portrait AZ Architecture être classique MARI E POK – PHOTOS SERGE ANTON au XXI siècle e —4— Leurs chemins se sont croisés, leurs vies se sont épousées et leurs talents conjugués. Amélie et Wolfgang Zichy dirigent leur bureau d’architecture dans une ambiance familiale et selon une philosophie induite par leur propre expérience. Celle d’un jeune couple dynamique dont les quatre enfants n’ont pas entamé leur esprit d’entreprise. Depuis leurs études, Amélie de Kerchove et Wolfgang Zichy ont pris l’habitude de s’entraider, même s’ils se formaient dans deux écoles distinctes, la première à Horta, le second à Saint-Luc. Ces coups de mains répétés donnèrent lieu à un mariage, quatre enfants et la fondation d’un bureau d’architecture. Après ses études, la gracieuse Amélie avait accompli ses stages auprès de Philippe Ladrière et s’était lancée dans le dessin de mobilier urbain et le graphisme. Issu d’une famille de créatifs, Wolfgang avait, quant à lui, fourbi ses armes dans une structure importante gérant des projets de grande échelle, des ensembles de plusieurs centaines de logements. Précoces, ils avaient, très jeunes, risqué leur première opération immobilière, défiant la perplexité de leur entourage en achetant une maison des années 50 à l’état de ruine. Rénovée et transformée en immeuble de rapport, elle était revendue à la fin des années 90. D’autres opérations suivirent. Aujourd’hui, leur démarche doit beaucoup à la notion de valeur immobilière acquise grâce à ces promotions. Tous deux préfèrent d’ailleurs être consultés avant l’achat d’un bien, pour pouvoir sensibiliser les candidats acheteurs à des paramètres essentiels et qui, étonnamment, ne coûtent pas plus cher : l’orientation de la maison ou du terrain, le caractère des éléments que l’on peut sauvegarder, le voisinage… LA MAISON ET LE PLAISIR D’Y VIVRE AZ Architecture se compose de cinq personnes : le couple fondateur, un dessinateur et deux architectes collaborateurs. Une structure à échelle humaine qui permet aux époux Zichy de ne pas se déconnecter de la partie créative et de la relation aux clients, tout en évitant de se retrouver en permanence à gérer seuls les urgences sur tous les fronts. Chacun a cependant gardé sa spécificité. « Wolfgang a un coup de crayon extraordinaire », annonce Amélie de Kerchove, pleine d’une touchante admiration. « C’est lui qui définit les intentions du bureau, conçoit les volumes, esquisse les croquis, coordonne les projets. » Son épouse s’applique quant à elle à les habiller, à définir les textures, les matières, la lumière. Régulièrement, ils sortent déjeuner pour faire le point sur les dossiers en cours. « Nous jouons à l’architecte face au maître de l’ouvrage », confesse Wolfgang. Endossant ainsi la toge de l’avocat du diable, son interlocutrice questionne les différents projets avec une distance cri- tique. Et le jeu de rôle fonctionne dans l’autre sens également. Mais dans le fond, tous deux partagent des affinités culturelles et esthétiques identiques. « Notre volonté est d’arriver ensemble à un beau projet tant au niveau esthétique qu’au niveau de sa qualité de vie. » Tournant le dos à une approche conceptuelle de leur métier, ils se disent mus par la volonté de rendre les clients heureux, anticipant leur occupation de l’espace, leurs nouveaux gestes et habitudes dans leur prochain logement. Leur ambition consiste à faire abandonner aux maîtres de l’ouvrage leur envie de reproduire un archétype déjà vu, à leur faire accepter des idées fraîches, des logiques imprévues. DES ANNÉES « LOFT » AUX GRANDS PROJETS Depuis la fondation du bureau, en 2000, la position des deux jeunes architectes sur leur métier a bien changé : « Nous sommes beaucoup moins naïfs, nous avons cessé de croire qu’un architecte était capable de tout faire. » En 10 ans d’existence, le bureau s’est frotté à de nombreuses rénovations et quelques constructions avec une prédilection pour l’habitat. Au début des années 2000, ils surfent sur la vague loft en transformant les anciens magasins et showroom Coopmans, ainsi que d’anciens entrepôts et une imprimerie. Les rénovations de maisons de maîtres se succèdent, dotant ces majestueuses demeures du confort et des aménagements répondant aux exigences du XXIe siècle. L’architecture intérieure