Réflexion éthique sur la pluridisciplinarité et la confidentialité de l

Cancer/Radiothérapie
16
(2012)
215–218
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
Communication
brève
Réflexion
éthique
sur
la
pluridisciplinarité
et
la
confidentialité
de
l’information
en
imagerie
médicale
via
les
nouvelles
technologies
de
l’information
et
la
communication
Ethical
reflection
on
multidisciplinarity
and
confidentiality
of
information
in
medical
imaging
through
new
information
and
communication
technologies
J.
Bérangera,,b,
P.
Le
Cozc,d
aUMR
7268,
espace
éthique
méditerranéen,
191,
boulevard
Baille,
13005
Marseille,
France
bDépartement
de
recherche,
Keosys,
1,
impasse
Augustin-Fresnel,
BP
60227,
44815
Saint-Herblain
cedex,
France
cComité
consultatif
national
d’éthique
(CCNE),
35,
rue
Saint-Dominique,
75700
Paris,
France
dDépartement
de
sciences
humaines,
faculté
de
médecine
Timone,
27,
boulevard
Jean-Moulin,
13385
Marseille
cedex
05,
France
i
n
f
o
a
r
t
i
c
l
e
Historique
de
l’article
:
Rec¸
u
le
31
mai
2011
Rec¸
u
sous
la
forme
révisée
le
13
octobre
2011
Accepté
le
17
octobre
2011
Mots
clés
:
Imagerie
médicale
Numérisation
Éthique
Multidisciplinarité
Confidentialité
r
é
s
u
m
é
Le
progrès
technologique
en
imagerie
médicale
traduit
par
l’augmentation
exponentielle
du
nombre
d’images
par
examen
a
signé
le
déclin
irréversible
du
film
argentique
et
imposé
l’imagerie
numé-
rique.
Cette
numérisation
correspond
à
un
concept
dont
les
niveaux
d’élaboration
sont
multiples,
reflétant
la
complexité
de
ce
processus
de
changement
technologique.
Dans
ces
conditions,
l’utilisation
de
l’information
médicale
via
les
nouvelles
technologies
de
l’information
et
la
communication
se
situe
au
carrefour
de
plusieurs
approches
scientifiques
et
de
plusieurs
champs
sectoriels
(médecine,
éthique,
droit,
économie,
psychologie,
etc.)
encadrant
les
systèmes
d’information
en
santé,
la
relation
médecin–patient
et
les
concepts
associés.
Chaque
jour,
ces
technologies
de
l’information
et
la
communi-
cation
ouvrent
des
horizons
nouveaux
et
le
champ
des
possibles,
développant
de
manière
spectaculaire
l’accès
à
l’information
et
à
la
connaissance.
Dans
cette
perspective
d’émergence
du
numérique
impac-
tant
l’utilisation
multidisciplinaire
d’un
système
d’information
en
santé,
les
interrogations
éthiques
sont
nombreuses,
en
particulier
sur
la
préservation
de
la
vie
privée,
de
la
confidentialité
et
de
la
sécurité
des
données
médicales,
ainsi
que
sur
leurs
accessibilités
et
leurs
intégrités.
©
2012
Société
française
de
radiothérapie
oncologique
(SFRO).
Publié
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réservés.
Keywords:
Medical
imaging
Digitizing
Ethics
Multidisciplinary
Privacy
a
b
s
t
r
a
c
t
Technological
advances
in
medical
imaging
has
resulted
in
the
exponential
increase
of
the
number
of
images
per
examination,
caused
the
irreversible
decline
of
the
silver
film
and
imposed
digital
imaging.
This
digitization
is
a
concept
whose
levels
of
development
are
multiple,
reflecting
the
complexity
of
this
process
of
technological
change.
Under
these
conditions,
the
use
of
medical
information
via
new
infor-
mation
and
communication
technologies
is
at
the
crossroads
of
several
scientific
approaches
and
several
disciplines
(medicine,
ethics,
law,
economics,
psychology,
etc.)
surrounding
the
information
systems
in
health,
doctor–patient
relationship
and
concepts
that
are
associated.
Each
day,
these
new
information
and
communication
technologies
open
up
new
horizons
and
the
space
of
possibilities,
spectacularly
develo-
ping
access
to
information
and
knowledge.
