manipulations et du risque de dévalorisation
du stock en cas d’obsolescence ou d’invendus.
Aucune étude n’a, jusqu’à ce jour, eu pour
objet l’impact de la gestion du temps sur la
politique de stock d’une part et sur la création
de valeur au travers des modifications de pré-
visions de ventes d’autre part. D’une manière
synthétique, aucune étude n’a donc eu pour
objet l’impact de la gestion du temps sur la
performance et la rentabilité globale de
l’entreprise intégrant gestion du risque et
opportunité probabiliste de gain.
On observera qu’au contraire le stock est le
facteur premier de la rentabilité d’une entre-
prise.
Qu’entendons-nous par rentabilité globale ?
Dans le cadre de cette définition, nous enten-
dons par rentabilité globale le retour sur les
fonds investis dans un actif, à travers tout le
processus de décision et d’opération.
Cette approche n’a pu être menée en raison
d’une appréciation erronée ou insuffisante de
ce qu’est « l’actif stock ». De facto, selon ces
théories, le stock n’a aucune valeur, en
conséquence de quoi l’objectif stratégique
communément admis est de réduire ce stock
à zéro et ne produire que juste à temps.
Cette approche se cumule avec une gestion
des stocks en quantité économique et dont les
bases sont les traditionnels modèles d’appro-
visionnements issus des travaux de Harris et
de Wilson. Voici les conclusions que l’on
peut en tirer :
Après avoir parcouru l’essentiel des modèles
de gestion de stocks répandus et les avoir tes-
tés, il apparaît que la plupart d’entre eux sont
des modèles d’approvisionnement et
d’ordonnancement. De manière pratique et à
commencer par le premier d’entre eux, le
modèle de Wilson, ces modèles servent soit à
déterminer un volume de stocks (et éventuel-
lement une valeur) en fonction d’un type de
demande (les demandes étant considérées
comme des fonctions continues), soit à déter-
miner le moment où le stock doit donner lieu
à une commande de réapprovisionnement.
De telles approches, pourtant, ne permettent
pas d’estimer, à tout moment, la valeur
d’arbitrage d’un stock en fonction d’une
variation de l’expression de la demande pour
les produits qu’elle concerne. Elles ne
fournissent donc pas un outil efficace de ges-
tion face au comportement du consomma-
teur.
Les limites des modèles
traditionnels sont une cause de
l’insuffisance des outils de gestion
de stocks….
Le manque de prise en compte de ce para-
mètre dans les modèles traditionnels est dom-
mageable, d’autant plus que l’apparition
accélérée de nouveaux produits et le raccour-
cissement de leur cycle de vie accroissent la
nécessité d’une analyse en temps réel pour
éviter des pertes substantielles. Aussi y a-t-il,
d’après nous, deux conséquences principales :
•Une conséquence conjoncturelle d’abord,
liée à l’obligation d’intégrer les nouvelles
normes comptables internationales (IAS/
IFRS). En effet, la mise en œuvre des nou-
veaux standards financiers suppose que
chaque élément d’actifs d’une entreprise
soit évalué, à terme, à sa valeur de marché.
On comprend alors la difficulté de trouver
une méthode d’évaluation efficace et re-
connue par toutes les fonctions de l’entre-
prise ainsi que par les organismes de rating
financier (qui n’ont aucune expérience
dans le domaine, ni la taille suffisante, ni les
équipes nécessaires pour effectuer une telle
évaluation pour toutes les entreprises
concernées).
•Surtout en ne fixant pas une valeur d’arbi-
trage à tout instant pour les stocks détenus,
les modèles classiques ne permettent pas de
déterminer les moments où des politiques
de déstockage doivent être entreprises, ni
de donner les indicateurs nécessaires aux
directions générales pour modifier les stra-
tégies produits afin d’éviter des accumula-
tions de stocks passifs. La détermination
d’une valeur d’arbitrage permet, elle, de
donner une telle information qui servira à
modifier des politiques de prix, des politi-
ques d’approvisionnement, et de modifier
les conditions de paiement auprès des four-
nisseurs en fonction des résultats de mar-
chés. Elle évitera donc les accumulations
de stocks connus dans le passé et se traduira
par une réactivité plus grande dans le choix
des produits en stock, le tout générant l’ac-
croissement des marges de l’entreprise.
En ne traitant pas la question de la rentabilité
du stock et celle de son évolution dans le
temps, alors la gestion stratégique et finan-
cière se prive objectivement des outils néces-
saires pour déterminer ce qui doit être fait
pour gérer ou prévoir les erreurs, pour gérer de
manière dynamique les éventuelles périodes
de déstockages, pour déterminer les dates et
les conditions de promotions et de prix ou tout
Logistique & Management
44 Vol. 14 – N°1, 2006