Du 16 au 29 novembre 2015 / www.villagillet.net
Un événement conçu et réalisé par la Villa Gillet en partenariat avec Les Subsistances
Les coraux de Darwin - Premiers modèles de l’évolution et
tradition de l’histoire naturelle
(Les Presses du réel, 2008)
(traduit de l’allemand par C. Joschke)
Le darwinisme a consacré l’image de l’arbre
pour représenter l’évolution des espèces. Or,
cette image impose une vision hiérarchique
et téléologique absente du raisonnement
initial de Darwin. Dans une étude scrupuleuse
des esquisses du père de l’évolutionnisme,
l’historien d’art Horst Bredekamp montre que
Darwin a préféré à la métaphore de l’arbre
l’image du corail, de ses branches fragiles et
de son développement anarchique. Avec les
coraux, Darwin a introduit dans sa théorie de
l’évolution naturelle une pièce maîtresse
issue de la tradition des cabinets de curiosités. Il a ainsi renoué avec
une vision ancienne de l’équilibre naturel et lui a ajouté la
signification politique associée au XIXe siècle à ces êtres sous-
marins : le pouvoir du nombre. La métaphore, au-delà de ses enjeux
esthétiques et politiques, n’est pas sans intérêt pour les discussions
dont « l’arbre de la vie » fait l’objet dans la biologie évolutionniste.
Cette publication inaugure une nouvelle série reliée (Albums) au
sein de la collection « Œuvres en sociétés ».
Le déclin du néo-platonisme
(Monfort (Gérard) 2005) (42 p.)
(traduit de l’allemand par S. Brun-Fabry)
« Le néo-platonisme de la Renaissance a
longtemps joui d’un privilège presque exclusif
en matière d’interprétation des œuvres d’art.
Certaines des plus célèbres productions de
Durer, de Boticelli, de Michel-Ange, de Titien
voire de Rubens, n’ont été lues et, pensait-on,
comprises, qu’à travers les commentaires
platoniciens de Marcile Ficin et de ses
contemporains, redécouverts dans les années
1920-1930 par Erwin Panofsky, Gombrich,
Wind et les historiens d’art liés à la bibliothèque
Warburg de Hambourg puis de Londres. Horst
Bredekamp démontre ici brillamment que cette séduisante grille
de lecture n’est guère pertinente dans le domaine des arts visuels.
Les travaux qui se sont développés ces dernières décennies ont
permis de remettre au premier plan d’autres traditions
interprétatives sans doute plus décisives : épicurisme, aristotélisme,
tradition chrétienne, hermétisme, occultisme, athéisme, qui
donnent une toute autre image, sans doute plus éclectique et
moins « progressiste », des XVe et XVIe siècles. L’intérêt de l’étude
de Horst Bredekamp n’est pas de dénoncer cuistrement les
« erreurs » de ses illustres devanciers mais de montrer, textes à
l’appui, comment une telle orientation interprétative s’inscrit
intimement dans la (dramatique) situation historique et politique
qui l’a vue naître. La rigoureuse « méthode iconologique »
panofskienne appuyée sur le néo-platonisme renaissant incarnait
alors une forme d’opposition rationaliste, argumentative,
conceptualisante et humaniste qui s’opposait à une
« herméneutique anti-rationaliste de l’image », a-historique et
empreinte de subjectivité liée aux traditions nationalistes
allemandes et, plus précisément, à l’idéologie national socialiste
alors en constitution. Loin de rejeter le modèle iconologique, Horst
Bredekamp appelle à sa « réhabilitation », via une « iconologie
ouverte », « critique », « non doctrinale », plus soucieuse des formes
que de l’illustration de modèles philosophiques par trop prégnants,
démontrant, si besoin était encore, que l’histoire de l’art ne saurait
faire l’économie d’une interrogation sur sa propre constitution
historique. » Frédéric Cousinié
Stratégies visuelles de Thomas Hobbes - Le Léviathan, ar-
chétype de l’Etat moderne, illustration des oeuvres et por-
traits
(Maison des Sciences de l’Homme, 2003) (262 p.) (traduit
de l’allemand par D. Modigliani)
Pourquoi Thomas Hobbes ne peut-il penser
l’État sans en créer une image ? Cette question
est au cœur de l’étude que Horst Bredekamp
consacre à l’un des frontispices les plus
connus et les plus énigmatiques de l’édition
moderne
Le Léviathan
. Si l’œuvre
philosophique de Hobbes a depuis toujours
attiré attention et commentaires, la
représentation qu’il a choisi de donner à son
concept est jusqu’ici passée inaperçue. Très à
tort cependant, car l’image du Léviathan
constitue un élément décisif du discours
politique du philosophe anglais. Horst Bredekamp le démontre de
manière convaincante et retrace la genèse des images et des
sources variées dans lesquelles Hobbes a puisé, transposant
l’iconographie en pensée. Théories optiques, traditions rhétoriques
et hermétiques confluent ainsi dans la représentation d’un État-
monstre qui s’élève pour nous dominer. Plus encore, nous
découvrons comment, à travers la publication de ses portraits, le
philosophe s’est préoccupé tout au long de sa vie de forger et de
promouvoir sa propre image. Ces stratégies visuelles - à la fois
philosophiques et personnelles - se révèlent d’une modernité
surprenante et, sous cet angle, nous obligent à reconsidérer l’œuvre
de Hobbes dans son ensemble.