Sade peintre de caractères Ou la destitution des volontés d`absolu

Sade peintre de caractères
Ou la destitution des volontés d’absolu
Étude d’inspiration lefortienne
Par Julie Paquette
Thèse soumise à la
Faculté des études supérieures et postdoctorales
dans le cadre des exigences
du programme de doctorat en pensée politique
sous la direction du professeur M. Gilles Labelle
École d’études politiques
Faculté des sciences sociales
Université d’Ottawa
© Julie Paquette, Ottawa, Canada, 2012
II
Résumé
Dans cette thèse de pensée politique, nous examinerons certains des
effets engendrés par l’œuvre du marquis de Sade. Nous chercherons à
démontrer que le principal de ces effets est la destitution de toutes les tentatives
d’ériger des « idoles ». Par « idoles » nous entendons tout ce qui est susceptible
de se poser comme un « absolu » – qu’il s’agisse des idoles que l’on peut
associer à l’Ancien régime (la monarchie de droit divin par exemple) ou celles,
nouvelles, que la révolution pourrait être tentée de leur substituer (la vertu
républicaine par exemple). Notre travail s’inspire d’un article de Claude
Lefort, « Sade : le Boudoir et la Cité », selon lequel Sade ne peut être ramené à
un promoteur du vice ou de la corruption – ce qui ne veut aucunement dire que
son œuvre devrait être lue, à l’inverse, comme une défense de la vertu ou de
l’incorruptibilité (révolutionnaires ou républicaines).
Nous chercherons dans un premier temps à démontrer de quelle manière
la destitution des idoles s’applique à des postures littéraires et philosophiques
dont Sade a lui-même participé : libertinage, matérialisme et athéisme. Dans un
second temps, nous nous concentrerons sur les opuscules politiques de Sade et
sur ses engagements politiques. Aux termes de notre travail, apparaîtra alors un
Sade, penseur d’une République fondée sur un mouvement
d’ « institution/destitution », qui, à la lumière de ce qu’a théorisé Lefort, permet
d’intégrer le doute et l’indétermination au sein d’une réflexion sur le politique.
Mots clés : Sade, pensée/philosophie politique, Claude Lefort, Révolution
française, République, institution, libertinage, matérialisme, athéisme, vertu.
III
Remerciements
L’élément déclencheur de cette thèse a été la création d’une courte pièce de
théâtre basé sur La philosophie dans le boudoir dans le cadre des Nuits de la
philosophie (édition 2007, Université du Québec à Montréal) en collaboration
avec Myrtô Dutrisac : qu’elle soit ici remerciée pour l’audace qu’elle eut de me
proposer un tel projet, mais aussi et surtout pour sa fidèle amitié…
Cette thèse n’aurait pu être possible sans l’appui de mon superviseur de
recherche, le professeur Gilles Labelle. Pour son soutien, ses exigences, son
écoute, ses lectures et relectures, merci Gilles...
Je tiens également à remercier Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, qui a eu le cran
de présenter un Sade moraliste. Merci à lui pour ses judicieuses remarques
pendant la rédaction de cette thèse.
Je remercie le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, le Fond de
recherche société et culture du Québec ainsi que l’Université d’Ottawa pour leur
soutien financier.
Merci à ma famille, qui m’a toujours encouragé dans mes projets et qui ne m’a
jamais imposé de voie à suivre.
Mes amis, pour leur présence, leur patience…
Et aussi, et surtout, je remercie du plus profond de mon cœur Aurélien Chastan
pour son soutien. Que nos dialogues sur la discorde se poursuivent au-delà des
pages de cette thèse…
IV
Sigles
L’édition des Œuvres complètes du marquis de Sade, publié à Paris, au Cercle du
livre précieux sous la direction de Gilbert Lely en 1967, sera l’édition de
référence pour cette thèse. Nous userons de l’acronyme « OC » pour l’identifier,
suivi du numéro du Tome (I à XVI) en chiffre romain et de la page.
Le théâtre de Sade ne faisant pas parti de cette édition, nous le citerons dans sa
première édition, publiée à Paris, chez Pauvert, et préfacée par Jean-Jacques
Brochier, en 1970. Nous indiquerons alors « T », suivi du numéro du Tome (I à
IV) en chiffre romain et de la page.
V
La philosophie politique noue une liaison
particulière avec l’écriture. Celui qui s’y
adonne peut entièrement céder à l’illusion de
se détacher de son temps, de la société qu’il
habite, de la situation qui lui est ainsi faite,
des événements qui l’atteignent, du sentiment
d’un avenir qui se dérobe à la connaissance
et qui, à la fois excite son imagination et le
ramène à la conscience de ses limites.
Claude Lefort (1924-2010)
Écrire à l’épreuve du politique
!
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