Budapest 1913 - Magyar Természettudományi Múzeum

1913.
ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L'ARCHjEODBILUS
DUBIOSUS.
Par le Dr. ANDRÉ SZÜTS.
(Planches I—IV et 22 figures dans la texte.)
J'ai publié tout récemment le genre nouveau Archo.eodrilus (120)
dont l'unique espèce décrite par feu L. ORLEY sous le nom de Crio-
drilus dubiosiis (86), n'est connue jusqu'à présent que de la Hongrie.
L'anatomie de cette espèce n'est pas examinée jusqu'à présent. Mes
recherches ont pour but d'étudier au moyen des nouvelles méthodes
microtechniques l'anatomie et l'histologie de l'espèce en question; et
de comparer, sur la base d'un examen critique de la littérature, les-
sultats obtenus dans l'histologie des autres Lombricides. Au cours de
ce travail j'ai dû naturellement m'occuper aussi de recherches histolo-
giques faites sur d'autres espèces, et, pour expliquer certains points
douteux, j'ai du étendre ces recherches sur quelques représentants des
familles inférieures des Oligochètes, telles que les familles des Lumbri-
culidae, Tubificidae et Xaididae. Ce travail est donc le résumé de tous
les résultats obtenus, pour arriver à une révision générale de l'histo-
logie des Lombricides.
Pour les examens anatomiques et topographiques j'ai employé la
méthode des séries de coupes. J'ai fait des grosses coupes de celloïdine,
par la méthode de térpinéole d'APÁTHY, en colorant toute la matière
avec l'hémateïne í A d'ApÁTHY ou avec le paracarmine de MEYER. Parmi
les divers liquides fixateurs, comme spécialement propres puur la con-
servation de la structure des cellules, je me suis servi de platinchlo-
ride-formol-sublimate, le liquide de BOUIN et de CARNOY. J'ai coloré les
coupes par la tinction triple d'ApÁTHY, par l'hématoxyline ferrique de
HEIDENHAIN, combiné avec ma coloration d'aluminium-alizarine (115,
119), ensuite par la coloration de mitochondrie de BENDA et par thio-
nine. Dans les recherches sur le système nerveux je me suis servi de
la coloration bleue de méthylène d'ApÁTHY, en suivant les méthodes
d'imprégnation de GOLGI et de CAJAL et la tinction d'or d'APÁTHY.
Annales Musfi Nalionalis Hungarici.
XI. 4
50 D': ANDRÉ SZÜTS
LA FORME EXTÉRIEURE.
Notre animal a un corps cylindrique, un peu aminci en avant, sa
queue est aussi plus tenue ; l'extrémité terminale des exemplaires con-
servés est aplatie sur les 20 derniers anneaux.
Longeur du corps: 100, 90, 95, 90, 81, 97 mm.
Nombre des segments: 110, 188, 154, 150, 113, 120 «
Sa couleur est d'un vert-noir; la partie ventrale est rouge-brun;
la queue est plus claire. La tête est épilobique, avec un lobe spbérique,
dont le processus dorsal pénètre jusqu'à la moitié du segment oral.
La boucbe. placee au-dessous du lobe céphalique, a la forme d'un demi-
cercle. Les trois premiers segments sont lisses, les segments suivants
sont pourvus d'un sillon transversal double, les segments après le cli-
tellum portent un sillon triple. L'anus se trouve à l'extrémité du dernier
segment, entouré de plissures, en forme d'une rosette. Les soies sont
accouplées deux à deux, mais ne sont pas posées sur des papilles.
La distance ab—ab = 2'5 mm; celle des lignes dorsales, ab—cd =
8 mm. L'ouverture génitale mâle se trouve sur le 15e segment. Elle
est posée quelquefois sur une aréole élevée, qui s'étend sur les segments
voisins. Après la copulation cette aréole et le clitellum dégénèrent rapi-
dement. Le clitellum ne s'élève pas autant que chez les autres espèces,
sa couleur est d'un rouge-brun; il est composé par 9, 10 ou 11 segments,
en commençant au 36e ou 37e segment et s'étendant jusqu'au 44e, 45e
ou 46e segment. Le tubercule de puberté se trouve sur le côté ven-
tral sous forme d'un trabecule à peine visible; quelquefois même on ne
remarque cette élévation que par les papilles des soies plus forte-
ment développées.
