Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 25/05/2017
- 4 -
Jean Capart, professeur à l'ULg, la comtesse de Caraman-Chimay et sa Majesté la Reine Élisabeth, à
Louqsor en février 1923
Contrairement à l'opinion la plus répandue, le trésor funéraire du jeune pharaon, qui émerveille et fait alors
tourner toutes les têtes, ne fut pas découvert intact. Avant même de pénétrer dans l'hypogée, Howard Carter en
était déjà parfaitement conscient : « la tombe avait été pillée », « des voleurs y étaient entrés, et ce, à plusieurs
reprises ». De nombreux indices en attestent très clairement. Ainsi, la porte scellée à l'entrée du couloir, tout
comme le comblement de ce dernier, comporte des traces évidentes de re-fermeture, à deux reprises, durant
l'Antiquité, ce qui implique nécessairement deux intrusions successives. Chacun des scellements entre les
différentes pièces du tombeau a d'ailleurs été fracturé et bon nombre d'objets furent retrouvés déplacés, jetés
sur le côté ou cassés. La plupart des coffres à bijoux avaient été vidés de leur contenu (parfois détaillé en
écriture cursive - le hiératique - sur le coffre lui-même ou sur une étiquette en bois qui l'accompagnait) et une
sorte de grande écharpe en lin dans laquelle un pillard avait emballé huit bagues en or massif fut découverte
à l'entrée de l'antichambre, abandonnée là par le voleur qui dut être pris sur le fait - et subir, en conséquence,
d'atroces et mortelles punitions, comme celles décrites dans les papyrus judiciaires de la fin du Nouvel Empire
qui évoquent les procès des pilleurs de tombes de la Vallée des Rois, au tournant des 22e et 21e siècles
avant notre ère. Plusieurs indices permettent de penser que ces deux pillages eurent lieu assez rapidement
après l'inhumation de l'enfant-roi, tels des récipients d'onguents ou de cosmétiques précieux, qui rancissaient
assez rapidement et furent néanmoins dérobés. Par la suite, le tombeau dut être oublié dans la mesure où
son entrée fut recouverte par les déchets du creusement de la tombe voisine de Ramsès V, juste au-dessus,
vers 1145 avant J.-C., ce qui le protégea jusqu'en novembre 1922 de notre ère.