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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
TRAVAUX APPLIQUÉS
L’intégrité écologique
Dans le cadre du PSIE, on considère qu’un écosys-
tème est intègre lorsqu’il possède toutes ses caractéristiques
naturelles de base (espèces, habitats, milieux géophysiques,
etc.) et que les processus écologiques qui s’y déroulent (évo-
lution, croissance, reproduction, migration, érosion, etc.)
fonctionnent normalement (adapté de Parcs Canada, 1998).
Cette assertion sous-tend que les facteurs pouvant modifier
cet état de fonctionnement naturel ont une origine anthropi-
que bien que l’être humain soit une espèce vivante au même
titre que toutes les autres. Le PSIE tente donc de caractériser
l’influence des activités anthropiques sur les processus écolo-
giques dits naturels (soustraits de l’influence humaine).
Reconnaître l’interrelation entre l’intégrité écologi-
que et les impacts des activités humaines mène à une question
fondamentale : pour un territoire donné en un temps donné,
comment devraient être les écosystèmes qui s’y trouvent
pour être considérés écologiquement intègres ? Répondre
à cette question suppose la connaissance parfaite des carac-
téristiques primitives (exemptes d’influences humaines)
qu’auraient naturellement le territoire et les processus écolo-
giques normaux qui y prennent place. Il faudrait aussi maîtri-
ser l’historique des perturbations anthropiques ayant eu une
influence sur les écosystèmes au fil du temps. Comme il est
très difficile d’obtenir toutes ces connaissances sur le milieu,
répondre à cette question s’avère pratiquement impossible.
L’approche de Parcs Québec
En 2002, Parcs Québec a mis en place un comité de
suivi de l’intégrité écologique afin de développer le PSIE et
de définir les orientations de celui-ci. Pour résoudre le pro-
blème de définitions de points de repère, le comité a utilisé
la notion de «niveau» d’intégrité écologique. Ce concept
représente une mesure relative qui varie en fonction de l’im-
pact des activités humaines. Ainsi, plus un écosystème est
affecté par des perturbations anthropiques, plus son niveau
d’intégrité écologique est bas. La notion de niveau permet de
comparer la situation d’un écosystème dans le temps et d’éta-
blir la tendance de cet état. Pour les gestionnaires des parcs,
il est nécessaire d’établir un niveau d’intégrité écologique
de référence. Ce niveau de référence est propre à chacun des
suivis pour chacun des parcs. Il est obtenu lors du premier
relevé d’un indicateur. C’est à partir de ce niveau de référence
qu’il sera possible de définir si la situation s’améliore ou se
détériore, et à quel degré. Le défi des gestionnaires des parcs
consiste donc à maintenir ou améliorer le niveau d’intégrité
écologique tout en assurant l’accessibilité de ces territoires
protégés.
Puisque le niveau d’intégrité écologique d’un écosys-
tème ne se mesure pas directement, il faut l’évaluer à partir
d’autres éléments qui, eux, sont plus facilement mesurables,
c’est-à-dire des indicateurs environnementaux. Si l’on
observe un changement dans les paramètres mesurés par un
indicateur, on peut alors supposer une variation du niveau
d’intégrité écologique. Pris dans leur ensemble, les différents
indicateurs permettent d’avoir une meilleure vue d’ensemble
du niveau d’intégrité écologique d’un territoire à un temps
donné. Ces indicateurs sont de différents types. Il s’agit de
caractéristiques physiques ou chimiques du milieu, de suivis
d’espèces ou de groupes d’espèces, ou encore du suivi de
l’impact environnemental de certaines infrastructures. Les
indicateurs sont regroupés en deux grandes classes, soit ceux
qui suivent la qualité des habitats (bio-indicateurs) et ceux
qui suivent les composantes de l’activité humaine affectant
le territoire.
Sélection des indicateurs
Des travaux de la Société de la faune et des parcs du
Québec (Girard, 2000 ; Crête, 2002 ; Société de la faune et
des parcs du Québec, 2003), de Parcs Canada (Woodley,
1991 ; Agence Parcs Canada, 2005, 2007) et du National Park
Service des États-Unis (National Park Service, 2009) ont
servi (et servent toujours) de référence au comité d’intégrité
écologique pour choisir, adapter et bonifier les indicateurs et
les méthodologies qui composent le PSIE (tableau 1).
Les indicateurs retenus répondent à plusieurs critè-
res : 1) ils reposent sur une hypothèse ou un postulat de base
confirmant le lien entre les changements pouvant affecter
l’état des écosystèmes et l’influence des activités humaines ;
2) les mécanismes qui induisent le changement d’état doi-
vent être connus ; 3) les changements observés doivent être
représentatifs de modifications écologiques du milieu, et
4) les changements doivent être mesurables par des métho-
des réalisables avec les ressources disponibles.
Les méthodes retenues pour faire les suivis ont été
sélectionnées et, le cas échéant, modifiées, afin d’obtenir un
maximum de rigueur scientifique en fonction des capaci-
tés de réalisation. On peut ainsi ignorer une méthode très
pertinente, mais trop onéreuse, pour privilégier une façon
de faire plus simple, qui permet tout de même de manière
satisfaisante de répondre à la question fondamentale du
programme de suivi, à savoir si la variation de valeur des élé-
ments mesurés témoigne d’un changement positif ou négatif
du niveau d’intégrité écologique.
Puisque les réalités biologiques et géographiques des
territoires sont très variables, les parcs ne suivent pas néces-
sairement tous les mêmes indicateurs ou ne les suivent pas
tous de la même manière. En outre, certains parcs font des
suivis qui leur sont propres à cause de situations uniques à
leur territoire. Ces suivis concernent particulièrement les
indicateurs sur la qualité de l’eau, la répartition de la faune,
la situation des espèces à statut particulier et la qualité des
habitats exceptionnels ou sensibles. Le tableau 2 présente
des exemples de ces indicateurs spécifiques mis en place dans
les parcs.
Dans le choix des méthodologies, le PSIE tire profit,
lorsqu’il est possible de le faire, des recherches et travaux
effectués par d’autres partenaires. Par exemple, les infor-
mations sur les précipitations acides proviennent des