Intensifier nos relations d`amitié et de fraternité avec le monde

Intensifier nos relations d’amitié et de fraternité avec le monde musulman
Les prêtres, religieux et laïcs de l'Archidiocèse de Niamey se sont retrouvés, durant 3 jours,
pour approfondir, à la lumière de Vatican II, les relations entre chrétiens et musulmans ici au
Niger.
Chaque année, l'Archevêque de Niamey, Mgr Michel Cartatéguy reçoit l'ensemble des
permanents de son diocèse ainsi que les délégués des laïcs. C'est l'Assemblée des
permanents. C'est l'occasion pour tous de faire le bilan des actions menées dans le cadre du
plan quinquennal 2008-2013 et de choisir des actions à faire pour la nouvelle année pastorale.
Le jeudi 11 octobre, après les laudes à la Cathédrale, Mgr Michel a donné un mot de
bienvenue. Après avoir souhaité la bienvenue aux 24 nouveaux permanents arrivés dans le
diocèse, l'archevêque a rappelé que le thème de cette année est le suivant : « Intensifier nos
relations d'amitié et de fraternité avec le monde musulman dans un esprit de réciprocité en
développant les valeurs communes familiales ». Pour Mgr Michel, « Intensifier nos relations.
Cela veut dire que ces relations existent déjà. L'amitié et la fraternité avec le monde musulman
ne sont jamais gagnées d'avance et ne sont jamais acquises définitivement. Elles sont à
entretenir au quotidien surtout dans les périodes mouvementées comme nous en connaissons
aujourd'hui avec ce qui se passe au Mali, au Nigéria et tout dernièrement à Zinder. »
En relation avec l'actualité récente que les chrétiens de Zinder ont vécue et les problèmes liés
au film anti-islam diffusé sur la toile, l'Archevêque a tenu à dire sa sympathie à tous ceux qui
vivent ces difficultés. Il a poursuivi ces propos en disant : « Notre thème est plus que d'actualité
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et notre conviction encore plus déterminé pour croire que la paix entre croyants est de notre
ressort au quotidien. Une question qui pourrait guider notre réflexion serait celle-ci: « Est-il
possible aux chrétiens que nous sommes, lorsque nous entrons en relation avec les fidèles
musulmans d'apprendre quelque chose de ce qui est vrai et saint dans l'Islam... ? Et, à travers
nous, à travers notre vie de foi, les musulmans peuvent-ils apprendre quelque chose du
christianisme » ?
L'archevêque de conclure ses propos en disant : « La finalité de la Nouvelle Évangélisation est
de transmettre la foi proposée et vécue par toute l'Église. Pour notre part, nous transmettrons à
notre manière dans notre contexte actuel la foi que nous vivons ».
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Après ce mot d'ouverture, le P Mauro, responsable du Centre de Formation Chrétienne a
entretenu les participants sur les signes des temps et les temps des signes. Il s'agit d'une
reprise spirituelle en lien avec Vatican II. Pour le P. Mauro, nous chrétiens ici au Niger, nous
sommes immergés dans un monde de signes. Comment donc apprendre à interpréter les
signes de notre temps ? En lien avec Vatican II, il nous faut aune spiritualité de la présence. Ce
n'est plus le temps des spectateurs ou des absents qui se réfugient quelque part à l'abri de tout
ce qui peut nous déranger où créer des problèmes. Il nous faut aussi une spiritualité de
l'attention. Apprendre à regarder avec des yeux éduqués à saisir les appels et les questions qui
dégagent de la réalité. Le P. Mauro propose aussi une spiritualité de la rencontre. Tout ce qui
nous rend plus humains nous concerne et nous unit à toute personne. Il insiste sur la spiritualité
contemplative. Prendre le temps pour écouter, comprendre et discerner dans les bruits la voix
de Dieu. Enfin, il termine sa reprise spirituelle avec une spiritualité qui est un défi. Dieu nous
donne la paix, mais il ne nous laisse pas en paix. Nous vivons dans un système de Domination,
le même qui a crucifié Jésus. Il faut être prêt à donner témoignage de l'Espérance qui est en
nous. S'entraider à contester, à la manière de l'évangile, toute réalité qui opprime et écrase la
dignité humaine (Mt 5,1-12).
