dossier pédagogique - Opéra de Saint

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WERTHER
Jules massenet
dossier pédagogique
Dossier proposé dans le cadre du dispositif Lycéens à l’Opéra, financé par la Région Rhône-Alpes.
Dossier réalisé sous la direction de David Camus
Coordination générale élodie Michaud
Rédaction des textes Jonathan Parisi
Suivi de fabrication Aurélie Souillet
Document disponible en téléchargement sur
www.operatheatredesaintetienne.fr
Contacts
Clarisse Giroud
Chargée de la médiation et de l'action culturelle
04 77 47 83 62 / [email protected]
WERTHER
JULES MASSENET
Drame lyrique en 4 actes et 5 tableaux
Livret d’Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann
D’après le roman épistolaire de Goethe Les souffrances du jeune Werther
Direction musicale Laurent Campellone
Mise en scène Laurent Fréchuret
Décors Rudy Sabounghi
Costumes Claire Risterucci
Lumières Laurent Castaingt
Werther Alexey Dolgov
Charlotte Marie Kalinine
Albert Lionel Lhote
Sophie Magali Arnault Stanczak
Le Bailli Frédéric Goncalves
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Maîtrise du Conseil général de la Loire
Grand Théâtre Massenet
Vendredi 21 mars 20h
Dimanche 23 mars 15h
Mardi 25 mars 20h
Durée 2h40 entracte compris - En français surtitré
Une heure avant chaque représentation,
propos d'avant spectacle par Jonathan Parisi,
musicologue.
Gratuit sur présentation de votre billet.
Nouvelle production de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne
Décors, costumes et accessoires réalisés dans les ateliers de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne
SOMMAIRE
Découverte de l’œuvre
p.06 Jules Massenet
La genèse de Werther
Personnages et argument
Guide d'écoute
p.17 Werther
àNotel’Opéra
Théâtre de Saint-Étienne
d'intention de Laurent Fréchuret
Les maîtres d'œuvre
Les solistes
L'orchestre et le chœur
Iconographie commentée de la production
Pistes pédagogiques
p.22
Piste 1 - Réécrire une scène de Werther
Piste 2 - Mettre en scène les adieux de Werther et Charlotte
Piste 3 - Le héros romantique dans Werther et les arts en général
Ressources supplémentaires
p.31
L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne / Présentation générale
Petite histoire d’une production
Annexes
p.34 Voix et tessitures
Composition de l'orchestre
Glossaire
Bibliographie sélective
DECOUVERTE
DE L'OEUVRE
Jules Massenet (1842 - 1912)
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Qu’on le nomme ironiquement la « fille de Gounod »,
pour la sensualité de son
écriture mélodique, qu’on
l’accuse de plagier Richard
Wagner ou qu’on lui reconnaisse enfin un style prédebussyste, Massenet ne
laisse définitivement indifJules Massenet, Bruxelles, 1881
férent ni le simple auditeur
ni le spécialiste.
Né à Montaud, aujourd'hui quartier de Saint-Étienne,
Massenet débute son apprentissage musical par le
piano, que lui enseigne sa mère. Dès l'âge de six ans,
la mutation professionnelle de son père entraîne toute
la famille vers la capitale et le jeune garçon intègre dès
1853 le Conservatoire de Paris. Obtenant un premier
prix de piano en 1859, puis un premier prix de contrepoint en 1863, Massenet concourt alors pour le grand
prix de Rome. À l'âge de 21 ans, Massenet remporte
alors cette distinction suprême qui fait désormais de lui
un compositeur reconnu.
Les vingt-six opéras qu'il compose dans sa carrière
vont même l'élever au rang de compositeur le plus
prolixe du théâtre lyrique français du XIXe, rencontrant
En bref : Jules Massenet vu par Claude Debussy
Au lendemain de la mort de Massenet, Debussy, chargé
de la nécrologie du compositeur pour le journal Le
Matin, écrit : « Ses confrères lui pardonnèrent mal ce
pouvoir de plaire qui est proprement un don. À vrai
dire, ce don n’est pas indispensable, surtout en art, et
l’on peut affirmer, entre autres exemples, que jamais
Focus sur Massenet et Saint-Étienne
Parce-qu'elle a vu naître Massenet, la ville de SaintÉtienne a rendu à travers l'histoire de nombreux
hommages au compositeur de Manon. L'un de ces
premiers hommages date de 1912, soit l'année même de
la disparition du compositeur, où le Théâtre municipal
de la ville est baptisé Théâtre Massenet. En 1914, une
plaque sculptée par Lamberton est apposée sur la
pour la plupart l’approbation du public parisien, provincial, puis étranger. Si bien qu’à l’aube du XXe siècle,
Massenet est un compositeur dont la renommée
s’étend dans l’Europe entière, où les deux grands chefsd’œuvre populaires que sont Manon (1884) et Werther
(1892) demeurent les plus joués.
Compositeur mais aussi professeur de composition au
Conservatoire de Paris, sa classe va accueillir Reynaldo
Hahn, Alfred Bruneau, Gabriel Pierné, Xavier Leroux,
Gustave Charpentier, etc. Titulaire du grand prix de
Rome, élu à l’Académie des Beaux-Arts, élevé au grade
de Commandeur de la légion d’honneur, Massenet reçoit tous les lauriers dont peut s’enorgueillir un compositeur de son temps. Pourtant, il demeure un musicien
insaisissable, autant critiqué qu’adulé, un homme secret, superstitieux, fuyant les premières de ses œuvres
et refusant le chiffre 13 dans la numérotation de ses
manuscrits.
Aujourd’hui la qualité et la diversité de son œuvre n’est
plus à prouver, même si Massenet demeure surtout lié
à la peinture de la femme, autant pour son écriture musicale soignée et voluptueuse, que pour son sens inné
de la dramaturgie, la construction subtile et raffinée de
ses personnages.
Jean-Sébastien Bach ne plut, dans le sens que ce mot
prend, lorsqu’il s’agit de Massenet. A-t-on entendu dire
des jeunes modistes qu’elles fredonnaient la Passion
selon Saint-Mathieu ? Je ne le crois pas. Tandis que tout
le monde sait qu’elles s’éveillent le matin en chantant
Manon ou Werther. »
maison natale du compositeur, place de la Terrasse,
rebaptisée à son tour place Massenet en 1920. Puis
c'est une muse, érigée en 1929 avenue de la Libération,
qui rend un nouvel hommage au compositeur. Sans
parler du Conservatoire de la ville, appelé Conservatoire
Massenet, ou de la grande salle de l'Opéra Théâtre,
baptisée depuis 2001 Grand Théâtre Massenet.
LA GENÈSE DE WERTHER
Affiche de la création française de
Werther, Opéra-Comique, 1893.
Si le projet de composer un opéra consacré à Werther
apparaît dès 1880 et précède donc la composition
de Manon (1884), il faut attendre 1886 pour
qu'un évènement tout particulier vienne raviver
l'inspiration du compositeur. Massenet raconte alors :
« Le dimanche 1er août 1886, nous étions, Hartmann
et moi, allés entendre Parsifal au Théâtre Wagner, à
Bayreuth. [... ] Après avoir parcouru ensuite quelques
villes de l'Allemagne, visité différents théâtres,
Hartmann, qui avait son idée, me mena à Wetzlar.
Nous visitâmes la maison où Goethe avait conçu son
immortel roman, Les Souffrances du jeune Werther.
Je connaissais les lettres de Werther, j'en avais gardé
le souvenir le plus ému. Me voir dans cette même
maison, que Goethe avait rendu célèbre en faisant vivre
d'amour son héros, m'impressionna profondément.»
(Massenet, Mes Souvenirs, 1912).
Georges Hartmann, l'éditeur de Massenet, profite
même de ce séjour à Wetzlar pour offrir au compositeur
un exemplaire du roman dans ce qu'il juge être la
meilleure traduction française. Parcourant les célèbres
vers d'Ossian, cités par Goethe, Massenet comprend
alors que le projet de Werther ne le quittera plus... C'est
ainsi que les librettistes Édouard Blau et Paul Milliet
sont sollicités par Hartmann pour rédiger avec lui le
livret en quatre actes de ce nouveau drame lyrique.
L'œuvre, achevée dès 1887, est cependant mal accueillie
par le directeur de l'Opéra-Comique, Léon Carvalho,
qui la juge trop lugubre pour son théâtre. Mais le sort
de Werther allait bientôt être scellé par un tout autre
évènement. En effet, le 25 mai 1887, un incendie se
déclare salle Favart et embrase l'édifice tout entier. Le
directeur est bientôt démis de ses fonctions et l'OpéraComique devra attendre plusieurs années avant de réouvrir ses portes.
