Journal Noël 1997 - Eglise réformée de langue française en Argovie

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EGLISE REFORMEE DE LANGUE FRANCAISE EN ARGOVIE
Bulletin d'information No 7/97, 1er décembre 1997
Méditation de Noël :
En route avec les mages
Le théâtre de la Marelle va présenter au mois de jan-
vier une pièce intitulée "La légende du quatrième roi",
occasion pour nous dans ce temps de préparation à
Noël de nous mettre en route à la suite des mages.
Mais qui sont-ils, ces mages de l'Evangile? Des rois,
comme on l'a pensé dès le deuxième siècle à cause de
la richesse des cadeaux qu'ils apportaient? Etaient-ils
vraiment trois? S'appelaient-ils Gaspard, Melchior et
Balthazar? Venaient-ils d'Arabie, de Perse, des Indes,
comme on l'a affirmé à partir du sixième siècle?
L'Evangile ne dit rien de tout cela. Il parle simplement
de mages, d'astrologues ou d'astronomes (à l'époque,
on ne faisait guère la différence), de païens en tout
cas, qui se sont mis en marche et ont fait un long
voyage, conduits par une étoile mystérieuse parmi
toutes les étoiles. Une étoile plus brillante que les au-
tres et qui a éveillé leur curiosité, leurs désirs, leurs
rêves, au point qu'ils ont tout abandonné, leurs études,
leur vie quotidienne, leurs soucis, pour suivre ce signe
dans le ciel qui éveillait quelque chose de très profond
en eux: leur quête de l'Absolu, leur quête de Dieu.
Quête de Celui qu'ils ne savaient pas encore nommer,
qu'ils ne pouvaient imaginer même, mais qu'ils sen-
taient au-dessus d'eux très loin et en eux si proche...
Dieu, ce nom mystérieux dans leur langue et qui
contenait toute leur attente, toute leur espérance, ce
désir d'ordre et d'harmonie dans l'univers, ce désir d'un
sens à la vie du monde et à leur vie, ce désir d'un peu
de bonheur...
Oui, les mages de l'Evangile sont avant tout des
chercheurs de Dieu, des insatisfaits qui se mettent en
route et sont prêts à un long voyage pour trouver
réponse à leurs questions, à leurs incertitudes, à leurs
doutes, peut-être à leur souffrance..
S'ils ne sont pas nommés dans la Bible, si leur contour
reste flou, c'est sûrement pour inviter chaque lecteur de
chaque siècle à s'identifier à eux, à faire cette marche
à leur suite. S'ils ne sont pas nommés c'est que nous
sommes chacun, qui que nous soyons, appelés à met-
tre notre nom au commencement de l'Evangile, appe-
lés à réveiller ce désir de Dieu qui sommeille peut-être
en nous, étouffé par tant de préoccupations matériel-
les, étoufpar des réponses toute faites, trop vite
données et dont nous nous satisfaisons, sans aller voir
plus loin. Nous sommes appelés nous aussi à suivre
jusqu'au bout l'étoile de nos rêves, à réveiller cette soif
de Dieu, de l'Absolu, de la plénitude, que rien ne peut
étancher si ce n'est Dieu Lui-même!
Chacun de nous sait aussi à quelle étoile il a accroc
ses pas, ses espérances, ses rêves et le meilleur de
lui-même. Chacun de nous sait ce qu'il a continué à
croire et à voir, même dans les ténèbres de l'angoisse
et du péché. Chacun de nous sait ce à quoi il tient in-
conditionnellement, et qu'il ne voudrait en aucun cas
trahir, mais qu'il veut transmettre à ses enfants ou aux
générations futures.
Oui, Dieu a donné à chacun de nous une étoile à l'hori-
zon de nos vies . Elle nous appelle à la lumière et à la
paix, quand tout est sombre. Elle nous appelle à la
tendresse et à l'amour. Elle nous empêche de sombrer
dans l'égoïsme. C'est cette étoile qui garde en nous la
flamme sous la cendre des âges et des déceptions,
une flamme toujours prête à rejaillir. C'est elle qui
Dürer : l’adoration des mages
NOËL
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éclaire nos yeux voilés par les tristesses et les larmes
et nous redonne cette capacité de nous émerveiller, et
d'admirer, comme les enfants que nous sommes tou-
jours restés.
Pour chacun cette étoile est différente... Mais à chaque
fois, elle nous permet de ne pas nous désoler sur le
monde et sur nous. Elle nous redonne un peu de
confiance dans les hommes et en nous-mêmes. Elle
éveille des germes d'espérance. Elle nous fait sortir de
la léthargie, du désespoir, de la tristesse, de la honte.