Le P. Adjovi Joachim, économe du diocèse de Cotonou accompagne, depuis cinq ans, les
permanents de Niamey sur la vision que propose le plan quinquennal. Lors de la présente
rencontre, il a donné un enseignement intitulé « Boussole sur le chemin du dialogue
interreligieux ». Dans son mot d'introduction, le P. Adjovi a dit : « Je salue l'initiative que vous
avez prise de tenir cette assemblée diocésaine 2012-2013 en lien avec toute l'Église qui
célèbre le cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II et l'ouverture de
l'année de la foi ».
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LE P. Adjovi a présenté aux participants les deux documents conciliaires en matière dedialogue interreligieux. Il s'agit de Nostra Aetate et Dignitatis Humanae. S'agissant des pistespour le dialogue entre le Christianisme et l'Islam au Niger le P. dit que « le chrétien quis'engage dans la voie du dialogue avec son frère musulman devra répondre sans ambigüité àla question suivante : quelle est la place de l'Islam dans le dessein de Dieu ? » Il poursuit sonenseignement en disant : « S'agissant de l'islam, en particulier, l'Église s'engage davantagelorsqu'elle affirme à son propos une réelle « estime », mentionnant qu'après le judaïsme, cettereligion a une place de choix, car, selon Lumen Gentium, la constitution dogmatique surl'Église, « avec nous les musulmans adorent le Dieu unique et miséricordieux ». La fidélité aumagistère de l'Église impose de ne pas descendre en deçà de ce seuil.
Après avoir parlé des difficultés qui entravent le dialogue entre l'Islam et le Christianisme, le P.a conclu ses propos en disant : « il faut espérer que les rencontres interreligieuses, à tous lesniveaux, s'appuient sur les fruits du dialogue de la vie et ensuite sur les enrichissements dudialogue de la parole. Tout ceci n'est possible que si chrétiens et musulmans se reconnaissentcomme « des frères en Dieu », sachant pratiquer d'abord un « dialogue des cœurs » qui ouvreceux-ci au partage des expériences spirituelles. Tout est possible si chacun est sûr de sonidentité, fidèle au Dieu qu'il entend servir et capable de toutes les hospitalités. Il s'agit, en effet,de dialoguer en présence de Dieu et sous sa mouvance, de se convertir à ce même Dieu et dese réconcilier les uns avec les autres, de devenir les uns pour les autres des témoins exigeantset d'entreprendre l'impossible tout en acceptant le provisoire. Il s'agit aussi et surtout d'entrevoir« l'au-delà du dialogue », à savoir comme le dit Saint-Paul et un hadîth qudsî : « ce que l'œil n'apas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme, tout ceque Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment ».
Dans la soirée du jeudi, les permanents et les fidèles se sont retrouvés à la Cathédrale pour lesvêpres sollenneles. Un retraite aux flambeaux a conduit tous les participants aux vêpres, de laCathédrale à la grotte mariale.
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Dans la perspective de mieux se connaitre pour mieux se rencontrer, deux invités sont venusparler de l'Islam aux participants de l'Assemblée. Il s'agit du Dr Magagi et du Cheik Barham.
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      Cheik Barham et Moustapha Magagi
Moustapha MAGAGI, Docteur en théologie islamique. Il a partagé avec tous, son expériencesur le dialogue entre chrétiens et musulmans. « Ma conception du dialogue interreligieux prendracine dans l'expérience de mon pays d'accueil, la Tunisie et plus particulièrement notreprestigieuse Université Ezzeitouna qui a des contacts avec de nombreuses universitésétrangères parmi lesquelles : L'Université Pontificale Grégorienne de Rome » a dit le DrMagagi. À Rome, pour poursuivre ses recherches à l'Université Grégorienne, Magagi aséjourné chez les Pères Blancs.
