Les enjeux gfgggdggf d’une organisation juridique du commerce mondiaL 8 9 COMPÉTENCE ATTENDUE ● Identifier les instruments de régulation du commerce mondial. Croissance du volume du commerce mondial des marchandises et du PIB mondial 1998-2008 (variation annuelle en pourcentage) Un facteur qui pourrait contribuer à la contraction des échanges en 2008 est la multiplication des mesures de protection. Le renforcement de ces mesures menacera les perspectives de reprise et prolongera le ralentissement de l’activité. Le risque de montée du protectionnisme est un sujet de préoccupation. 12 PIB Exportations de marchandises 10 8 Croissance moyenne des exportations 1998-2008 6 Croissance moyenne du PIB 1998-2008 4 2 0 1998 99 00 01 02 03 04 05 06 07 2008 –2 Rapport sur le commerce mondial en 2008, OMC © Éditions Foucher 1 Commentez le graphique ci-dessus en comparant les évolutions du PIB mondial et des exportations de marchandises. 2 Quelle relation peut-on établir entre les deux indicateurs ? 3 Quel est l’intérêt de lutter contre le protectionnisme et par quels moyens ? Sommaire i. Les effets attendus de La LibéraLisation du commerce mondiaL ii. La nécessité d’une coordination internationaLe 93 n i. Les effets attendus de La LibéraLisation du commerce mondiaL 1 Commerce mondial et croissance économique document 1 Les arguments en faveur d’un commerce ouvert Depuis la Seconde Guerre mondiale, les droits de douane sur les produits industriels ont fortement fléchi et sont en moyenne inférieurs à 5 % dans les pays industrialisés. Au cours des vingt-cinq premières années qui ont suivi la guerre, la croissance de l’économie mondiale était de 5 % par an en moyenne, ce taux élevé étant en partie imputable à la réduction des obstacles au commerce. La croissance du commerce mondial a été encore plus rapide, avec un taux moyen d’environ 8 % pendant cette période. Les données montrent qu’il y a un lien statistique indiscutable entre libéralisation du commerce et croissance économique. D’après la théorie économique, ce lien s’explique par de bonnes raisons. Tous les pays, y compris les plus pauvres, ont des ressources – humaines, industrielles, naturelles, financières – qu’ils peuvent exploiter pour produire des biens et des services destinés à être vendus sur le marché intérieur ou à l’étranger. La science économique nous enseigne que nous pouvons tirer parti du commerce de ces biens et services. Pour dire les choses simplement, le principe de l’« avantage comparatif » signifie que les pays prospèrent d’abord en tirant profit de leurs ressources pour concentrer leurs efforts sur ce qu’ils peuvent produire dans les meilleures conditions, et ensuite en échangeant ces produits contre ceux que d’autres pays produisent dans les meilleures conditions. Autrement dit, des politiques commerciales libérales – celles qui garantissent la circulation sans restriction des biens et des services – accroissent la concurrence, encouragent l’innovation et engendrent le succès. Elles amplifient le bénéfice que l’on peut retirer de la production la meilleure, la mieux conçue et effectuée au meilleur prix. Les producteurs sont encouragés à s’adapter progressivement et de façon relativement indolore. Ils peuvent fabriquer des produits nouveaux, trouver un nouveau « créneau » dans leur branche d’activité existante ou se lancer dans des domaines nouveaux. L’expérience montre que la compétitivité peut aussi passer d’un pays à l’autre. Un pays qui a peut-être été favorisé par des coûts de main-d’œuvre moins élevés ou par d’abondantes ressources naturelles peut perdre sa compétitivité pour certains biens ou services à mesure que son économie se développe. Toutefois, grâce à l’effet de stimulation exercé par l’ouverture de l’économie, il peut redevenir compétitif pour d’autres biens ou services. Il s’agit là, en règle générale, d’un processus graduel. www.wto.org document 2 Reprise du commerce et de la production au niveau mondial 2 000 Commerce des marchandises 1 000 Le commerce et le PIB ont tous deux chuté à la fin des années 1920 avant d’amorcer une reprise en 1932. Après la Seconde Guerre mondiale, l’un et l’autre ont connu un redressement exponentiel, la progression du commerce étant, le plus souvent, plus rapide que celle du PIB. OMC 200 100 2 000 1929/32 38 Création du GATT 48 60 70 80 Création de l’OMC 90 1995 1 Analysez l’évolution de la croissance économique mondiale et du commerce international depuis la Seconde Guerre mondiale. Quel est le facteur principal de la progression du commerce sur cette période? 