La partition de Werther passe alors quatre années dans
un tiroir avant que Massenet, contacté par le Théâtre
Impérial de Vienne, décide que « le peu de bon vouloir
des directeurs français [l']avait rendu libre de disposer
de cette partition ». Werther, l'un des sommets de l'art
lyrique français, sera ainsi créé en langue allemande !
Ce seront donc le célèbre ténor belge Ernest Van Dyck,
avec lequel Massenet va entretenir une correspondance
assidue, et Mlle Marie Renard qui créeront Werther et
Charlotte.
Reçu en grandes pompes dans la capitale autrichienne,
Massenet passe un séjour idéal et marquant. Il est
traité en grand maestro par la direction de l'Opéra qui
lui permet même de s'investir totalement dans les
répétitions de l'œuvre, prenant en compte chacune de
ses exigences, tant sur le plan musical que sur le plan
scénique. Avant même de rejoindre Vienne, Massenet
écrit d'ailleurs à Van Dyck au sujet des changements de
décors, des effets de lumières, de l'effet de neige pour
la nuit de Noël, se montrant alors très impliqué dans la
mise en scène de sa nouvelle œuvre.
Werther est ainsi créé le 16 février 1892 à Vienne et
rencontre un tel succès que Léon Carvalho, ayant tout
récemment repris la direction de l'Opéra-Comique,
prie Massenet de bien vouloir lui confier la création
française de l'œuvre pour la saison suivante. Onze
mois plus tard, jour pour jour, Werther est ainsi créé en
français à l'Opéra-Comique, remportant les faveurs du
public parisien pour lequel il avait été initialement écrit.
7
Goethe ou les souffrances du vieil auteur...
8
Mort à l'âge de 82 ans, Johann Wolfgang von Goethe est
resté toute sa vie, dans l'esprit de ses contemporains,
comme l'auteur de Werther, au point d'entretenir une
relation ambiguë avec son roman. Tout en ne ratant
pas une seule occasion de s'enorgueillir du succès
international de son œuvre, écrite à seulement 22
ans, Goethe va devoir endurer la curiosité du public
le questionnant inlassablement quant à la véracité
des évènements décrits. Ayant lui-même connu
la mélancolie, le doute quant au suicide, et ayant
surmonté cette crise existentielle en transformant le réel
en poésie, rien ne fût plus douloureux pour Goethe que
de voir le lecteur plus intéressé par l'anecdotique que la
portée esthétique de son roman. Plus encore, une vie
entière passée à exister à travers le seul prisme d'une
œuvre de jeunesse, semble avoir pesé sur l'existence
entière de l'auteur, au point d'affirmer : « Ah ! que de
fois j’ai maudit ces pages folles qui aux hommes ont
fait connaître mes juvéniles souffrances. Werther aurait
été mon frère et je l’aurais tué, que sa triste ombre ne
me poursuivrait pas davantage de sa vengeance. ».
Goethe, par Joseph Karl Stieler, 1828
En bref : Les effets Werther !
Suite à la publication de l'œuvre, en 1774, une "fièvre
Werther" s'empara de l'Allemagne entière avant
de gagner peu à peu l'Europe. Les jeunes hommes
s'habillaient en costume jaune et bleu, selon la tenue de
bal de Werther, et les jeunes femmes en robes roses et
blanches, à la manière de Charlotte. Mais plus encore,
le succès du roman n'influença pas seulement la mode
vestimentaire mais déclencha de très nombreux suicides
par revolver, tant il faisait bon mourir à la manière du
jeune héros. Aujourd'hui, l'expression "effet Werther"
a été consacrée et désigne un phénomène social selon
lequel la médiatisation d'un suicide en entraînerait une
série d'autres, par contagion.
Personnages et argument
Personnages principaux
Werther (ténor) - jeune poète
Charlotte (mezzo-soprano) - fille aînée du Bailli
Albert (baryton) - fiancé de Charlotte
Sophie (soprano) - sœur cadette de Charlotte
Le Bailli (baryton-basse) - père de Charlotte
Schmidt (ténor) - ami du Bailli
Johann (baryton) - ami du Bailli
Bruhlmann (coryphée*) - jeune homme
Kätchen (coryphée) - fiancée de Bruhlmann
Fritz, Max, Hans, Karl, Gretel, Clara (voix d'enfants) - enfants
du Bailli
L’action en deux mots…
Chargé d'accompagner Charlotte au bal, le jeune Werther
se prend d'amour pour sa cavalière. Il n'aura alors de cesse
de vivre à ses cotés. Mais la jeune femme est sur le point
d'épouser Albert, ainsi qu'elle l'a promis à sa défunte mère.
Mme Marié de l'Isle en Charlotte, Opéra-Comique, 1903
(Le Théâtre n°109, juillet 1903)
Argument
Acte I, La maison du Bailli :
Juillet... Le Bailli de Wetzlar, veuf et père de huit enfants, responsabilité qui en a résulté, Werther, pris d'un élan
fait répéter aux plus jeunes d'entre eux un cantique, passionné, lui avoue l'ampleur de son amour. Mais la
tandis que ses amis Schmidt et Johann retrouvent voix du Bailli résonnant au loin et informant Charlotte
Sophie, la cadette de la famille, pour évoquer ensemble du retour d'Albert, brise aussitôt cette idylle naissante.
le bal qui sera donné le soir même. Passant en revue En un éclair, Charlotte se rappelle le serment fait à sa
les différents invités, les compères ne tombent pas mère d'épouser Albert. Werther, désespéré, lui fait
d'accord quant à celui qui fera un bon époux pour promettre de tenir parole, avant de s'avouer à lui-même
Charlotte, l'aînée de la famille. Alors que le Bailli qu'il mourra sûrement de la voir mariée à un autre.
accorde toute sa confiance à Werther,
Schmidt et Johann trouvent celui-ci bien
trop mélancolique et rêveur et préfèrent
nettement Albert, son actuel fiancé.
Tandis que Charlotte donne le goûter
à ses frères et sœurs, Werther arrive à
la demeure du Bailli. Celui-ci présente
aussitôt le jeune homme à sa fille
aînée, dont il vante d'emblée les soins
maternels qu'elle prodigue à ses jeunes
frères et sœurs depuis la disparition de
son épouse.
Le soir venu, Albert se présente à la
maison du Bailli et trouve Sophie qui
l'accueille chaleureusement et évoque
avec lui son prochain mariage avec
Charlotte. À leur retour du bal, Charlotte
et Werther ne se doutent pas qu'Albert
est de retour. Tandis que la jeune
femme évoque la perte de sa mère et la
Décor de l'acte I de Werther, Opéra-Comique, 1903 (Le Théâtre n°109, juillet 1903)
*
Les termes suivis d'un astérisque sont à retrouver p. 35
9
10
Acte II, Les Tilleuls :
Septembre... Sur une place ombragée, Schmidt et
Johann s'attablent à une taverne et observent les
convives qui rejoignent le pasteur au temple afin
de célébrer son anniversaire de mariage. Parmi les
invités se trouvent Charlotte et Albert. Mariés depuis
deux mois, ils semblent vivre le parfait amour. Au loin,
Werther les observe, dissimulant son tourment. Mais
Albert l'aperçoit bientôt et vient à sa rencontre pour lui
dire quelques paroles réconfortantes.
Tandis que Sophie apparaît un bouquet à la main,
Albert explique à Werther que le bonheur n'est parfois
pas si loin... Malgré cette tentative, le regard de Werther
reste fixé sur Charlotte, qui arrive à son tour. Werther se
trouble davantage et rejoint la jeune épouse pour lui
confier une nouvelle fois l'ampleur de ses sentiments.
Mais Charlotte reste stoïque et répond froidement :
« Albert m'aime et je suis sa femme ! ». Elle prie alors
Werther de bien vouloir l'oublier et de s'écarter pour
toujours, avant de se radoucir un instant et de l'inviter
à revenir pour Noël.
Une fois seul, Werther songe au repos qu'il trouverait
une fois mort. Il implore le pardon de Dieu, avant
de s'éloigner. Alors que Sophie tente de le rattraper
et le convie à rejoindre le cortège, Werther annonce
son départ définitif et s'enfuit. La voyant en larmes,
Charlotte s'inquiète du chagrin de sa sœur. Sophie lui
apprend alors que Werther est parti... « pour toujours ».
