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Second rapport national ITC France
Les résultats de la lutte anti-tabac
passés au crible
La France mène depuis trente ans une intense politique de lutte antitabac : loi Veil de 1976, loi Evin
de 1991, interdiction de fumer dans les lieux à usage collectif en 2007 et 2008 (décret Bertrand).
Premier pays européen à signer en 2004 la Convention Cadre de Lutte Antitabac (CCLAT) de
l’Organisation Mondiale de la Santé, notre pays n’a jamais relâché ses efforts. Déclinant mesures
législatives et réglementaires, nous avons fait le choix d’augmenter fortement les prix en 2003 et
2004, tout en soutenant l’aide au sevrage tabagique. Les personnes qui souhaiteraient s’arrêter de
fumer bénéficient en effet du remboursement des substituts nicotiniques à hauteur de 50 euros par
personne et par an et 150 euros pour les femmes enceintes.
Le projet ITC – International Tobacco Control Policy Evaluation Project – est la première étude de
cohorte menée au niveau international sur la consommation de tabac. Réalisée par une équipe
internationale de chercheurs basée à l’Université canadienne de Waterloo, elle a été menée dans 23
pays qui représentent plus de la moitié de la population mondiale et 60 % des fumeurs de la planète.
Les données recueillies permettent des comparaisons internationales. Elles constituent donc une aide
précieuse pour orienter nos efforts dans la lutte contre la première cause de mortalité et de morbidité
évitables au monde.
Les premiers résultats de cette étude de cohorte ont été publiés en 2009 à l’occasion du premier
anniversaire de l’entrée en vigueur de la seconde phase de l’interdiction de fumer dans les lieux
publics. Aujourd’hui, cette deuxième livraison du rapport ITC France s’attache à détailler l’évolution
des comportements et attitudes du public vis-à-vis des politiques publiques de lutte antitabac
menées en France depuis 2007.
On y constate ainsi le succès de l’interdiction de fumer sur le lieu de travail et dans les lieux publics,
ainsi qu’un soutien croissant de la population à cette initiative de santé publique, qui a su inscrire
dans la durée la volonté de dénormalisation du tabagisme. Cette interdiction s’est accompagnée d’un
recul de la consommation de tabac au domicile : n’est-ce pas là la meilleure preuve de son efficacité?
L’étude montre toutefois qu’il reste encore des efforts à faire : que ce soit sur les lieux de travail
toujours exposés pour près d’un salarié sur cinq au tabagisme passif, ou sur les terrasses enfumées
aux abords des cafés ou des restaurants.
Le second enseignement saillant de cette étude est la perte d’efficacité des avertissements sanitaires
textuels sur les paquets de cigarettes. L’obligation récente d’apposer des photos chocs va ainsi dans
le bon sens et devrait contribuer à relancer l’efficacité de ces messages sanitaires. Ainsi, la prévention
et l’information du public restent une priorité essentielle. Car notre volonté de poursuivre une
politique efficace et cohérente de lutte antitabac est intacte.
Xavier BERTRAND
Ministre du travail, de l’emploi et de la santé
Rapport national ITC FRANCE (2011)