
S’il s’agit au contraire de principes moraux ou politiques,
tous procédant de la liberté, rien ne peut être donné dans
l’expérience qui leur corresponde : ainsi une cause libre est
sans antécédent qui la détermine ; or dans le temps rien ne
peut nous être donné qui ne soit précédé par une cause qui
le produise ; c’est pourquoi rien ne peut être donné dans le
temps, donc dans l’expérience, qui corresponde à l’Idée de
liberté. Cette Idée dépasse les limites de l’expérience pos-
sible et ainsi ne peut donner lieu à aucune connaissance
d’objets, comme la connaissance mathématique, la phy-
sique et les sciences positives en général. En ce sens il n’y a
pas de science de la liberté, mais seulement de la nécessité
naturelle (ou mécanisme).
Par l’Idée de liberté, nous pensons quelque chose qui ne
correspond à rien que nous puissions appréhender dans
l’expérience. La liberté, étant ainsi conçue par l’intelligence
et n’étant jamais donnée par les sens, on dit qu’elle relève
de l’intelligible (ou de l’invisible) et non du sensible. C’est
pourquoi la question se pose ici, pour nous qui ne pouvons
plus nous référer à l’expérience ni même à l’expérience pos-
sible, de savoir si l’Idée de liberté est chimérique ou au con-
traire si elle a une objectivité – objectivité non plus scienti-
fique (ou théorique au sens restreint du terme), mais mo-
rale et d’une autre nature, par conséquent.
Sens des mots théorie et pratique
Théorie, au sens strict, désigne toute connaissance em-
pirique ou a priori, et au sens général, toute pensée, même
celle qui n’est pas et ne peut être une connaissance (comme
l’Idée de liberté). Pratique, au sens général, désigne toute