Acte III, Charlotte et Werther :
24 décembre, 17h... Dans la maison qu'elle partage
avec Albert, Charlotte relit les lettres de Werther, sans
réussir à les détruire. La dernière reçue, évoquant le
suicide, l'inquiète particulièrement. Alors que Sophie
entre les bras chargés de jouets, elle s'inquiète du
comportement de Charlotte, de plus en plus distante.
Lorsque Sophie comprend l'origine de cette inattention
et évoque Werther, Charlotte perd immédiatement
contenance. Lui faisant promettre de rejoindre le reste
de la famille pour la veillée de Noël, Sophie laisse
finalement sa sœur à ses pensées.
Implorant le seigneur de lui donner la force d'affronter
cette épreuve, Charlotte assiste au retour inattendu
de Werther, plus préoccupé que jamais. Il n'a pu
s'empêcher de venir au rendez-vous fixé depuis l'été.
Charlotte joue alors l'indifférence et lui reproche même
d'avoir songé à partir « pour toujours ». Elle lui rappelle
qu'il est le bienvenu et qu'ici rien n'a changé. « Rien que
les cœurs » répond Werther, tout en posant le regard
sur le mobilier familier, dont le bureau et sa boîte de
pistolets... Charlotte lui tend même les quelques vers
d'Ossian qu'il avait commencé à traduire. Werther les
relit alors, plein de résignation puis se jette aux pieds
de Charlotte qui le repousse une nouvelle fois, avant
de se laisser aller contre lui. Prenant conscience qu'elle
se trouve dans les bras d'un autre homme, Charlotte
se dégage et court s'enfermer dans sa chambre,
expliquant que c'est lui qu'elle fuit. Werther est alors
résolu à en finir.
Lorsqu'Albert revient, préoccupé par le retour de
Werther, il trouve Charlotte très angoissée et la
questionne alors. Le domestique apporte un mot de
Werther qui souhaite emprunter les pistolets d'Albert
pour un « lointain voyage ». Acceptant de les lui
prêter, Albert confie à son épouse le soin de préparer la
fameuse boîte. Mais à peine a-t-elle remis les pistolets
au domestique que Charlotte réagit et se précipite
dehors à la poursuite de Werther.
Acte IV, La Mort de Werther :
La nuit de Noël... Après un interlude symphonique
pendant lequel la neige se dépose sur les toits de
Wetzlar, Charlotte arrive enfin au cabinet de travail de
Werther. Mais il est déjà trop tard, Werther est étendu
au sol, inanimé. Elle est d'abord horrifiée par la vue
du sang, puis se jette sur lui pour le prendre dans ses
bras. Il revient à lui un instant et Charlotte lui demande
pardon pour sa sévérité. Mais Werther confie qu'il
préfère bien mourir que de l'avoir détournée de son
devoir.
Alors que Charlotte tente d'appeler du secours,
Werther l'en empêche. Il n'a besoin d'aucune autre
aide que la sienne. Prise de remords et de compassion,
Charlotte lui avoue enfin son amour et l'embrasse
passionnément. Tandis que retentissent au loin les voix
des enfants, chantant leur cantique de Noël, Werther
se redresse. Il confie ses dernières volontés à Charlotte
puis s'écroule, sans vie.
Guide d'Écoute
Sur le plan orchestral, la partition de Werther s'inscrit
en parfaite adéquation avec la dimension intimiste du
sujet traité et nécessite un orchestre de taille modeste.
Mais il ne faut pas négliger dans l'établissement de la
nomenclature* d'orchestre, que Massenet souhaitait
inscrire durablement ses œuvres aux répertoires de
nombreux théâtres. Ainsi, il ne fallait pas composer
pour un orchestre trop vaste, que la plupart des salles
de province n'aurait jamais pu constituer ni faire tenir
dans leurs fosses.
Sur le plan formel, différents thèmes - relatifs à des
personnages, des situations, mais surtout à des
sentiments - parcourent et structurent l'ensemble de
la partition. Chacun de ces thèmes, aussi vivants que
sont les personnages eux-mêmes et les sentiments
ressentis, peuvent varier, changer d'aspect, de courbe,
de rythme, gardant pourtant toujours une identité
propre et marquée. En cela, même s'il s'en est souvent
défendu, Massenet s'inscrit en quelque sorte dans
la lignée de Wagner et de ses fameux leitmotiv*, mais
d'une façon sûrement moins radicale, plus tempérée,
donc plus française.
Nous pouvons lister, parmi l'ensemble des thèmes
parcourant la partition, ceux qui semblent les plus
prégnants :
- le thème de "l'amour passionné",
- le thème du "calme de la nature",
- le thème de Charlotte,
- le thème de "Charlotte vue par Werther"
- le thème du "clair de lune",
- le thème des "sentiments ambigüs de Charlotte".
À travers sept pistes musicales, le guide d'écoute
suivant propose alors de découvrir les passages-clés
de l'œuvre, tout en prêtant attention à l'emploi de
ces différents thèmes, à leurs réapparitions et à leurs
mutations.
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Note
Si nous recommandons comme
enregistrement musical la version
de Werther dirigée par Kent Nagano
et interprétée par Jerry Hadley
(Werther) et Anne Sofie von Otter
(Charlotte), la plupart des extraits
musicaux proposés dans ce guide
d'écoute se trouvent facilement
sur divers supports CD et DVD, de
même qu'en ligne.
Première page du manuscrit d'orchestre de
Werther, BnF Opéra, RES-542 (1-3)
Écoute n°1 - Prélude de Werther
Le prélude de l'œuvre se présente déjà comme une page extrêmement dramatique. Non pas tragique, mais intense
et exaltée, comme les sentiments du héros. Il se construit autour de deux thèmes, très différents et du même coup
complémentaires, celui de "l'amour passionné" et celui du "calme de la nature".
Le premier thème, très lyrique et éclatant, débute par un martèlement d'accords et convoque une orchestration
massive et brillante, où les violoncelles (instrument le plus proche de la voix d'un homme) assurent les transitions.
Tout est ici mobilisé pour évoquer l'élan amoureux, vif et passionné de Werther.
Le deuxième thème, plus vaporeux, est d'abord présenté par les cordes munies de sourdines*, dans une orchestration
plus délicate et aérée, avant de laisser entendre les différents vents, assurant la dimension champêtre de ce thème
consacré à la nature.
Préfigurant la fin tragique de Werther, fou d'amour pour Charlotte, ce prélude établit déjà le lien entre l'embrasement
amoureux et l'apaisement par la nature, que le héros ne trouvera qu'une fois mort, qu'une fois retourné à la terre.
Écoute n°2 - Acte I, air de Werther : « Je ne sais si je veille... »
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La première apparition de Werther est l'occasion, comme souvent à l'opéra, d'une présentation musicale du
tempérament du personnage. C'est le violoncelle, instrument de l'orchestre dont l'ambitus* est le plus proche de
la tessiture d'un homme, qui prend d'abord la parole. Jouant dans le registre aigu et répétant six fois un "mi", le
violoncelle exprime d'abord toute l'hésitation contemplative de Werther, s'avançant vers la maison du Bailli. Puis
il égrène un flot de quadruples croches vives et rêveuses, exprimant toute la sensibilité du jeune homme, avant de
présenter un motif descendant, plutôt mélancolique, voire sombre, rappelant cet autre trait de caractère du héros.
Cette même ligne mélodique est ensuite reprise par les violons et agrémentée d'un accompagnement de la harpe
et de la flûte, qui peignent ensemble un écrin verdoyant, tendre et romantique autour de Werther.
Le héros fait alors son entrée tel un somnambule, hypnotisé par la nature qui l'environne, au point de demander
avec hésitation et sur une seule note répétée : « alors c'est bien ici la maison du Bailli ? ».
Cette première intervention est à peine achevée, que réapparaît le thème du "calme de la nature", déjà présenté
dans le prélude (cercle vert). La réapparition du thème est directement à l'initiative des mots de Werther, qui
débute ainsi son premier air : « Je ne sais si je veille, ou si je rêve encore... ». Continuant de se développer, le thème
très serein de la nature établit alors un dialogue contrastant avec la ligne vocale très passionnée de Werther.
Une section centrale, plus apaisée et extatique, laisse entendre des harmonies nouvelles, avant que le hautbois,
la clarinette, le cor anglais, la flûte, chaque fois solistes, viennent incarner chacun des éléments vus par Werther
exprimant : « tout m'attire et me plaît... ».
Enfin, la ligne vocale gagne en intensité et s'étire sur les mots « Ô nature ! Enivre-moi », et atteint bientôt son
paroxysme sur les mots « et toi, soleil, viens m'inonder de tes rayons ! », quand tout l'orchestre, dont les cordes
ont ôté leurs sourdines, revient d'une seule et même voix, donnant une véritable sensation d'éclairage sonore.