fait partie des missions que le bureau aime développer jusqu’au bout. Les travaux de menuiserie et de fabrication sur mesure sont suivis avec passion jusque dans les moindres détails. Récemment, AZ Architecture s’est également lancé dans un vaste programme de réhabilitation d’un ancien site industriel en logements multiples imbriqués dans un ensemble complexe. Les appartements, duplex, lofts, maisons et bureaux ont été construits avec une vision à long terme impliquant une isolation conséquente, des toitures vertes pour deux maisons et une conception architecturale simple qui, pour les lots en duplex, allie esthétique et fonctionnalité à travers un jeu de décrochements qui jouent les pare-soleil tout en servant de balcon. Un éventail d’expériences en plein déploiement. Infos www.azarchitecture.be – www.labiscuiterie.be —5— à la côte belge la vie du bord de mer MARI E POK PHOTOS SERGE ANTON A quelques pas de la plage, cette maison ouvrière a été sensiblement agrandie pour permettre aux petits enfants des propriétaires de venir passer du bon temps à la côte. Une transformation tout en discrétion, dans un esprit de maison de vacances. Au rez-de-chaussée, le mur entre le séjour et la cage d’escalier a été percé de trois ouvertures afin de rester connecté à l’escalier, artère vivante de la maison. —6— Une cuisine familiale a été aménagée dans l’ancien appentis. Revêtement de sol en carreaux de Cotto d’Este reliés par des joints fins. Poisson de l’artiste Phil Billen. Vert gazon et sable blond pour l’aménagement du salon. La bibliothèque a été travaillée par AZ Architecture dans le plan du mur afin de ne pas perdre d’espace. Suspension en bois flotté Bleu Nature. La particularité d’une maison de vacances ? Ses bruits. Elle résonne des courses et des rires des enfants qui en font leur terrain de jeu. Cette petite maison ouvrière située dans le village de Knokke a été transformée de façon à amplifier la sensation d’espace et à connecter les différentes articulations de la maison. Des chambres supplémentaires ont été créées pour accueillir plusieurs familles avec leurs enfants. Un appentis couvert d’une tôle ondulée a été réaménagé et abrite la cuisine et une salle à manger familiale. Le séjour a été ouvert sur la cage d’escalier pour surveiller les allées et venues des enfants et renforcer le flux de la vie de cette maison de vacances. Pour annexer les combles, il a fallu remplacer l’échelle mobile par un escalier sécurisé. Afin d’éviter que celui-ci ne grignote quelques mètres carrés stratégiques, la cage d’escalier existante a été complètement repensée, changeant Ambiance lumineuse de bord de mer dans les salles de bain dont les murs sont recouverts de galets blancs. Meuble sur mesure portant une vasque en pierre. Sous les combles, la chambre a été habillée de bois peint dans des couleurs de sable et de galets. le sens de la volée d’escalier reliant le rez-de-chaussée à l’étage pour glisser le nouvel escalier en parallèle à sa nouvelle orientation. A peine perceptible, cette modification ne heurte en rien l’esprit de la maison qui conserve ainsi son unité et sa cohérence. Au « grenier » sont logés une chambre et un dortoir, domaines partagés par tous les petits-enfants. La mer et la plage toutes proches leur offrent un espace de détente infini. Aussi la courette a-t-elle été aménagée pour le plaisir des parents. L’ambiance des dunes a été recréée par l’apport de graminées. Un olivier a été planté, ajoutant un parfum de Provence. Le mur de briques a adopté la couleur de l’olive sombre, support neutre à la végétation qui vient l’enlacer. Pour plus de confort et de chaleur, le sol a été complètement recouvert par une terrasse en IP. Un second salon où l’on se délasse durant la belle saison. L’extension contemporaine accueille la salle à manger et la cuisine. Le recouvrement de la terrasse en IP offre la chaleur d’une pièce à vivre, la végétation le charme d’un jardin. Les graminées évoquent les dunes toutes proches. Un bel olivier a été planté dans le jardin, recréant l’ambiance insouciante du Sud de la France. —7— en ville Emblématique du travail d’AZ Architecture, cette rénovation exalte l’architecture traditionnelle d’un hôtel de maître tout en y incorporant une touche contemporaine, élégante, intégrée. d’une