Fête de l`Épiphanie Frère Thierry-Joseph Nous sommes l`étoile de

Fête de l’Épiphanie
Frère Thierry-Joseph
Is 60, 1-6 ; PS 71 ; Ep 3,2-6 ; Mt 2,1-12
Dimanche 4 janvier 2009
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Nous sommes l’étoile de Bethléem
L’évangile des Mages est l’évangile de tous ceux qui sont en quête de sens et de connaissance. Et
cette quête fondamentale qui habite l'homme traverse toute l’histoire humaine. Même la société de
consommation ne l’a pas étouffée totalement.
Qui sont les mages ? Les mages sont des païens, hommes de savoir mal considérés dans la Bible.
Ce sont des hommes qui croient, comme leurs contemporains, que le destin est inscrit, que le cours
de la vie d’un homme, de l’histoire dépend entièrement des forces cosmiques et surnaturelles qui
régissent l’univers. Et le mage cherche à connaître ces forces et ces lois pour percer le destin et le
cours du monde. Et aujourd’hui, comme des mages, nous continuons de croire que notre vie
dépend entièrement des forces naturelles définies par la science ou à d'autres forces dont parlent
les pseudo-sciences comme le ‘nouvel âge’.
Or ici, tout est inversé. Ce n’est pas l’étoile, symbole de ces forces cosmiques qui détermine le
trajet et la vie de Celui qui vient de naître, Jésus, mais c’est Celui qui vient de naître qui détermine
le trajet de l’étoile et oriente les forces de ce monde vers lui. Et c’est là, déjà, une bonne nouvelle :
dans le Christ, l’homme est libéré des forces qui le dépassent et le déterminent et il découvre la
véritable source qui oriente sa vie : le Christ, le cœur du Christ qui l’aime.
Les Mages sont donc partis à la recherche de cette source, à la suite d’Abraham, habités comme
par la même promesse : «Va hors de ton pays pour le pays que je te ferai voir» (Gn 12,1).
Promesse de trouver, de ne pas chercher en vain. «Je les mènerai à ma sainte montagne» (Gn 12,1)
promet le Seigneur à chacun de nous dans Isaïe, à chacun de ceux qui quittent tout pour chercher
Dieu.
Mais lorsque les mages sont arrivés à la source, ils n'auraient vu qu'un simple enfant dans une
maison ordinaire, si une autre étoile ne s’était levée dans leur coeur, une lumière qui leur permette
de reconnaître dans ce petit enfant d’homme, le Dieu d’avant les siècles et qu’ils puissent l’adorer.
Ainsi cet évangile nous pose deux questions : quelle est l’étoile pour nous qui peut nous guider
aujourd'hui à l’enfant ? Et quelle lumière intérieure me fera finalement reconnaître Dieu là il se
manifeste pour l’adorer ?
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Quelle étoile pour nous ?
Elles peuvent être diverses. La science peut en être une comme pour Einstein qui disait : «Dans les
lois de la nature se manifeste une raison si supérieure que toute la pensée humaine en est un reflet
insignifiant». La contemplation du monde physique peut conduire à Dieu.
Mais je voudrais partir d’un désir de connaissance que nous avons tous : le désir de connaître la
personne humaine. Cette connaissance établie en nous un amour qui promet l’infini ; cette
connaissance nous ouvre à une réalité plus grande et totalement autre que le quotidien de notre
existence. L’amitié ou l'amour conjugal est une étoile qui nous oriente vers la source de tout
Amour. Suivre l’étoile d’une amitié ou d'un amour conjugal ouvert à l’Infini nous emmène dans
une quête de Dieu.
Mais comme pour les mages venus à Jérusalem, l’étoile s’efface devant une lumière plus grande :
la Parole de Dieu. Sans la Parole de Dieu, la quête humaine ne peut arriver jusqu'au bout, d'où
l'importance pour nous de connaître la Parole et de la faire connaître autour de nous. Je pense à
cette parole de Saint Paul : «Vous brillez dans le monde comme des foyers de lumière en lui
présentant la Parole de vie» (Ph 2, 15-16). C’est finalement elle qui apporte la connaissance pour
aller plus loin, pour atteindre cet Absolu que nous cherchons. La Parole de Dieu offre à
l’intelligence humaine la liberté et l’audace de chercher vers l’infini.
Et la Parole de Dieu nous conduit en particulier vers l’Eucharistie. C’est l’Enfant Jésus qui veut
s’incarner en nous pour que nous puissions repartir par un autre chemin parce que dorénavant il
habite en nos coeurs.
Quelle lumière intérieure ?
Et c’est qu’il nous faut une lumière intérieure pour le reconnaître, pour que l’épiphanie de Dieu
se produise en nous au-delà des signes visibles de ce monde. La foi et la charité sont les lumières,
clarté d'aurore, qui peuvent se lever en nous pour nous révéler quelque chose de la splendeur de
Dieu, de l’Amour, de sa beauté. L'épiphanie de Dieu est en effet toujours une révélation de
l'Amour.
«Vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance et vous entrerez dans la
plénitude de Dieu» (Ép 3,19).
Et c'est toujours un don de Dieu, une création en nous de la lumière : «Que Dieu resplendisse en
nos coeurs pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ» (2
Co 4,6).
Frères et soeurs, en effet l'étoile, c'est vous. Le Seigneur n'a pas d'autres étoiles que vous pour
conduire les hommes et les femmes de notre temps vers Lui. Et pour que nous laissions le
Seigneur briller en nous, je vous donne un moyen tout simple : il s'agit de L’adorer souvent en
nous. Adorer, c’est le prosternement de l'esprit devant le Roi de gloire, le Créateur, le toujours plus
grand. Dieu est en nous.
FMJ – Tous droits réservés.
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