52 MESURES 775 - MAI 2005
S
olutions
la restriction aux basses fréquences réduit le
champ d’applications de la méthode,et l’em-
ploi d’un milieu couplant nécessite d’appli-
quer un gel sur la pièce,voire de la plonger
dans un bassin d’eau… Conscients de ces
contraintes,certains fabricants (tels que Foga-
le Nanotech,QMI ou Secondwave, pour ne citer
qu’eux) ont récemment développé des sys-
tèmes de contrôle ultrasonore sans contact
et sans milieu couplant.C’est ainsi que l’on
trouve des systèmes basés sur des lasers,
d’autres sur une excitation électromagné-
tique (EMAT), d’autres encore sur un mélan-
ge des deux…
Reste que la méthode n’offre qu’un examen
ponctuel… Si l’on veut contrôler une pièce
dans son ensemble, il faut déplacer les tra-
ducteurs à la surface de la pièce,prendre tou-
te une série de mesures, et corréler l’infor-
mation ultrasonore obtenue avec la position
du traducteur. C’est tout l’objet de l’image-
rie ultrasonore…
Une “photographie” des défauts
internes
Sous le nom générique d’“imagerie ultraso-
nore” se cache en réalité tout un panel de
techniques plus ou moins bien connues.
Toutes n’ont pas le même principe, ni par
conséquent le même champ d’applications,
mais elles offrent le même intérêt :« obtenir une
visualisation en 2D ou en 3D de la pièce contrôlée,autre-
ment dit établir la géographie interne du matériau,tout
en localisant et en quantifiant ses éventuels défauts »,
résume Jean-Claude Lenain,p.-d.g.d’Euro Phy-
sical Acoustics.
La représentation la plus courante est la
visualisation de type C (ou C-scan).Rappe-
lons qu’un A-scan fournit l’amplitude des
échos provenant des défauts en fonction de
la distance parcourue par l’onde sous le tra-
ducteur. C’est donc une représentation uni-
dimensionnelle.Le B-scan, en revanche,per-
met de représenter les différents A-scan les
uns à côté des autres en fonction du dépla-
cement du traducteur à la surface de la pièce.
On visualise ainsi les échos d’une “tranche”
de matériau perpendiculaire à la surface, et
dont la largeur est celle du faisceau ultraso-
nore.Par rapport à ces deux modes de visua-
lisation, la représentation de type C permet
d’aller plus loin.Elle consiste en effet à repré-
senter sous forme d’images les échos prove-
nant d’une tranche d’épaisseur du matériau.
Elle fournit donc une vue en plan et une vue
de dessus de la pièce contrôlée.
Initialement destinées à l’industrie aéronau-
tique,les cartographies C-scan,et par exten-
sion D, F et P-scan,ont conquis aujourd’hui
de nombreuses applications industrielles
(notamment dans le contrôle de la corro-
sion) à tel point qu’elles sont désormais pra-
tiquement banalisées…
Moins courante mais néanmoins intéressan-
te,la méthode TOFD (pour Time Of Flight Dif-
fraction) est venue récemment relancer l’in-
térêt porté à l’imagerie ultrasonore.Comme
son nom l’indique,le principe de la métho-
de repose sur la diffraction des ondes ultra-
sonores sur le bord des défauts, et par la
mesure du temps de vol entre l’émetteur et
le récepteur (pour localiser le défaut et en
connaître les dimensions).
La méthode commence à être utilisée dans la
détection et le suivi de la corrosion, de l’éro-
sion, de fissures de fatigues sur des pièces
forgées ou laminées… mais aussi et surtout
dans le contrôle des soudures de réservoirs
sous pression.« Elle permet d’obtenir une cartogra-
phie des soudures et de dimensionner les défauts (en lon-
gueur et en hauteur),ce qui est difficilement réalisable
avec un balayage manuel de la soudure »,indique
M. Lenain. La méthode est également peu
sensible à l’orientation des défauts, et elle
utilise un faisceau très divergent afin de
contrôler toute l’épaisseur du matériau en
un seul balayage. Du coup,la prise de mesu-
re est extrêmement rapide :il faut compter
à peine une poignée de secondes pour ins-
pecter un mètre de soudure… Quant à la
précision obtenue, « il est toujours difficile de la
chiffrer, indique M. Lenain. Comme toujours en
CND,elle dépend d’une multitude de facteurs (la struc-
ture et la géométrie du matériau,la taille et la fréquence
du traducteur,etc.).Pour donner un ordre d’idées,on arri-
ve,dans le domaine de l’aéronautique,à détecter des défauts
de quelques dixièmes de millimètres sur des disques de
turbines en titane ».Enfin,la méthode TOFD est
utilisable sur des appareils en service,y com-
pris à haute température. L’Institut de soudure,
par exemple,a ainsi utilisé la méthode pour
le suivi périodique d’appareils en service
dont la température de surface avoisinait les
150 °C,et ce avec une seule contrainte : un
couplage à lame d’eau pour assurer un refroi-
dissement continu des traducteurs…
Autre technologie émergente, la méthode
“Phased Array”.Dans ce cas, on n’utilise pas
un ou deux traducteurs pour effectuer le
contrôle, mais plusieurs dizaines qui fonc-
tionnent en parallèle avec une électronique
spécifique.Le balayage,qui était jusqu’alors
mécanique,devient donc électronique.«L’in-
novation ne réside pas tant dans le principe de la techno-
logie,puisqu’elle est déjà utilisée depuis de nombreuses
années en échographie médicale,mais dans le transfert de
cette technologie en milieu industriel », précise
M. Lenain. L’avantage, c’est qu’il n’est plus
nécessaire de faire varier l’angle des traduc-
teurs pour inspecter l’ensemble d’une pièce
ou d’une soudure.On peut aussi déplacer le
point de focalisation de l’énergie ultrasono-
re sans modifier la position mécanique du
traducteur, autrement dit travailler librement
à différentes profondeurs.
Des méthodes complémentaires
Le secret de la méthode “Phased Array” rési-
de dans l’emploi de capteurs très spécifiques,
des traducteurs multiéléments constitués d’une
multitude de capteurs élémentaires que l’on
peut piloter individuellement et assembler
librement :on trouve ainsi des traducteurs à
réseau linéaire,matriciel ou même annulai-
re… Ils ouvrent la voie à des applications qu’il
n’était pas possible d’envisager avec les tech-
niques traditionnelles.C’est le cas par exemple
du contrôle de rotors et de pieds d’ailettes,du
contrôle de tubes de petit diamètre,et plus
généralement de toutes les applications où
l’on contrôle des zones difficilement acces-
sibles avec un traducteur classique…
Le contrôle par ultrasons est une
méthode ponctuelle.Si l'on veut
contrôler une pièce dans son ensemble,
il faut déplacer les traducteurs à la
surface de la pièce et corréler l'infor-
mation ultrasonore obtenue avec la
position du traducteur.C'est l'objet des
méthodes d'imagerie ultrasonore…
Euro Physical Acoustics