Eclairés par cette lumière, par ce scintillement, nous
nous prenons à rêver d'un monde autre, à rêver de
fraternité, de paix, de réconciliation, de plénitude et
d'amour. Alors, nous pouvons nous mettre en marche,
en quête, nous devenons un de ces mages de l'Evan-
gile!
Faisons confiance à cette étoile à l'horizon de notre vie!
Certains diront peut-être que nous poursuivons des
chimères, que nous sommes de doux rêveurs! Ayons
confiance que cette étoile nous est donnée par Dieu
pour que nous puissions aller à Sa rencontre par un
chemin qui nous est propre, personnel, intime et que
personne ne peut faire à notre place.
Mais cette marche est surprenante... Et Dieu ne se
découvre pas là où on l'attendait! Il éveille notre désir,
notre quête, mais il les convertit aussi!
Car nous voici avec les mages d'abord à Jérusalem. Là
tout n'est que splendeur, éblouissement: les palais du
roi Hérode, le Temple construit en l'honneur de Dieu!
Nul doute que les mages ont dû croire qu'ils étaient au
terme de leur chemin. Et pourtant l'étoile les invite à
aller ailleurs, à poursuivre le chemin, à fuir même les
lieux trop splendides! car Dieu n'est pas à Jérusalem! Il
n'est pas dans les richesses humaines amassées sur
le dos des plus pauvres. Il n'est pas auprès des
puissants, qui utilisent leur pouvoir pour tyranniser le
peuple et qui sont prêts à tout pour le conserver, même
à massacrer des enfants innocents (et n'oublions
jamais au commencement de l'Evangile ce massacre
qui nous montre la face sombre et mortelle de toute
puissance humaine!). Il n'est même pas auprès des
prêtres du Temple qui tentent d'enfermer Dieu dans
des rites. Les mages se sont arrêtés un temps à
Jérusalem, fascinés par ce qu'ils voyaient, comme
nous pouvons aussi être fascinés dans notre quête par
des rêves de grandeur humaine, de perfection, de
richesse et de succès!
Certains s'arrêtent là, croient qu'ils ont trouvé enfin le
terme du chemin, le bonheur tant convoité. Ils risquent
alors de devenir arrogants et orgueilleux, de mépriser
ceux qui n'ont pas atteint ces sommets! Ils risquent
surtout de retomber de haut, lorsque les circonstances
changeront et qu'ils se rendront compte qu'ils ont bâti
leur vie sur du néant, de la vanité...
Loin de Jérusalem, l'étoile conduit les mages vers
Bethléhem, le petit village. Là, pas de rois ni de palais,
mais une simple étable pour les animaux. Là, pas de
prêtres, ni de temples, mais une famille autour d'un
nouveau-né, dans une mangeoire! Et pourtant c'est là
que l'étoile s'arrête! C'est le terme de cette longue
route à la quête de l'Absolu...
"A la vue de l'étoile, les mages éprouvèrent une très
grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit
enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et
l'adorèrent : ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui
offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la
myrrhe"(Matthieu 2/ 10 et 11)
Au terme du chemin, le chercheur de Dieu ne peut que
s'incliner devant le Christ, Dieu fait homme, car c'est
bien le terme de toutes les aspirations, les désirs, les
attentes de chacun de nous. C’est bien là que nous
conduit notre étoile à l'horizon de notre vie.
Il y a autant de chemins différents que d'individus, que
d'histoires personnelles, mais le but est toujours le
même: la crèche de Bethléhem, où Dieu prend
totalement notre condition humaine, avec nos
faiblesses, nos pauvretés et nos misères, nos soucis et
nos angoisses pour que nous puissions connaître cette
joie parfaite, cette joie que nul ne peut nous ravir, cette
joie qui nous permettra d'affronter tous les revers de la
vie avec une confiance renouvelée.
Devant la crèche prosternés, les chercheurs de Dieu
ont reconnu que c'était Dieu qui était d'abord un
chercheur d'hommes, que c'est Lui qui a fait le plus
long chemin pour venir chercher sa créature perdue,
que c'est Lui qui s'est humilié pour nous relever!