2 Rappelez le principe de l’ « avantage comparatif » et expliquez les gains apportés par l’échange international. 3 Quelles évolutions peut engendrer le commerce international pour les entreprises ? n 94 La gouvernance de l’économie mondiale © Éditions Foucher (1950 = 100. Commerce et PIB : échelle logarithmique) PIB document 3 Les avantages du système commercial de l’OMC liorer grâce à la concurrence des importations. Ce ne sont pas seulement les consommateurs de produits finis étrangers qui ont plus de choix. Les importations sont utilisées comme matériaux, composants et équipements pour la production locale. La gamme des produits finaux fabriqués par les producteurs nationaux et des services qu’ils fournissent s’en trouve élargie, de même que la gamme des technologies qu’ils peuvent utiliser. Parfois, le succès d’un produit ou d’un service importé sur le marché intérieur peut aussi encourager de nouveaux producteurs locaux à entrer en lice, ce qui Les tongs de la marque brésilienne sont vendues dans le monde entier élargit le choix des marques offertes aux consommateurs ainsi que la gamme des marchandises et des services produits localement. La libéralisation des échanges réduit le coût Si le commerce nous permet d’importer davantage, il de la vie Le protectionnisme coûte cher : il fait monter les prix. permet aussi aux autres d’acheter chez nous en plus Le système mondial de l’OMC permet d’abaisser les obs- grande quantité. Il accroît nos revenus, ce qui nous tacles au commerce par voie de négociation et d’appliquer donne les moyens de profiter des possibilités de choix le principe de la non-discrimination. Il en résulte une nouvelles qui nous sont offertes. réduction des coûts de production (car les importations utilisées dans la production sont moins chères) ainsi que des prix des produits finis et des services, et, en définitive, un abaissement du coût de la vie. Lorsque vous protégez votre agriculture, le coût de votre nourriture augmente – selon des estimations, de 1 500 dollars par an pour une famille de quatre personnes dans l’Union européenne ; d’un montant équivalant à une taxe de 51 % sur les produits alimentaires au Japon ; de 3 milliards de dollars par an aux États-Unis. Si les droits de douane étaient aussi éliminés, les économistes calculent que le gain pourrait être de 23 milliards de dollars environ au niveau mondial, dont 12,3 milliards de dollars pour les États-Unis, 0,8 milliard de dollars pour le Canada, 2,2 milliards de dollars pour l’Union européenne et 8 milliards de dollars environ pour les pays en développement. Elle offre aux consommateurs un plus large choix de produits aux caractéristiques plus variées © Éditions Foucher Grâce aux importations, nous avons un plus grand choix de produits et de services aux caractéristiques plus variées. Même la qualité des produits locaux peut s’amé- Le commerce accroît les revenus Selon les propres estimations de l’OMC, les accords commerciaux conclus en 1994 à l’issue du cycle d’Uruguay ont entraîné une augmentation du revenu mondial se situant entre 109 et 510 milliards de dollars (selon les hypothèses de calcul et compte tenu des marges d’erreur). En Europe, la Commission européenne calcule qu’entre 1989 et 1993, la croissance des revenus dans l’UE a été supérieure de 1,1 à 1,5 % à ce qu’elle aurait été sans le Marché unique. Il est donc clair que le commerce est une source d’augmentation des revenus. Le commerce crée aussi des défis dans la mesure où les producteurs nationaux se heurtent à la concurrence des importations. Mais l’existence de revenus supplémentaires signifie que les gouvernements, en prélevant sur les principaux bénéficiaires, disposent de ressources pour redistribuer les avantages – par exemple, pour aider les sociétés et les travailleurs à s’adapter en devenant plus productifs et plus compétitifs dans leur domaine, ou en se lançant dans de nouvelles activités. www.wto.org 1 Quels autres arguments sont avancés en faveur de la libéralisation des échanges ? Citez quelques chiffres significatifs. 