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Avec 3 mm de coupe
une ville allemande à l’arrière du front
STRASBOURG
EN GUERRE
1914 - 1918
Or Strasbourg ne se trouve qu’à 50 km de la
frontière avec la France et n’est donc pas à l’abri
d’une attaque française dès les premières semaines
du conflit. C’est pourquoi les unités du
XV.
Armeekorps
stationné en Alsace doivent attendre
l’arrivée des unités de réserve appelées à défendre
la place, certaines venant de Bavière. Ce n’est
qu’une fois relevés par celles-ci, que les régiments
strasbourgeois peuvent se mettre en marche pour
prendre leur place dans le plan Schlieffen.
3. La mise en état de défense de place
Strasbourg doit, en liaison avec la position de
la Bruche -
Breuschstellung
- et la forteresse
Empereur Guillaume II -
Feste Kaiser Wilhelm II.
-,
sur la colline de Molsheim-Mutzig, barrer la plaine
d’Alsace d’est en ouest pour arrêter toute offensive
française provenant de Belfort.
L’état major allemand compte sur une telle offensive
en Haute Alsace pour y attirer d’importantes forces
ennemies. Celles-ci feront défaut lors de l’invasion
du nord de la France et de l’offensive sur Paris. C’est
dans ce but que la ligne principale de défense en
Alsace est située à la hauteur de Strasbourg et le
long du Rhin.
Strasbourg avait vu ses fortifications renouvelées
à partir de 1872 par la construction d’une ceinture
de 14 forts et d’une nouvelle enceinte urbaine.
Mais ce dispositif est vite obsolète. Face à cette
obsolescence et à l’augmentation constante de
leur coût, les ingénieurs militaires avaient fait le
choix de repousser bon nombre de constructions
en temps de guerre. Pour ce faire, ils conçoivent un
plan d’armement de la place -
Armierungsplan
-
mis à jour annuellement. Tout y est soigneusement
planifié : ouvrages à réaliser, matériaux nécessaires
ainsi que leurs fournisseurs, ouvriers et outillages,
délais d’exécution…
Une fois la mobilisation proclamée, le gouverneur
militaire de Strasbourg, Magnus von Eberhardt, a
les pleins pouvoirs pour mettre à exécution le plan
qui prévoit l’action combinée d’environ 40 000
travailleurs et d’une garnison de 60 000 hommes
pour défendre la ville. Les travaux commencent dès
les premiers jours d’août 1914 pour ne s’achever
qu’en avril 1916. Environ 1000 ouvrages de béton
de toutes tailles, des kilomètres de tranchées et de
réseaux barbelés ont été édifiés de Strasbourg à
Mutzig sur un front d’à peine 30 km.
4. Une ville-hôpital
Dès la mobilisation, l’armée réquisitionne de
nombreux bâtiments publics (hôpitaux, écoles,
administrations) mais aussi privés (grand séminaire,
couvents, foyers, restaurants) pour les convertir en
Festungslazarette
- hôpitaux militaires de place
forte - destinés à accueillir les blessés venus du
front.
La place passe ainsi de 2 hôpitaux militaires en
temps de paix à 38 en temps de guerre, offrant
pas moins de 10 000 lits contre 1100 auparavant.
Certains d’entre eux sont répartis sur plusieurs
sites, proches les uns des autres. C’est donc un
total de 58 édifices qui sont ainsi réquisitionnés, à
Strasbourg mais aussi à Kehl et Schiltigheim, allant
de simples restaurants à des édifices prestigieux
comme le Palais impérial (actuel Palais du Rhin) ou
le bâtiment du Parlement -
Landtag
(actuel TNS).
Si la majorité des établissements se consacre à la
chirurgie, d’autres sont spécialisés dans les soins
dentaires ou l’ophtalmologie, d’autres encore
sont dédiés aux troubles psychiatriques. Certains
établissements, comme le
Lazarett 10
au Neudorf,
accueille les malades infectieux. On soigne en
1917-1918 un nombre important de prisonniers