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En France, une étude a été réalisée à Toulouse sur ce thème : elle est intéressante par la
diversité des traits étudiés. 2478 entrées dans les services d’urgence psychiatrique
toulousains, réparties sur les 366 jours de l’année 1992 (année bi-sextile) ont été retenues.
Les résultats sont : « pas de variation significative du nombre d’entrées selon le jour du
cycle lunaire », « pas de variation significative selon le jour du cycle, de l’âge moyen des
patients. Il n’y a pas non plus de différence concernant le sexe des patients et le mode
d’arrivée. Concernant l’heure moyenne d’arrivée, [...] pas de différence significative. [...]
pas d’influence significative du cycle lunaire sur les états d’agitation et les conduites
d’alcoolisation ». L’étude ne met pas en évidence de « variation significative, au cours du
cycle lunaire, du pourcentage de patients présentant une tendance toxicophile, un état
psychotique, un état anxio-dépressif, manifestant une demande psychosociale ou relevant
d’une hospitalisation d’office ».
En définitive, la pleine lune, si elle peut avoir des effets sur les animaux ou les plantes, ne
semble pas influencer la nature humaine. La seule chose qui augmente fortement les jours
de pleine lune : les superstitions sans fondement…
La temporalité :
Il existe la nuit un climat particulier, quels que soient les lieux rencontrés. L’hôpital n’y
échappe pas. Les couloirs se vident, le calme revient, tout semble s’apaiser, le silence
s’installe. Le temps prend tout son espace, la vie semble s’écouler différemment. Sauf les
urgences où l’activité est semblable à celle de jour.
Faire le choix de travailler la nuit interroge ceux qui travaillent le jour. Pourquoi vivre à
contre courant ? Les représentations du travail de nuit, à l’hôpital, sont souvent négatives :
« La nuit, on dort, il n’y a jamais autant de travail que la journée, autant de personnel n’est
pas nécessaire… ». Mais il est dit aussi : « quel courage, je ne pourrais pas travailler de
nuit… ». La nuit surprend, inquiète, et pourtant rassure, apaise.
La nuit le temps semble s’arrêter. A partir de minuit les relations semblent différentes. C’est
en général l’espace du repos, du sommeil. Les patients s’inquiètent, se confient, les
soignants calment, rassurent. Le temps existe, semble se matérialiser. Toute relation
singulière a plus d’espace pour se développer. Travailler la nuit c’est être confronté de plus
près au réel du travail. La médecine a souvent du mal à reconnaître ses limites, la nuit nous
les impose. Elle génère plus d’humilité, d’humanité.
Travailler la nuit n’est pas naturel. Le rythme physiologique va dans le sens : travail le jour, repos
la nuit. Pour nous qui travaillons de nuit, des temps de repos efficace doivent être respectés. Le