Werther se tait alors sur la réapparition du cantique chanté par les enfants, comme une sorte de prédiction de la
vie qu'il pourrait avoir en compagnie de Charlotte.
Écoute n°3 - Acte I, Werther : « Ô spectacle idéal d'amour et d'innocence »
Alors que Werther découvre enfin Charlotte et que celle-ci embrasse les enfants pour leur dire au revoir, il se laisse
aller à un élan passionné. Sa ligne vocale, sur les mots « Ô spectacle idéal », reprend le matériau mélodique du
thème de Charlotte, déjà entendu lors de la première apparition de celle-ci.
Le thème de "Charlotte vue par Werther" se présente alors comme un condensé du thème de Charlotte, condensé
de notes (il est plus court) mais aussi condensé d'énergie.
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Écoute n°4 - Acte I, scène et duo de Werther et Charlotte : « Il faut nous séparer... »
Introduite par un interlude musical présentant le thème du "clair de lune" (cercle orangé), cette grande scène
entre Charlotte et Werther clôt le premier acte. Ici et tout au long de l'œuvre, le thème du "clair de lune" symbolise
une sorte d'équilibre fragile entre la passion et la raison. Il réapparaît alors en deux versions, l'une enflammée
l'autre résignée.
La scène débute sur les mots prémonitoires : « il faut nous séparer... », prononcés par Charlotte qui tente de
mettre fin à l'entrevue et de rentrer dans le logis devant lequel Werther vient de la raccompagner. Mais Werther
est bien trop attendri par Charlotte pour la laisser filer. Alors qu'elle lui dit « vous ne savez rien de moi », il lui
répond « mon âme a reconnu votre âme » soutenu par l'orchestre qui fait réentendre le thème de "Charlotte vue
par Werther".
Charlotte propose alors son premier air et confie à Werther ses sentiments à l'égard de sa mère disparue. Ces
aveux tendres et mélancoliques touchent profondément Werther qui, dans une réaction pour le moins inadaptée
mais extrêmement romantique et exaltée, s'exclame : « Rêve ! Extase ! Bonheur ! » tandis que la voix monte
par pallier, note à note (cercles bleus), dans une progression mélodique accompagnée d'un immense crescendo*
orchestral. L'ensemble traduisant ainsi la montée du sentiment amoureux, d'abord progressif, puis éclatant et
incontrôlé.
Le thème du "clair de lune" réapparaît alors (cercle orangé), plus d'une octave plus haut, dans une version
extrêmement brillante et fougueuse, jouée fortissimo* par les trombones soutenus des timbales.
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Devant tant d'emportement et cet aveu amoureux, Charlotte revient à elle et tente de mettre un terme à l'entrevue.
La voix du Bailli, résonnant subitement et apprenant à Charlotte qu'Albert est revenu, va interrompre définitivement
la déclaration passionnée de Werther qui se retire alors, résigné, tandis que l'orchestre fait réentendre le thème du
"clair de lune" qui s'égrène tristement aux cordes (cercle orangé).
Écoute n°5 - Acte II, chanson à boire
Le deuxième acte s'ouvre sur une page musicale beaucoup plus légère avec son thème orchestral aux allures de
chanson à boire, tellement spontané et entraînant qu'il est bientôt repris en chœur par Schmidt et Johann qui
s'exclament : « Vivat Bacchus ! ».
Puis dans un effet de contraste saisissant, intervient l'orgue annonçant la célébration du pasteur dans une formule
sobre et cérémoniale. Comme à son habitude, Massenet qui aime jouer avec les contrastes, fait se superposer le
thème joué à l'orgue et de nouveaux commentaires de Schmidt et Johann, dérivés de la mélodie de la chanson à
boire !
Écoute n°6 - Acte II, duo Charlotte et Werther : « N'est-il donc pas d'autre femme... »
Rejointe par Werther qui l'a aperçue sur le parvis du temple, Charlotte ne tarde pas à exprimer sa position : « Albert
m'aime et je suis sa femme ! ». Elle demande alors à Werther s'il n'existe pas d'autre femme, libre de l'aimer lui.
Sous ces mots apparaît alors un nouveau thème musical caractérisant les "sentiments ambigus de Charlotte". En
effet ce thème semble se former à partir du thème de "l'amour passionné" de Werther, reprenant le même rythme
mais épousant une courbe mélodique inverse. Tandis que le thème amoureux de Werther monte passionnément
vers l'aigu (cercle rouge), celui des sentiments de Charlotte descend froidement vers le grave (cercle violet).
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Plus encore, le thème des "sentiments ambigus de Charlotte" réapparaît plus loin (cercle violet), et prend ici tout
son sens... Cette fois Charlotte ne prie pas Werther de trouver une autre femme, mais lui demande au contraire
de ne pas l'oublier et de penser à elle.
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Écoute n°7 - Acte III, air de Werther : « Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ? »
Intervenant à la fin du troisième acte et scellant le destin du héros, cet air, sans doute le plus célèbre de toute
la partition, met en musique les vers d'Ossian (publiés en anglais vers 1763 et rendus célèbres dans l'Europe
entière).
Construit en deux strophes quasi identiques, la deuxième gagne pourtant en intensité dramatique et finit
notamment par un saut de sixte*, intervalle* extrêmement lyrique et passionné. L'accompagnement, confié à la
harpe et aux violoncelles, reste très discret et poétique. Il est d'ailleurs aisé d'associer le violoncelle, au timbre
mélancolique, à Werther lui-même, et la harpe au barde écossais qu'était Ossian.
WERTHER
à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne
Note d'intention
LE VILLAGE ET L’ETRANGER
Avec l’opéra, ce qui m’émeut et me met au travail,
ce sont, à l’écoute de la musique, les émotions, les
actions, les situations, les pensées, les intuitions
qu’elle appelle, les silhouettes qu’elle fait apparaître,
les mouvements qu’elle met en marche (le mouvement
d’une main valant celui d’un raz de marée, ou la chute
d’un empire, la chute d’un flocon).
Et puisqu’ici, au lieu de parler les hommes chantent…
quelque chose réinvente toute la vie, la réalité est
enchantée, sublimée, trouée - et ce qu’on voit par ce
trou c’est la liberté d’inventer, dans un autre temps, un
autre monde. Une histoire.
Et c’est une histoire que nous allons raconter.
L’histoire de Werther, révolté contre la vie et ses petits
arrangements. Werther oubliant tout, donnant tout
pour Charlotte qui ne peut pas lui rendre, qui se tait, et
va le faire mourir avec ce silence, et va s’enterrer ellemême dans le silence de la vie.
C’est une histoire que nous allons raconter. Celle du
village et de l’étranger. Celle de deux mondes face à
face, impossibles reflets. Celle de l’image de Charlotte
dans un miroir brisé, tout à la fois enfant, mère, fille,
sœur, femme et amante. Déjà morte et encore vivante,
Charlotte habite la forêt gelée des sentiments, avec son
mari, les enfants, et les promesses faites aux parents.
Et un beau soir vient l’étranger au village. Werther est
un vertige, un buisson ardent. Ce qu’il montre du doigt
est sublime et insupportable, un paysage inaccessible.
Cette histoire vient d’un livre qui a traversé le temps,
Les souffrances du jeune Werther, un paquet de lettres, un
pavé jeté dans le jardin humain par le jeune Goethe en
1774. Mais Goethe a aussi écrit un traité des couleurs,
et des milliers de pages sur les nuages… Alors, nous
chercherons des figures plutôt que des figurants, une
météorologie des situations plutôt qu’une psychologie
des personnages, les actions de la chair et du sang
humain, les climats et les mouvements de l’âme.
Car l’amour est une pensée, un air, un arc tendu,
une situation sensuelle, de tous temps, du 18ème
de Goethe au 19ème de Massenet ou de Rimbaud,
du 20ème de Kurt Cobain jusqu’à aujourd’hui. Pour
l’amour à mort, peu importe l’époque.
Et pour lieu, au bord du village, une forêt, comme
chambre d’échos de feuilles, de terre, de lumière et de
vies minuscules.