In
this
perspective
of
digital
technology
emergence
impacting
the
multidisciplinary
use
of
health
information
systems,
the
ethical
questions
are
numerous,
especially
on
the
preservation
of
privacy,
confidentiality
and
security
of
medical
data,
and
their
accessibility
and
integrity.
©
2012
Société
française
de
radiothérapie
oncologique
(SFRO).
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Béranger).
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de
radiothérapie
oncologique
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216
J.
Béranger,
P.
Le
Coz
/
Cancer/Radiothérapie
16
(2012)
215–218
1.
Introduction
Le
début
des
années
2000
a
été
marqué
par
l’apparition
d’une
rupture
technologique
dans
la
transmission
et
le
traitement
de
l’information
médicale
avec
le
passage
du
mode
analogique
au
mode
numérique.
Une
véritable
convergence
numérique
s’impose
désormais
dans
la
plupart
des
produits
«
informationnels
»
de
notre
société
et
plus
particulièrement
en
santé,
en
tant
que
norme
technico-économique.
L’imagerie
médicale
correspond
probable-
ment
à
la
discipline
médicale
qui
a
bénéficié
le
plus
des
progrès
de
la
technologie.
Une
succession
d’interventions
a
révolutionné
le
monde
de
la
médecine
avant
de
devenir
le
quotidien
du
radiologue
et
des
autres
praticiens
au
service
du
patient
[1].
Les
métaphores
concernant
ce
phénomène
de
société
sont
multiples,
on
parle
successivement
d’une
révolution,
d’une
ère
nouvelle,
d’un
nouveau
territoire,
d’une
nouvelle
société,
d’une
nouvelle
économie,
d’un
nouveau
espace,
d’une
nouvelle
accessibi-
lité,
d’une
nouvelle
géographie,
etc.
Ces
différents
termes
associés
à
l’adjectif
numérique
traduisent
bien
le
fait
que
l’informatique,
le
«tout
numérique
»,
est
devenue
le
principe
constitutif
de
notre
société.
Cette
succession
d’expressions
témoigne
de
la
difficulté
de
saisir
toute
la
complexité
de
cette
convergence.
Ainsi,
cette
révolu-
tion
numérique
est
une
continuation
de
la
révolution
industrielle
dans
le
sens
elle
est
l’œuvre
de
processus
qui
ont
commandé
les
innovations
technologiques.
En
d’autres
termes,
la
technolo-
gie
permet
à
l’Homme,
en
lui
fournissant
des
outils
toujours
plus
performants,
de
construire
un
univers
socio-économique
propre
et
d’innover
par
rapport
à
cette
construction.
Cela
aboutit
donc
à
une
société
dans
laquelle
les
technologies
de
l’information
jouent
un
rôle
majeur
et
central.
Avec
la
numérisation,
la
science
découvre
l’univers
de
l’information,
de
l’intelligence
et
du
cerveau
humain.
Dans
ces
conditions,
une
telle
avancée
technologique
renforce
le
rôle
incontournable
de
l’imagerie
médicale
dans
la
recherche
du
diagnostic
et
dans
le
déploiement
de
la
stratégie
thérapeutique
élaborée
dans
la
multidisciplinarité
des
équipes
médicales.
Toutefois,
ce
progrès
technique
peut
s’exprimer
dans
des
acti-
vités
immatérielles
et
générer
une
«
réalité
virtuelle
»
dont
les
perspectives
de
valorisation
ne
sont
pas
encore
tout
à
fait
bien
perc¸
ues
:
d’où
les
problématiques
éthiques
qui
en
découlent.
Cette
numérisation
a
perturbé
«
l’avoir
»,
mais
«
l’être
»
n’est
pas
en
reste.
La
frontière
entre
le
virtuel
et
le
réel
est
de
plus
en
plus
floue
et
incertaine.
Elle
transforme
la
conception
de
la
distance
et,
de
manière
indissociable,
le
rapport
au
temps.
Ce
processus
se
présente
alors
comme
l’axe
moteur
des
structurations
qui
boule-
versent
en
profondeur
l’espace
des
activités
associées
au
traitement
et
à
la
diffusion
de
l’information
médicale.
