Les nouveaux enjeux du foncier économique dans les tissus urbains; entre stratégie foncière des entreprises et stratégie économique des territoires Session spéciale coordonnée par : Sylvie Duvillard - Université Pierre Mendès-France Yann Gerard - Association des Etudes Foncières Bernard Pecqueur - Université Joseph Fourier Session spéciale S14 La compétition entre territoires pour drainer les entreprises a été favorisée par la décentralisation comme par les politiques d’aménagement du territoire prônant la compétitivité (pôle de compétitivité etc.). Les collectivités ont toujours espéré trouver, grâce à l’installation d’activités économiques sur leur territoire, des sources de revenus (taxes) et corrélativement des emplois pour leurs concitoyens [Pecqueur 2011]. La multiplication des zones d’activités est une marque paysagère forte, empreinte visuelle rendue possible par la mise à disposition d’espaces conséquents et parfois surdimensionnés, pour d’hypothétiques installations d’entreprises. La répartition spatiale de l’activité économique est devenu un enjeu déterminant aujourd’hui parce qu’il y a urgence; les effets de la mondialisation recomposent en permanence la géographie de la localisation des emplois et de la production des richesses. Mais il est une ressource – l’espace devenant ressource foncière – qui, à une infime échelle (pouvant être celle de la parcelle cadastrale [Duvillard 2008]), en est l’onéreuse matière première. La proposition de session vise à interroger la dimension économique du développement territorial dans une de ses composantes, celle de son assise foncière. 4 axes privilégient l’étude de la relation dynamiques économiques et logiques foncières à l’échelle des territoires infranationaux: - économie : quelle place réservée au foncier dans les stratégies des entreprises ? Les liens entre foncier, activités économiques et territoires, en France, se sont focalisés sur l’immobilier de bureau et le commerce (Nappi-Choulet, 1990 et 2011 ; Gillio, 2011 ; Gasnier, 2011 ; Madry, 2011). Ils mettent en exergue le changement de nature du foncier sur le plan économique, de patrimoine immobile à actif financier ; lequel est directement lié à la déterritorialisation des stratégies des investisseurs. L’assise foncière des entreprises ne relève pas de la simple propriété foncière et immobilière. Cette dernière s’émancipe de l’entreprise dès lors qu’elle est comprise comme un actif participant au marché de l’immobilier d’entreprise [Gillio 2011]. La multiplication des facteurs favorables à une dissociation entre l’activité économique (emballement des prix de l’immobilier, évolution du statut des SCI… [Gillio 2011]) et la propriété [Renard 2008] interroge alors. Quelle est, sera, la dureté de l’ancrage territorial des entreprises ? - espace : localisation optimale des nouveaux espaces économiques ? L’emprise spatiale des activités économiques est un impensé politique parce que les enjeux, réduits aux rentrées fiscales et aux nombres d’emplois maintenus ou créés, ont rendu les élus moins regardant sur l’artificialisation des sols par l’activité économique que sur celle résultant de l’extension du pavillonnaire. La question est finalement assez triviale : où faut-il encore produire des terrains à vocation économique (localisation et extension de l’existant) ? Ou bien faut-il produire autrement ? - urbanisme : rénovation et mixité fonctionnelle La réponse à la dernière question soulève celle des choix urbanistiques. Les référentiels discursifs sur la densité et la mixité fonctionnelle offrent une belle opportunité aux communes dont le parc économique attire moins et/ou est vieillissant. Deux interrogations : o sans requalification de l’existant, au regard des nombreuses zones économiques en perte d’attractivité, le risque de devenir des friches industrielles est-il un horizon proche [Crépin 2011] ? o les éco quartiers et les nouveaux espaces à vocation économique, aux forts potentiels de développement et parfaitement connectés aux