Je voudrais que nous cheminions entre les arbres
avec cette musique de la fin d’un monde, avec cette
musique de chambre, avec ce chœur d’enfants, avec
la mélodie singulière du mourant, avec le dialogue
chanté des amants, avec les préludes bouleversants,
le souvenir de Wagner et la pudique prémonition de
musiques à venir. Toutes les musiques d’une société
rivalisant avec le chant instinctif des oiseaux…
Je cherche à mettre en jeu le village et ses rituels, ici
dans la forêt qu’il essaye d’apprivoiser, avec des bals,
des chants sacrés, des chansons à boire, des poésies
en vers, des mariages en blanc, des noces d’or, des
funérailles et des jeux d’enfants. Les gestes d’une
communauté traversée par le non-dit, l’humilité, la
jalousie, la tendresse, la pitié, les rires de survie, le
refuge de la cérémonie, les saisons comme seule
raison, la solitude, l’abandon, l’alcool, la ferveur, la
peur de Dieu, la résignation, la force de l’habitude,
la blessure, la pudeur, les moments de grandeur, la
violence et l’ennui.
Pas d’entrées et de sorties, mais des apparitions et des
disparitions.
Pas de seconds rôles ou de petits rôles, tous sont
précieux, chacun son rôle. Chacun son histoire, de
nouveau-né ou de vieillards, d’amoureux délaissé, de
maire du village, d’ivrogne, d’illuminé, de salaud ou de
bon vivant. Ils sont tous là, les habitants, à s’épier, à
se réchauffer. Et Werther s’est enfui. Il s’est évadé de
la forêt. Exilé du monde, de lui-même, pauvre Werther,
albatros humain que ses sentiments de géants
empêchent de respirer, impossible Werther pour qui
respirer c’est déjà être consentant…
L’inactif Werther est passé à l’acte suprême. C’est la fin
d’une histoire. L’aveu (trop tard) de Charlotte, la digue
qui cède, la neige, le sang, le sapin foudroyé, la forêt
dégelée des sentiments.
Pas de printemps pour Werther. Trois saisons et l’enfer.
Le droit chemin vers l’inconnu, la page blanche.
Et de ce rêve romantique, tous se réveillent sauf un.
Fait divers : un coup de feu traverse le chant des
enfants, une nuit de Noël. Et tout le paysage se remet
en mouvement.
Ils sont rentrés chez eux, et cette histoire dans la
grande histoire, sous le regard des enfants, dont la
présence primordiale annonce les histoires de demain.
« Personne n’est coupable » disait Shakespeare.
Et tout est joie pourtant, car ici, ce qu’on ne peut pas
dire, ce qu’on ne peut vivre, on peut le chanter. Et le
tragique est métamorphosé.
Laurent Fréchuret
Metteur en scène
17
les maîtres d’œuvre
Laurent Campellone
Direction musicale
18
Après avoir étudié chant,
violon, tuba, percussions
et philosophie, Laurent
Campellone se tourne vers
la direction d’orchestre.
Talentueux et hyperactif, il a
été invité à diriger près de 250 œuvres symphoniques
et plus de 50 partitions lyriques en Europe et dans le
monde. Directeur musical de l’Opéra Théâtre et de
l’Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire depuis
2004, il entreprend un travail en profondeur sur la
qualité artistique de cet ensemble et lui permet de
s’engager dans une nouvelle phase de développement.
Laurent Campellone a été nommé, en 2012, Chevalier
de l'Ordre des Arts et des Lettres.
Laurent Fréchuret
Mise en scène
Directeur du Théâtre de
Sartrouville et des Yvelines
de 2004 à 2012, Laurent
Fréchuret est un artiste
complet. Sensible aux
beaux-arts et à l’écriture,
cet artiste natif de Saint-Étienne fonde le Théâtre de
l’Incendie. Après un sublime Barbe-Bleue, original
à souhait, cet alchimiste de la voix et de l’image est
revenu en 2012 avec L’Opéra de quat’sous de Kurt
Weill à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne en coaccueil
avec La Comédie. Cette saison le public pourra (re)
découvrir sa version de Werther de Massenet et de
Richard III de Shakespeare.
Rudy Sabounghi
Scénographie
Depuis ses débuts Rudy
Sabounghi partage son
amour de la scène avec
quelques fidèles artistes
européens, ce qui l’a
mené sur des scènes aussi
différentes que le Théâtre
de Bussang et la Scala de Milan, la Schaubühne et
le Berliner Ensemble, la Comédie Française et la
Cour d’Honneur du Festival d’Avignon, ou encore
le BAM de New York. Très attaché à Saint-Étienne
où il a collaboré à La Comédie sur les spectacles de
Jean-Claude Berutti et de Vladimir Steyaert de 2002
à 2011 et à l’Opéra Théâtre où il a créé en 2011 le
décor de La Navarraise. Il intervient également dans
les grandes écoles de théâtre, au TNS (Strasbourg),
à l’ENSATT de Lyon ou encore au Conservatoire de
Musique de Paris.
Laurent Castaingt
Lumières
Depuis plus de vingt-cinq
ans, Laurent Castaingt
partage ses activités entre
théâtre et opéra. Il a créé
des lumières notamment
pour Alfredo Arias, Bernard
Murat, Jean-Claude Berutti,
Roman Polanski, Alain Delon, Vincent Delerm, JeanClaude Auvray et Jean-Louis Grinda. Ses recherches
ont également donné lieu à l’installation Écorces vives
(festival Arbres et Lumières de Genève) ainsi qu’à
Planet of Vision (Exposition universelle de Hanovre
2000). Il crée aussi les scénographies de spectacles
de Jean-Louis Grinda (Les Contes d’Hoffmann), Elsa
Rooke (Midsummernight’s Dream) et Marguerite
Borie (Salomé à Monte-Carlo, Liège et à Vienne).
Il a reçu trois nominations au Molière de la meilleure
lumière.
les solistes
Alexey Dolgov
Ténor
Acclamé par les critiques
tant pour ses aptitudes
vocales que pour son jeu
d’acteur, le ténor sibérien
Alexey Dolgov travaille
avec des chefs d’orchestres
de renom tels Placido Domingo, Alexander Shelley et
Dmitri Jurowski et sa carrière connaît une tournure
internationale importante. Les prochaines saisons,
il interprétera Pinkerton (Madama Butterfly), Tamino
(Die Zauberflöte) et Cavaradossi (Tosca) à Houston
Grand Opera, Edgardo (Lucia di Lammermoor) à
l’Opéra de Lille, Rodolfo (La Bohème) à Deutsche
Staatsoper de Berlin ou encore Lensky (Eugene
Onegin) à Bayerische Staat de Munich. Il collaborera
également à Metropolitan Opera de New York et
à l’Opéra de Montréal. Il est soliste principal au
Théâtre Bolshoï.
Marie Kalinine
Mezzo-Soprano
Née en 1979, Marie
Kalinine commence ses
études musicales à la
Maîtrise de Radio-France,
puis débute l’étude du
chant lyrique auprès de
Christiane Eda-Pierre et au Conservatoire Supérieur
de Paris. "Révélation 2007" d’Eve Ruggieri qui l’engage pour le rôle-titre de Carmen avant de l’inviter
dans son émission "Musiques au Cœur cinq étoiles",
elle a fait récemment ses débuts au Festival d’Aix-enProvence, dans le rôle de Vénus (Orphée aux Enfers
d’Offenbach), sous la baguette d’Alain Altinoglu.
Elle revient cette saison à l’Opéra Théâtre de SaintÉtienne après avoir interprété avec ferveur Anita
(La Navarraise), Santuzza (Cavalleria Rusticana) et le
Prince Raphaël (La Princesse de Trébizonde) lors des
deux dernières saisons.
Lionel Lhote
Baryton
Le baryton belge Lionel
Lhote commence ses
études
musicales
à
l’Académie de Musique
de La Bouverie-Frameries.
Il poursuit sa formation
vocale au Conservatoire Royal de Mons et la conclut
au Conservatoire Royal de Bruxelles en obtenant
un Premier Prix de Chant Concert et un Diplôme
Supérieur de Chant Opéra avec la plus grande
distinction. Depuis quelques années sa carrière
internationale prend un important essor. Parmi
ses futurs projets figurent La grande Duchesse de
Gerolstein à Liège, Barbe-Bleue à Nancy, Falstaff
à Tours, La Bohème à l’Opéra de Paris, Roméo et
Juliette à Monte Carlo, L’Heure espagnole au Festival
de Glyndebourne.
Magali Arnault Stanczak
Soprano
Violoncelliste de formation,
Magali Arnault Stanczak
étudie le chant à la Haute
École de Musique de
Genève, au Royal College of
Music de Londres puis au
CNSMDP. Durant la saison
2012-13, elle est membre de la troupe de l’Opéra
Comique à Paris où elle interprète La Fée dans
Cendrillon et la doublure de Ciboulette. Pour la saison
2013-2014, on pourra l’entendre dans les rôles de La
Princesse Fantasia (Voyage dans la lune, Offenbach)
aux opéras de Fribourg et Lausanne et de Barbarina
(Les Noces de Figaro, Mozart) aux opéras de Dijon et
Saint-Étienne.
