CORRIGÉ DU DEVOIR D0044

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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0044
CORRIGÉ DU DEVOIR D0044
Le taux de croissance économique considéré comme normal pour les pays développés est
aujourd'hui estimé en moyenne par les économistes à 2,5 %. Avec une croissance annuelle
à deux chiffres durant plusieurs années (plus de 11 % de croissance en 2006, du jamais vu
depuis 1993), la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale (PIB en
PPA), juste derrière les États-Unis. Pour la première fois, la contribution de la Chine à la
croissance mondiale devrait même excéder cette année celle des États-Unis. Si cette
croissance spectaculaire est un gage d'un fort développement économique, il faut pourtant
s’interroger sur la qualité de ce développement. Le cycle d’expansion économique de la
Chine va-t-il se prolonger ou bien s’achever prochainement ?
L’économie chinoise a connu une période de forte inflation en 2004, qui pourrait se répéter
en 2007 et engendrer de forts déséquilibres intérieurs. De plus, si l’on peut se féliciter de la
baisse de la pauvreté en Chine, les inégalités de revenus sont encore fortes, avec des
différences régionales importantes. De même, les observateurs s’inquiètent des
conséquences environnementales de la croissance chinoise : la pollution en Chine atteint
aujourd’hui des niveaux proportionnels à son développement industriel. On peut alors se
demander combien de temps peut durer ce modèle de développement économique.

QUESTION 1
La comptabilité nationale permet d'identifier, en les quantifiant, les phénomènes
économiques qui sont à l'origine de la croissance et que l'on qualifie de « moteurs » de la
croissance. En reprenant l'équation de l’équilibre offre-demande : PIB + Importations =
Consommation finale + Investissement + Variations de stocks + Exportations, on met en
évidence les trois moteurs essentiels de la croissance que sont la consommation des
ménages (celle des APU étant comparativement négligeable), l'investissement et les
exportations. Ce type d'approche permet de quantifier la contribution de ces différents
« moteurs » à la croissance.
Rappeler leur rôle dans la croissance
 L’investissement : affecte la demande et l’offre, multiplicateur keynésien, phénomène
d’accélération.
 La demande des ménages : moteur essentiel et, dans la plupart des pays, moteur
principal. Relation entre revenu et demande, puis croissance.
 Les exportations et plus généralement le solde extérieur. Contribution ambiguë à la
croissance selon qu’elle est forte ou molle.
Les explications de la croissance de la Chine
La Chine connaît une croissance vigoureuse depuis plus de vingt-cinq ans, essentiellement
tirée par son secteur industriel (nous n’avons pas ici les détails sur les branches les plus
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performantes). Comment peut-on expliquer ce cycle de croissance ? Essentiellement par la
force des échanges commerciaux et des investissements, qui sont encore et toujours les
deux piliers de la croissance chinoise.
Secteur industriel
La production industrielle s’accroît à un rythme soutenu d’environ 14 % sur un an au cours
de l'année. La croissance du secteur est donc bien repartie après le fléchissement des
années 2004 et 2005. Cette vigueur retrouvée est liée à l’accélération des investissements
immobiliers depuis le mois de juillet 2006. Ce secteur industriel est également porté par les
exportations, en perpétuelle augmentation.
Investissements soutenus par l’épargne :
La corrélation entre investissement et épargne est évidente (cf. graphique). Les
investissements massifs de la Chine sont en grande partie financés par l’épargne importante
des ménages. Le taux d’épargne n’a cessé de progresser, malgré une rémunération faible,
environ 2 % pour les placements jusqu’en 2006.
Les investissements se sont progressivement tassés (à l’exception de l’immobilier et des
infrastructures) depuis 2004 (volonté du gouvernement chinois de réfréner l’investissement
pour contenir l’inflation). Clairement un facteur du ralentissement de la croissance
économique en deuxième moitié de 2006, l’investissement en capital s’est accéléré au cours
des six premiers mois de l’année, contribuant à un essor renouvelé de l’économie chinoise.