LA STRUCTURE AN ATOMIQUE.
La structure anatomique de VArcliaeodrihts diibiosus, la disposition
des dissépiments, le tube digestif, le système nerveux central, et le
systeme des vaisseaux et des népliridies sont semblables à ceux des
autres Lombricides, c'est pourquoi je ne crois pas nécessaire d'en donner
à nouveau leur description anatomique.
Parmi les organes génitaux on remarque deux paires de testicules
et des pavillons séminaux, en forme d'éventail plissé; ils sont libres,
sans être enveloppés d'un capsule, dans les 10e et 11e segments. Les
recéptacles séminaux manquent. Dans les segments 9—12 on trouve
quatre paires de vésicules séminales (pl. II, fig. 15, v). C'est dans le
ARCH-áEODRILUS DUBIOSUS. 51
13e segment qu'on aperçoit les deux petits ovaires cuspidés, et au-dessous
d'eux sont placés les pavillons aplatis qui se continuent dans l'oviducte,
en pénétrant par le dissépiment et qui s'ouvrent dans le 14e segment.
La continuation des pavillons séminaux, les canaux déférents, pénètrent
par le dissépiment, et réuais de chaque côté, s'ouvrent dans le 15e
segment. J'ai déjà autrefois décrit et donné un dessin de la topographie
des organes génitaux de cette espèce (113), il est donc superflu de les
reproduire ici.
Ayant trouvé des caractères importants dans la conformation du
tube digestif et de la cavité digestive au point de vues systématique et
k
Fig. 1. Coupe longitudinale de la première partie du corps. (KEICHERT OC. 2., Obj.
lr<.) a ganglion cérébroïde ; d = dissepiments ; g = pharynx ; h muscles longi-
tudinaux ; i = épiderme ; k = muscles circulaires; o = oesophage ; sz - tube buccal.
phylogénétique, je crois nécessaire d'insister sur les détails de leur
anatomie.
Le tube digestif commence avec le tube buccal, qui est placé dans
les deux premiers segments (fig. 1, sz). Ce tube se dilate progressive-
ment. C'est dans le 3e segment que commence le pharynx musculeux
(fig. 1, rj), placé vers le côté dorsal et s'étendant dans les 3e 5e segments.
Immédiatement après le dissépiment 4/s on trouve de chaque côté les
glandes séptales (pl. II, fig. 15, s); et dans le 5e segment, aussi sur
tous les deux côtés, le 3—4 peptonéphridies (pl. II, fig. 15, p) qui
sont des glandes muqueuses d'origine néphridiale et qui s'ouvrent dans
la cavité du pharynx. Le pharynx se rétrécit dans le 6e segment et se
continue dans l'œsophage qui se tourne vers le côté dorsal (fig. 1, o).
4*
52 D': ANDRÉ SZÜTS
L'œsophage s'étend de là jusqu'au 14e segment ; il est pourvu dans chaque
segment de dilatations de formes diverses, et en traversant les dissepi-
ments, il se rétrécit fortement. Dans les Ge—9e segments les dilatations
sont assez faibles ; dans le 10e segment comméncent les dilatations plus
larges, nommées les organs de MORREN OU glandes calcifères. L'œsophage
se dilate progressivement dans les 13e et 14e segments, on trouve
dans les 15e et 16e segments le proventricule et dans les 17e et 18e
segments le ventricule musculeux. L'intestin commence dans le 19e
segment et montre dans chaque segment les dilatations caractéristiques.