19
L'orchestre et
le Chœur lyrique
Frédéric Goncalves
Baryton
20
Après des études en Droit
des affaires à la Sorbonne,
Frédéric Goncalves obtient
un Premier Prix de Chant
au CNSM et est admis
à l’École d’Art Lyrique
de l’Opéra de Paris.
Il participe aux masterclass de José Van Dam, Sena
Jurinac, Vera Rozsa, Régine Crespin, Michel Sénéchal
et Kurt Moll. Il s’illustre surtout dans les répertoires
des XIXe et XXe siècles, que ce soit en italien (Il
Campanello, La Traviata, La Bohème, Madama
Butterfly), en allemand (Abu Hassan, Parsifal, Elektra,
Der Rosenkavalier) et surtout en français : il est
régulièrement invité pour Faust, Mignon, Manon,
Le Roi d’Ys, Werther, mais aussi L’Heure Espagnole,
Cyrano d’Alfano ou Les Dialogues des Carmélites.
L'Orchestre Symphonique
Saint-Étienne Loire
Créé en 1987, l’OSSEL a
su s’élever au rang des
grands orchestres français.
En devenant Directeur
musical de l’orchestre en
2003, Laurent Campellone
entreprend un travail en profondeur sur la qualité
artistique de cet ensemble. L’OSSEL est un acteur
culturel incontournable qui accomplit une mission
essentielle d’éducation et de diffusion du répertoire
symphonique et lyrique. L’Orchestre a su acquérir
une solide réputation, en particulier dans le répertoire
romantique français.
En 2013, l'enregistrement par l'OSSEL du Mage
de Massenet, fruit d'une collaboration entre le
Palazzetto Bru Zane et l'Opéra Théâtre de SaintÉtienne, se voit récompensé : Choc de Classica,
Diapason découverte et Diamant d'Opéra Magazine.
Maîtrise du Conseil
général de la Loire
Créée en 1992 par le
Conseil
général,
la
Maîtrise
du
Conseil
général de la Loire est
l’une des dix maîtrises en
France fonctionnant sur le
principe du mi-temps pédagogique et la seule gérée
directement par un département. Elle regroupe
actuellement 150 élèves garçons et filles de la 6e à la
terminale. En plus de la vingtaine de concerts que la
Maîtrise donne chaque année dans le département,
elle prépare des solistes et des chœurs d’enfants
pour les productions lyriques. Ses élèves participent
régulièrement à divers festivals estivaux comme ceux
de La Chaise-Dieu et d’Ambronay.
21
ICONOGRAPHIE COMMENTéE DE LA PRODUCTION
L’ensemble des décors et costumes de Werther a été réalisé dans les ateliers de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne.
Voici les maquettes des décors réalisés par Rudy Sabounghi pour les trois tableaux principaux de l'œuvre. Pour
comprendre le détail des étapes de création d'une production d'opéra, voir la page 32 de ce dossier.
22
23
24
PISTES
PEDAGOGIQUES
PISTE 1
Piste 1 - Réécrire une scène de Werther
Objetif : Actualiser et/ou réécrire une scène en se mettant à la place de l'auteur
Outils : Livret de Werther, roman de Goethe Les Souffrances du jeune Werther
Mots-Clés : Adaptation, réécriture, transposition, pastiche
Quand Massenet compose la partition de Werther (1892), le roman de Goethe (1774) est déjà vieux de 118 ans !
Pourtant Massenet y voit là un sujet tout à fait contemporain, capable de lui inspirer l'une de ses plus grandes
œuvres. Aujourd'hui, 122 années nous séparent de la création de cet opéra qui continue pourtant de nous
bouleverser, soit presque le même nombre d'années qui séparaient les œuvres de Goethe et Massenet. Pourquoi
alors ne pas essayer nous aussi de prendre la plume et d'inscrire dans notre siècle l'histoire de Werther ?
Cette piste pédagogique propose ainsi aux élèves de s'essayer à réécrire une scène de Werther. Elle peut prendre
différents angles possibles : réécrire la scène dans un autre style littéraire (façon tragédie grecque, théâtre de
boulevard, théâtre de l'absurde, etc...), écrire une parodie humoristique de la scène, ou encore actualiser la scène
en adoptant le langage d'aujourd'hui.
25
Page de titre de la première édition des
Souffrances du jeune Werther, 1774.
PISTE 2
Mettre en scène les adieux
de Werther et Charlotte
Objectif : S e mettre à la place des acteurs et du metteur en scène en essayant de jouer un extrait de l'œuvre
Outils : Extrait du livret de Werther, extraits vidéos
Mots-Clés : Mise en scène, espace de jeu, jeu d'acteur, gestuelle
Cette piste pédagogique propose aux élèves de s’essayer à la mise en scène afin de comprendre que chaque
nouvelle production, à l’opéra, propose un regard neuf et unique sur l’œuvre. En prenant comme support le texte
de la scène où Werther rend sa dernière visite à Charlotte (fin de l'acte III), les élèves se répartiront en groupes
comportant 4 interprètes (Werther, Charlotte, Albert et un domestique) et 1 ou plusieurs metteur(s) en scène.
Chaque groupe pourra alors se réunir sous forme d’ateliers pour réfléchir à la façon de mettre en scène ce passage,
c'est-à-dire la façon d’organiser cette scène dans l’espace : quel espace de jeu définir, où se positionner, à quelle
distance les uns des autres, quand se déplacer… et la façon de la jouer : quelles attitudes, quels gestes, quels
regards, quelle intonation de voix, quel débit de paroles, quels accessoires, etc… ? Dans cette scène, Charlotte
s'abandonne pour la première fois dans les bras de Werther avant d'être prise de remords. Elle s'enferme alors
aussitôt dans sa chambre, ce qui provoque le départ définitif de Werther qui emprunte à Albert ses pistolets pour
un "lointain voyage"...
Fin de l'Acte III,
26
Charlotte, Werther, Albert, un domestique
CHARLOTTE (dans les bras de Werther)
Ah ! (se redressant, affolée)
Ah ! Moi ! moi ! dans ses bras ! (s'enfuyant)
WERTHER (subitement revenu à lui implorant Charlotte)
Pardon !
CHARLOTTE (résolument)
Non! Vous ne me verrez plus !
WERTHER
Charlotte !
CHARLOTTE (avec un reproche déchirant)
C'est vous, vous que je fuis l'âme désespérée !
Adieu, pour la dernière fois !
(Charlotte s'enfuit et ferme la porte de la chambre sur elle)
WERTHER (Werther se précipitant sur ses pas, atterré)
Mais non... c'est impossible !
Ecoute-moi ! Ma voix te rappelle ! Reviens !
Tu me seras sacrée ! Reviens ! Reviens !
Ton fils, ton bien aimé, ton amant va mourir !
Emportant avec lui l'éternelle torture,
ma tombe peut s'ouvrir !
(Il s'enfuit)
ALBERT (entrant préoccupé et sombre, durement)
Werther, est de retour... on l'a vu revenir !
(changeant de ton, avec étonnement)
Personne ici ? la porte ouverte sur la rue...
Que se passe-t-il donc ?
(Il se dirige vers la chambre de Charlotte)
Charlotte! (plus haut avec insistance) Charlotte !
CHARLOTTE (terrifiée à la vue de son mari)
Ah !
ALBERT(d'un ton bref )
Qu'avez-vous ?
CHARLOTTE (de plus en plus troublée)
Mais... rien...
ALBERT (insistant)
Vous semblez émue... troublée...
Rien ! pas un mot... elle se tait...
Soit ! Adieu donc! Charlotte a dicté mon arrêt !
CHARLOTTE (cherchant vainement à se remettre)
Oui... la surprise...
(remontant vers la porte du fond)
Prends le deuil, ô nature ! Nature !
ALBERT (méfiant presque violent)
Et qui donc était là ?
CHARLOTTE (balbutiant)
Là ?
CHARLOTTE (reculant épouvantée)
Qui ? moi ?
ALBERT (sombre)
Répondez !
(Un domestique entre apportant une lettre. Albert
remarque sa présence et se tourne vers lui brusquement)
Un message ?
(Albert reconnait l'écriture et regarde fixement Charlotte)
De Werther !
ALBERT (indifférent et la fixant)
Sans doute...
CHARLOTTE (ne pouvant retenir un cri de surprise)
Dieu !