2 En quoi ces avantages peuvent-ils favoriser la croissance économique ? 9. Les enjeux d’une organisation du commerce mondial 95 n 2 Commerce mondial et revenus document 4 Le commerce accroît les revenus Selon les propres estimations de l’OMC, les accords commerciaux conclus en 1994 à l’issue du cycle d’Uruguay ont entraîné une augmentation du revenu mondial se situant entre 109 et 510 milliards de dollars. Les économistes estiment que réduire d’un tiers les barrières commerciales sur les produits agricoles et manufacturés et sur les services pourrait se traduire par une expansion de l’économie mondiale de 613 milliards de dollars – ce qui équivaut à ajouter une économie de la taille du Canada à l’économie mondiale. En Europe, la Commission européenne a calculé qu’entre 1989 et 1993, la croissance des revenus dans l’UE a été supérieure de 1,1 à 1,5 % à ce qu’elle aurait été sans le marché unique. Il est donc clair que le commerce est une source d’augmentation des revenus. Le commerce crée aussi des défis dans la mesure où les producteurs nationaux se heurtent à la concurrence des importations. Mais l’existence de revenus supplémentaires signifie que les gouvernements, en prélevant sur les principaux bénéficiaires, disposent de ressources pour redistribuer les avantages – par exemple, pour aider les sociétés et les travailleurs à s’adapter en devenant plus productifs et plus compétitifs dans leur domaine, ou en se lançant dans de nouvelles activités. www.wto.org document 5 Progression annuelle moyenne du PIB par habitant par décennie, en pourcentage 3,3 Pays à hauts revenus Pays à revenus moyens Pays à bas revenus Monde 1,9 1961-1970 1971- 1980 1,4 1,4 1981- 1990 1991- 2000 1,8 Banque mondiale 5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 2001- 2007 document 6 Des progrès globaux indéniables dire une fois corrigé des effets de l’inflation, le PIB produit par un habitant de la planète est passé de 2 409 dollars par an en moyenne en 1960 à 5 964 dollars en 2007, plus qu’un doublement. Il a progressé également dans les pays les plus pauvres, où on est passé de 236 dollars par habitant à 415 dollars, selon la Banque mondiale (…). La mondialisation libérale n’a pas conduit à un rapprochement des niveaux de revenus à l’échelle de la planète. En 1960, les 710 millions d’habitants des pays riches gagnaient en moyenne 8 654 dollars, soit 30 fois le revenu d’un des 399 millions d’habitants des pays classés comme pauvres par la Banque mondiale. En 2007, le revenu moyen des 1,056 milliard d’habitants des pays riches était parvenu à 28 777 dollars, soit 89 fois le revenu moyen des 1,296 milliard d’habitants des pays pauvres. En à peine cinquante ans, cet écart a donc triplé. Il s’est constamment accru, sauf au début des années 2000 (…). Ces écarts croissants ne concernent cependant pas tous les pays en développement. Les pays d’Asie ont en effet tiré leur épingle du jeu de la mondialisation. En Corée du Sud, le revenu par habitant ne s’élevait en 1960 qu’à 13 % de celui des pays riches. Il dépasse désormais les 50 %. Et en Chine, qui pèse à elle seule le quart de l’humanité, le revenu par tête n’était que de 1 % de celui des pays riches en 1960. Il est monté à 6 % aujourd’hui. La progression est spectaculaire, même si l’écart reste énorme... Alternatives économiques, juin 2009 1 En quoi peut-on affirmer que le commerce mondial accroît les revenus ? 2 Commentez, de ce point de vue, le graphique du document 5. 