Il poursuit ses propos en disant : « les motifs qui m'ont amené à me lancer dans cetteexpérience sont exclusivement scientifiques. Après avoir choisi un thème de recherche dans ledomaine des religions comparées, je désirais obtenir de la foi des autres une compréhensionplus profonde, dans laquelle cette foi n'aurait pas été seulement un sujet d'étude théorique,mais bien l'objet d'une observation directe et d'une expérience. Cette façon de comprendre lescroyances de l'autre n'est pas aisée : elle exige nécessairement de changer l'angle de vision ».Et Magagi de clore en ces termes : « A la fin de mon séjour, les Pères Blancs et moi avonscompris ensemble que la différence ne représente pas un obstacle à la cohabitation et à lacommunication aussi, et que le véritable obstacle provient de l'ignorance réciproque et despréjugés ».
Cheik Barham, le second orateur, lui chemine avec l'Église Catholique sur la voie du dialogueinterreligieux depuis 2002. Il anime les sessions de formation sur le dialogue. Il est d'un trèsgrand apport pour la Commission chargée des relations islamo-chrétiennes.
Barham, en prenant la parole a tenu à regretter les évènements qui se sont déroulés à Zinder.Puis, il a poursuivi en disant : « Le dialogue, défini comme sincérité, bonté, courtoisie ne datepas d'aujourd'hui. Le prophète lui-même a accueilli et nourri des chrétiens dans sa mosquée àMédine. Il disait : « Laissez-moi les servir, ce sont mes hôtes ». Il faut rappeler ici que le Coranrecommande le dialogue. Il faut relire l'histoire même de l'islam. Pendant la persécution, lesmusulmans ont trouvé refuge en Éthiopie auprès de l'Empereur chrétien de l'époque. C'est lapuissance de l'argent qui pervertit tout en face de notre pauvreté qui est exploitée à dessein etqui remet tout en cause, y compris l'État. Les troubles qui se passent ce n'est pas un problèmede l'islam, mais un problème d'interprétation du Coran, un problème économique, un problèmeculturel et c'est une œuvre de domination des autres ». Cheik Barham a répondu aux questionsque les participants ont bien voulu lui poser sur l'Islam.
Après les enseignements et les échanges, les permanents et les laïcs se sont retrouvés pourfaire le choix des actions pour la nouvelle année. Pour clore l'Assemblée, une célébrationeucharistique a rassemblé le peuple de Dieu qui est à Niamey autour de l'Archevêque et despermanents.
Dans son homélie, Mgr Michel a tenu à l'endroit des fidèles les propos suivants : "Toute l'annéedernière, nous avons approfondi dans nos communautés cette dimension de la charité dansnotre vie de foi. Cette charité s'est exprimée de façon très concrète au cœur des événementstragiques qui ont marqué douloureusement les populations que nous servons : la crisealimentaire, les inondations, les réfugiés maliens, l'insécurité, le banditisme, l'intolérancereligieuse... c'est l'occasion de remercier chacune et chacun d'entre vous qui avez déployé tantd'énergie, tant d'argent et surtout tant d'amour pour venir en aide à toutes ces victimes.
Au cours de cette année, nous allons continuer de la même manière avec les autres croyants etmême en intensifiant nos relations d'amitié avec les musulmans pour exercer notre charité pourque notre témoignage de foi soit vrai. « Viens et suis-moi » nous dit Jésus. C'est un appelpersonnel, un appel que chacune et que chacun doit entendre de façon à répondrepersonnellement et librement. C'est à cette condition que nous pourrons marcher derrière leChrist au cours de cette nouvelle année pastorale, Année de la Foi et de la Charité. Si noushésitons encore comme l'homme riche de l'Évangile, laissons poser sur nous le regard deJésus, le regard d'amour qui par lui avec lui et en lui nous attirera vers lui maintenant et pourles siècles des siècles".
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