Il
engendre
de
multiples
possibilités,
mais
aussi
de
nombreux
problèmes
notamment
dans
la
relation
médecin–patient
la
consultation
du
médecin
et
la
communication
des
résultats
des
examens
d’imagerie
aux
patients
ont
été
impactées
par
ces
modifications
de
pratique
non
réellement
maîtrisées
[2].
Cela
nous
amène
à
avoir
une
réflexion
éthique
sur
l’impact
d’une
telle
avancée
technologique
dans
le
domaine
de
la
protection
de
la
vie
privée,
de
la
confidentialité
et
de
la
sécurité
de
l’information
médicale.
2.
L’information
médicale
:
un
champ
d’étude
pluridisciplinaire
centré
autour
de
l’éthique
Par
nature,
l’information
médicale
comporte
une
connotation
d’ordre
universel,
transversal
et
fédératrice
en
regroupant
de
nom-
breux
secteurs
et
acteurs
différents
impliqués
directement
ou
indirectement
dans
l’utilisation
des
systèmes
d’information
en
imagerie
médicale.
Cette
notion
se
retrouve
également
à
travers
l’humain
et
les
liens
existant
entre
le
technologique,
le
psychique,
le
social
et
l’organique.
Un
tel
contexte
contribue
à
rendre
une
approche
pluridisciplinaire
fondamentale
dans
un
souci
d’une
meilleure
collégialité
[3].
On
peut
illustrer
cette
vision
par
la
création,
courant
2010,
d’un
comité
sur
l’éthique
des
recherches
en
sciences
et
technologies
de
l’information
et
de
la
communi-
cation
[4]
et
depuis
mars
2011
d’un
département
Recherche
au
sein
de
la
société
Keosys1dont
l’objectif
respectif
est
de
déve-
lopper
des
réflexions
de
fond
sur
l’impact
éthique
des
sciences
et
technologies
de
l’information
et
de
la
communication.
De
telles
instances
seraient
communes
aux
organismes
de
recherche
natio-
naux
travaillant
dans
ce
domaine
(Centre
national
de
la,
recherche
scientifique
[CNRS]),
Institut
de
recherche
en
informatique
et
en
automatique
[Inria],
Commissariat
à
l’énergie
atomique
[CEA],
Institut
Télécom,
etc.),
aux
universités
et
aux
grandes
écoles.
.
.
Elle
regrouperait
des
chercheurs
des
sciences
et
technologies
de
l’information
et
de
la
communication,
et
des
sciences
humaines
et
sociales
(philosophes,
juristes,
économistes,
sociologues,
anthro-
pologues,
etc.),
ainsi
que
des
industriels,
et
entretiendrait
des
liens
avec
les
observatoires
des
usages
des
technologies
de
l’information
et
de
la
communication
existants,
les
comités
d’éthique
généra-
listes
et
la
représentation
nationale
[5].
Selon
l’Inria,
cette
réflexion
interdisciplinaire
en
amont
doit
permettre
d’élargir
le
champ
de
recherche
à
l’anticipation
des
solutions,
ou
au
développement
de
technologies
capables
de
s’adapter
plus
facilement
à
la
réalité
des
usages.
Cette
approche
permettrait
de
prévenir
ou
de
contour-
ner
les
problèmes
pressentis
ou
rencontrés,
lors
de
l’arrivée
de
ces
technologies
de
l’information.
Cette
diversité
de
réflexion2
aura
un
impact
sur
la
sécurisation
du
patient
et
de
son
entou-
rage,
sur
le
développement
d’une
éthique
de
responsabilité
à
tous
les
niveaux
des
soignants,
sur
la
visibilité
du
rôle
et
de
la
coordination
des
protagonistes
de
la
relation
médecin–patient,
et
sur
l’interdépendance
de
chacun
dans
la
prise
en
charge
du
patient.
L’exigence
éthique
impose
donc
une
préoccupation
à
prendre
en
compte
durant
toutes
les
phases
du
développe-
ment
technologique.
Selon
le
président
du
Conseil
d’éthique
et
de
déontologie
de
l’Agence
des
systèmes
d’information
parta-
gés
de
santé
(Asip
santé),
«
les
valeurs
qui
constituent
l’éthique
sont
très
largement
transculturelles
»
[6].