Les autorités chinoises expliquent ce phénomène par l'excès de liquidités et le nombre de
nouveaux projets d'investissement, ainsi que par le coût peu élevé de certains
investissements et de certaines ressources. Conscientes du risque de surchauffe de
l’économie, elles appellent depuis 2003 à freiner cette croissance trop rapide des
investissements en capital fixe et du crédit, mais sans compromettre pour autant la
croissance. Cela dit, le rythme annuel des dépenses d’investissement demeure en dessous
des niveaux atteints les deux années précédentes et la tendance reste à la baisse.
Les IDE soutiennent l’investissement national
La dynamique reste très positive, avec un afflux d'IDE annuel en hausse constante, de
l'ordre de 60 milliards de dollars, soit plus de la moitié de ce que reçoit l'Asie toute entière.
Les sociétés mondiales sont attirées par la faiblesse des coûts salariaux, mais plus encore
par la taille du marché domestique et les opportunités qui en découlent. Les Chinois, eux,
s'approprient les techniques étrangères dans leurs propres usines (en effet, les IDE ne sont
autorisés que dans des joint-ventures à majorité (51 %) chinoises).
Extérieur
Les exportations nettes (exportations moins importations) ont littéralement explosé depuis le
début de 2006, poussant le surplus commercial annuel de la Chine à plus de 217 milliards
de dollars. Si le rythme de croissance des exportations tend à diminuer (il devrait atteindre
22,8 % de croissance en 2007 contre 28 % en 2004), il reste très soutenu. Les exportations
sont favorisées par l’existence de surcapacités de production (jusqu’à quand ?), par la
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faiblesse des coûts de main-d’oeuvre et par le caractère plus que compétitif de son taux de
change. Celui-ci est indexé sur le dollar américain (faible par rapport à l’euro) et permet à la
Chine de renforcer sa compétitivité-prix.
Si les chiffres des échanges commerciaux chinois demeurent impressionnants, leur
dynamisme l’est encore davantage. Depuis début 2006, le rythme de croissance des
exportations chinoises étant supérieur à celui des importations, l’excédent commercial de la
Chine se creuse (le solde des opérations courantes passe de 160,8 à 249,9 milliards de
dollars, soit une augmentation de + 55 %) et progresse plus rapidement que ses échanges
totaux.
Consommation des ménages et épargne des ménages et entreprises
Les efforts du gouvernement pour stimuler la consommation semblent porter fruit. Les
ventes au détail (qui sont un indicateur de la consommation des ménages) ont augmenté de
15,9 %, en glissement annuel, en première moitié de 2007. Avec le revenu disponible des
ménages en hausse, il est probable que les dépenses de consommation soutiendront
encore la croissance économique au cours des prochains trimestres, même si la demande
reste encore « marginale » par rapport aux autres moteurs. C’est la forte épargne chinoise
qui rend la croissance déséquilibrée, trop dépendante des exportations et de
l’investissement. (note : pour les deux tiers, elle provient des ménages qui doivent pallier
l’insuffisance du système social : il faut épargner pour faire face aux dépenses d’éducation,
mais aussi pour la santé et les retraites, dans un pays appelé à connaître dans les toutes
prochaines années un vieillissement rapide). Pour le reste, l’épargne est générée par les
entreprises (autofinancement des entreprises privées important). Cela n’est pas le gage
d’une bonne allocation des ressources ; l’investissement n’est pas toujours efficace car les
entreprises sont relativement indépendantes des financements externes (si elles l’étaient
moins, elles subiraient du même coup la contrainte des créanciers et actionnaires en faveur
d’une orientation plus judicieuse des investissements).
Une croissance exceptionnelle ?
Alors que les économies « matures » voient leur taux de croissance économique plafonner à
4 % pour les plus dynamiques (la France serait plutôt aux alentours de 2,6 % actuellement),
la Chine affiche un taux de croissance record pour cette année 2007 (jamais atteint depuis
12 ans). Mais on ne peut comparer que ce qui est comparable. Le caractère extraordinaire
de la croissance chinoise réside dans le fait que le niveau de départ de la Chine était
relativement beaucoup plus faible, qu'il subsiste donc à ce stade des marges de progression
très importantes en termes de productivité et que le phénomène concerne des masses
démographiquement considérables. La croissance chinoise correspond parfaitement à une
croissance extensive, condamnée par la loi des rendements décroissants : ce n'est pas
principalement une croissance tirée par le progrès technique (pas encore) mais par
l'accroissement quantitatif des facteurs (travail, capital). À terme, c’est-à-dire une fois son
« rattrapage » réussi (toute la question est de savoir quand…), la Chine devrait retrouver
des niveaux de croissance plus « normaux ».
