Littérature
Images en Ophtalmologie
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Vol. II
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n° 2
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avril-mai-juin 2008
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Coup d’œil
plasmatiques, pour atteindre le plus rapidement possible le
site de l’infection ;
• de la bactériologie : l’antibiotique doit être bactéricide, et doit
avoir un spectre adapté à tous les germes ou à ceux les plus
fréquemment rencontrés dans les endophtalmies ;
• des effets secondaires (toxicité) : le traitement doit présenter
le moins d’effets secondaires possibles ;
• du coût : le rapport coûtefcacité doit être raisonnable.
D’après ces critères, les antibiotiques pouvant être utilisés
dans le traitement de l’endophtalmie sont les suivants : uoro-
quinolones, imipenem, pipéracilline, fosfomycine, ceftazidime
et ceftriaxone
(9)
.
Les uoroquinolones ont une excellente biodisponibilité et des
concentrations aqueuses voisines de 0,5 à 1 mgml dans l’œil
sain avec un rapport humeur aqueusesérum de 20 à 30 %,
qui peut atteindre 80 % dans l’œil infecté
(10)
. L’injection intra-
veineuse donne des taux de concentration deux fois plus élevés
que la voie orale. L’augmentation des doses orales permet
d’élever les concentrations intra-oculaires
(11)
. Ces produits
doivent toujours être administrés en association, pour deux
raisons importantes :
• éviter l’émergence de mutants résistants ;
• élargir le spectre d’activité du traitement antibiotique sur le
streptocoque et les anaérobies.
La durée du traitement antibiotique est habituellement de
7 à 10 jours.
Les antibiotiques locaux fortiés
Ce sont des collyres préparés à partir de formes injectables et
qui sont prescrits hors AMM. Ils donnent de bonnes concen-
trations en chambre antérieure. Leur utilisation est un adju-
vant des injections intravitréennes. Les antibiotiques les plus
utilisés sont la vancomycine, pour son excellente activité sur
les germes à Gram positif à la concentration de 50 mgml, et la
ceftazidime, active sur les germes à Gram négatif, à la concen-
tration de 20 mgml. La posologie est de 1 goutte toutes les
30 minutes en alternance avec chacun des produits au début
du traitement, puis 1 goutte 8 fois par jour.
Les corticoïdes
L’utilisation des corticoïdes dans le traitement des endoph-
talmies est discutée
(2, 12)
. Plusieurs voies d’administration
sont possibles : la voie topique, en injection sous-conjonctivale,
latérobulbaire ou intravitréenne. La voie sous-conjonctivale de
dexaméthasone semble efcace, car elle permet d’atteindre
des taux aqueux et vitréens tout à fait satisfaisants
(13)
. L’injec-
tion intravitréenne de corticoïdes doit toujours être associée
à une injection d’antibiotique, généralement à partir de la
deuxième injection. Cette injection est contre-indiquée en cas
d’endophtalmie mycotique.
La vitrectomie
Les avantages sont les suivants :
• Injection d’antibiotique dans le segment postérieur.
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• Ablation du vitré infecté.
• Meilleure diffusion des antibiotiques généraux et locaux dans
la cavité vitréenne.
Les inconvénients sont les suivants :
• Décollement de rétine
(14)
.
• Cataracte.
Les indications ainsi que le choix du moment de la vitrectomie
restent difcile à déterminer. Elle a été réalisée dans 50 % des
cas dans l’étude GEEP
(1)
et dans 52 % des cas dans l’étude
EVS
(4)
. Dans cette dernière étude, l’effet bénéque immédiat
pour les cas où l’acuité visuelle est réduite à une perception
lumineuse est statistiquement signicatif. C’est donc l’acuité
visuelle qui serait le meilleur argument pour poser l’indica-
tion d’une vitrectomie. L’aggravation des signes cliniques peut
conduire à programmer une vitrectomie différée sur un œil déjà
imprégné par une antibiothérapie systémique.
Les indications
Endophtalmie aiguë postopératoire bactérienne
Elle doit être traitée en urgence.
Le schéma thérapeutique proposé est le suivant :
– prélèvement humeur aqueuse etou vitréen ;
– injections intravitréennes d’une double antibiothérapie
(Fortum® + Vancomycine®) généralement 3 fois à 48 heures
d’intervalle ;
– antibiotiques fortiés locaux ;
– biantibiothérapie systémique (selon l’étude EVS
(4)
, il n’y
aurait pas de bénéce à instaurer une antibiothérapie systé-
mique) ;
– corticoïdes en injection intravitréenne, voire en sous-conjonc-
tivale ou latérobulbaire dès le deuxième jour.
Si l’évolution est favorable en 24-48 heures, la vitrectomie est
indiquée à distance à visée optique. Si l’évolution est défa-
vorable, il est indiqué de refaire une injection intravitréenne
d’antibiotique et de discuter une vitrectomie à chaud.
Endophtalmie postopératoire fongique
(gure 2)
• Prélèvement humeur aqueuse etou vitréen.
• Antifongiques systémiques :
– amphotéricine B : 0,5 à 0,7 mgkgj ;
– kétoconazole : 400 mgj ;
– uconazole : 400 mgj.
• Injection intravitréenne d’amphotéricine B à la dose de 5 µg
sous un volume de 0,1 ml.
• Vitrectomie.
Conclusion
L’endophtalmie est une affection imprévisible et redoutable.
Sans traitement, elle conduit à la cécité et à la perte du globe
oculaire. Son pronostic dépend de la rapidité d’instauration
du traitement antibiotique et de son efcacité. Cependant,
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