelque part dans les veines du bois, il faut frotter la lampe et le génie réapparaît. C'est à cela qu'est destinée la semelle de l'acteur, elle polit un miracle, ce miracle est l'apparition du possible, le possible est un être, un génie, une chimère, un Ariel courbatu, ou bien encore une sorte de vieillard infernal, vieux dégoûtant à la lippe brillante, bouc puant qui vendrait le plus grand poème pour une plaisanterie de fin de repas, et qui pourtant, parfois a dans les yeux l'éclair d'une jeunesse qui manque à la jeunesse. Le possible que nous ne voyons plus à force de vie prévue, le possible dans toute son indécente fraîcheur, c'est le théâtre qui le sait. Le théâtre est la proue de cette caravelle aimantée par ce qui n'est pas encore. D e v ous, de vous et de chacun à sa manière je sais que Dieu n'est pas ailleurs, je sais qu'il n'est rien de plus sacré que notre effort, je sais que dans l'effort de l'homme pour montrer à l'homme ce que l'homme refuse de voir de l'homme, il n'est pas de vanité. Tous les coups sont permis mais encore faut -il y engager sa vie, et de chacun de vous, je le sais, c'est si beau que cela me fait peur, chacun de vous n'a vie que sur les planches. Chacun de vous s'est déjà entièrement brûlé à cette malédiction, vous n'êtes rien quand vous n'êtes pas sur le bois, vous êtes errants et idiots et vides, car pour vous tout se joue, tout se rejoue, l'ancien combat, ici. (…) Rien n'est plus sacré que notre travail en commun. Je le présumais mais je ne pensais pas même dans mes rêves d'enfant les plus fous que cela me serait à ce point prouvé. Pouvais-je rêver cela ? Qui l'oserait ? Le mont Athos et tous les monastères haut perchés, toutes les lointaines quêtes, se sont affadis quand je nous ai vus chercher ensemble. Le travail humain ! Non, rien n'est vanité, rien n'est plus immortel que le travail de mes frères. Car dans ce travail, chacun est en travail avec lui-même, chacun apporte la part de son combat avec l'ange, tous ces combats ne sont plus ombres chinoises, mais gestes amicaux, enivrement de l'accolade, fouillis d'ailes embrasées, enivrées exagérément mise en friche ! Alors, que nous importe le blâme ou l’éloge ? Obscène, inavouable, écœurante, farouche, doit être cette profession de joie. Qu'elle soit reçue pour ce qu'elle est, un scandale. (…) N'en déplaise aux imbéciles, aux aveugles, aux envieux, n'en déplaise aux incrédules, le théâtre ne nous intéresse que dans la mesure où il fait immerger l'absolument humain. L'absolument humain nous enivre, l'absolument humain es t le vin de notre fête. Mais qu'est-ce que c'est, cela, l'absolument humain. C'est ce que nous pouvons révéler et enluminer encore. Être un homme dans la foule, ensorcelé d'être un homme parmi d'autres, dans la foule, que désirer de plus, c'est déjà une cérémonie parlante. Un homme dans la foule avec l'échec, l'écœurement, la colère, l'échec qui ne met pas en échec la gloire de l'impossible combat, l'écœurement qui n'écœure pas le cœur même des actes simples, la colère qui ne tue pas la fureur d'être là, tout cela ne vaut -il pas la peine d'être rappelé comme déjà une victoire. Le théâtre est un miracle qui ne réveille les morts qu'à sa manière, les salamalecs sont dits en vain sur le cadavre, et en vain les gestes votifs ne réveillent pas la petite fille morte. Le corps est là, il ne se relèvera pas pour saluer, mais une chose est sauvée à force de simulacre, la mort n'emporte que ce à quoi elle a droit elle n'entraîne pas avec elle l'irréductible victoire. Le veuf fait mine d'être vaincu, il sourit pour lui-même aux funérailles exagérées, le requiem qui chante la vie malgré lui. L'art pour l'art est un crime impuni. Je méprise tout ce qui n'est pas assoiffé de fait humain, tout ce qui ne cherche pas l'homme, tout ce qui ne déshabille pas l'atroce notabilité fut -elle culturelle, surtout culturelle, pour atteindre au nu, à l'écorché : cette douleur et cette joie qui sont même exclamation. Qualités littéraires, prouesses dramatiques, arabesques iconophages, vous ne valez que des clous ! Mais clous avec lesquels parfois l'homme est montré dans son écartèlement, avec lesquels il est bon parfois de crucifier le fait humain, pour qu'il soit vu dans son horreur et sa beauté. N'en déplaise aux imbéciles, aux bénis non-non, aux bigots de la laïcité, je ne suis venu ici que pour le Christ, et le Christ c'était nous attablés autour du travail et dans l'espoir que notre ronde s'élargisse. On s’est rendu compte que la mise en scène était peut-être un art, mais « peut-être » seulement. La différence entre l’art et l’artisanat c’est que l’artisanat n’est pas infini. L’écriture poétique est infinie. Les possibilités resteront. La danse est un art parce que le mouvement d’un homme est infini. On se rend compte pour la mise en scène que les possibilités ne sont pas infinies, que l’on refait les mêmes gestes. Soyons clair, ce que j’aime dans la mise en scène c’est que l’on refait des vieux gestes, que l’on redécouvre des formes. Des formes qui ne peuvent pas rentrer au musée parce qu’elles sont mortelles. C’est bien plutôt le spectacle mortel que le spectacle vivant qui m’intéresse. Elles disparaissent, il faut constamment les réinventer. Mais on ne fait rien de nouveau. Olivier Py - Revue Mouvement, juillet 2001. Clément BOULANGER (1806-1842) - La fontaine de jouvence Musée de Narbonne Le conte de Grimm dont nous vous fournissons le texte en annexe présente à la perfection les différentes fonctions du héros dont Propp a établi la liste. Après explicitation et reformulation par l’enseignant, la