La Révolution française et le Dix-neuvième siècle

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La Révolution française et le Dix-neuvième siècle
La Révolution française et le Premier empire : l’aspiration à la liberté et à l’égalité, la Terreur,
les grandes réformes de Napoléon Bonaparte.
La France dans une Europe en expansion industrielle et urbaine : le temps du travail en usine,
des progrès techniques, des colonies et de l’émigration.
L’installation de la démocratie et de la République.
Louis XVI ; 14 juillet 1789 : prise de la Bastille ; 26 août 1789 : Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen; 22 septembre 1792 : proclamation de la République ; 1804 :
Napoléon Ier, empereur des Français ; 1848 : suffrage universel masculin et abolition de
l’esclavage ; 1882 : Jules Ferry et l’école gratuite, laïque et obligatoire ; Pasteur ; Marie
Curie ; 1905 : loi de séparation des Eglises et de l’Etat
1) La Révolution et le Premier Empire.
Une révolution est une rupture, brusque et radicale, dans un processus d’évolution
historique, que ce soit dans les domaines politique, économique ou culturel.
« Une révolution correspond donc à une transformation radicale. Elle détermine un avant
et un après, repérables matériellement, d’abord dans les institutions, ensuite dans les
relations entre les individus ». Jean-Clément Martin, Violence et révolution, Paris, Le
Seuil, 2006.
a) La Révolution.
Dans l’esprit des programmes, il ne s’agit pas de revenir sur le déroulement chronologique de
cette décennie (1789-1799) tout pouvait paraître possible. La radicalité de cette rupture
retiendra plutôt notre attention, avec l’esquisse d’un bilan dans les domaines politique,
administratif, financier, économique, religieux et judiciaire. Il s’agit donc d’entrevoir
l’héritage révolutionnaire, conformément à l’angle de vue proposé par les programmes du
cycle 3.
Au niveau du pouvoir central, la principale évolution relève de la rédaction d’une
constitution pour définir les pouvoirs inhérents de l’État. La Constituante (les États généraux
se sont proclamés Assemblée générale constituante le 9 juillet 1789) élabore ainsi une
constitution en 1791 et instaure une monarchie constitutionnelle reposant sur la souveraineté
du peuple. La séparation des pouvoirs est désormais inscrite dans les textes. Le roi ou les
responsables de gouvernement ne détiennent plus que le pouvoir exécutif. Les différentes
assemblées de cette période (Législative, Convention, etc.) disposent du pouvoir législatif, le
pouvoir judiciaire relevant dorénavant de magistrats élus et indépendants. La nation détient la
souveraineté par le biais d’élections au suffrage censitaire ou universel.
D’un point de vue administratif, le remaniement par rapport aux structures d’Ancien
Régime est total. La création des départements, des arrondissements, des cantons et des
municipalités (maire) permet de faire table rase de l’extrême complication et enchevêtrement
des circonscriptions administratives précédentes (généralités, gouvernement, provinces, etc.)
qui provoquait une confusion des autorités. La charge publique n’est plus exercée par des
officiers propriétaires de leurs charges. Désormais, les pouvoirs sont strictement délimités et
hiérarchisés autour d’un corps de fonctionnaires nommés et rétribués par le pouvoir central.
Malgré l’existence, sous le régime de la monarchie absolue, des intendants, dépendants
directement du roi, on peut souligner une plus forte centralisation des pouvoirs grâce aux
préfets, qui jouent un rôle majeur.
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D’un point de vue financier, la centralisation et l’harmonisation des aspects monétaires et
fiscaux deviennent des éléments constitutifs d’une plus grande rationalisation des finances
publiques. Par ailleurs, le principe de l’égalité devant l’impôt est reconnu par l’abolition des
privilèges. Le budget de l’État l’origine de la crise financière de la monarchie absolue) est
désormais consenti par un vote du Parlement et nécessite une prévision budgétaire au
préalable.
La vie économique sort, elle, des carcans qui lui étaient imposés. L’unicité des poids et
mesures, avec l’imposition du système décimal, l’abolition des douanes intérieures et du
monopole de Compagnies ou Manufactures royales améliorent la production et la circulation
des produits, malgré le maintien d’une protection douanière par rapport à l’étranger.
L’organisation même des structures du travail se trouve profondément bousculée avec
l’abolition des corporations (loi Le Chapelier de 1791) et l’instauration d’une libre
concurrence entre les producteurs.
Le rôle consenti à l’Église et au culte connaît de son côté une profonde évolution préfigurant
la sécularisation des sociétés au XIXe siècle. La Constitution civile du clergé, adoptée en
juillet 1790, instaure l’indépendance du clergé vis-à-vis du Saint-Siège (sauf d’un point de
vue doctrinal) et en fait un corps de fonctionnaires élus et rétribués par l’État. Si on revient en
1801 au système du Concordat pour définir les rapports entre l’État et l’Église, cette dernière
connaît cependant une profonde modification de ses compétences. Elle conserve son rôle
social dans l’assistance et l’enseignement, mais perd ses compétences en matière d’état civil.