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
QUESTION 2
Si on la définit le plus souvent par son symptôme, c’est-à-dire comme une hausse des prix
généralisée et continue, l'inflation correspond en fait à de graves déséquilibres de
l'économie. Elle entraîne une érosion monétaire des placements et perturbe fortement les
sphères financières et réelles des pays concernés.
Causes de l'inflation et liens avec la croissance qu’il faut développer
 L'inflation par la demande : quand la demande globale de biens et de services est
potentiellement supérieure à l'offre, les entreprises ont tendance à augmenter leurs
prix.
 L'inflation par les coûts : dans ce cas, c'est la hausse des coûts des facteurs qui
entraîne une hausse généralisée des prix. On peut citer essentiellement la hausse
des prix des matières premières et celle du prix du facteur travail.
 Excédent de la masse monétaire en circulation, c’est-à-dire des moyens de
paiement potentiellement disponibles, par rapport à la valeur de la production
échangée. Cet excédent monétaire crée des conditions favorables à une hausse des
prix.
Les liens avec la croissance économique : la croissance engendre une demande soutenue
qui accélère la tendance à l'augmentation des prix, ce qui, à terme, entraîne l’économie
dans une spirale inflationniste. Lorsque la pression inflationniste ne sera plus supportable, la
demande se contractera, induisant par là même un ralentissement de l’activité.
L’inflation : menace de déséquilibres en Chine en 2007 ?
Les entrées massives de réserves continuent d’exercer des pressions sur la liquidité et
constituent un danger réel pour la stabilité de l’inflation. Mais faut-il s'inquiéter de la hausse
de l'inflation chinoise ?
Grâce à la croissance rapide des recettes et à la maîtrise des dépenses, les finances
publiques se trouvent en bonne posture. Les dépenses budgétaires ne devraient donc pas,
si elles se maintiennent à leur niveau actuel, être source d’inflation.
L'indice des prix à la consommation de la Chine, une mesure principale de l'inflation, a crû
de 6,5 % en octobre 2007 (cf. document 1), en rythme annuel, on n’est plus dans la zone de
confort des 3 % d’inflation. On s’attend donc à ce que la Banque centrale relève à nouveaux
ses taux, dans l’espoir que ce genre de mesures ait plus d’efficacité qu’elles n’en ont eu
jusqu’ici. Il est toutefois important de ne pas freiner la consommation. Avec 14,9 % de
croissance au premier trimestre, celle-ci se porte bien, mais c’est sur elle que comptent les
autorités chinoises pour amener leur économie de production vers une économie de
consommation et réussir ainsi leur pari d’une croissance à long terme et sans fracture.
Mais il faut nuancer ces résultats, car cette poussée de l’indice des prix à la consommation
est essentiellement imputable à celle de l’indice des prix alimentaires. La hausse des prix ne
traduit pas un excès de demande, mais plutôt un choc d’offre, ce qui écarte pour l’instant le
risque d’une surchauffe inflationniste. De plus, l’offre de travail abondante et les surcapacités
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de production semblent devoir durablement protéger la sphère réelle. En tout état de cause,
l’évolution de l’indice des prix reste contenue au regard du rythme de croissance élevé du
PIB.
Par ailleurs, la croissance de la masse monétaire (on se basera sur l’évolution de l’agrégat
M2) a plafonné en raison d’une contraction du crédit depuis environ un an, ce qui confirme
que les risques inflationnistes en provenance de l’accroissement de la liquidité sont limités.
Cependant, l’accumulation marquée de réserves de devises étrangères constitue un risque
important, car au rythme où la Chine accumule les devises, la masse monétaire semble être
difficilement contrôlable à plus long terme.