Cette
réflexion
multi-
disciplinaire
constitue
alors
un
facteur
d’éveil
de
questions
en
tout
genre
notamment
autour
de
la
confidentialité
des
données
médicales.
3.
Point
de
vue
multidisciplinaire
sur
la
confidentialité
des
données
médicales
via
les
nouvelles
technologies
de
l’information
et
la
communication
Globalement,
pour
la
majorité
des
professionnels
et
intellectuels3,
l’utilisation
et
la
diffusion
des
informations
médi-
cales
via
un
système
d’information
performant
constituent
un
enjeu
majeur
du
bon
fonctionnement
des
établissements
de
santé
et
à
une
échelle
plus
large
de
notre
système
de
santé.
Les
évolutions
des
pratiques
médicales,
des
nouvelles
technologiques
viennent
bousculer
le
principe
du
secret
médical
qui
se
heurte
à
d’autres
1Société
qui
propose
des
solutions
de
relectures
multicentriques,
d’examens
en
imagerie
médicale,
ORTC,
diffusion
d’information
médicale
dématérialisée,
etc.
(www.keosys.com).
2De
cette
confrontation
de
logiques
disciplinaires
différentes
apparaît
une
expé-
rience
qui
peut
être
transmise
vers
chacune
de
ces
disciplines.
Selon
la
philosophie
positive
d’Auguste
Comte,
une
pensée
éthique
se
révèle
totalement
dans
la
confron-
tation
des
pensées
pluridisciplinaires.
3Médecins
:
radiologue
et
cancérologue,
philosophe,
politicien,
économiste
de
la
santé,
chercheur
et
enseignant
universitaire
en
éthique,
consultant
dans
une
société
de
conseil
en
systèmes
d’information,
directeur
d’un
établissement
de
santé,
res-
ponsable
de
la
mutualité
franc¸
aise,
juriste,
sociologue,
anthropologue,
industriel
en
systèmes
d’information,
etc.
J.
Béranger,
P.
Le
Coz
/
Cancer/Radiothérapie
16
(2012)
215–218
217
intérêts
tant
individuels4que
collectifs5.
Ce
secret
médical
«
se
transforme
en
confidentialité
voire
en
secret
partagé
»[7].
Le
problème
de
la
confidentialité
des
données
médicales
prend
une
dimension
particulièrement
aiguë
en
cancérologie
du
fait
que
l’évocation
d’un
cancer
est
souvent
rattachée
à
la
mort.
Beaucoup
de
malades
atteints
de
cancer
ne
veulent
plus
en
entendre
parler
et
évoquent
un
droit
à
l’oubli
afin
de
reprendre
une
vie
normale.
À
cela,
on
peut
rajouter
le
fait
que
l’accessibilité
des
données
infor-
matiques
en
médecine
tant
par
le
patient
que
les
professionnels
de
santé
ou
l’hébergeur
de
données
de
santé
risque
d’engendrer
de
réelles
difficultés
quant
à
la
protection
du
secret
médical.
Ainsi,
le
bénéfice
de
l’accès
au
dossier
médical
d’un
patient
peut
faire
encourir
à
ce
dernier
des
risques6avec
son
environnement.
Le
pro-
blème
de
sécurité
des
données
est
d’autant
plus
important
que
des
sociétés
démarchent
régulièrement
des
praticiens
afin
de
les
«
informatiser
»
gratuitement
en
échange
des
données
de
santé
de
leur
cabinet.
Le
praticien
soucieux
d’améliorer
sa
technologie
infor-
matique
viole
ainsi
le
secret
médical
à
son
propre
insu.
La
menace
de
la
confidentialité
ou
du
secret
médical
devient
plus
grande
avec
l’informatisation
et
l’évolution
de
la
pratique
médicale
[8].
C’est
pourquoi,
d’après
le
secrétaire
général
de
la
Société
franc¸
aise
de
radiologie
(SFR),
les
industriels
de
l’imagerie
médicale
s’interrogent
de
plus
en
plus
sur
la
mutation
de
leur
profession
en
raison
de
la
diversité
de
leurs
tâches
et
les
attentes
de
leurs
partenaires
notam-
ment
en
termes
de
sécurité
et
protection
des
données
médicales.
