
Les Passagers de la Comète 
Lettre ouverte aux acteurs, techniciens, administrateurs et spectateurs de la compagnie, 
1998  
   
Grand poème, long récit, vieilles légendes, apocalypses, testaments, confiteor, 
psalmodies, pourquoi cela ? Pourquoi un homme parle-t-il ? Le vivant est-il autre chose 
qu'une prise de parole, mesurer le prix de la parole, donner la parole à la parole ? 
Littérature, théâtre, un poing tendu, une Œillade, c'est l'aventure fondamentale qui 
quelquefois réclame un outil de bois et quelquefois un outil de cuivre ; est-ce la faute du 
cuivre s'il s'éveille clairon ?  
(…) Le théâtre sait des choses que nous ne savons plus, coulées quelque part dans les 
veines du bois, il faut frotter la lampe et le génie réapparaît. C'est à cela qu'est destinée 
la semelle de l'acteur, elle polit un miracle, ce miracle est l'apparition du possible, le 
possible est un être, un génie, une chimère, un Ariel courbatu, ou bien encore une sorte 
de vieillard infernal, vieux dégoûtant à la lippe brillante, bouc puant qui vendrait le plus 
grand poème pour une plaisanterie de fin de repas, et qui pourtant, parfois a dans les 
yeux l'éclair d'une jeunesse qui manque à la jeunesse. 
Le possible que nous ne voyons plus à force de vie prévue, le possible dans toute son 
indécente fraîcheur, c'est le théâtre qui le sait. Le théâtre est la proue de cette caravelle 
aimantée par ce qui n'est pas encore.  
De vous, de vous et de chacun à sa manière je sais que Dieu n'est pas ailleurs, je sais 
qu'il n'est rien de plus sacré que notre effort, je sais que dans l'effort de l'homme pour 
montrer à l'homme ce que l'homme refuse de voir de l'homme, il n'est pas de vanité. 
Tous les coups sont permis mais encore faut-il y engager sa vie, et de chacun de vous, 
je le sais, c'est si beau que cela me fait peur, chacun de vous n'a vie que sur les 
planches. Chacun de vous s'est déjà entièrement brûlé à cette malédiction, vous n'êtes 
rien quand vous n'êtes pas sur le bois, vous êtes errants et idiots et vides, car pour vous 
tout se joue, tout se rejoue, l'ancien combat, ici. (…) 
Rien n'est plus sacré que notre travail en commun. Je le présumais mais je ne pensais 
pas même dans mes rêves d'enfant les plus fous que cela me serait à ce point prouvé. 
Pouvais-je rêver cela ? Qui l'oserait ? Le mont Athos et tous les monastères haut 
perchés, toutes les lointaines quêtes, se sont affadis quand je nous ai vus chercher 
ensemble. Le travail humain ! Non, rien n'est vanité, rien n'est plus immortel que le 
travail de mes frères. Car dans ce travail, chacun est en travail avec lui-même, chacun 
apporte la part de son combat avec l'ange, tous ces combats ne sont plus ombres 
chinoises, mais gestes amicaux, enivrement de l'accolade, fouillis d'ailes embrasées, 
enivrées exagérément mise en friche !  
Alors, que nous importe le blâme ou l’éloge ?  
Obscène, inavouable, écœurante, farouche, doit être cette profession de joie. Qu'elle 
soit reçue pour ce qu'elle est, un scandale.(…) 
N'en déplaise aux imbéciles, aux aveugles, aux envieux, n'en déplaise aux incrédules, 
le théâtre ne nous intéresse que dans la mesure où il fait immerger l'absolument 
humain. L'absolument humain nous enivre, l'absolument humain est le vin de notre fête. 
Mais qu'est-ce que c'est, cela, l'absolument humain. C'est ce que nous pouvons révéler 
et enluminer encore. 
Être un homme dans la foule, ensorcelé d'être un homme parmi d'autres, dans la foule, 
que désirer de plus, c'est déjà une cérémonie parlante. Un homme dans la foule avec 
l'échec, l'écœurement, la colère, l'échec qui ne met pas en échec la gloire de 
l'impossible combat, l'écœurement qui n'écœure pas le cœur même des actes simples, 
la colère qui ne tue pas la fureur d'être là, tout cela ne vaut-il pas la peine d'être rappelé 
comme déjà une victoire.  
Le théâtre est un miracle qui ne réveille les morts qu'à sa manière, les salamalecs sont 
dits en vain sur le cadavre, et en vain les gestes votifs ne réveillent pas la petite fille 
morte. Le corps est là, il ne se relèvera pas pour saluer, mais une chose est sauvée à 
force de simulacre, la mort n'emporte que ce à quoi elle a droit elle n'entraîne pas avec 
elle l'irréductible victoire. Le veuf fait mine d'être vaincu, il sourit pour lui-même aux 
funérailles exagérées, le requiem qui chante la vie malgré lui.  
L'art pour l'art est un crime impuni. Je méprise tout ce qui n'est pas assoiffé de fait 
humain, tout ce qui ne cherche pas l'homme, tout ce qui ne déshabille pas l'atroce 
notabilité fut-elle culturelle, surtout culturelle, pour atteindre au nu, à l'écorché : cette 
douleur et cette joie qui sont même exclamation.  
Qualités littéraires, prouesses dramatiques, arabesques iconophages, vous ne valez 
que des clous ! Mais clous avec lesquels parfois l'homme est montré dans son 
écartèlement, avec lesquels il est bon parfois de crucifier le fait humain, pour qu'il soit 
vu dans son horreur et sa beauté.  
N'en déplaise aux imbéciles, aux bénis non-non, aux bigots de la laïcité, je ne suis venu 
ici que pour le Christ, et le Christ c'était nous attablés autour du travail et dans l'espoir 
que notre ronde s'élargisse. 
Enjeux de Scène 
est rendu compte que la mise en scène
« peut-être » seulement. La différence entre l’art et l’artisanat c’est que 
l’artisanat n’est pas infini. L’écriture poétique est infinie. Les possibilités 
resteront. La danse est un art parce que le mouvement d’un homme est 
infini. On se rend compte pour la mise en scène que les possibilités ne 
sont pas infinies, que l’on refait les mêmes gestes. Soyons clair, ce que 
j’aime dans la mise en scène c’est que l’on refait des vieux gestes, que 
l’on redécouvre des formes. Des formes qui ne peuvent pas rentrer au 
musée parce qu’elles sont mortelles. C’est bien plutôt le spectacle mortel 
que le spectacle vivant qui m’intéresse. Elles disparaissent, il faut 
constamment les réinventer. Mais on ne fait rien de nouveau. 
 Olivier Py - Revue Mouvement, juillet 2001. 
 