En examinant l'importance systématique et phylogénétique de l'anatomie
du tube digestif, j'ai cherché de reconnaître des caractères distinctifs
précis, comme nous en trouvons dans le squelette des Vertébrés, parti-
culièrement dans le crâne osseux. On comprendra facilement les difficultés
à surmonter pour arriver à établir les caractères propres à différencier
minutieusement de tels organes dans les animaux mous, comme les
Invertébrés, dont la forme extérieure, les surfaces et les cavités internes
sont influencées par la mode de conservation et par les contractions
de l'animal pendant sa préparation. Pourtant, en examinant des séries
de coupes du Lombrique, nous obtenons dans la disposition topographique
et dans la formation des organes des caractères très-importants pour la
distinction des espèces; j'ai pu m'en convaincre tout particulièrement
par les coupes des diverses parties du tube digestif. D'après MICHAELSEN
la forme de l'œsophage et de ses sacs, le nombre et la disposition des
ventricules musculeux, la présence et la forme du typblosolis dans l'in-
testin, ont une grande importance pour la distinction systématique. Il
est facile à comprendre, que la formation de l'intestin, particulièrement de
la cavité intestinale des espèces, qui vivent dans divers terrains, sont
influencées définitifement par la qualité du sol, humus ou limon, qui
leur servent de nourriture. La cavité buccale prépharyngienne de YArchae-
odrihis Üubiosus est un simple tube, qui se dilate progressivement et
en atteignant le pharynx, se continue dans la cavité pharyngienne, qui
est plus large. Immédiatement au-devant de la cavité pharyngienne on
trouve sur le tube buccal deux petits sinuosités, lesquelles on peut
facilement distinguer: l'un vers le côté dorsal, et l'autre vers le côté
ventral. Le tube buccal est aplati dans sa coupe transversale (fig. 2),
courbé en arc ; sa surface ventrale est lisse, la surface dorsale porte des
plissures longitudinales. Le tube buccal s'élargit en passant dans la
cavité pharyngienne et porte des sinus latéraux et longitudinaux. La partie
ventrale de la cavité pharyngienne est la continuation directe du tube
prépharyngien, avec des plissures circulaires sur sa face interne. La
sinuosité dorsale de la cavité pharyngienne est le sac pharyngien. On ne
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trouve pas de plissures circulaires à la surface dorsale du sac pharyn-
gien qui est lisse. Le sac pharyngien occupe la première paitie de la
longueur du pharynx, la cavité pharyngienne devient un étroit tube
ventral, avec des plissures circulaires sur sa face interne (fig. 1, g).
La formation de la cavité pharyngienne examinée sur les coupes trans-
versales nous montre le lumen du tube buccal, qui s'élargit progressi-
vement (fig. 3). En passant dans la cavité pharyngienne, il est pourvu de
deux étroits sinus latéraux ; en passant dans l'œsophage, il forme un
tube plissé, fortement aplati dans la direction de l'axe longitudinal (fig. 4),
ensuite, en présentant la coupe transversale du lumen sous forme d'une
croix et en s'élargissant progressivement, il passe dans la cavité de
l'œsophage. En comparant au pharynx de YArchaeodrilus dubiosus
celui de
Y
Kisenia rosea SAV., on remarque sur le tube buccal de
Y Kisenia rosea plusieurs sinus et un sac buccal dorsal, son sac pha-
ryngien est divisé en trois sinus, deux latéraux et un central, tandisque
le pharynx de
Y
Archaeodrilus dubiosus est plus simplement constitué.
L'œsophage de Y Archaeodrilus dubiosus commence immédiatement derrière
le pharynx, dans le 8e segment par un tube à parois minces (fig. 5),
avec des plissures longitudinales et circulaires à sa surface interne. En
pénétrant au dissépiment, le tube est très-étroit. L'œsophage est aussi
très-étroit dans le 9e segment, mais ses parois sont plus épaisses, à cause
de la présence du sinus sanguin qui est ici considérablement dilaté. L'œso-
phage est aussi étroit dans le ÎO segment, mais il se dilate ensuite,
sa surface interne est plissée, et entre l'épithélium interne de l'œsophage
I
Fig. 2. Coupe transversale du tube
buccal. (REICHERT OC 2. Obj. la.)
i = ganglion.
Fig. 3. Coupe transversale du pharynx.
(REICHERT OC. 2. Obj. la.)
i ganglion.
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