3 Dans quelles conditions les écarts de revenus entre pays peuvent-ils se réduire ? n 96 La gouvernance de l’économie mondiale © Éditions Foucher Les revenus monétaires se sont nettement accrus. Exprimé en dollars constants de 2000, c’est-à- ii. La nécessité d’une coordination internationaLe document 7 Du GATT à l’OMC Le 1er janvier 1995, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entrait en fonction, succédant à l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT, selon l’acronyme anglais). Contrairement au GATT, l’OMC est une « vraie » organisation internationale au sens du droit international. Sa fonction principale, tout comme le GATT, est de gérer le système commercial multilatéral. L’OMC est souvent présentée comme une institution de libéralisation commerciale appliquant la doctrine du libre-échange. Certes, la logique des négociations commerciales multilatérales est de réduire toutes les formes de protectionnisme. Toutefois, la libéralisation commerciale ne peut être pensée sans régulation. Le GATT et l’OMC illustrent ce processus bidimensionnel d’un libre-échange géré ou d’une libéralisation administrée. (…) La charte de La Havane, qui devait instaurer l’OIC, ne fut jamais ratifiée. Son volet commercial, négocié et élaboré séparément par vingt-trois pays, est entré en vigueur en 1947 sous la forme d’un accord douanier. Ce dispositif de démantèlement douanier, qui prit le nom de GATT, est à l’origine du système commercial multilatéral. (…) Le GATT institue un régime commercial international articulant deux tendances a priori contradictoires : une libéralisation des échanges conforme aux intérêts nationaux et le respect d’une discipline et d’une coopération commerciale internationale. Cela revient à instituer un régime commercial ouvert et non discriminatoire. Mehdi Abbas, « Du GATT à L’OMC : un bilan de soixante ans de Libération des échanges. Mondialisation et Commerce Internationnal », Cahier français n° 341, La Documentation Française, novembre-décembre 2007 1 Quels est la finalité commune du GATT et de l’OMC ? 2 Quelle différence peut-on faire entre le GATT et l’OMC ? 3 Expliquez en quoi le GATT « institue un régime commercial international articulant deux tendances a priori contradictoires ». document 8 Les quatre grandes règles du GATT L’objectif du système multilatéral de commerce des marchandises créé par le GATT est d’offrir © Éditions Foucher aux entreprises et branches de production des différents pays un environnement sûr, stable et prévisible dans lequel elles peuvent commercer dans des conditions de concurrence loyales et équitables. Ce système commercial ouvert et libéral devrait, grâce à l’accroissement du commerce, promouvoir l’investissement, la production et la création d’emplois et faciliter ainsi le développement économique de tous les pays. Tout l’édifice du système commercial multilatéral ouvert et libéral du GATT repose sur quatre règles fondamentales simples. • La première règle veut que, même si l’on considère qu’il importe que les membres appliquent une politique commerciale ouverte et libérale, il leur est possible de protéger leur production nationale contre la concurrence étrangère, à condition que cette protection ne soit assurée que par des droits de douane et soit maintenue à un niveau modéré. À cet effet, elle interdit aux pays d’appliquer des restrictions quantitatives, sauf dans des cas précis. • La deuxième règle prévoit la réduction et l’élimination des droits de douane et autres obstacles au commerce au moyen de négociations multilatérales. Les droits ainsi réduits sont indiqués, au niveau de la ligne tarifaire, dans la liste de concessions de chaque pays. Les taux indiqués dans ces listes sont appelés taux consolidés. Les pays sont tenus de ne pas relever leurs droits au-delà des taux consolidés indiqués sur leurs listes. • La troisième règle exige que les pays ne fassent pas de discrimination entre les pays dont ils importent des marchandises ou ceux vers lesquels ils exportent des marchandises. Cette règle est appelée principe de la nation la plus favorisée (NPF). Une exception importante est admise dans le cas des arrangements préférentiels régionaux. • La quatrième règle est celle du traitement national. Elle veut que les pays n’appliquent pas à un produit importé, après qu’il a été admis sur leur marché intérieur moyennant règlement des droits de douane à la frontière, des taxes intérieures, telles que taxe sur le chiffre d’affaires ou taxe à la valeur ajoutée, à un taux plus élevé que celui appliqué aux produits nationaux similaires. http://www.jurisint.org 9. Les enjeux d’une organisation du commerce mondial 97 n document 9 Droits de douane Les droits de douane sur la valeur des produits industriels dans les pays membres du GATT et de l’OMC en pourcentage 50 40 Niveau moyen des droits de douane 30 20 10 0 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 Cahiers français, n° 341, novembre-décembre 2007 1 Quels sont les objectifs du système commercial multilatéral ? 