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Les"Arts"de"l’Islam"
asiatiques partis au musée Guimet et départ du musée de la Marine), il avait une forte tendance
accumulatrice. Le palais avait donc besoin de s’étendre. Il fallait trouver 4000 m2 supplémentaires !
A/ Le rôle éminent de Paris
Les Arts de l’Islam n’étaient, jusqu’à présent, qu’une section rattachée aux Antiquités orientales,
dont on ne percevait pas toute la richesse. Le directeur du musée d’Art moderne de New York se fit
ambassadeur pour en vanter la valeur et une enquête confirma rapidement la complexité et la
profondeur historique de ces collections qui méritaient d’être sorties des réserves. Henri Loyrette,
directeur du musée du Louvre, en confirma aussi le caractère fondamental. Paris brillait déjà depuis
le XIXe dans ces disciplines qui avaient leurs spécialistes. Dès 1903, est organisée une exposition
fondamentale sur les « Arts musulmans », où les collectionneurs mis à l’honneur font des dons au
musée. Mais la présentation de l’époque est dense et mal classifiée. On tâtonne encore sur les plans
géographique (pièces égyptiennes et iraniennes mêlées) et chronologique. Les céramiques sont
présentées en tableaux encadrés, mêlant les styles et les provenances : islamiques et espagnoles. Dès
1922, la présentation s’allège et les collections sont installées dans le Pavillon de l’Horloge dans des
espaces dotés d’ascenseurs. En 1945, nouveau déménagement dans la chapelle avec toujours un
souci d’allègement qui permet de mettre en valeur des objets comme le baptistère de saint Louis ou
le tapis de la collégiale de Mantes. Mais les espaces sont convoités et les collections sont remisées
en 1977 pour de longues années. En 1993, de nouvelles salles sont ré-ouvertes dans l’aile Richelieu,
espaces compliqués, tout en lumières artificielles et doté de vitrines murales très basses. Mais la
collection apparaît cependant comme la plus importante d’Europe et le Metropolitan Museum, en
travaux, n’hésite pas à prêter certaines de ses œuvres à Paris ! En 2003, le président Chirac annonce
officiellement la création d’un département des Arts de l’Islam au Louvre. Le projet va mettre dix
ans à s’incarner compte tenu de l’énormité de la conception et de la masse de compétences en jeu.
B/ La sélection du projet architectural
Faire un projet, c’est l’écrire. Comment intégrer un nouveau projet contemporain autour de façades
historiques ornées avec deux lignes de corniches distantes d’un étage ? Il fallait trouver le bon
matériau maîtrisant une semi transparence et laissant deviner les façades et le ciel changeant, ce que
l’un des architectes, Rudy Ricciotti, a appelé « la complexité dans un mouchoir de poche ». Une
réflexion fut menée sur les options fondamentales. Des rencontres des directeurs de différents
musées internationaux (Londres, New York, Copenhague, Le Caire, Doha) et des échanges d’idées
émergea une floraison de projets qui permirent d’affiner celui du Louvre. Musée de la nation, il se
devait de raconter une histoire universelle dont celle du monde islamique avec sa complexité et son
étendue. Le projet muséographique et l’architecture devaient aussi transmettre l’idée qu’il n’y a pas
d’isolat géographique mais des interactions artistiques d’une partie du monde islamique à l’autre,
sans cloisonnement dans l’espace.
Quarante dossiers furent envoyés à des architectes et sept furent sélectionnés pour concourir. Trois
émergèrent rapidement dont un projet de verrière techniquement difficile car les façades ne
l’auraient pas supporté et un vide de 30 mètres de haut aurait écrasé les collections. Un autre projet
de tour à 6 niveaux semblait tout aussi difficile à réaliser et peu élégant. C’est le projet des
architectes Mario Bellini et Rudy Ricciotti qui l’emporta car il ne reposait pas sur les murs des
façades, ne couvrait pas la cour et limitait la construction à deux niveaux dont un en sous-sol.
Chaque triangle de la toiture fut calculé au plus juste pour que les huit poteaux, en jeu de mikado,