Désormais,
ces
industries
sont
devenues
de
«
grandes
sociétés
de
service
susceptibles
d’intervenir
dans
toutes
les
étapes
de
projets
complexes
aussi
bien
qu’en
matière
d’analyse
de
besoin,
de
réaction
de
solutions,
d’étude
architecturale,
d’organisation
de
département
médicaux,
de
département
de
programmes
de
formation.
.
.
tout
en
assurant
leurs
fonctions
essentielles
d’installateur
et
de
mainte-
neur,
voire
de
télémainteneur
»
[2].
Pour
ces
professionnels,
la
réflexion
sur
la
conception
et
l’usage
des
systèmes
d’information
ne
se
limitent
pas
aux
seuls
aspects
techniques
mais
aussi
sur
un
niveau
stratégique,
organisationnel
et
relationnel
qui
entoure
la
confidentialité
des
données.
Les
dis-
positifs
informatiques
doivent
être
planifiés
à
l’avance,
et
les
outils
nécessaires
à
la
sécurité
et
à
l’amélioration
de
la
confidentialité
doivent
être
sélectionnés7sur
la
base
de
l’analyse
des
risques
et
des
exigences
fixées
par
la
législation.
Ainsi,
les
systèmes
de
téléradio-
logie
doivent
satisfaire
à
des
exigences
éthiques
et
réglementaires
[9].
Afin
de
ne
pas
altérer
la
qualité
des
diagnostics
et
la
confiden-
tialité
des
données
médicales,
les
radiologues
sont
souvent
amenés
à
apporter
la
plus
grande
attention
à
certains
facteurs
clés
de
succès
tels
que
:
l’ergonomie
du
système
et
à
ses
performances
en
termes
de
sécurité,
de
protection,
d’intégrité
et
de
temps
de
transmission
des
données
médicales,
les
respects
des
règles
déontologiques
et
juridiques,
les
aspects
humains
et
organisationnels,
etc.
Dans
ces
conditions,
ce
système
d’information
doit
obéir
à
des
règles
d’éthique,
de
transparence,
d’indépendance,
de
confiden-
tialité
et
de
qualité
qui
garantissent
la
crédibilité
et
la
fiabilité
de
la
diffusion
d’information.
Il
nécessite
également
d’être
utilisable,
c’est-à-dire
s’intégrer
dans
un
programme
accessible
de
résolutions
de
problèmes
de
nature
multiple
:
organisationnelle,
stratégique,
humaine,
sanitaire
ou
économique.
L’information
des
usagers
doit
être
un
processus
central
continu
et
permanent,
capable
si
4Le
patient
et
ses
proches.
5La
santé
publique,
la
recherche
scientifique,
la
gestion
des
coûts
de
santé,
etc.
6Par
exemple
:
le
risque
de
la
communication
à
un
tiers
qui
n’en
sont
pas
destina-
taires,
le
risque
d’être
confronté
à
la
demande
excessive
d’une
autorité
(employeur,
administration,
etc.)
qui
imposerait
la
prise
de
connaissance
du
dossier
médical
de
son
salarié,
le
risque
exercé
par
les
compagnies
d’assurances
ou
les
industries
pharmaceutiques,
contournant
l’obstacle
que
leur
constitue
le
secret
médical.
7Par
exemple,
l’authentification
forte,
le
cryptage
des
données,
les
services
non-
répudiation
et
l’audit-logs.
possible
de
prévenir
et
d’anticiper
des
situations
de
crises
sani-
taires.
Le
système
d’information
est
un
vecteur
d’uniformalisation
dont
l’objectif
est
de
tendre
vers
une
communication
universelle
comprise
par
tous
les
acteurs.
Pour
le
président
de
Microsoft
France,
il
est
du
devoir
des
acteurs
économiques
de
prendre
leurs
respon-
sabilités
en
ce
qui
concerne
les
enjeux
de
:
«
protection
de
la
vie
privée,
de
sécurité
des
données,
d’ouverture
et
d’interopérabilité
»
[10].
