9. Les enjeux d’une organisation du commerce mondial 97 n
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DOCUMENT 7
Le 1er janvier 1995, l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) entrait en fonction, succédant à l’Ac-
cord général sur les tarifs douaniers et le commerce
(GATT, selon l’acronyme anglais). Contrairement au
GATT, l’OMC est une « vraie » organisation internatio-
nale au sens du droit international. Sa fonction princi-
pale, tout comme le GATT, est de gérer le système com-
mercial multilatéral.
L’OMC est souvent présentée comme une ins-
titution de libéralisation commerciale appliquant
la doctrine du libre-échange. Certes, la logique des négo-
ciations commerciales multilatérales est de réduire tou-
tes les formes de protectionnisme. Toutefois, la libérali-
sation commerciale ne peut être pensée sans régulation.
Le GATT et l’OMC illustrent ce processus bidimension-
nel d’un libre-échange géré ou d’une libéralisation admi-
nistrée. (…)
La charte de La Havane, qui devait instaurer l’OIC,
ne fut jamais ratifiée. Son volet commercial, négocié et éla-
boré séparément par vingt-trois pays, est entré en vigueur
en 1947 sous la forme d’un accord douanier. Ce dispositif
de démantèlement douanier, qui prit le nom de GATT, est
à l’origine du système commercial multilatéral. (…)
Le GATT institue un régime commercial internatio-
nal articulant deux tendances a priori contradictoires :
une libéralisation des échanges conforme aux intérêts
nationaux et le respect d’une discipline et d’une coopéra-
tion commerciale internationale. Cela revient à instituer
un régime commercial ouvert et non discriminatoire.
Mehdi Abbas, « Du GATT à L’OMC : un bilan de soixante ans
de Libération des échanges. Mondialisation
et Commerce Internationnal », Cahier français n° 341,
La Documentation Française, novembre-décembre 2007
Du GATT à l’OMC
DOCUMENT 8
L’objectif du système multila-
téral de commerce des marchan-
dises créé par le GATT est d’offrir
aux entreprises et branches de pro-
duction des différents pays un envi-
ronnement sûr, stable et prévisible
dans lequel elles peuvent commercer
dans des conditions de concurrence
loyales et équitables. Ce système
commercial ouvert et libéral devrait,
grâce à l’accroissement du commerce,
promouvoir l’investissement, la pro-
duction et la création d’emplois et
faciliter ainsi le développement éco-
nomique de tous les pays.
Tout l’édifice du système com-
mercial multilatéral ouvert et
libéral du GATT repose sur
quatre règles fondamentales
simples.
• La première règle veut que, même
si l’on considère qu’il importe que
les membres appliquent une politi-
que commerciale ouverte et libé-
rale, il leur est possible de protéger
leur production nationale contre la
concurrence étrangère, à condition
que cette protection ne soit assurée
que par des droits de douane et soit
maintenue à un niveau modéré. À
cet effet, elle interdit aux pays d’ap-
pliquer des restrictions quantitati-
ves, sauf dans des cas précis.
• La deuxième règle prévoit la réduc-
tion et l’élimination des droits de
douane et autres obstacles au com-
merce au moyen de négociations mul-
tilatérales. Les droits ainsi réduits sont
indiqués, au niveau de la ligne tarifaire,
dans la liste de concessions de chaque
pays. Les taux indiqués dans ces listes
sont appelés taux consolidés. Les pays
sont tenus de ne pas relever leurs
droits au-delà des taux consolidés
indiqués sur leurs listes.
• La troisième règle exige que les
pays ne fassent pas de discrimina-
tion entre les pays dont ils importent
des marchandises ou ceux vers les-
quels ils exportent des marchandi-
ses. Cette règle est appelée principe
de la nation la plus favorisée (NPF).
Une exception importante est admise
dans le cas des arrangements préfé-
rentiels régionaux.
• La quatrième règle est celle du trai-
tement national. Elle veut que les
pays n’appliquent pas à un produit
importé, après qu’il a été admis sur
leur marché intérieur moyennant
règlement des droits de douane à la
frontière, des taxes intérieures, telles
que taxe sur le chiffre d’affaires ou
taxe à la valeur ajoutée, à un taux
plus élevé que celui appliqué aux
produits nationaux similaires.
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Les quatre grandes règles du GATT
II. LA NÉCESSITÉ D’UNE COORDINATION
INTERNATIONALE
1 Quels est la finalité commune du GATT et de l’OMC ?
2 Quelle différence peut-on faire entre le GATT et l’OMC ?
3 Expliquez en quoi le GATT « institue un régime commercial international articulant
deux tendances a priori contradictoires ».