Alors, ils peuvent repartir, rentrer chez eux, dans le
quotidien de leur vie, dans leurs occupations plus ou
moins importantes, leurs affaires, leurs soucis de tous
les jours. Mais ils repartent par un autre chemin, car la
rencontre avec l'Enfant de la crèche aura été le signe
que le quotidien le plus banal, les épreuves de la vie,
les régions obscures de l'existence humaine peuvent
devenir les lieux de révélation de Dieu, lieux de sa
présence.
Michel Cornuz
(Cette méditation a été inspirée par un très beau texte
du pasteur Alain Houziaux : "Cherchant la lumière par
la lumière" dans son livre : Paraboles au quotidien)
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LA MARELLE
Le samedi 17 janvier 1998 à 17 heures, la compagnie
de La Marelle jouera en la salle de paroisse de Nuss-
baumen un conte de Noël accessible à tous, même si
le français n'est pas leur langue première.
La légende du
quatrième roi
Comme les trois autres
rois-mages, le "petit-roi"
de Russie a également vu
l'étoile annonçant la nais-
sance du Roi des rois,
sauveur du monde.
Comme eux, il a aussi
reçu l'appel intérieur de
suivre cette étoile, pour
aller adorer et rendre
hommage au nouveau-
né. Parti seul, car il est un homme modeste, mais les
fontes de la selle de son fidèle coursier remplies des
présents les plus précieux de son pays, il rencontre
chemin faisant les trois autres rois. Ceux-ci ne pren-
nent pas au sérieux un souverain si humble, et pour-
suivent leur route sans plus se soucier de lui. Ainsi,
toujours seul, le "petit-roi" de Russie reprend son
voyage. Il y rencontre des hommes et des femmes en
situation de détresse auxquels il ne peut faire
autrement que de porter secours. N'écoutant que son
coeur, il distribue généreusement les présents
emportés pour l'Enfant-Dieu. De la même façon, il
s'offre à remplacer le fils unique d'une veuve,
condamné à prendre aux galères la succession de son
père, mort avant d'avoir pu rembourser ses dettes. Le
"petit-roi" y restera trente ans... Retrouvant la liberté
alors qu'il est devenu vieux et misérable, il finit par
rejoindre le Roi des rois sur le Calvaire, au pied de la
croix. Il y meurt d'épuisement mais avec le bonheur
d'avoir accompli sa mission, car il a vu dans le regard
du Crucifié tout l'amour et toute la reconnaissance qu'il
lui porte.
Venez nombreux, de toutes les paroisses du canton,
passer un moment méditatif et convivial. Si vous venez
à Baden par le train, le car postal pour Nussbaumen
quitte la gare de Baden à 16.10h ou 16.30h et le trajet
dure 10 minutes; au retour, le car postal pour la gare
de Baden quitte Nussbaumen à 18.48h ou 19.08h.
Nous comptons vivement sur une participation
nombreuse!
Félix Beaud
Dans son livre, “la Bible des contrastes”, le pasteur
et peintre français Henri Lindegaard nous propose
des méditations par la plume et le trait, par l’écriture
et le dessin.
Voici sa présentation des trois rois mages en route
vers le Christ, qu’il regarde en relation avec les trois
vertus citées par Paul dans son hymne à l’amour
(I Corinthiens 13): la foi, l’espérance et l’amour
IL SUFFIT D’UNE ETOILE
Etaient-ils trois? Etaient-ils rois?
Ils étaient mages, observateurs d’étoiles.
Les étoiles leur faisaient des signes
et ils les comprenaient.
Dieu, qui parle aux Juifs par des anges,
parle aux mages par une étoile.
“Une étoile sort de Jacob,
un sceptre s’élève d’Israël!
Il suffit d’une étoile pour découvrir un chemin;
celle qui marche dans le ciel les met en
marche sur la terre.
“Rayonne, Jérusalem, car voici ta lumière.
Sur toi s’élève la gloire du Seigneur
tandis que les ténèbres s’étendent sur la terre.
Lève les yeux! Regarde!
Tous se rassemblent et viennent à toi!
Comme Abraham, sans consulter ni la chair, ni
le sang, ni le temps du voyage, ils sont partis.
Qui est celui qui met une main sur ses yeux
pour regarder au loin?
C’est l’espérance.
L’espérance a de la peine à voir.
Elle espère parce qu’elle ne voit pas.
Qui est celui qui lève la main
comme pour dire: “J’ai trouvé” ?
C’est la foi.
La foi est ferme assurance de celui qui trouve.
Quant au dernier qui met une main sur sa
poitrine comme pour retenir son coeur…
il ne s’appelle ni Melchior, ni Gaspar, ni
Balthazar.
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