recherche de ces étapes dans le conte par les élèves est aisée et éclairante. Fonction «Mandatement du héros» : quelqu’un demande au héros de trouver une solution au manque, il le mandate. En cas de famine, c’est le père qui peut inciter son fils aîné à partir à la chasse ou en cas de décès du père, c’est la mère qui peut demander à son fils d’aller à la ville ou dans un autre pays pour gagner de l’argent. Fonction « Début de l’action réparatrice » : le héros prend sa décision, il se résout, par exemple, à partir. Fonction « Départ du héros » : le héros quitte le domicile familial. Fonction « Mise à l’épreuve du héros » : le héros rencontre un diable ou un géant, ou un nain sur sa route. Fonction « Affrontement de l’épreuve » : le héros se bat avec son adversaire lequel est appelé l’opposant dans la théorie de Propp. Fonction « Réception de l’objet magique » : le héros reçoit, par exemple, une épée magique ou un talisman des mains d’un personnage appelé adjuvant (= qui aide). Fonction « Voyage du héros » : le héros fait un long périple, traverse de nombreux pays. Fonction « Combat du héros » : le héros affronte un nouvel opposant, cette fois-ci son principal adversaire. Fonction « Héros marqué » : le héros est «marqué» et s’empare d’une partie de son adversaire (ses bras ou sa tête, par exemple). Fonction « Victoire » : le héros terrasse son adversaire. Fonction « Réparation du manque » : le héros regagne le domicile familial et répare le manque initial. Par exemple, l’or qu’il ramène permet à sa famille de vivre à l’aise. Les Passagers de la Comète – GRIMM – OLIVIER PY En classe du cycle 3 OBJECTIFS / PISTES D'après le document d'accompagnement Littérature cycle 3 d'août 2002 Constituer une culture littéraire. Rencontrer un genre littéraire particulier : le théâtre. Retrouver les résonances qui relient les textes entre eux. Lire le texte pour déboucher sur une compréhension assurée puis l'expliquer. Interpréter une œuvre littéraire, en discuter les valeurs esthétiques et morales. Il est envisageable de consacrer en amont et en aval des ? ? ? ? ? ? ? Temps de réflexion collective sur le texte pour parier des enjeux esthétiques, psychologiques, moraux, philosophiques. Temps de lecture à haute voix par le maître pour les passages clefs ou les extraits complexes. Temps de lecture silencieuse par les élèves pour les parties ayant une forte unité et dont le maître aura préalablement baliser les enjeux. Temps de lecture à haute voix par les élèves en trouvant les bonnes pauses et les courbes intonatives adéquates. Temps de lecture d'un résumé élaboré par le maître ou les élèves. Temps de narration d'un autre texte qui a un lien avec le texte étudié. Temps de mise en jeu théâtral. Le travail de compréhension Demander aux enfants de rappeler ce qui vient d'être lu et d'imaginer ce qui pourrait suivre. En profiter pour reprendre les parties que les enfants déforment ou qu'ils ont oubliées. Les moments d'anticipation servent aux élèves à explorer les possibles tout en mettant en exergues les contraintes de genre, la notion de vraisemblance, les propositions contradictoires avec le texte. Utiliser des allers et retours entre lecture et écriture pour trouver les significations de certains extraits de l'œuvre. Le travail d'interprétation Faire émerger le sens en confrontant le lecteur, le texte et l'expérience sociale. Réflexion à propos de la présentation du livre, « Qu'est-ce qui en fait une pièce de théâtre ? » Quand le texte est lu et compris, organisation d'un débat pour mettre à jour les ambiguïtés et confronter les divergences de point de vue. Il faut amener les jeunes lecteurs à exercer leur jugement à propos des possibles offerts par le texte. Pour la pièce de théâtre, retrouver les personnages d'autres contes et jouer avec la dimension intertextuelle et d’imaginaire collectif. L’Écriture littéraire Proposer des courtes productions d'écrits de type détournement déconstruction, déplacement reconstruction. Une activité d'expansion d'une scène peut être proposée notamment par l'insertion d'un personnage nouveau. On pourra de proposer aux enfants d'écrire les pensées intérieures d'un personnage. Écrire une voix off, celle du metteur en scène, par exemple. Mise en voix du texte Travail spécifique de lecture expressive avec jeu sur les accents d'insistance, la variation rythmique, la modulation des intensités... Certains passages de la pièce seront mémorisés. Interprétation et mise en espace de certains extraits de la pièce. Mise en scène du texte : Recherches concernant : les décors, les cos tumes, l'environnement lumineux, l'environnement sonore. Il est également possible de travailler dans la perspective d’une adaptation filmique de l'œuvre de l'œuvre La jeune fille, le diable et le moulin d'Olivier Py parue aux éditions L’école des loisirs. Principales caractéristiques : fable théâtrale où intervient le merveilleux chrétien, motifs issus des contes traditionnels, théâtre dans le théâtre, relation intertextuelle possible avec le mythe de Faust. Sources : tous droits réservés CNDP/SCÉREN CRDP Amiens CRDP Orléans École française de Bangkok B.O.E.N 2002 EMALA Musée de Narbonne Wikipédia Remue.net Conception et réalisation : Pascal Vey Pour joindre le service éducatif : La Comète, Scène Nationale de Châlons en Champagne Direction Philippe Bachman Service éducatif Pascal Vey, Professeur détaché 5 rue des Fripiers – 51000 Châlons en Champagne Pascal Vey est présent le mercredi après-midi de 14h00 à 17h00 à La Comète. Jean-Michel Talva et Nadia Hmouche vous répondent tous les jours au 03 26 69 50 80