F euille F e u i l l e La RRo uge ouge Décembre 2007 538 Département de Recherche Fondamentale sur la Matière Condensée transport électronique beaucoup de bruit pour si peu de résistance Contact : François Lefloch – SPSMS – [email protected] L’amplitude des fluctuations thermiques du courant électrique dans un système conducteur, c’est-à-dire le «bruit», est connue pour être inversement proportionnelle à la résistance. Mais que se passe-t'il lorsque cette résistance dépend de l’intensité du courant ? Nous venons de montrer que la règle de proportionnalité est toujours valable. Pour nous placer dans le régime où le rapport entre tension V et intensité I n’est pas linéaire, nous avons préparé, en collaboration avec le département Nano de l’Institut Néel, un dispositif (voir figure) constitué d’un bout de métal normal (cuivre) nanolithographié et placé entre deux électrodes supraconductrices (aluminium). Ces dernières induisent, pour de petites tensions, une forte diminution de la résistance du métal normal qui rend la réponse fortement non-linéaire. Nous avons ensuite étudié le bruit en courant dans cet objet. Nos mesures montrent que le bruit est inversement proportionnel à V/I, c’est-àdire à la résistance correspondant à la tension appliquée (figure). Ainsi la relation qui lie le bruit en courant et la résistance, qui résulte du théorème de fluctuation-dissipation et qui est démontré pour des systèmes linéaires à l’équilibre thermodynamique, semble donc s’appliquer de façon plus générale. petite pointe sur monocristal : quel beau transport ! La microscopie de champ proche sonde les profondeurs. Au verso Le bruit en courant mesuré (points expérimentaux) varie selon la formule connue pour le régime linéaire (courbe) dans laquelle nous avons remplacé une résistance constante par le rapport de la tension sur le courant. biotechnologie LE lan vinci code Contact : Didier Gasparutto – SCIB – [email protected] La récupération de l’information génétique contenue dans des échantillons biologiques abimés n’est pas une tâche facile. En particulier, il faut pouvoir y augmenter de façon fiable et efficace la quantité d’ADN, présent au départ en petite quantité. Grâce à la préparation de fragments d’ADN contenant des défauts bien identifiés, le laboratoire LAN vient de contribuer à l’amélioration de cette opération à travers la mise au point de nouvelles enzymes synthétiques peu sensibles à la présence de lésions et donc bien plus efficace pour l'amplification. Ces travaux auront des applications en paléontologie, en archéologie ou en médecine légale. Direction des Sciences de la Matière . CEA-GRENOBLE www-drfmc.cea.fr La F euille Rouge électronique organique Petite pointe sur monocristal : quel beau transport ! Contact : Benjamin Grévin – SPrAM – [email protected] Dans un transistor à effet de champ fabriqué avec un monocristal organique, les charges sont enterrées à une profondeur de quelques centaines de microns. Elles sont en effet localisées à l’interface organique diélectrique. Comment étudier le transport électronique local dans ces conditions ? A priori, il paraît impensable d’utiliser une technique de champ proche, comme la microscopie à force atomique, qui caractérise les propriétés de surface. Pourtant, nous avons prouvé que c’est possible ! A l’origine de ce travail, une prouesse de synthèse chimique : la fabrication d’un monocristal ultra-mince. Le résultat : une caractérisation des propriétés intrinsèques de transport électronique dans un transistor à effet de champ réalisé avec un semi-conducteur organique parfait. Les semi-conducteurs organiques sont au cœur de l’électronique souple. Ils permettent de fabriquer des transistors à effet de champ organiques (OFET, voir encart) bon marchés et concurrentiels. Le matériau organique qui constitue la couche active est généralement désordonné, particulièrement dans le cas des couches minces de polymères pi-conjugués. Cependant, il existe également des transistors à base de monocristaux, appelés SCOFETs (SC="single crystal"). Ceux-ci présentent un avantage décisif : la perfection du monocristal permet de s’affranchir au maximum du désordre structural, ce qui se traduit par une mobilité des charges accrue d’un facteur 10. Les monocristaux moléculaires sont ainsi des systèmes modèles pour évaluer les performances ultimes des dispositifs organiques hors effet de désordre. La caractérisation du transport électronique dans le canal organique d’un SCOFET est compliquée : en effet, les charges sont localisées à l’interface organique diélectrique. Comme un monocristal est épais de quelques centaines de microns typiquement, ces charges sont donc profondément enterrées. Pas question, à priori, d’aller sonder leur mobilité locale avec une technique de champ proche, qui explore la surface du matériau. Comment faire ? Phase n°1 : Synthèse du monocristal ultra-mince et fabrication du SCOFET Les chimistes du laboratoire sont parvenus à synthétiser un monocristal de rubrène « ultramince », c’est-à-dire d’une centaine de nanomètres d’épaisseur et cent microns de long ! Puis, en collaboration étroite avec le SPSMS, le SCOFET a été fabriqué. Le monocristal, trapèze violet sur la figure, est déposé sur le diélectrique. En état de fonctionnement, le dopage électrostatique se produit à l’interface. Phase n°2 : La microscopie en champ proche Le transistor fonctionne : tensions de grille, de drain et de source sont appliquées. Les charges sont localisées à l’interface. Le microscope en mode sonde de Kelvin vient « imager » le potentiel électrique local dans le canal organique. Pourquoi ? Parce que la technique mesure les forces électrostatiques, qui sont à longue portée, et traversent donc cent nanomètres de monocristal organique isolant sans être écrantées… Imaginons qu’en passant la main à la surface de la mer on ressente le relief d’un fond marin ! Phase n°3 : Une cartographie du transport Les lignes équipotentielles dans le canal, entre source et drain, ont pu être mesurées. Un OFET, c’est quoi au fait ? Le principe du transistor à effet de champ organique est très simple: on réalise une capacité en isolant le semi-conducteur organique d’une électrode conductrice (la grille) par une barrière isolante (le diélectrique de grille). En appliquant une tension électrique V G sur l’électrode de grille, on va alors pouvoir ajouter des charges (électrons ou trous) dans le semi-conducteur organique, qui sont confinées à proximité de l’interface avec l’isolant diélectrique. Le transport de courant électrique peut alors s’établir dans le matériau ainsi «électrostatiquement» dopé, entre deux électrodes communément appelées source et drain. Visiblement, ces lignes sont tordues, ce qui signifie qu’il existe des perturbations dans le transistor. Comme le monocristal est parfait, ces perturbations ne peuvent être dues qu’au collage avec le diélectrique et aux hétérogénéités de l’interface. Le gradient de potentiel montre l’existence de zones de plus forte résistance. Améliorer le SCOFET passera donc par des collages encore plus propres. Ce travail ouvre de larges perspectives pour une compréhension approfondie des phénomènes de transport de charges et d’effets interfaciaux dans les monocristaux semi-conducteurs. La prochaine étape sera de réaliser le même type de mesures sous ultravide. A terme, nous voulons «cartographier» le transport entre la température ambiante et les basses températures. Comité de rédaction : E. Molva, J. Planès (DIR), P. Dalmas de Réotier (SPSMS), Th. Douki (SCIB), G. Prenat (SPINTEC), S. Lyonnard (SPrAM), R. Vallcorba (SBT), P. Warin (SP2M) - Mise en page : M. Benini (DIR) tél. 04 38 78 36 33