2 Spectre d’un anneau artinien
2.1 Dimension de Krull et finitude du spectre
Proposition Un id´eal premier pd’un anneau artinien est maximal.
Preuve On sait que A/p est un anneau int`egre et artinien, il suffit de montrer que c’est un corps.
Soit a∈A/p,a6= 0. La suite d´ecroissante des id´eaux ((an))n∈Nest stationnaire, disons en r: on a
(ar) = (ar+1). Donc ar=bar+1, et comme a6= 0 et A/p est int`egre, ba = 1, et aest inversible ; pest
ainsi maximal.
Corollaire Le radical de Jacobson d’un anneau artinien est ´egal `a son nilradical
Corollaire La dimension de Krull d’un anneau artinien est 0.
Remarque Les anneaux dans lesquels tous les id´eaux premiers sont maximaux (de dimension de
Krull 0) ne sont pas n´ecessairement artiniens.
Soit kest un corps ; notons xila classe de Xidans l’anneau quotient A=k[Xn]n∈N/(XiXj)i,j∈N. Le
seul id´eal premier de Aest l’id´eal maximal (xn)n∈N.
La suite d’id´eaux (xn)n∈N⊃(xn)n∈N−{0}⊃(xn)n∈N−{0,1}⊃... est strictement d´ecroissante. An’est
donc pas artinien.
Proposition Le spectre d’un anneau artinien est fini.
Preuve Notons Fl’ensemble des id´eaux qui sont intersection d’un nombre fini d’id´eaux premiers
dans l’anneau artinien A.Fest non vide. Il poss`ede donc un ´el´ement minimal a=Tn
i=1 pi, o`u les pisont
premiers et distincts. On va d´emontrer que Spec(A) = {p1, ..., pn}.
Soit p∈Spec(A). On observe que p∩a∈F. Comme p∩a⊂a, par minimalit´e de a,p∩a=a, ce qui se
traduit par a=Tn
i=1 pi⊂p, et qui entraˆıne que pi⊂ppour un certain i, et donc pi=ppuisque piest
maximal.
Remarque La r´eciproque est fausse : Le spectre de A=k[Xn]n∈N/(XiXj)i,j∈Nest un singleton,
donc fini, bien que Ane soit pas artinien.
2.2 Nilpotence du radical et cons´equences sur la structure
Proposition Le radical r=J(A) = p(0) d’un anneau artinien Aest nilpotent (il existe n∈Ntel
que rn= (0)).
Preuve (rn)n∈Nest une suite d´ecroissante d’id´eaux ; elle stationne donc en n∈N. On va montrer
que rn= (0). Notons a=rn.
Supposons a6= (0) ; on observe que a2=a. L’ensemble Fdes id´eaux bde Atels que ba 6= (0) est donc
non vide ; soit cson plus petit ´el´ement.
Si pour tout x∈c, on avait xa = (0), alors on aurait ca = (0). Donc il existe x∈ctel que xa 6= (0).
Mais alors (x)∈F, donc c= (x).
Aussi, (xa)a=xa2=xa 6= 0, donc (xa)∈Fet (xa)⊂(x), d’o`u (xa) = (x) et ainsi on obtient l’existence
d’un z∈a, tel que xz =x. Par r´ecurrence, pour tout n∈N, on a alors xzn=x. Mais comme z∈a⊂r,
on trouve x= 0. On a donc a=rn= (0).
Corollaire Un anneau artinien est un produit fini d’anneaux locaux.
Preuve Soit Spec(A) = {m1, ..., mn}, et soit s∈Ntel que p(0)s= (0). Alors :
p(0)s= (
n
\
k=1
mk)s= (
n
Y
k=1
mk)s=
n
Y
k=1
(ms
k) =
n
\
k=1
(ms
k) = (0)
A, isomorphe `a A/(0) est donc isomorphe `a A/ Tn
k=1(ms
k). Par le th´eor`eme chinois, Aest donc aussi
isomorphe `a Qn
k=1 A/(ms
k)
L’anneau A/(ms
k) est par quotient artinien, et a un seul id´eal premier mk/(ms
k) (regarder la projection
Apk
→A/(ms
k)). Il est local, et Aest un produit d’anneaux locaux.
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