A. Présentation du S.A.U. des Hôpitaux SUD : B. La lune

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A. Présentation du S.A.U. des Hôpitaux SUD :
Accueil constitué de huit box, une salle à plâtre, un petit décochage et un grand
décochage.
Capacité de 26 brancards.
Une équipe de 12 IDE, (4 en poste chaque soir dont 1 IAO), 2 AS (1 chaque nuit), 6
ASB (3 par nuit), 6 ASH (3 par nuit), 3 AAH (1 par nuit), 2 cadres (1 par nuit), et une
équipe médicale.
16 lits d’Unité d’Hospitalisation de Courte Durée, (en théorie 2 IDE et 1 AS par nuit).
8 lits d’Unité Médico Psychologique, (en théorie 1IDE et 1AS par nuit).
L’exposé que nous allons présenter est le résultat d’une réflexion commune, d’un travail
d’équipe, réalisé la nuit lors de périodes d’accalmies !
B. La lune, temporalité et représentations de la nuit, le travail la
nuit :
Influence de la lune : effet objectif ou subjectif ?
Beaucoup admettent que la pleine lune peut avoir des effets sur l’être humain et sur la
nature, mais les preuves font souvent défaut. Elle fascine et intrigue depuis la nuit des
temps. Aujourd’hui encore, chacun a entendu dire que la pleine lune peut rendre nerveux,
colérique ou mélancolique. Que l’on dort mal ces nuits-là, que les accouchements se
multiplient. Son influence s’étendrait à la pousse des cheveux, aux plantes et aux animaux…
«La lune a peut-être une influence, mais nous n’avons ni statistique ni preuve.» Tel est
l’avis général des personnes contactées. Parce que c’est ici le règne du doute et du flou.
Pascal Wagner-Egger et Vincent Joris, du département de psychologie de l’Université de
Fribourg, l’ont écrit dans «L’obscure clarté de la lune : croyances et représentations», un
article paru en 2005 dans les Cahiers internationaux de psychologie sociale : «L’approche
scientifique actuelle des effets de la lune sur l’humain n’offre ni certitude ni unanimité. Tout
au plus apporte-t-elle un soutien plus fort aux détracteurs des influences de la lune qu’à
leurs partisans.»
Autre croyance répandue: la pleine lune agit sur le psychisme, parfois jusqu’au délire.
1
En France, une étude a été réalisée à Toulouse sur ce thème : elle est intéressante par la
diversité des traits étudiés. 2478 entrées dans les services d’urgence psychiatrique
toulousains, réparties sur les 366 jours de l’année 1992 (année bi-sextile) ont été retenues.
Les résultats sont : « pas de variation significative du nombre d’entrées selon le jour du
cycle lunaire », « pas de variation significative selon le jour du cycle, de l’âge moyen des
patients. Il n’y a pas non plus de différence concernant le sexe des patients et le mode
d’arrivée. Concernant l’heure moyenne d’arrivée, [...] pas de différence significative. [...]
pas d’influence significative du cycle lunaire sur les états d’agitation et les conduites
d’alcoolisation ». L’étude ne met pas en évidence de « variation significative, au cours du
cycle lunaire, du pourcentage de patients présentant une tendance toxicophile, un état
psychotique, un état anxio-dépressif, manifestant une demande psychosociale ou relevant
d’une hospitalisation d’office ».
En définitive, la pleine lune, si elle peut avoir des effets sur les animaux ou les plantes, ne
semble pas influencer la nature humaine. La seule chose qui augmente fortement les jours
de pleine lune : les superstitions sans fondement…
La temporalité :
Il existe la nuit un climat particulier, quels que soient les lieux rencontrés. L’hôpital n’y
échappe pas. Les couloirs se vident, le calme revient, tout semble s’apaiser, le silence
s’installe. Le temps prend tout son espace, la vie semble s’écouler différemment. Sauf les
urgences où l’activité est semblable à celle de jour.
Faire le choix de travailler la nuit interroge ceux qui travaillent le jour. Pourquoi vivre à
contre courant ? Les représentations du travail de nuit, à l’hôpital, sont souvent négatives :
« La nuit, on dort, il n’y a jamais autant de travail que la journée, autant de personnel n’est
pas nécessaire… ». Mais il est dit aussi : « quel courage, je ne pourrais pas travailler de
nuit… ». La nuit surprend, inquiète, et pourtant rassure, apaise.