2 Expliquez, au travers des quatre règles énoncées dans le document 8, quels sont les droits et obligations de chaque nation, en matière de commerce international. 3 Peut-on dire que les objectifs du GATT et de l’OMC ont été atteints ? document 10 L’OMC déplore les dérapages protectionnistes de ses membres Dans un rapport destiné à ses membres, l’Orga- nisation mondiale du commerce déplore, à une semaine du sommet du G20, le « glissement significatif » de certains pays vers davantage de protectionnisme. Les exportations mondiales Base 100 en 1998 constate un « glissement significatif » vers le protectionnisme. « Il y a eu une augmentation des droits de douane, de nouvelles mesures non tarifaires et plus de recours à des mesures défensives telles que l’antidumping », qui constituent des entraves au libre-échange, note le rapport qui doit être présenté au G20 de Londres. « Les États n’ont pas respecté à la lettre les engagements qu’ils ont pris [au G20 de Washington, en 150 100 50 1998 1998 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 OMC C’est une mise en garde à ne pas céder davantage au protectionnisme. À une semaine du sommet du G20 de Londres, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pointe les excès des États en la matière. Dans un rapport non public destiné à ses membres, l’OMC novembre, NDLR] », commente dans ce document le patron de l’OMC, Pascal Lamy. « Il y a eu des dérapages », a-t-il confié hier. La tendance protectionniste s’est aggravée depuis le précédent rapport de l’Organisation, fin janvier. C’était aussi le constat de la Banque mondiale, la semaine dernière – elle avait alors désigné 17 pays du G20 ayant cédé au protectionnisme. Dans le collimateur de l’OMC, on trouve d’abord les pays développés et leurs plans de relance. « Certains comportent des éléments – tels que les aides d’État et autres subventions – qui favorisent les produits et services nationaux aux dépens des importations », note le rapport. Parmi les aides d’État, il cite notamment celles destinées à l’acier et à l’automobile. C’est tout le problème d’un protectionnisme subtil, pas forcément illégal, mais qui peut affecter les échanges. 1 Au vu du document 10, quelle fonction l’OMC assure-t-elle ? 2 Quelles formes peut prendre le protectionnisme aujourd’hui ? 3 Dans quel contexte cette mise en garde intervient-elle ? n 98 La gouvernance de l’économie mondiale Les Échos, 27 mars 2009 © Éditions Foucher 200 Analyse d’une situation économique COMPÉTENCE ATTENDUE ● Identifier et analyser les limites de l’OMC dans la gouvernance de l’économie mondiale. Les enjeux de la libéralisation des échanges Mise en situation TRAVAIL À FAIRE Vous faites partie d’une grande organisation internationale qui produit des études sur l’ouverture des économies et la gouvernance mondiale. Votre directeur vous charge de lui fournir une analyse des effets des mesures de libéralisation de l’économie mondiale. Pour réaliser cette étude, vous devez, à l’aide des documents 11 à 13, traiter les points suivants. 1 Établissez un bilan de l’intérêt et des limites de la libéralisation des échanges. 