ALBERT(gravement et sans perdre Charlotte de vue)
« Je pars pour un lointain voyage...
voulez-vous me prêter vos pistolets? »
CHARLOTTE (à part, se sentant défaillir)
Il part !
ALBERT (continuant)
« Dieu vous garde tous deux! »
CHARLOTTE (terrifiée)
Ah ! l'horrible présage !
ALBERT (à Charlotte, froidement)
Donnez-les-lui!
(Charlotte, comme fascinée par le regard de son mari
se dirige machinalement vers le secrétaire sur lequel
est déposé la boîte aux pistolets)
CHARLOTTE (à part)
Quel regard !
(Albert se dirige vers sa chambre à droite, et avant
d'y entrer il regarde encore Charlotte qui remonte
vers le domestique auquel elle remet la boîte.
Le domestique sort.
Albert froisse la lettre qu'il tenait à la main,
la jette au loin avec un geste de colère et entre
vivement dans la chambre.
Une fois seule, Charlotte se rend compte de la situation,
elle semble se remettre et court prendre une mante qui
est déposée sur un des fauteuils)
CHARLOTTE (avec force)
Dieu! tu ne voudras pas que j'arrive trop tard !
(Elle s'enfuit, désespérée)
27
PISTE 3
Le héros romantique dans Werther
et les arts en général
Objectif : Étudier le profil psychologique de Werther et chercher des figures similaires dans l'art en général
Outils : Livret de Werther, roman de Goethe Les Souffrances du jeune Werther
Mots-clés : Romantisme, nature, mélancolie, contemplation, idéalisme
Cette piste pédagogique propose, par la lecture de scènes-clés du livret de Werther, de s'intéresser au profil
psychologique de Werther et du même coup aux caractéristiques du héros romantique.
En menant une réflexion avec les élèves sur les caractéristiques du héros romantique, cette piste
pédagogique pourra prendre différentes formes. Ainsi, il sera possible de relever dans le livret de
Werther des scènes illustrant les grandes caractéristiques du héros romantique. De la même manière,
il sera possible de chercher dans la littérature d'autres exemples de héros romantique afin d'en
comparer les traits avec Werther et de réfléchir sur ce qui peut les réunir ou au contraire les différencier.
Enfin pour rendre cette piste encore plus concrète, et dans une acception plus large du terme de "romantique", il
pourra être envisagé une recherche de supports actuels illustrant les aspects du héros dit "romantique" (chanson
actuelle, film, livre, BD, manga, peinture, photographie, illustration, etc.).
28
Caractéristiques du héros romantique :
Nous pouvons dresser un portrait du héros romantique selon les trois axes suivants :
1 Le héros romantique est en proie à des sentiments exaltés, il est contemplatif, mélancolique. Souvent solitaire et
méditatif, il mène une réflexion existentielle et philosophique permanente. Il possède une vision idéalisée de l'amour,
mais une vision sombre du monde.
2 Le héros romantique est bien souvent inadapté au monde dans lequel il vit, la société nie ses aspirations et il s'y sent
prisonnier. Il possède une trop grande lucidité quant à la condition humaine et se trouve alors dépassé par la grandeur
de sa conscience, celle de la nature, celle de Dieu. Il souffre de ce que l'on appelle le "mal du siècle".
3 Le héros romantique possède une certaine soif d'absolu et d'idéal qui font de lui un éternel insatisfait, menant une
quête insatiable, celle de tout ressentir, tout comprendre, celle qui le ferait s'élever au-dessus de ce monde trop exigu
pour lui.
Relevé des scènes caractéristiques du héros romantique dans Werther :
Concernant l'exaltation de ses sentiments, citons au premier acte l'air de Werther « Je ne sais si je veille ou si je rêve
encore ! ». Dans cet air le héros évoque une « nature pleine de grâce, Reine du temps et de l'espace » avant de confier
qu'un « monde se révèle à [ses] yeux éblouis ! » et que « tout [l'] attire et [lui] plaît ! ce mur et ce coin sombre, cette
source limpide et la fraîcheur de l'ombre» et de formuler enfin le vœu suivant : « enivre-moi de parfums ! (...) Ô nature !
Et toi, soleil, viens m'inonder de tes rayons ! ».
Sur son inadaptation à la société et le "mal du siècle" dont il souffre, citons au troisième acte l'air célèbre de Werther,
tiré du lied d'Ossian, « Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ». Dans cet air le héros nous confie ses doutes
quant au sens de son existence : « Demain viendra le voyageur se souvenant de ma gloire première et ses yeux
vainement chercheront ma splendeur, ils ne trouveront plus que deuil et que misère ! ».
Quant à sa soif d'absolu, citons simplement le suicide du héros au quatrième acte, qui par ce geste témoigne de son
impossibilité à vivre dans ce monde et de son aspiration à goûter quelque chose de plus grand.
29
La Mort de Chatterton, Henry Wallis, 1856.
30
RESSOURCES
SUPPLEMENTAIRES
L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne
Bénéficiant d’une notoriété nationale et internationale
importante, l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne se situe
parmi les maisons d’opéra les plus dynamiques en
termes de public.
L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne est un établissement
de la Ville de Saint-Étienne soutenu par le Conseil général
de la Loire, la Région Rhône-Alpes et le Ministère de la
Culture.
Le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire et l’Orchestre
Symphonique Saint-Étienne Loire placés sous la
direction musicale de Laurent Campellone sont les
acteurs essentiels d’une programmation qui sait
également s’ouvrir aux artistes de tous les horizons.
La vocation première de l’Opéra Théâtre de SaintÉtienne est une vocation lyrique : avec ses propres
ateliers de construction de décors et de réalisation de
costumes, l’Opéra Théâtre produit et coproduit chaque
saison de nouvelles œuvres lyriques.
L’institution a également pour mission de proposer au
plus grand nombre une programmation riche avec une
exigence de qualité dans les domaines de la musique
classique (musique symphonique, musique de
chambre...), de la danse, du théâtre, en allant également
vers des formes aussi diverses que le cirque, le cabaret...
L’Opéra Théâtre remplit également une mission
capitale auprès du jeune public, proposant une saison
dédiée, riche et variée. Enfin, dans le domaine de
l’action culturelle et de la médiation, l’Opéra Théâtre,
en relation avec de nombreux partenaires (universités,
Éducation nationale, écoles de musique..), souhaite
développer ses propositions aux personnes n’ayant
pas spontanément accès à la culture (politique tarifaire,
décentralisation des concerts...). Des visites guidées
sont également organisées. Certaines représentations
sont précédées 1 heure avant le début du concert d’un
Propos d’avant-spectacle (présentation sous la forme
d’une conférence).
31
Petite histoire d’une production
Le directeur détermine les différents "titres" qui seront
programmés durant la saison. Il choisit ensuite un metteur en scène pour la production d’un opéra. Ce dernier
associe un certain nombre de collaborateurs au projet
dont un décorateur éclairagiste et un costumier. À ces
derniers d’imaginer la conception des décors et des costumes tout en se conformant à des critères résolument
déterminés : état d’esprit du spectacle, contexte historique et découpage acte par acte de l’ouvrage, caractéristiques techniques de la scène, budget consacré à la
production.
La première étape concrète du projet consiste généralement en la présentation des maquettes. Celles-ci sont
paramétrées par le directeur technique qui connaît toutes
les contraintes du théâtre, tandis que les responsables
d’ateliers conseillent les concepteurs pour définir les
techniques et les matériaux les plus adaptés à la réalisation des décors et costumes.
32
Le premier travail de construction se déroule dans les ateliers de menuiserie et de serrurerie qui réalisent chacun
de leur côté les différents éléments du décor.
L’assemblage du décor est ensuite confié à l’atelier de
construction. Les parties monumentales sont conçues
comme un puzzle qui doit pouvoir se manipuler et s’assembler en scène avec aisance et rapidité. Légers tout en
étant rigides, les différents éléments sont confectionnés
dans des dimensions qui leur permettent d’être transportés dans des containers pour les tournées à venir.
Une fois la base structurelle du décor réalisée, celle-ci est
habillée par l’atelier de décoration après avoir fait occasionnellement l’objet d’un équipement électrique (installation de moteurs, d’éclairages ou de dispositifs sonores).
Son personnel, constitué de peintres et de sculpteurs
issus, dans la majorité des cas, d’écoles des Beaux-Arts,
doit être rompu à toutes sortes de techniques de reproduction : faux marbres, faux stucs, peintures de genre sur
tous supports, fabrication d’ornements et d’accessoires
(casques, boucliers, ceintures, parures, etc.) dans des
matériaux divers : bois, acier, terre, matières synthétiques
(mousse de polyuréthane expansée, résine, latex).
