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éclaire nos yeux voilés par les tristesses et les larmes
et nous redonne cette capacité de nous émerveiller, et
d'admirer, comme les enfants que nous sommes tou-
jours restés.
Pour chacun cette étoile est différente... Mais à chaque
fois, elle nous permet de ne pas nous désoler sur le
monde et sur nous. Elle nous redonne un peu de
confiance dans les hommes et en nous-mêmes. Elle
éveille des germes d'espérance. Elle nous fait sortir de
la léthargie, du désespoir, de la tristesse, de la honte.
Eclairés par cette lumière, par ce scintillement, nous
nous prenons à rêver d'un monde autre, à rêver de
fraternité, de paix, de réconciliation, de plénitude et
d'amour. Alors, nous pouvons nous mettre en marche,
en quête, nous devenons un de ces mages de l'Evan-
gile!
Faisons confiance à cette étoile à l'horizon de notre vie!
Certains diront peut-être que nous poursuivons des
chimères, que nous sommes de doux rêveurs! Ayons
confiance que cette étoile nous est donnée par Dieu
pour que nous puissions aller à Sa rencontre par un
chemin qui nous est propre, personnel, intime et que
personne ne peut faire à notre place.
Mais cette marche est surprenante... Et Dieu ne se
découvre pas là où on l'attendait! Il éveille notre désir,
notre quête, mais il les convertit aussi!
Car nous voici avec les mages d'abord à Jérusalem. Là
tout n'est que splendeur, éblouissement: les palais du
roi Hérode, le Temple construit en l'honneur de Dieu!
Nul doute que les mages ont dû croire qu'ils étaient au
terme de leur chemin. Et pourtant l'étoile les invite à
aller ailleurs, à poursuivre le chemin, à fuir même les
lieux trop splendides! car Dieu n'est pas à Jérusalem! Il
n'est pas dans les richesses humaines amassées sur
le dos des plus pauvres. Il n'est pas auprès des
puissants, qui utilisent leur pouvoir pour tyranniser le
peuple et qui sont prêts à tout pour le conserver, même
à massacrer des enfants innocents (et n'oublions
jamais au commencement de l'Evangile ce massacre
qui nous montre la face sombre et mortelle de toute
puissance humaine!). Il n'est même pas auprès des
prêtres du Temple qui tentent d'enfermer Dieu dans
des rites. Les mages se sont arrêtés un temps à
Jérusalem, fascinés par ce qu'ils voyaient, comme
nous pouvons aussi être fascinés dans notre quête par
des rêves de grandeur humaine, de perfection, de
richesse et de succès!
Certains s'arrêtent là, croient qu'ils ont trouvé enfin le
terme du chemin, le bonheur tant convoité. Ils risquent
alors de devenir arrogants et orgueilleux, de mépriser
ceux qui n'ont pas atteint ces sommets! Ils risquent
surtout de retomber de haut, lorsque les circonstances
changeront et qu'ils se rendront compte qu'ils ont bâti
leur vie sur du néant, de la vanité...
Loin de Jérusalem, l'étoile conduit les mages vers
Bethléhem, le petit village. Là, pas de rois ni de palais,
mais une simple étable pour les animaux. Là, pas de
prêtres, ni de temples, mais une famille autour d'un
nouveau-né, dans une mangeoire! Et pourtant c'est là
que l'étoile s'arrête! C'est le terme de cette longue
route à la quête de l'Absolu...
"A la vue de l'étoile, les mages éprouvèrent une très
grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit
enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et
l'adorèrent : ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui
offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la
myrrhe"(Matthieu 2/ 10 et 11)
Au terme du chemin, le chercheur de Dieu ne peut que
s'incliner devant le Christ, Dieu fait homme, car c'est
bien le terme de toutes les aspirations, les désirs, les
attentes de chacun de nous. C’est bien là que nous
conduit notre étoile à l'horizon de notre vie.
Il y a autant de chemins différents que d'individus, que
d'histoires personnelles, mais le but est toujours le
même: la crèche de Bethléhem, où Dieu prend
totalement notre condition humaine, avec nos
faiblesses, nos pauvretés et nos misères, nos soucis et
nos angoisses pour que nous puissions connaître cette
joie parfaite, cette joie que nul ne peut nous ravir, cette
joie qui nous permettra d'affronter tous les revers de la
vie avec une confiance renouvelée.
Devant la crèche prosternés, les chercheurs de Dieu
ont reconnu que c'était Dieu qui était d'abord un
chercheur d'hommes, que c'est Lui qui a fait le plus
long chemin pour venir chercher sa créature perdue,
que c'est Lui qui s'est humilié pour nous relever!
Alors, ils peuvent repartir, rentrer chez eux, dans le
quotidien de leur vie, dans leurs occupations plus ou
moins importantes, leurs affaires, leurs soucis de tous
les jours. Mais ils repartent par un autre chemin, car la
rencontre avec l'Enfant de la crèche aura été le signe
que le quotidien le plus banal, les épreuves de la vie,
les régions obscures de l'existence humaine peuvent
devenir les lieux de révélation de Dieu, lieux de sa
présence.
Michel Cornuz
(Cette méditation a été inspirée par un très beau texte
du pasteur Alain Houziaux : "Cherchant la lumière par
la lumière" dans son livre : Paraboles au quotidien)