à chacun de trouver les ajustements nécessaires et de garantir une continuité du travail thérapeutique.
Trop de changements dans les interlocuteurs nuisent à la qualité du travail, obligeant la famille à s’adapter et le patient à renouer
de nouveaux liens qui le fragilisent. Au fil du temps, l’équipe soignante devient un partenaire psychique important pour la famille
d’accueil qui est parfois amenée à confier des informations relatives à sa vie privée. Cet engagement de verbalisation sur lequel
s’appuie l’accueil familial n’est rendu possible que si l’équipe assure un travail de soutien dans les questionnements de chacun et de
conseils sur les attitudes à adopter.
Si l’on peut admettre qu’il n’y a pas, à proprement parler, de modèle pour accompagner une famille d’accueil, quelques attitudes
peuvent faciliter la qualité de l’accompagnement.
La première consisterait à ne pas donner des réponses clefs en main à l’accueillante familiale. On ne peut, en effet,
exporter les attitudes des soignants de l’hôpital ou d’ailleurs, pour les transférer aux familles. Le contexte professionnel et la
position de chacun sont trop différents pour qu’elles soient opérantes.
Il s’agira plutôt d’encourager la famille à trouver elle-même le bon ajustement, en la confortant dans ses réponses relationnelles
positives face aux sollicitations du patient. Chaque famille s’est construite un mode d’échange relationnel, une sorte d’homéostasie
dont il est nécessaire de tenir compte pour apporter des suggestions appropriées lorsqu’elle est confrontée à des impasses induites
par les comportements du malade ou par son désir trop ardent de le voir guérir.
Cela suppose de pouvoir rendre compte des interactions qui se tissent entre la famille et le patient, et de les reformuler sous une
forme "utilisable" pour l’accueillante familiale. Un tel exercice peut être délicat, car il achoppe sur les susceptibilités de l’un ou
l’autre qui peuvent évoluer subrepticement vers des rivalités ou des conflits de pouvoir au sein de l’équipe ou au sein de la famille.
Ce qui entame la nécessaire collaboration entre les différents partenaires.
L’évolution d’un patient, selon la place ou le rôle que la famille d’accueil va lui attribuer (malade ou pas, membre ou pas de sa
famille [3]...), ouvre des scénarios multiples et variés. Cette situation contraint l’accompagnateur ou le référent de l’équipe à
s’adapter aux singularités de la dynamique familiale qu’il rencontre. Ainsi, les demandes de conseils et de présence soutenue de
certaines accueillantes familiales "débutantes" ne pourront être transposées vis-à-vis d’autres familles d’accueil confirmées par leur
longue expérience.
La seconde attitude consiste à favoriser une relation de confiance réciproque pour que les interventions de chacun
soient reconnues dans leur complémentarité. Cette réalité ne se décrète pas, mais va s’éprouver après de nombreuses
expériences de déception, et parfois de conflits, qui ne pourront être dépassées que dans un certain engagement relationnel de part
et d’autre.
Si des familles peuvent se dire que, durant les visites à domicile ou les consultations médicales, "c’est toujours la même chose, il ne
se passe rien", c’est peut-être qu’elles attendent des réponses techniques qui feraient bouger les situations d’impasse et de
découragement qu’elles ressentent face aux attitudes parfois déconcertantes qu’alimente la pathologie du malade.
Quelle place occuper auprès du patient ?
Nous l’avons dit, c’est le patient qui donne sens au "placement" pour lequel la famille d’accueil et les membres de l’équipe
soignante travaillent. Il occupe ainsi une place centrale qu’il utilise parfois pour rendre vains les efforts déployés par l’accueillante
familiale ou le référent.
Pour que le référent puisse se construire une place auprès du patient, différente de celle de l’accueillante familiale, des
accompagnements sont fréquemment mis en place avec le patient. Un travail axé autour de l’hygiène (l’incurie des malades est
fréquente), du tabagisme et pour des soins somatiques est confié à l’infirmière référente. Cela permet de mener à bien des suivis
médicaux auprès des médecins généralistes.
Dans un volet plus social, des accompagnements à visée réadaptative sont conduits dans le cadre des projets de réinsertion
professionnelle. La place de l’argent est souvent l’objet de transactions difficiles. Le contrôle des dépenses est ainsi dévolu au
soignant référent, ou au représentant légal du patient, qui régulent ou médiatisent les "transactions" tant financières qu’affectives...
Ces temps de "dégagement" du malade hors de la famille d’accueil sont l’occasion d’écouter les plaintes et les demandes qu’il n’ose
pas émettre en présence de sa "dame d’accueil". L’intervenant en accueil familial peut être conduit à adopter des positions
d’autorité pour restreindre la tyrannie d’un malade ou pour limiter ses conduites déviantes, dégageant ainsi l’accueillante familiale
d’une posture trop omnipotente. Ces moments de triangulation sont l’occasion pour chacun de trouver une place auprès du patient.
L’accompagnement en accueil familial thérapeutique vise donc à traiter les aspects problématiques que la situation de "placement"
pose au patient et à la famille d’accueil. Le contrat d’accueil et le projet thérapeutique, prévus par le législateur, permettent de
définir les grandes lignes des modalités de collaboration. Sa forme contractuelle a l’avantage, lorsqu’elle est élaborée conjointement
par les partenaires, d’ouvrir une base de discussion, d’échange et d’évaluation des pratiques de chacun. Les ajustements
nécessaires permettent alors de relancer une dynamique relationnelle.
Accepter d’être surpris tant par les conduites ou les réponses des patients que par l’inventivité et les initiatives des
familles reste l’originalité de l’accueil familial thérapeutique. L’accompagnement repose, dans les premiers temps, sur un