La
nécessité
de
garder
confidentielles,
ou
tout
simplement
privées,
certaines
données
relève
de
la
liberté
de
chacun.
Enfin,
la
valeur
d’une
information
est
fonction
du
besoin
qu’on
en
a.
Elle
est
liée
à
sa
confidentialité,
à
son
intégrité
et
à
sa
dis-
ponibilité.
La
sécurité
d’un
système
d’information
repose
donc
sur
l’utilisation
de
quelques
techniques
comme
l’authentification
des
utilisateurs,
le
contrôle
d’accès
aux
ressources,
la
non-répudiation,
l’audit
des
traces
de
sécurité,
etc.
D’après
le
directeur
de
Sanoia
(éditeur
de
systèmes
d’information),
«l’informatique
n’est
pas
le
problème
;
elle
n’est
que
l’automatisation
d’un
processus
existant
et
sous-tendu.
Elle
cristallise
et
amplifie
un
problème,
tel
qu’un
révélateur
»
[11].
Cela
suppose
alors
de
bien
définir
un
processus
et
établir
une
feuille
de
route
prenant
en
considération
les
éven-
tuelles
déviances
de
son
usage
contribuant
à
mettre
en
péril
la
confidentialité
des
données
médicales.
Il
faut
donc
lever
toutes
les
ambiguïtés
en
étant
plus
transparent
en
décrivant
précisément
ce
que
l’on
attend
d’un
système
d’information.
Car
une
mauvaise
pratique
éthique
s’accompagne
généralement
d’une
mauvaise
uti-
lisation.
4.
Conclusion
L’information
médicale
et
son
éthique
prennent
donc
une
place
prépondérante
au
centre
de
notre
système
de
santé
et
notamment
en
radiologie.
De
ce
fait
cela
concerne
l’ensemble
des
acteurs
de
ce
système
en
organisant
de
nouveaux
rapports
de
force
entre
les
personnes
soignées,
les
soignants
et
les
professionnels
de
l’informatique.
C’est
donc
tout
le
droit
et
l’éthique
de
la
santé
qui
est
revisité
autour
de
l’information
médicale
et
de
sa
confidentialité
:
devoirs
fondamentaux,
politique
de
santé,
organisation
profession-
nelle,
gestion
hospitalière,
responsabilité,
etc.
Les
craintes
que
génère
l’informatisation
de
la
pratique
médi-
cale
sur
la
protection
des
données
sont
salutaires
car
elles
nous
rappellent
les
règles
de
confidentialité
fondamentales
que
les
médecins
doivent
se
forcer
d’observer
et
les
confrontent
avec
les
négligences
qu’ils
manifestent
souvent
involontairement
par
ignorance,
par
nonchalance
ou
facilité.
Toutefois,
ces
risques
de
violation
du
secret
médical
ne
concernent
pas
uniquement
ces
utilisateurs
mais
également
les
concepteurs
et
les
éditeurs
qui
élaborent
la
structure
technique
des
systèmes
d’information.
Ces
derniers
doivent
veiller
à
la
protection
des
données
médicales
transmises
en
réalisant
un
système
d’information
performant
et
sécurisé.
De
plus,
le
principe
de
réalité
révèle
que
ces
risques
peuvent
être
intrinsèquement
liés
à
la
structure
même
des
systèmes
d’information.
Une
structure
présentant
des
défaillances
organisa-
tionnelles
ou
éthiques
graves
verra
ces
risques
s’amplifier.
Dans
ces
conditions,
il
faut
considérer
l’informatisation
comme
étant
plus
un
moyen
de
révéler
et
de
souligner
les
défaillances
d’un
éta-
blissement
de
santé
plutôt
qu’un
objet
causal
de
défaillance.
Le
système
d’information
représente
alors
un
véhicule
d’information
qui
améliore
plus
l’efficacité
de
la
prise
en
charge
des
soins
que
son
efficience.
Par
ailleurs,
même
si
cette
technologie
devient
indispensable
dans
les
échanges
d’informations,
elle
n’entre
qu’en
partie
dans
la
réflexion
éthique
entourant
la
transmission
des
données
auprès
des
patients
en
oncologie.
Elle
ne
constitue
qu’un
des
éléments
encadrant
l’information
médicale
et
aboutissant
à
une
réflexion
sur
218
J.