2 Quelles mesures peuvent être prises dans les pays du Sud et du Nord pour réduire les effets négatifs de la mondialisation ? document 11 L’insertion internationale de la Chine L’émergence de la Chine s’est accompagnée d’un excédent structurel de ses échanges extérieurs entièrement issu de ses activités internationales d’assemblage. Depuis 2003, cet excédent commercial a explosé, d’abord parce que les exportations ont progressé à un rythme accéléré, puis parce que les besoins d’importation ont connu un relatif tassement lié à l’expansion des capacités de production locales (acier par exemple). Aux effets de l’expansion des industries exportatrices se sont ajoutés ceux d’une politique de substitution aux importations. © Éditions Foucher Par-delà ses succès, les coûts de cette expansion commerciale sont désormais évidents : le rôle d’« usine du monde » se paie d’une lourde facture énergétique et de dégâts environnementaux graves ; la « compétitivitéprix » pèse sur les salaires et contribue à aggraver les inégalités sociales ; le commerce extérieur s’accroît au prix d’une dégradation des termes de l’échange. Par ailleurs, le degré d’ouverture de la Chine entraîne une forte dépendance à l’égard de la conjoncture internationale et de l’évolution des marchés mon- diaux. Enfin, le gonflement de l’excédent chinois sur les États-Unis et l’Europe – qui tient à sa position au bout de la chaîne de production asiatique – entraîne des tensions commerciales et des risques de réactions protectionnistes. Cahiers français, n° 341, novembre-décembre 2007 9. Les enjeux d’une organisation du commerce mondial 99 n Analyse d’une situation économique Les enjeux de la libéralisation des échanges document 12 Les bénéfices contrastés des mesures de libéralisation Un effet global indiscutablement positif… Deux constats s’imposent aujourd’hui. En premier lieu, la réduction des barrières à la circulation des marchandises et des capitaux clôt la période passée des affrontements Est-Ouest et, si elle n’a pas complètement mis un terme aux affrontements Nord-Sud, elle a néanmoins sensiblement réduit l’acuité des tensions entre riches et pauvres de la planète. Aujourd’hui, les efforts d’ouverture progressivement consentis débouchent sur un vaste phénomène d’intégration internationale qui n’est pas étranger aux performances globales de croissance enregistrées à l’échelle mondiale. En particulier, la réduction des contrôles administratifs et l’abandon des modèles traditionnels de substitution aux importations ont stimulé la concurrence internationale par la baisse des prix, la différenciation des produits ou la qualité des services. En second lieu, et contre toute attente, on constate que le taux moyen de croissance des PED est devenu, au cours des quinze dernières années, supérieur à celui des pays du G7 ou de la Triade (États-Unis, Europe, Japon). Ce dynamisme doit être attribué aux effets des mesures de libéralisation commerciale, mais aussi, corrélativement, aux effets de l’expansion des investissements internationaux et de la délocalisation des entreprises qui ont stimulé les appareils nationaux dans un contexte général de renforcement des politiques éducatives et de développement des infrastructures. Par le biais des interdépendances des économies nationales, de la compétition accrue entre firmes, de l’essor des progrès technologiques et de leur diffusion, l’intégration internationale a provoqué un cercle vertueux de croissance qui a concerné, peu ou prou, directement ou indirectement, une grande partie de la planète. … mais une distribution inégale des avantages de la libéralisation Il ne suffit pas de constater que l’ouverture est globalement profitable. Il convient aussi de prendre en compte que ses effets bénéfiques sont inégalement répartis, voire que l’ouverture elle-même accentue l’hétérogénéité entre les pays et entre les zones du globe. Les travaux sur la spécialisation internationale, en dépit de leurs carences, parviennent à un même constat commun : les pays les plus dynamiques apparaissent comme étant ceux qui sont spécialisés dans les produits dont la demande mondiale progresse le plus rapidement. Les pays d’Asie orientale et du Sud se trouvent dans cette situation. Ils ont avantageusement amélioré leur potentiel d’échanges dans les produits à forte demande et se sont désengagés des produits en régression. Naturellement, des différences significatives peuvent les opposer selon l’ampleur de leur réussite dans chacune des filières où ils sont positionnés : textile, électronique, chantiers navals, etc. Inversement, la spécialisation des autres pays du Sud apparaît comme non pertinente au regard de l’évolution de la demande mondiale. C’est le cas, en particulier, de l’Afrique et d’une grande partie de l’Amérique latine, qui présentent des avantages dans les produits dont la demande stagne, voire régresse, et des désavantages comparatifs dans les produits en progression dans la demande mondiale. La spécialisation des pays anciennement industrialisés, elle, est particulièrement significative de la dérive actuelle de la division internationale du travail. En effet, ils reculent dans les produits les plus dynamiques, comme l’électronique, qu’ils abandonnent aux pays émergents. En revanche, ils renforcent leurs avantages dans les produits à haute teneur en innovation et à forte valeur ajoutée (mécanique, chimie, pharmacie, aéronautique, etc.), qui restent hors d’atteinte non seulement des économies dynamiques, mais aussi a fortiori hors de portée de la majorité des PED. L. Abdelmalki et R. Sandretto, « Les effets contratés de la Libération des échanges. Mondialisation et commerce internationnal », Cahiers français, n° 325, La documentation française, mars-avril 2005. document 13 Le mauvais bilan de la mondialisation que et l’Amérique latine n’ont guère profité de la mondialisation, ce n’est pas seulement du fait des règles imposées par les pays riches, les firmes multinationales ou les organisations économiques internationales. De puissants dysfonctionnements internes, liés notamment au refus des couches dominantes de ces pays d’accepter de partager leurs revenus via l’impôt, les ont empêchés de construire des États efficaces, capables d’investir dans l’éducation, la santé... (…) n 100 La gouvernance de l’économie mondiale Le malaise est profond également dans les pays riches (…) les moyennes de revenu par habitant cachent des disparités croissantes. Les riches des pays riches ont pu obtenir, en mettant en concurrence les territoires, une baisse de la pression fiscale sur les plus hauts revenus. Tandis que les pauvres subissaient au contraire non seulement la remise en cause des États providence liée au refus croissant de la solidarité de la part des plus riches, mais aussi la concurrence nouvelle des salariés des pays du Sud pour toutes les tâches potentiellement délocalisables. Alternatives économiques, juin 2009 © Éditions Foucher En dehors de l’Asie de l’Est, les réussites économiques sont bien rares. L’Inde a connu une croissance soutenue au cours de la dernière décennie. Mais le revenu moyen d’un Indien, qui représentait 2,1 % de celui d’un habitant des pays riches en 1960, n’en pèse toujours que 2,4 % aujourd’hui. Quant au Brésil, autre candidat récurrent au statut de locomotive économique, il a vu son niveau de vie relatif régresser : chaque Brésilien gagnait en moyenne 17 % de ce que gagnait un habitant des pays riches en 1960, ce ratio est tombé à 15 % en 2007 (…). Si l’Afri- L a libéralisation du commerce mondial doit conduire à des gains mutuels pour chacun des pays participant aux échanges, mais une coordination internationale est nécessaire pour fixer des règles communes et éviter les comportements opportunistes de certains pays qui bénéficieraient de l’ouverture des marchés tout en continuant à se protéger. Synthèse ➔ quels sont les effets attendus de la libéralisation du commerce mondial ? ➔ pourquoi une coordination internationale est-elle nécessaire ? i. Les effets attendus de La LibéraLisation du commerce mondiaL 1 Commerce mondial et croissance économique Les études statistiques menées sur une longue période montrent un lien indiscutable entre croissance économique et croissance des échanges internationaux. De même, les périodes de ralentissement économique sont souvent marquées par une contraction du commerce mondial. Ce fut notamment le cas lors de la crise des années 1930, où les mesures de protectionnisme ont contribué à aggraver la crise dans tous les pays. De ce point de vue, les arguments en faveur du libre-échange sont les suivants. Comment le commerce mondial favorise-t-il la