inter modalités d’aujourd’hui, n’aspirent-ils pas, à l’échelle des agglomérations, les anciennes zones économiques, faisant fi des contraintes de mobilités au sein d’une même agglomération pour les salariés impactés ? - politique : quelle place réservée à l’économie dans les stratégies foncières des territoires ? Les politiques de redynamisation des parcs technologiques et zones d’activités constituent un enjeu pour les territoires. Il s’agit encore d’une stratégie de "réactivation des ressources spécifiques" pour un redéveloppement durable écrivait Zuindeau [Zuindeau 2001] à propos des bassins miniers du Nord-Pasde-Calais. Et alors que les enjeux de reconversion évoluent, il est légitime de regarder les effets de la montée des stratégies politiques communautaires. S’agit-il simplement de mutualiser les pertes en multipliant les zones économiques d’intérêt communautaire en difficulté ? Ou alors, devant la nouvelle donne fiscale, un raisonnement sur la gestion foncière à vocation économique émerge-t-il à l’échelle supra communale ? Références ANDRES Laure, GRESILLON Boris, 2011, Les figures de la friche dans les villes culturelles et créatives, Regards croisés européens, L’Espace Géographique, Belin, 2011/1-Tome 40, pp15-30 CREPIN Olivier, 2011, La zone d’activité économique, un modèle soutenable pour les intercommunalités ?, Etudes Foncières n° 149, janvier-février 2011, pp 28-29 DUVILLARD Sylvie, 2008, La pertinence de l’approche foncière en géographie : la recherche de nouveaux indicateur pour appréhender les dynamiques territoriales, in Information géographique et dynamiques urbaines, M. THERIAULT, F. DES ROSIERS (dir.), HERMES Science Publishing Ltd 6 Fitzroy Square London W1T 5DX . United Kingdom pp173-191 (en anglais en 2009) GASNIER A., 2010, Commerce et ville ou commerce sans la ville ?, Rennes, PUR, 300p. GILLIO Nicolas, 2011, LA dissociation, Etudes Foncières n° 149, janvier-février 2011, pp 22-25 MADRY P., 2011, Le commerce est entré dans sa bulle, études foncières, PECQUEUR Bernard, 2011, De la cohérence perdue aux nouvelles régulations, Etudes Foncières n° 149, janvier-février 2011, pp 35- 39 NAPPI-CHOULET I., 1997, Les bureaux, analyse d’une crise, Paris, Adef, NAPPI-CHOULET I., 2010, L’immobilier d’entreprise, analyse économique des marchés, Paris, Economica PILATI Thomas, TREMBLAY Diane-Gabrielle, 2007, Cité créative et District culturel ; une analyse des thèses en présence, Géographie, économie, Société 9 (2007), pp 381-401. RENARD Vincent, MONGIN Olivier, 2008, L’urbanisme et le foncier ? La déconnexion entre le spatial et la finance, Editions Esprit 2008/2 – Février, pp 92-102 TOPALOV C., 1990, « théorie des rentes urbaines et dynamiques du marché foncier », in Adef, La rente foncière. Approches théoriques et empiriques, Paris, adef, pp.165-194. ZUINDEAU Bertrand, CHAUTARD Guy, 2001, L’enjeu d’une reconversion durable des territoires de tradition industrielle : l’ l'exemple du bassin minier du Nord - Pas-de-Calais, Espace, populations, sociétés, 2001-3. Les populations des bassins d'industries lourdes. pp. 325-339. Proposition de communication : Délai d’envoi des propositions de communication : 1er mars 2013 Avis du comité scientifique : 20 avril 2013 Envoi du texte complet : 1er juin 2013 Modalités d’envoi : Les envois des propositions de communication s’effectueront directement en ligne par les participants (cf site du colloque : http://www.asrdlf2013.org). Lors de la soumission de proposition de communication, les participants devront spécifier que leur texte s’inscrit dans le cadre de cette session. Publication : La publication d’une sélection de communications présentées est prévue après la colloque. La publication ne sera envisagée que pour les communications dont le résumé et le texte auront été envoyés dans les délais et qui auront fait l’objet d’une présentation effective par au moins un des auteurs. Contact : Sylvie Duvillard - Enseignant-Chercheur - Université Pierre Mendès-France E-mail(s) : [email protected]