Béranger,
P.
Le
Coz
/
Cancer/Radiothérapie
16
(2012)
215–218
son
utilisation.
À
partir
de
cela,
il
devient
nécessaire
d’élargir
notre
vision
vers
d’autres
paramètres
environnementaux
qui
touchent
les
domaines
du
stratégique,
de
la
méthodologie,
de
l’organisationnel,
du
réglementaire,
du
relationnel
et
du
culturel.
Face
à
la
complexité
des
problèmes
posés,
une
consultation
multidisciplinaire
devient
alors
primordiale,
d’autant
plus
qu’elle
appartient
au
secteur
de
l’éthique.
Cette
réflexion
constitue
alors
les
règles
de
conduite
d’une
société
face
à
la
révolution
scientifique
et
technique,
et
s’alimente
d’échange
d’opinions
pluridisciplinaires
et
pluricultu-
relles.
Après
la
synthèse
des
différents
avis
et
propos
pluridiscipli-
naires
sur
le
sujet,
il
semblerait
qu’un
certain
nombre
d’exigences
éthiques
ont
été
mises
en
place.
Elles
concernent
la
protection
et
la
sécurité
des
données
médicales,
le
secret
médical,
la
confidentialité
et
le
respect
de
la
vie
privée,
l’intégrité
des
informations
médicales,
le
partage
des
responsabilités
entre
les
professionnels
de
santé
et
les
concepteurs
de
système
d’information,
l’accessibilité
de
l’information
pour
tous,
le
respect
et
le
maintien
de
l’autonomie
du
patient,
etc.
À
partir
de
ces
constats,
il
nous
semble
indis-
pensable
d’introduire
des
acteurs
extérieurs
à
la
santé
afin
de
casser
cet
espace
médical
clos
et
apporter
une
vision
extérieure
complémentaire.
La
vision
éthique
doit
se
retrouver
tout
le
long
du
cycle
de
vie
d’un
système
d’information.
D’une
part,
en
amont,
avec
l’établissement
des
besoins
traduisant
l’éthique
de
la
pensée
et
des
attentes,
c’est-à-dire
l’aspect
abstrait
et
idéologique.
Et
d’autre
part,
en
aval,
avec
les
processus
découlant
des
cahiers
des
charges
illustrant
l’éthique
de
la
pratique,
en
d’autres
termes
l’usage
quotidien
sur
le
terrain
ainsi
que
ses
déviances
concrètes
qui
en
découlent
(accidents,
maladresses,
éducation,
etc.).
Plus
généralement,
nous
abordons
ici
des
questions
tou-
chant
à
la
technique
comme
l’informatique
et
l’ingénierie
du
système
d’information,
mais
aussi
à
l’information
médicale
asso-
ciée
à
l’interrelation
humaine
d’un
point
de
vue
sociologique
et
philosophique
:
d’où
cette
mise
en
avant
de
l’interdisciplinarité
dans
la
confidentialité
de
l’information
médicale.
À
notre
sens,
la
seule
manière
pour
l’Homme
de
s’adapter
à
la
puissance
des
nou-
velles
technologies
de
l’information
et
la
communication
est
«
de
modifier
en
profondeur
la
vision
que
nous
avons
de
nous-mêmes
»
[12].
Cette
réflexion
éthique
devient
alors
primordiale
pour
main-
tenir
la
place
de
la
confidentialité,
de
la
confidence
et
donc
de
la
confiance
au
sein
d’une
relation
triangulaire
émergente
associant
le
médecin,
son
patient
et
désormais,
le
système
d’information.
Déclaration
d’intérêts
J.B.
:
en
thèse
dans
le
domaine
de
l’éthique
médicale
;
également
responsable
adjoint
du
département
Recherche
de
la
société
Keosys
(fournisseur
de
solutions
informatiques
en
imagerie
médicale).
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J
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Radiol
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31–5.
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Boustouller
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Communiqué
de
presse;
Issy-les-Moulineaux;
2011.
[11] Servy
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espace
éthique
méditerranéen.
Marseille;
2010.
[12]
Dyens
O.
La
révolution
«
inhumaine
».
Le
Monde
2008.
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