Les redevances traditionnelles perçues par l’Église, comme la dîme et les privilèges fiscaux
inséparables de ses fonctions antérieures, sont abolies. Le clergé est ainsi rémunéré par le
budget des cultes, tout en conservant le droit de percevoir des donations, qui lui permettent de
reconstituer peu à peu son patrimoine.
Enfin, le système judiciaire complexe d’Ancien Régime (justice royale, ecclésiastique,
seigneuriale), avec une justice payante et des juges propriétaires de leurs charges, laisse la
place à des juridictions simplifiées et hiérarchisées. Les juges et les magistrats sont
dorénavant payés par le pouvoir central et la justice devient gratuite. Le droit n’est plus
variable en fonction des héritages géographiques (droit coutumier ou droit romain). À travers
cet inventaire, il est possible de déceler les profondes mutations entraînées par la Révolution
française, lesquelles marquent l’entrée dans la modernité.
b) Le Premier Empire.
Cet épisode clôturant la Révolution française est soumis à des débats âpres autour de la
véritable nature du régime impérial. Si, d’un point de vue chronologique, on établit une
coupure entre la période du Consulat (1799-1804) et celle de l’Empire (1804-1815), dans la
réalité, on peut constater une unité politique, avec un glissement vers un régime de plus en
plus despotique.
La large adhésion populaire et l’instauration de réformes héritées de la période
révolutionnaire ne permettent pas cependant de nous focaliser uniquement sur cet aspect.
Napoléon est-il l’« héritier » ou le « fossoyeur » de la Révolution ? La légende impériale ne
cesse d’animer les débats et les recherches. L’installation progressive d’un régime dictatorial
est entérinée par la Constitution de l’an XII (mai 1804), attribuant un pouvoir sans partage à
l’Empereur, les ministres ne sont que des commis à la tête d’une administration
centralisée.
Si le suffrage est élargi, le mode de scrutin et le recours au plébiscite rendent la confrontation
politique impossible. La propagande, la censure et le contrôle de la société sont de plus en
plus affirmés. Le pouvoir est légitimé par la protection divine grâce au sacre du 2 décembre
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1804 à Notre-Dame de Paris, immortalisé par l’œuvre de David. Le pouvoir princier est
d’autant plus revendiqué qu’une cour impériale se crée autour de dignitaires du régime, les
militaires étant au sommet de la hiérarchie.
Les réformes engagées, que Napoléon qualifie de « masses de granit », que ce soit :
! dans le domaine du droit,
! dans celui de l’enseignement (création des lycées en 1802 et de l’Université impériale
en 1808)
! ou dans celui du régime des cultes (Concordat de 1801, faisant de la religion
catholique « la religion de la grande majorité des Français »), ont permis de stabiliser
l’héritage révolutionnaire.
Plus précisément, l’activité économique est prospère grâce au développement de l’industrie et
des voies de communication. La stabilité monétaire, elle, est assurée par la création du franc
germinal. Ce sont les notables qui tirent le plus profit de ces réformes.
Sur le plan des réformes administratives, les fonctionnaires locaux sont nommés et dépendent
du pouvoir central. Ce sont les préfets dans les départements et les maires dans les communes.
Les juges, quant à eux, sont nommés et chargés de faire appliquer le Code civil nouvellement
créé. Les lycées font leur apparition pour former les futurs cadres du régime, tout comme
l’Université. Enfin, la Légion d’honneur permet de récompenser les services militaires ou
civils. La politique impériale a permis un retour à l’ordre et, surtout, contribué aux
fondements constitutifs du XIXe siècle.
On ne peut cependant occulter l’apparition et le développement de la « guerre de masse »
(expression extraite des programmes) qui a contribué à la conquête d’une partie de l’Europe
(le Grand Empire) et à la constitution de plusieurs coalitions contre la France.
Les différentes phases de l’épopée napoléonienne
Années
Adversaires
Batailles (victoires/défaites)
1799-1802
2e coalition : Angleterre, États
allemands, Autriche, États
italiens, Russie, Turquie et
Suède
Marengo (juin 1800)
1805
3e coalition : Angleterre, Russie,
Autriche, Royaume de Naples,
Suède
Trafalgar (octobre)
Ulm (octobre)
Austerlitz (décembre)
1806-1807
4e coalition : Angleterre, Prusse
et Russie
Iéna (octobre 1806)
Eylau (février 1807)
Friedland (juin 1807)
1807-1814
Portugal et Espagne
Prise de Lisbonne (novembre
1807)
Insurrection de Madrid (mai
1808)
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Baylen (juillet 1808)
Campagne de Napoléon
(décembre 1808)
1808-1812
5e coalition : Angleterre et
Autriche
Wagram (juillet 1809)
1812
Russie
Borodino (septembre)
Occupation de Moscou
(septembre)
Retraite de Russie
(octobre-décembre)
1813-1815
6e et 7e coalitions : Angleterre,
Autriche, Prusse, Suède et
Russie
Leipzig : « bataille des Nations »
(octobre 1814)
Entrée des alliés dans Paris
(mars 1814)
Waterloo (juin 1815)
La chute de l’Empire (entérinée par le Congrès de Vienne en 1815) provoque un retour aux
principes de légitimité, de restauration des familles princières et de solidarité des princes.
