Dans ma chambre, un oreillard suivait avec une surprenante légèreté le contour des
meubles. L'oreillard frôle les rameaux et paraît bien saisir les insectes sur les feuilles, car on
trouve des têtes de chenilles dans les excréments. Selon Stokoe, il chasse ainsi au début du
printemps dans les saules en fleurs et vole surtout dans les arbres, mais aussi dans les espaces
découverts lorsqu'il a fini de chasser. Il pratique, au moins en captivité, le vol sur place, rase les
eaux, vole dans les rues des villes. Il mange surtout des papillons, noctuelles principalement, de
petits coléoptères et scatophages. Lorsqu'il prend une grosse proie, il la met dans sa membrane
interfémorale en faisant une sorte de culbute (Pitt) et la mange ou se suspend pour cela à
certaines places préférées. Au vol, il porte les oreilles dressées en avant. Au repos, elles se
recourbent de côté, en cornes de béliers, en haut, en cornes de bouc, bougent, et se rétractent. Le
jour, l'oreillard se retire dans les trous de murs et d'arbres, les greniers, derrière des contrevents,
le plus souvent isolé ou en petits groupes, les oreilles repliées en arrière et cachées sous les ailes,
les oreillons étant seuls saillants.
Le caractère des chauves-souris le plus remarquable est certainement le vol que,
seules parmi les mammifères, elles ont la faculté de pratiquer activement, quelques espèces
d'autres ordres pouvant prolonger leurs bonds en planant. Toute leur conformation est adaptée au
vol. Les os, très minces et élastiques, mais non remplis d'air comme ceux des oiseaux, sont très
allongés à l'avant-bras et surtout aux doigts, extrêmement graciles. Le pouce, muni de deux
phalanges, est court, articulé au poignet, non compris dans la membrane des ailes. Il porte un
ongle fort et recourbé et sert à l'animal à s'accrocher. Les 2e
et 3e doigts, soudés à l'extrémité du 2e, contre le 3e, forment
l'avant de la membrane alaire, le 4e est oblique en arrière ;
le 5e, à peu près transversal, détermine la largeur de l'aile.
Entre les jambes et la queue s'étend la membrane
interfémorale. Par la puissance du thorax, bombé et assez
rigide, et celle des épaules, le faible développement des
membres postérieurs et du bassin, le peu de longueur des
intestins, le petit nombre d'embryons aussi, le centre de
gravité est porté très en avant et la forme aérodynamique,
« en goutte », obtenue.
Le mécanisme de vol est assez analogue à celui des
oiseaux. Les espèces à vol lent ont de grandes oreilles,
celles à vol rapide les ont presque cachées dans le poil.
Posées sur le sol, les chauves-souris décollent par un saut
des pieds et des avant-bras préalablement à demi étendus
et brusquement ramenés. Accrochées par les pattes de
derrière, les chauves-souris ne prennent pas le départ en
se laissant tomber, mais relèvent le corps d'un battement,
avant que les pieds ne lâchent prise. Pour reprendre leur
position de repos, elles s'accrochent directement par les
pieds, en donnant un vigoureux coup d'aile de côté. Les
chauves-souris grimpent avec adresse, même à des parois
surplombantes, en s'accrochant par les pouces,
descendent la tête en bas, courent assez adroitement en
s'appuyant sur les poignets et les pieds. Tombées à l'eau,
elles nagent en battant des ailes.
Un autre caractère essentiel des chauves-souris est leur faible pouvoir de régulation
thermique. Lorsque la bête est au repos, sa température interne s'abaisse rapidement (grande
surface des parties nues et bien vascularisées, absence de duvet) et elle tombe en léthargie. La
température de veille varie, selon l'activité... Au-dessous de 34° environ, commence l'état
léthargique (qui ne se produit pas par température externe supérieure à 28°) avec ralentissement
progressif de la respiration et des activités ; la température interne reste alors un peu au-dessus
de la température ambiante. Les excitations du toucher, la lumière vive, les grands bruits, la
chaleur les réveillent.
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