Dans un décor, ne sont construites et peintes que les parties laissées apparentes au public. L’aspect donné aux différents accessoires répond aux critères de la vraisemblance
et de l’illusion. L’art des ateliers de création d’un théâtre est
un art du faux : tel chaudron de cuivre martelé est fabriqué en mousse, tel socle de granit a pour support une
armature de fer ou de bois, elle-même recouverte de toile
plissée peinte alors en trompe-l’oeil, etc. Une fois achevé
l’ornement du décor, celui-ci est installé sur la scène pour
effectuer les essais d’éclairage. Certaines retouches sont
apportées par la suite : estompage d’une colonne trop brillante, rehaussements de couleur d’un accessoire, finition
des joints des éléments à assembler.
Pour la confection des costumes, le costumier procède à
l’échantillonnage des étoffes, de leurs coloris, de l’harmonie qu’elles peuvent générer une fois assemblées. Parfois,
lors d’exigences particulières, certains tissus font l’objet
d’une fabrication spéciale tandis que d’autres sont retravaillés à seule fin de provoquer un effet singulier. Transformations des couleurs, modifications de la texture : la
réalisation de costumes de scène constitue un travail artisanal où chaque pièce mérite une attention particulière
pour s’adapter au mieux à la personnalité de l’interprète
qui la portera. Une fois les textiles sélectionnés, l’élaboration du patron de chaque costume, ainsi que la coupe des
tissus et leur assemblage, sont effectués sur mannequin.
Après un essai en l’état, le costume est à nouveau ouvragé et se trouve agrémenté d’accessoires, de bijoux et
différents autres ornements, jusqu’à trouver son aspect
quasi définitif.
De la même façon que pour le décor, les costumes nécessitent réajustements et retouches jusqu’aux dernières
répétitions. Dans tous les cas, tous les éléments de décoration et de costumes réalisés pour un spectacle sont
répertoriés et classés afin que lors des représentations
aucun incident ne puisse venir altérer le déroulement du
spectacle. C’est souvent au lendemain de la “générale”
que le travail de création s’achève tout à fait.
Atelier
de fabrication
des costumes
Atelier de
constructuion
des décors : menuiserie
Atelier de construction
des décors : serrurerie
Atelier de
construction
des décors
Représentation de La Princesse de Trébizonde
(mai 2013- Opéra Théâtre de Saint-Étienne)
33
Montage des
décors sur le plateau
du Grand Théâtre Massenet
ANNEXES
Voix et tessitures
Une voix pour un personnage
Les différents registres de la voix humaine s’adaptent
par leur extension, leur timbre, leur caractère et
leurs capacités techniques à différents genres de
personnages.
Le choix que fait le compositeur est donc très important
pour que le rôle incarné par le chanteur soit crédible.
Voix de femmes
34
Soprano
C’est la voix la plus aiguë chez les femmes. Il existe
plusieurs caractères de voix.
La soprano "colorature" : capable de faire des vocalises
rapides et de monter dans les extrêmes aigus du registre.
Ce sont généralement des rôles de magiciennes, de
poupées, de personnages enchantés en lien avec le
surnaturel et le monde des dieux.
La soprano "lyrique" : une voix claire et expressive qui
s’adapte aux personnages des amoureuses, des jeunes
filles.
La soprano "dramatique" : elle a une couleur obscure,
veloutée idéale pour incarner des personnages plutôt
graves comme les reines, les femmes fières ou d’âge
mûr.
Personnage de soprano très connu : la Reine de la Nuit
(La Flûte enchantée).
Mezzo-soprano
C’est la voix moyenne chez les femmes. La voix de
mezzo s’adapte aux personnages de jeunes garçons, de
femmes séduisantes ou à des personnages au caractère
tragique.
Personnage célèbre de mezzo très connu : Carmen
(Carmen)
Alto
C’est une des voix féminines les plus graves. C’est une
voix souvent utilisée pour personnifier des nourrices,
des vieilles dames ou des guerriers. Il existe une voix
encore plus grave, c’est celle de contralto.
Voix d’hommes
Ténor
C’est une des voix les plus aiguës chez les hommes (on
trouve également une voix encore plus aiguë : celle de
contre-ténor). Selon la couleur et le caractère de la voix,
on distingue le ténor "léger", "lyrique" ou "dramatique".
C’est souvent la voix du ténor qui incarne les héros à
l’opéra. Ténors célèbres : Roberto Alagna, Luciano
Pavarotti, Placido Domingo...
Baryton
C’est la voix moyenne chez les hommes. Les rôles
attribués au baryton sont par exemple : Comte Almaviva
(Les Noces de Figaro), Barbe-bleue, Falstaff, Pelléas.
Barytons célèbres : Dietrich Fischer-Diskau, José Van
Dam...
Basse
C’est la voix la plus grave chez les hommes. Souvent la
voix de basse incarne des personnages terribles comme
des démons, des hommes méchants, parfois aussi la
basse représente la voix de Dieu. Elle peut incarner
également des personnages rassurants, comme les
bons pères de famille.
Composition de l'orchestre
Trompettes Trombones
Cors
Piano
Harpe
Violons II
Violons I
Clarinettes
Bassons
Flûtes
Hautbois
Altos
Chef
Tubas
Violoncelles
Contrebasses
Glossaire
Bibliographie
Ambitus
Sur Werther
Étendue d’une mélodie entre sa note la plus grave et sa
note la plus aiguë.
Coryphée
Chef du chœur dans le théâtre grec, le coryphée désigne
à l'opéra un personnage qui s'extrait du chœur pour
prendre la parole seul.
Crescendo
Terme italien désignant une augmentation progressive
de l'intensité sonore, allant par exemple de la nuance
piano (doux) à la nuance fortissimo (très fort).
Fortissimo
Terme italien désignant une nuance d’intensité sonore
et signifiant « très fort » (par opposition au pianissimo).
Intervalle de sixte, saut de sixte
Distance sonore entre deux notes, dont l’une est le
degré 1 et l’autre le degré 6 d’une gamme donnée.
L’intervalle de sixte possède une couleur très lyrique,
chantante et extrêmement passionnée. Exemple : Do,
(Ré, Mi, Fa, Sol), La.
Leitmotiv
Motif musical associé à une idée ou un personnage, et
qui revient à plusieurs reprises au cours d'une œuvre.
Le leitmotiv possède une identité propre et marquée
en termes de mélodie, rythme, timbre, tout en étant
capable de muter et donc d'illustrer les transformations
de l'idée ou du personnage qu'il représente. Le leitmotiv
en musique, renvoie directement à l'univers du drame
wagnérien.
Nomenclature
Terme généralement utilisé pour nommer la formation
orchestrale spécifique à une œuvre donnée.
Sourdine
Objet permettant de diminuer l'intensité sonore d'un
instrument de musique. La forme, la matière et le
mode d'utilisation d'une sourdine est propre à chaque
instrument.
Tessiture
Ensemble continu de notes pouvant être émises par
une même voix de façon homogène. Il existe différentes
tessitures de voix : soprano, alto, ténor, baryton, etc. (cf
page 34)
Johann Wolfgang von GOETHE, Les Souffrances du
jeune Werther, Paris : Livre de Poche, 1999.
Werther, L'Avant-Scène Opéra n°61, Paris : Editions
Premières loges, 1994.
Sur Massenet
Jules MASSENET, Mes souvenirs, 1/ Paris : P. Lafitte
& Cie, 1912 ; 2/ Gérard Condé éd., Paris : Plume, 1992.
Brigitte OLIVIER, Jules Massenet : Itinéraire pour un
théâtre musical, Arles : Actes Sud, 1996.
Sur l'opéra, ses métiers et la mise en scène
BOISSON, Bénédicte ; FOLCO, Alice ; MARTINEZ,
Ariane, éd., La mise en scène théâtrale de 1800 à nos jours,
Paris : puf, 2010.
BOLL, André, L’Opéra, spectacle intégral, Paris : Olivier
Perrin, 1963.
L'envers du décor, ouvrage collectif, catalogue de
l'exposition du Centre National du Costume de Scène,
Montreuil : Gourcuff Gradenigo, 2012.
35
Retrouvez l’Opéra Théâtre de Saint-étienne sur internet
www.operatheatredesaintetienne.fr
Jardin des Plantes - BP 237
42013 Saint-Étienne cedex 2
[email protected]
Locations / réservations
du lundi au vendredi de 12h à 19h
04 77 47 83 40
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