La nuit le temps semble s’arrêter. A partir de minuit les relations semblent différentes. C’est
en général l’espace du repos, du sommeil. Les patients s’inquiètent, se confient, les
soignants calment, rassurent. Le temps existe, semble se matérialiser. Toute relation
singulière a plus d’espace pour se développer. Travailler la nuit c’est être confronté de plus
près au réel du travail. La médecine a souvent du mal à reconnaître ses limites, la nuit nous
les impose. Elle génère plus d’humilité, d’humanité.
Travailler la nuit n’est pas naturel. Le rythme physiologique va dans le sens : travail le jour, repos
la nuit. Pour nous qui travaillons de nuit, des temps de repos efficace doivent être respectés. Le
2
sommeil diurne, indispensable après une nuit de travail, permet d’aborder la suivante et de
vivre correctement la deuxième partie de la journée. Pourtant, seul le sommeil nocturne est
véritablement récupérateur. Selon les personnes, il est nécessaire de dormir entre cinq et
sept heures le jour. De la régularité et de la qualité du repos dépend la résistance de
l’individu.
Le travail la nuit : parfois représentation négative par les personnels de jour
Les équipes soignantes travaillant la nuit participent à la continuité des soins, 24h / 24.
Essentielle et rappelée dans tous les projets de soins, elle ne reste pas toujours présente dans
les esprits. Il semble parfois difficile d’imaginer le travail dans une période réservée au
repos : la nuit, cette inconnue.
L’activité de jour amène, renvoie de manière structurelle (en raison de la foule d’items, de
personnes, d’actes, d’interactions) à ce qui est prescrit.
L’activité de nuit, moins soumise à l’envahissement permanent, est propice à plus de
spontanéité et de démarche soignante au vrai sens du terme.
L'hôpital, la nuit, est un espace où le malheur, la misère, la souffrance s'expriment sans fard,
stimulés par la perte de repères et encouragés par une réelle confidentialité. Il en résulte une
chaleur, une confiance, une qualité relationnelle qui survivent, depuis la nuit des temps,
malgré la négativité qui colle indéfectiblement à la nuit (c'est le temps du sommeil, de
l'oubli, le règne de la subjectivité, du rêve, de la solitude). La nuit, le malade redevient
premier sujet d'attention.
« Nos nuits ne se ressemblent pas parce qu’elles échappent à notre volonté de classification,
notre besoin de maîtrise. Elles offrent par conséquent un accès privilégié à l’essence même de
l’être1. »
1
Perrault Soliveres, A.(2004). Infirmières, le savoir de la nuit. Partage du savoir, Paris, PUF, p.9.
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C. La spécificité des urgences la nuit : ( items à débattre)
Fatigue du travail de nuit, fatigue spécifique.
Sensation de décalage par rapport aux autres, impression d’être à part.
Mais de nombreuses satisfactions.
Moins d’administratif, moins de hiérarchie
Même travail que le jour, activité toute la nuit
Multi pathologie, diversité enrichissante.
Médecins sur place, sécurisant.
Plus de relationnel, espace de parole plus important,
Équipe stable : notion primordiale pour un bon travail d’équipe. Equipe expérimentée.
Place et rôle des référentes psy dans l’équipe.
Esprit d’équipe : même objectif de travail, donc motivation commune. Plus de
cohésion.
Equipe pluridisciplinaire : dimension intéressante, propre aux services d’urgences.
I.A.O. : nécessaire : lien famille, malade, équipe paramédicale, médecin, permettant
une cohésion des soins.
Autonomie dans les soins : sentiment de plus de confiance médicale.
La prise en charge la nuit semble plus satisfaisante que le jour, lien avec la temporalité.
Meilleure approche des patients et des familles, plus de temps.
Evolution du travail : il y a nettement plus d’entrées, moins de transports intersites.
Par contre, frustration :
pas de prise en charge réelle du patient : patient / SAU / SAMU Social/ rue /
pompiers / SAU / ….
Pas de suivi des patients, on ne sait pas leur devenir.
On entre immédiatement dans l’intimité des gens : différence majeure d’un service
d’urgence et d’une unité de soins.
En fonction de l’heure de la nuit, l’activité est différente (en fin de nuit : col du fémur
ou précordialgies).
Certains événements extérieurs influent sur l’activité et l’affluence des urgences.
Sans explication rationnelle, on constate qu’il y a des " soirées à thème".
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« Le monde des soins la nuit à l’hôpital vient en contre-jour questionner les présupposés
d’une institution qui n’a plus le temps de se penser et qui se réduit à justifier son
fonctionnement, qui fait perdre de vue le sens premier de l’organisation2. »
2
Perrault Soliveres, A.(2004). Infirmières, le savoir de la nuit. Partage du savoir, Paris, PUF, p.4.
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