le Vermandois de 1570 à l’époque contemporaine (Paris, LAJP, 1973), par exemple, en donne
certaines clefs.
Charlemagne Messanga apporte d’autres clefs en faisant la chronique d’un programme de
recherche dont les résultats ne furent que partiellement publiés, ce que les lecteurs regretteront
avec moi à la lecture de la synthèse de Charlemagne. Ce dernier fait remarquer qu’il manque à
ce travail un cadre chronologique et je crois le reproche pertinent même si, à l’époque, une telle
histoire apparaissait comme une gageure. L’auteur fait également remarquer par son intitulé
que le colloque international sur “ sacralité, pouvoir et Droit en Afrique ” de janvier 1981 est à
l’origine de la recherche sur les archétypes et de cette formule maintenant célèbre que Norbert
Rouland prête à Michel Alliot, penser Dieu c’est penser le Droit.
Le troisième programme que présente Christoph Eberhard suit chronologiquement ceux que
nous venons d’évoquer et permet de mieux caractériser le troisième âge de l’anthropologie du
Droit au Laboratoire. Après le temps des fondations et des choix de méthode, dans les années
soixante, puis la construction de cadres problématiques jusqu’au milieu des années quatre-
vingt, le programme sur les droits de l’homme a fait déboucher nos recherches sur des
préoccupations qui sont contemporaines : comment faire cohabiter la requête d’universalité et
la quête des identités en dépassant la faux débat entre l’affirmation de l’universalisme et les
tendances aux particularismes ; comment construire un dialogue interculturel à partir des deux
exigences qui traversent l’ensemble de nos travaux, le diatopisme et, surtout, le dialogisme ?
La lecture du texte permet de constater que la recherche du dialogisme fut interne au laboratoire
avant d’être la solution proposée pour fonder l’interculturalité des droits de l’homme. Le texte
illustre aussi, et je m’en réjouis, la prise en charge par une nouvelle génération de chercheurs de
la problématique générale des droits de l’homme dans une perspective anthropologique. Ce
passage de relais m’apparaît comme porteur de perspectives particulièrement enrichissantes.
En parallèle avec les droits de l’homme, les travaux sur la médiation qui ont commencé en 1985
par la recherche collective sur la conciliation étaient l’occasion d’ouvrir notre africanisme sur
des problèmes de société bien français : comment trouver des modes de règlement des conflits
à la fois économes en temps, valorisant le lien social et pouvant servir d’amortisseur à la crise
sociale ? Roselyne Mavungu montre dans sa contribution comment le passage de l’Afrique à la
France a été opéré, non par une tentative, désespérée, de trouver des ressemblances entre
institutions mais par la prise en compte des modes de socialisation juridiques et judiciaires. Si
elle n’indique qu’incidemment l’importance des coopérations intellectuelles qui ont été nouées
avec des collègues, des associations ou des institutions (dans le cas avec Jean-Pierre Bonaffé-
Schmitt, le Centre de Liaison des associations de Contrôle Socio-Judiciaire (CLCJ) et le
tribunal pour Enfants de Paris au sein de l’institution judiciaire) elle restitue le contexte
intellectuel et politique dans lequel nos démarches ont évolué.
De tout cela, les contributions de Boris Martin, à demi-complice puisqu’ancien étudiant du DEA
d’Études africaines, et Camille Kuyu témoignent en soulignant l’un et l’autre tout ce qui reste à
faire.
Avec le texte de Jacques Larrue, le doyen de notre communauté, on entre dans le dernier des
thèmes traités par ce bulletin, la recherche sur le foncier et les politiques de gestion
patrimoniale. C’est le dernier des thèmes traités mais non le dernier des programmes de
recherche expérimentés ces dernières années. Tantôt, comme pour les recherches urbaines ou
les politiques d’industrialisation, les travaux n’avancent pas au rythme qui serait souhaitable
après la percée initiale réalisée par Catherine Goislard avec sa thèse sur Banfora et par
Jacques Larrue par sa thèse, publiée aux éditions Karthala, sur l’aventure de Péchiney à Fria.
Tantôt, personne ne s’est proposé pour assurer la synthèse des travaux sur l’État, les politiques
de décentralisation ou les politiques familiales et de santé publique, ce qui est regrettable.
Jacques Larrue met bien en évidence la principale raison du succès quantitatif des travaux de
thèses et des programmes de recherches collectives : le foncier a cet avantage de mêler les
questions les plus pointues de la recherche fondamentale et d’ouvrir aux applications les plus