Résumé
Dans cette thèse de pensée politique, nous examinerons certains des
effets engendrés par l’œuvre du marquis de Sade. Nous chercherons à
démontrer que le principal de ces effets est la destitution de toutes les tentatives
d’ériger des « idoles ». Par « idoles » nous entendons tout ce qui est susceptible
de se poser comme un « absolu » – qu’il s’agisse des idoles que l’on peut
associer à l’Ancien régime (la monarchie de droit divin par exemple) ou celles,
nouvelles, que la révolution pourrait être tentée de leur substituer (la vertu
républicaine par exemple). Notre travail s’inspire d’un article de Claude
Lefort, « Sade : le Boudoir et la Cité », selon lequel Sade ne peut être ramené à
un promoteur du vice ou de la corruption – ce qui ne veut aucunement dire que
son œuvre devrait être lue, à l’inverse, comme une défense de la vertu ou de
l’incorruptibilité (révolutionnaires ou républicaines).
Nous chercherons dans un premier temps à démontrer de quelle manière
la destitution des idoles s’applique à des postures littéraires et philosophiques
dont Sade a lui-même participé : libertinage, matérialisme et athéisme. Dans un
second temps, nous nous concentrerons sur les opuscules politiques de Sade et
sur ses engagements politiques. Aux termes de notre travail, apparaîtra alors un
Sade, penseur d’une République fondée sur un mouvement
d’ « institution/destitution », qui, à la lumière de ce qu’a théorisé Lefort, permet
d’intégrer le doute et l’indétermination au sein d’une réflexion sur le politique.
Mots clés : Sade, pensée/philosophie politique, Claude Lefort, Révolution
française, République, institution, libertinage, matérialisme, athéisme, vertu.