p ni q ne contiennent d’autres constantes que des constantes
logiques […] en outre la mathématique fait usage d’une autre
notion qui n’est pas un constituant des propositions qu’elle
considère, à savoir celle de vérité »8. Pour le Russell pythagori-
cien donc, la vérité est une notion dont la mathématique pure
fait usage sans jamais avoir besoin de la définir pour la raison
que la mathématique pure est entièrement analytique, « elle
dérive de prémisses purement logiques et n’utilise que des
concept définissables en termes de logique »9. Dès lors, comme
l’écrit Moore dans un article de 1899 : « on ne peut pas définir
le genre de relation qui rend une proposition vraie, une autre
fausse, on ne peut que la reconnaître immédiatement »10. Bref,
nous ne jugeons pas de la vérité d’une proposition car celle-ci
est analytique dans le sens où notre esprit est en relation avec
les entités mathématiques de la manière la plus directe, la plus
intuitive qui soit.
Même s’il reconnaît que « la Première Guerre mondiale
devait [lui] rendre impossible de vivre dans un monde
d’abstractions »11, Russell va néanmoins conserver des traces
indélébiles des préoccupations épistémiques de sa première
philosophie, préoccupations qui apparaissent clairement dans
l’annonce du deuxième objectif des Principles of Mathematics
et qui est « d’expliquer les concepts fondamentaux que la ma-
thématique admet comme indéfinissables, [ce qui] est un effort
pour voir et pour faire voir aux autres clairement ces entités de
façon que l’esprit puisse en avoir cette sorte de connaissance
directe que l’on a du rouge ou du goût de l’ananas, […] les indé-
finissables sont essentiellement obtenus en tant que résidu né-
8 ibid., §1, p.21
9 My Philosophical Development, VII., trad.fr. p.93
10 The Nature of Judgment, in Jacob 1982 p.40
11 My Philosophical Development, XVII., trad.fr. p.266
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