 de Grimm dont nous vous fournissons le texte en 
annexe présente à la perfection les différentes fonctions 
du héros dont Propp a établi la liste. Après explicitation et 
reformulation par l’enseignant, la recherche de ces étapes 
dans le conte par les élèves est aisée et éclairante. 
  Fonction «Mandatement du héros» : quelqu’un 
demande au héros de trouver une solution au 
manque, il le mandate. En cas de famine, c’est le 
père qui peut inciter son fils aîné à partir à la chasse 
ou en cas de décès du père, c’est la mère qui peut 
demander à son fils d’aller à la ville ou dans un autre 
pays pour gagner de l’argent. 
 Fonction « Début de l’action réparatrice » : le 
héros prend sa décision, il se résout, par exemple, à 
partir. 
 Fonction « Départ du héros » : le héros quitte le 
domicile familial. 
 Fonction « Mise à l’épreuve du héros » : le héros 
rencontre un diable ou un géant, ou un nain sur sa 
route. 
 Fonction « Affrontement de l’épreuve » : le héros 
se bat avec son adversaire lequel est appelé 
l’opposant dans la théorie de Propp. 
 Fonction « Réception de l’objet magique » : le 
héros reçoit, par exemple, une épée magique ou un 
talisman des mains d’un personnage appelé adjuvant 
(= qui aide). 
 Fonction « Voyage du héros » : le héros fait un long 
périple, traverse de nombreux pays. 
 Fonction « Combat du héros » : le héros affronte 
un nouvel opposant, cette fois-ci son principal 
adversaire. 
 Fonction « Héros marqué » : le héros est «marqué» 
et s’empare d’une partie de son adversaire (ses bras 
ou sa tête, par exemple). 
 Fonction « Victoire » : le héros terrasse son 
adversaire. 
 Fonction « Réparation du manque » : le héros 
regagne le domicile familial et répare le manque 
initial. Par exemple, l’or qu’il ramène permet à sa 
famille de vivre à l’aise.  
 
Musée de Narbonne