génération à l’autre MARI E POK PHOTOS SERGE ANTON —8— Dans le hall d’entrée, AZ Architecture a maintenu au sol le damier en marbres d’origine. La façade du jardin traduit le parti pris contemporain des architectes. Le volume abritant la cuisine et une partie du studio du rez-de-chaussée a été recouvert de mosaïque, reflétant la lumière et la végétation du jardin. Une option souvent adoptée par AZ Architectes en multiples déclinaisons de couleurs et de modulations. Il y avait, à n’en pas douter, de fortes affinités entre les maîtres de l’ouvrage et les architectes. Amélie et Wolfgang Zichy ont mis tout leur cœur et leur empathie dans la rénovation de cette demeure destinée à un jeune couple avec deux enfants. Le ménage n’imaginait pas s’installer ailleurs qu’en ville. Lorsque cet hôtel de maître se présenta à eux, il avait été transformé en bureau d’avocats et il fallait allier expérience et imagination pour se figurer le projet fini. Dépouillée de ses faux plafonds, la maison livra ses volumes, moulures et autres détails intimes, sources d’inspiration pour l’ensemble de l’aménagement. Avec un profond respect du patrimoine, les architectes ont préservé ou refait à l’identique les éléments qui caractérisaient la majestueuse bâtisse : moulures, portes, châssis, parquets. Mais, pour offrir à ses nouveaux propriétaires le confort d’une habitation citadine moderne, les volumes de service, qui entassaient plusieurs demi-niveaux contenant des fonctions que le bureau d’avocats ne se souciait guère d’exploiter, ont été entièrement repensés. Avec franchise, les architectes ont suggéré d’ouvrir ces petits espaces auxiliaires pour retrouver l’amplitude et la hauteur des pièces principales, afin d’y installer une vaste cuisine et les salles de bain, pièces fonctionnelles et contemporaines de la maison. La cage d’escalier de service offrant un volume suffisant, on y fit monter un ascenseur. Mais l’opération la plus spectaculaire à l’intérieur consista à relier le second étage (jusque-là réservé aux bonnes et au stockage) à l’ensemble de la maison. La cage d’escalier principale a donc été dotée d’une volée supplémentaire pour relier cet étage autrefois uniquement accessible par l’escalier de service. Une transformation qui renoue avec l’esprit d’une maison de famille. Le lanterneau qui surplombait le hall d’entrée, au niveau du plafond du premier, a été rehaussé d’un étage. Cette belle verrière aux contours géométriques de métal filtre aujourd’hui la lumière du jour qui inonde le cœur de la maison. « La lumière est une des qualités essentielles de l’habitat et une priorité dans toutes nos missions », plaide Amélie Zichy. Cet étage est aujourd’hui réservé aux chambres et salles de bain des enfants et des hôtes. Un grenier aménagé abrite une salle de jeux. Le niveau inférieur de la maison, a, quant à lui, été aménagé en studio indépendant, cave, services. Par ailleurs, le contraste entre la façade à rue et celle du jardin célèbre le mariage entre parties ancienne et contemporaine, grâce à un revêtement de mosaïque noir aux reflets changeants. L’élégance conjuguée au présent. —9— en ville La cuisine occupe les anciens espaces de services, autrefois scandés en petits volumes occupant des demi-niveaux. Le choix du châssis en aluminium thermolaqué conforte l’option très contemporaine de la façade du jardin. Rangements sur mesure. Sol en Cotto d’Este en pose marbrière. Plan de travail en pierre azul Cascais. En enfilade avec le salon, la salle à manger est dominée par une imposante table en bois foncé qui semble flotter au-dessus du sol. Eclairage mixte : suspension/spots. Dans le bureau, la menuiserie a été exécutée dans l’esprit de la maison, offrant une facilité de rangement discrète et distinguée. Parquet d’origine. Dans le salon de cette jeune famille éprise d’art et de design, l’éclairage a été particulièrement soigné. Spots intégrés et lumières d’appoint prennent le relais de l’abondante lumière naturelle. Le parquet d’époque a été conservé et traité. —10— Dans le salon de cette jeune famille éprise d’art et de design, l’éclairage a été particulièrement soigné. Spots intégrés et lumières d’appoint prennent le relais de l’abondante lumière naturelle. Le parquet d’époque a été conservé et traité. —11—