croissance économique ? Le principe de l’avantage comparatif Les pays tirent profit de leurs ressources propres en se spécialisant sur les productions où ils sont le plus efficaces, qu’ils pourront ensuite échanger sur les marchés extérieurs contre des biens et services produits dans de meilleures conditions dans d’autres pays. Une concurrence accrue Le commerce mondial stimule la concurrence entre les entreprises car l’ouverture des marchés met les producteurs locaux en situation de concurrence ; ils doivent donc améliorer leurs processus de production, réduire leurs coûts, innover et améliorer la qualité des produits. De plus, l’ouverture des marchés favorise l’accroissement de la taille des entreprises et donc les économies d’échelle. La consommation stimulée L’ouverture des marchés permet aux consommateurs d’accéder à des produits moins chers et de meilleure qualité, du fait d’une concurrence accrue, de réduire le coût de la vie et donc d’augmenter leur pouvoir d’achat, et de bénéficier d’une gamme élargie de biens et services. © Éditions Foucher 2 Commerce mondial et revenus La théorie HOS (Heckscher, Ohlin et Samuelson) avance l’idée que le commerce mondial favorise une convergence de la rémunération des facteurs de production entre les différents pays participant à l’échange et ainsi un rattrapage des revenus dans les pays les moins avancés, qui utilisent de manière plus abondante leur main d’œuvre. 9. Les enjeux d’une organisation du commerce mondial 101 n Synthèse L’étude des faits montre que le revenu par habitant s’est nettement accru dans l’ensemble des pays de la planète, mais que, si le rattrapage est effectif dans quelques pays qui ont bénéficié de l’ouverture économique, l’écart de revenu a au contraire augmenté entre les pays riches et un grand nombre des pays les moins avancés. II. La nécessité d’une coordination internationaLe L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est une institution mise en place en 1995 pour succéder au GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), accord multilatéral de libre-échange. Son objectif est de faciliter les échanges commerciaux internationaux dans une logique de libre-échange, en permettant aux entreprises de commercer dans des conditions de concurrence équitables. Elle doit notamment permettre de réduire toute forme de protectionnisme. Des règles communes de coordination et de régulation du commerce mondial ont été instituées dès 1947, à la création du GATT, puis adoptées par l’OMC. Les règles communes de coordination du commerce mondial Les pays peuvent maintenir dans certains cas une protection nationale contre la concurrence étrangère, à condition qu’elle ne se fasse que par des droits de douane, et à des niveaux modérés. Sont interdits notamment les quotas, qui visent à limiter les quantités de marchandises à l’importation. Le principe de la non-discrimination Tout avantage accordé à un pays adhérent à l’OMC doit être étendu à l’ensemble des pays membres. C’est la clause de la nation la plus favorisée ou clause NPF. À noter que ce principe admet des exceptions dans le cadre des accords régionaux (UE, Alena, Mercosur…) Les négociations multilatérales L’objectif de la coopération internationale en matière de commerce est de réduire voire de supprimer toute barrière aux échanges au moyen de négociations entre pays. Cela concerne les droits de douane, qui doivent être abaissés progressivement (les taux consolidés empêchent leur relèvement), mais aussi les autres formes de protectionnisme : quotas, subventions, dumping, réglementations… La clause du traitement national À l’exception des droits de douane, chaque pays doit accorder aux produits importés le même traitement que les produits nationaux, en ce qui concerne les taxes et les réglementations. Le rôle de l’OMC est de faire respecter ces règles et de faciliter les négociations multilatérales. Néanmoins, un certain nombre de pratiques dérogatoires existent et de nouvelles formes de protectionnisme se mettent en place. n 102 La gouvernance de l’économie mondiale © Éditions Foucher L’interdiction des restrictions quantitatives