
LES URGENCES NEUROLOGIQUES
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moins de 50 ans, sans cardiopathie, doit faire évo-
quer ce diagnostic et doit conduire à la réalisation
d’un scanner cérébral et d’un échodoppler cervical.
L’existence d’un syndrome de Claude Bernard
Horner douloureux est, jusqu’à preuve du contraire,
le témoin d’une dissection d’artère carotide interne.
L’existence d’une occipito-nuqualgie ou d’une cervi-
calgie associée à des signes de focalisation en fosse
postérieure est, jusqu’à preuve du contraire, liée à une
dissection d’artère vertébrale. Il s’agit de très grandes
urgences nécessitant un bilan neurovasculaire spécia-
lisé et la mise en route d’un traitement anti-thrombo-
tique (héparine en seringue autopulsée).
Céphalées post-traumatiques aiguës
Elles peuvent témoigner d’une hémorragie ménin-
gée, d’un hématome extra-dural ou sous-dural, d’une
contusion hémorragique cérébrale. La recherche de
signes de focalisation neurologique est impérative
ainsi que la prise en charge neurochirurgicale.
Céphalées par hypotension intra-crânienne
La fuite de LCR par un orifice dure-mèrien
(ponction lombaire ou à une brèche dure-mèrienne
post-traumatique) entraîne une hypotension du
liquide céphalorachidien avec des céphalées ayant
un net caractère postural. Les céphalées n’appa-
raissent qu’en orthostatisme et sont améliorées en
décubitus. Elles sont souvent sévères associées à des
nausées ou des vomissements. La station debout ou
assise prolongée est impossible.
Céphalées d’installation rapidement progressive
Avec signes d’hypertension intra-crânienne
Les céphalées peuvent être isolées. Elles sont
alors souvent à prédominance matinale ou en
seconde partie de nuit et sont aggravées par le décu-
bitus et les efforts. On peut également fréquemment
observer l’apparition d’une diplopie par paralysie du
VI. Elles peuvent être associées à un œdème papil-
laire visible au fond d’œil qui peut s’accentuer avec
diminution de l’acuité visuelle secondairement, et à
des troubles digestifs à type de nausées voire de
vomissements.
Le scanner cérébral est à réaliser en urgence à la
recherche d’un processus expansif (tumeur, abcès,
hématome sous dural chronique…). Si le scanner est
normal, il faut pratiquer une IRM cérébrale avec
séquence de flux veineux à la recherche d’une
thrombose veineuse cérébrale aseptique pouvant se
traduire uniquement par un tableau d’hypertension
intracrânienne. Si la neuro-imagerie est normale, il
faut alors effectuer une ponction lombaire avec prise
de pression du liquide céphalo-rachidien et égale-
ment cytologie du LCR pour éliminer les méningites
subaiguës et chroniques. Si la cytologie est normale
et si la pression du LCR est supérieure à 20 cm
d’eau, le diagnostic est alors celui d’une hyper-
tension intracrânienne dite « bénigne » (risque de
cécité bilatérale par névrite optique ischémique +++).
Avec fièvre et/ou syndrome méningé
Certaines méningites subaiguës ou chroniques ne
se traduisent pas par un syndrome méningé franc.
L’association céphalée + fièvre récente d’aggrava-
tion progressive, sans porte d’entrée infectieuse
évidente et avec imagerie cérébrale normale, doit
conduire à la réalisation d’une ponction lombaire.
Artérite temporale de Horton
Toute céphalée d’apparition récente chez un sujet
de plus de 60 ans doit faire évoquer l’artérite tempo-
rale de Horton qui s’accompagne d’une céphalée
dans 60 à 90 % des cas (il s’agit du symptôme le plus
fréquent).
ÉTATS CONFUSIONNELS ET TROUBLES
DE VIGILANCE [1]
La confusion est un syndrome révélant une souf-
france aiguë et diffuse du cerveau. Il existe toujours
une pathologie organique sous-jacente, à l’origine de
cette souffrance cérébrale. Les causes les plus fré-
quentes sont toxiques et métaboliques. Une atteinte
cérébrale focale, multifocale ou méningée peut éga-
lement être à l’origine d’un syndrome confusionnel.
La démarche diagnostique doit être systématique afin
de ne pas méconnaître la ou les causes à l’origine du
syndrome confusionnel. Le trouble de conscience se
rencontre dans le syndrome confusionnel et le coma.
Il en partage donc les étiologies.
Le début du syndrome confusionnel est habituel-
lement rapide, avec une évolution diurne fluctuante
et dont la durée est inférieure à 6 mois. Pour poser
un diagnostic de certitude, ces symptômes, qu’ils
soient légers ou marqués, doivent être présents dans
chacune des sections suivantes : altération de la
conscience et de l’attention, dans un continuum
allant de l’obnubilation au coma, perturbation glo-
bale de la cognition, troubles psychomoteurs
(
hypo
ou hyper activité, avec passage imprévisible de l’un
à l’autre), perturbation du cycle nycthéméral, troubles
émotionnels (par exemple humeur dépressive,
anxiété ou peur, irritabilité, euphorie, apathie ou
perplexité anxieuse).
Il faut pouvoir établir un diagnostic étiologique de
façon urgente, quand le diagnostic de syndrome
confusionnel est posé. L’enquête étiologique ne doit
toutefois pas retarder les premiers soins nécessaires à
un syndrome confusionnel. L’interrogatoire prend
toute son importance à ce moment du diagnostic.
L’examen clinique doit être minutieux et systéma-
tique portant sur tous les appareils. Ne doivent tout
particulièrement pas être oubliés : la présence d’un
fécalome par le toucher rectal, la présence d’un globe
vésical, l’examen de la cavité buccale.
Dès l’arrivée du patient, les examens suivants
sont réalisés à la recherche : trouble hydroélectro-
lytique (natrémie, hématocrite, protidémie, urée
et créatinine, calcémie, ionogramme urinaire),
trouble glycémique, osmolarité, gaz du sang, syn-
drome infectieux : (numération formule sanguine,
CRP), dysfonctionnement hépatique ou pancréa-
tique (ASAT et ALAT,
γ
GT, bilirubine libre et
conjuguée, ammoniémie amylasémie, lipas
émie),
dysfonctionnement cardiaque (électrocardiogramme),
toxique (HbCO, alcoolémie, benzodiazépines, barbi-
turiques, tricycliques dans le sang).
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