L’équilibre européen se fait au profit des quatre grands vainqueurs : la Russie, l’Autriche, la
Prusse et l’Angleterre. La monarchie est rétablie en France avec le retour du Bourbon Louis
XVIII frère de Louis XVI.
2) La France dans une Europe industrielle et urbaine.
a) L’industrialisation ou la révolution industrielle.
Même si les programmes mentionnent plutôt l’expression d’expansion industrielle dans les
titres de séquences, ils indiquent de manière discrète la notion de révolution industrielle,
démontrant ainsi la complexité des termes à employer pour définir le processus
d’industrialisation qu’a connu l’Europe au cours de cette période. Si nous utilisons
régulièrement l’expression « révolution industrielle », cette dernière pose problème, même si
elle est ancienne puisqu’elle apparaît chez les premiers socialistes français du XIXe siècle.
Pourtant, il est difficile de dater précisément la rupture, le mouvement s’étalant sur plusieurs
décennies. C’est pourquoi certains auteurs lui préfèrent le terme d’industrialisation.
Néanmoins, l’expression continue à être employée car elle illustre bien une rupture radicale et
irréversible. L’Europe occidentale connaît ainsi le passage d’une société agraire et rurale à
une société de plus en plus industrielle et urbaine. La lecture des programmes du cycle 3
soulève un certain nombre de débats qu’il convient d’éclairer.
Le premier porte sur les conséquences sociales, la misère et le paupérisme. On insiste sur la
misère du prolétariat et la catastrophe sociale induite par l’industrialisation. Cette vision néga-
tive est présente dans la littérature du XIXe siècle et dans les enquêtes menées auprès des
ouvriers. Tel est le cas du Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les
manufactures (1840) du médecin Louis René Villermé, présentant les conditions de vie
précaires et les difficiles conditions de travail autour des activités du textile. Pour la France,
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cette vision est à nuancer face à la croissance observée sur la période. Il semble néanmoins
évident qu’une génération a été victime de ces mutations au début de la révolution
industrielle.
Un autre débat tourne autour des origines du processus d’industrialisation. Les programmes
semblent plutôt incliner vers une explication liée aux transformations de l’offre (la
technologie) plutôt que de la demande. De nouvelles mentalités apparaissent avec des
« bricoleurs de génie ». Pourtant, n’est-ce pas la demande qui suscite certaines innovations ?
Un autre débat concerne l’unicité ou, au contraire, la diversité des mouvements
d’industrialisation. La chronologie ne fait pas consensus, mais l’on retient généralement les
dates suivantes pour analyser le phénomène. La première révolution industrielle, initiée à la
fin du XVIIIe siècle, se terminerait à la fin des années 1880. La deuxième révolution
industrielle, quant à elle, se terminerait vers les années 1960. On le comprend aisément, la
révolution industrielle n’obéit pas à une chronologie de programme. Il est difficile de pré-
senter un vaste tableau synthétique concernant des aires géographiques spécifiques (Grande-
Bretagne, France, Allemagne).
L’erreur serait de traiter la révolution industrielle comme un phénomène identique dans le
temps et dans l’espace. Les spécificités par pays et même par régions sont à prendre en
compte. Ainsi les dates de débuts ne sont-elles pas les mêmes selon les États, comme l’illustre
la première révolution industrielle : la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, la France
vers 1830 et l’Allemagne vers 1850. Les historiens insistent de plus en plus sur les continuités
et les points communs à chaque mouvement. La seconde révolution industrielle ne serait
finalement qu’une réponse aux impasses de la première. On note ainsi une continuité dans les
méthodes et les objectifs. Les différents systèmes de production au XIXe siècle
Atelier à domicile
Usine
Local
Faible dimension de
l’atelier qui est
partagé avec le lieu de
vie
Complexe de plus en plus vaste et lieux
de plus en plus spécialisés et distincts
entre les différentes étapes de la
production
Instruments de travail
Outils peu élaborés et
rudimentaires
Élaborés avec une mécanisation des
outils de production
Énergie utilisée et force de travail
Humaine, animale,
cours d’eau, etc.
Charbon et machine à vapeur
Capitaux nécessaires
Faibles
Élevés
Productivité
Faible
Élevée
Quantité produite
Faible
Élevée
b) Bourgeois et ouvriers.
À l’origine, le terme de bourgeois ne distingue pas une catégorie sociale spécifique puisqu’il
désigne l’ensemble des habitants d’une ville. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle qu’on lui
attribue son sens moderne avec, il est vrai, une connotation péjorative. Le bourgeois est un
des protagonistes les plus représentés dans la littérature au cours de cette période. Les socia-
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