QUESTION 3
Tout le monde s’accorde à dire que la croissance économique a des conséquences
bénéfiques sur le « bien-être » de la population. La croissance est synonyme de progrès ou
condition nécessaire à tout progrès ; elle s’accompagne en général de gains de productivité
(meilleure technologie et meilleure qualification des travailleurs) permettant d’augmenter les
salaires, de baisser les prix ou d’augmenter les profits. Le pouvoir d’achat s’élève, stimulant
la consommation et donc à nouveau la production. Elle contribue également à réduire le
chômage, car elle permet aux entreprises de créer des emplois, d’investir plus et de créer de
nouvelles usines de fabrication ou d’autres nouveaux sites. Enfin, une croissance forte
permet d’élever le niveau de vie de la population en réduisant la pauvreté. Apparemment, le
cercle vertueux de la croissance a réussi à se mettre en place en Chine. Selon le rapport de
la Banque mondiale, la pauvreté en Asie de l’Est et plus particulièrement en Chine aurait
régressé : « Le taux de personnes pauvres est descendu à 27 %, soit une baisse par rapport
à 29,5 % en 2006 et à 69 % en 1990 ».
S’il est certain que la croissance économique est nécessaire au développement d’un pays.
(transformation sur une longue période des structures démographiques, économiques,
sociales et mentales), voire même indispensable, elle peut ne pas s’avérer suffisante. La
croissance économique a aussi des limites, des points négatifs.
Elle provoque des effets externes négatifs sur l’environnement
En effet, on peut observer que plus le pays a une forte croissance, plus son empreinte
écologique est importante.
Que ce soit à cause d’une surexploitation des ressources terrestres ou bien par les rejets de
ses activités de production, la croissance entraîne de nombreuses conséquences, parfois
dramatiques, pour la planète.
La production industrielle intensive de la Chine l’a conduite pendant des années à exploiter
excessivement ses ressources naturelles (mines de fer et de charbon notamment) et à
surconsommer en matière d’énergie. Simultanément, ses industries lourdes ont tourné (et
tournent encore) à plein régime, entraînant des rejets polluants aux conséquences
écologiques dramatiques.
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Elle provoque des limites humaines (cette partie tient plus de la culture générale du
candidat puisque aucun des documents ne permet au candidat d’argumenter sur ce
point)
Premièrement, elle n’évite pas une mauvaise répartition des richesses créées. Ce n’est que
lorsque l’appareil productif est très développé et les systèmes de redistribution efficaces,
qu’une société riche peut se permettre d’offrir à chacun des individus la possibilité
d’améliorer leurs conditions de vie. De plus, la croissance des échanges commerciaux
entraîne des inégalités de revenus entre les régions urbanisées et fortement industrialisées,
et les autres.
Autre point noir : le rapport censuré par la Chine qui pointe du doigt le nombre de victimes
(750 000 personnes meurent prématurément dans le géant asiatique) en raison de la
pollution.
Enfin, l’activité économique effrénée de la Chine pousse les entreprises à surexploiter leurs
travailleurs. Le besoin sans cesse croissant de main-d’œuvre bon marché a créé un
véritable exode rural. Cette armée de travailleurs déracinés et non qualifiés sont une manne
pour les industriels : mal payés et corvéables à merci, ils paient le prix fort (recrudescence
des accidents du travail dans les secteurs miniers et manufacturiers) avec l’espoir d’accéder
à un monde meilleur.
CONCLUSION
Au rythme où vont les choses, tout porte à croire que la Chine continuera d’être le principal
moteur de l’économie mondiale au cours des prochaines années. Mais les risques de
surchauffe sont omniprésents. Les mois qui viennent s'annoncent assez délicats : aux
préoccupations inflationnistes, énergétiques, sociales et environnementales de la Chine vont
vraisemblablement s'ajouter, sur fond de ralentissement économique mondial, des tensions
commerciales et monétaires croissantes avec ses partenaires (ou concurrents)
économiques, qui commencent à pâtir de la formidable santé de l’économie chinoise.
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