L’être ressent alors son existence individuelle comme une sorte de prison et désire
éprouver la totalité de l’Étant comme un tout parfaitement intelligent… Les génies
religieux de tous les temps se sont distingués par cette religiosité face au cosmos. Elle ne
connaît ni dogme ni Dieu conçus à l’image de l’homme et donc aucune Église n’enseigne
Nous commençons à concevoir la relation entre la science et la religion
totalement différente de la conception classique : des adversaires
irréconciliables…..
Mais je soutiens vigoureusement que la religion cosmique est le
mobile le plus puissant et le plus généreux de la recherche scientifique.
Seul celui qui
peut évaluer le gigantesque effort et, avant tout, la passion sans lesquels les créations
intellectuelles scientifiques
novatrices
n’existeraient pas,
peut évaluer la force du
sentiment qui seul a créé un travail
absolument détaché de la vie pratique.
Seul celui qui a voué sa vie à des buts identiques possède une imagination
compréhensive de ces hommes, de ce qui les anime, de ce que leur insuffle la force de
conserver leur idéal, malgré d’innombrables échecs.
La religiosité cosmique prodigue de
LA RELIGIOSITÉ DE LA RECHERCHE
L’esprit scientifique, puissamment armé en
sa méthode, n’existe pas sans la religiosité cosmique.
Le savant, lui, convaincu de la loi de causalité de tout événement, déchiffre l’avenir et le
passé soumis aux mêmes règles de nécessité et de déterminisme. Sa religiosité consiste
à s’étonner, à s’extasier devant l’harmonie des lois de la nature
dévoilant une intelligence
si supérieure que toutes les pensées humaines et toute leur ingéniosité ne peuvent
révéler, face à elle, que leur néant dérisoire
.
Ce sentiment développe la règle dominante de sa vie, de son courage,
dans la mesure où
il surmonte la servitude des désirs égoïstes.
La croyance élémentaire de la philosophie en sa genèse assigne à la pensée pure la
possibilité de découvrir toute connaissance nécessaire. C’était une illusion, chacun peut
aisément le comprendre,
s’il oublie provisoirement les acquis ultérieurs de la philosophie
et de la science physique
. (note : ou de la religiosité cosmique)
ILLUSION DE LA VIE. Il existe une illusion assez plébéienne,
le réalisme simplet,
selon lequel les objets « sont » la pure vraisemblance de nos sens.
Cette
occupe
l’activité quotidienne des hommes et des animaux
. À l’origine, les sciences s’interrogent
ainsi, surtout les sciences physiques. Einstein cite alors Russsell (avec une seule critique
non essentielle en page 58) : «C’est
pourquoi la science paraît être en contradiction avec
elle-même; quand elle se considère comme étant extrêmement objective, elle plonge
contre sa volonté dans la subjectivité.
Le réalisme naïf conduit à la physique, et la
physique montre, de son côté, que ce réalisme naïf, dans la mesure où il reste, est faux.
Logiquement faux, donc faux. »
Principes de la recherche. Le Temple de la Science se présente comme une
construction à mille formes. Des hommes qui le fréquentent, certains fondent leur
bonheur sur leur « puissance intellectuelle supérieure » (vie débordante d’énergie,
réalisation de toutes les ambitions) alors que beaucoup d’autres qui, exclusivement pour
une raison utilitaire, n’offrent en contrepartie que leur substance cérébrale! Si un ange
de Dieu apparaissait et chassait du Temple tous les hommes qui font partie de ces deux
catégories, ce temple se viderait de façon significative mais on y trouverait encore
tout de même des hommes du passé et du présent.