II LA VIRGINITE PERPETUELLE
L'histoire des hérésies, depuis les Ebionites et les Erithiens du premier siècle jusqu'à nombre de
modernistes contemporains (Drewermann ou J. Duquesne) montre que les adversaires de la virginité de
Marie ont souvent été aussi adversaires de la divinité de Jésus. C'est en effet par une vierge que devait se
réaliser la prophétie messianique d'Isaïe : "Voici qu'une Vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera
Emmanuel, Dieu avec nous" (Is 7,14). Et cette virginité dans la conception est bien le signe miraculeux d'une
naissance divine : "L'Esprit-Saint viendra sur vous" (Lc 1, 34). Nier la Virginité, c'est ultimement s'attaquer aux
preuves de la divinité du Christ.
Pères de l'Eglise et premiers théologiens défendaient ardemment ce privilège marial : Origène
contre Celse (vers 250), saint Jérôme contre le moine Jovinien (vers 393) et contre Helvidius (383).
Et saint Thomas démontrera la convenance éminente de ce que le Fils unique naturel de Dieu
n'ait pas de Père sur terre (IIIa q 28 a 1).
C'est encore en lien avec la Christologie que les Pères affirmaient aussi la Virginité dans
l'enfantement. Le Catéchisme du Concile de Trente s'en fera l'écho : "De même que, plus tard, Il sortit de son
tombeau sans briser le sceau qui Le tenait fermé, (...), ainsi Jésus-Christ sortit du sein de Sa Mère sans blesser
aucunement sa virginité" (I, IV, 2).
La Virginité après l'enfantement complète en Marie ce prodigieux mystère de pureté. Il a semblé, à
nos premiers chrétiens, connexe de la grandeur de la Maternité divine. De fait, comment ce vase plus
sacré qu'aucun ciboire d'or, vase préparé par l'Esprit-Saint, vase vivant ayant non seulement contenu
mais qui fut "moule de Dieu" (saint Augustin) en donnant Chair et Sang au Christ, comment en effet, aurait-il
pu servir ensuite à des enfantements d'hommes pécheurs ?
Et déjà, vers 400, le pape Siricius disait, à propos de Boronius, détracteur de la Virginité
perpétuelle : "La conscience chrétienne recule avec horreur devant la pensée que du même sein virginal d'où est né
le Christ, selon la chair, d'autres enfants soient sortis". La tradition unanime s'appuyait sur ce très fort argument
de convenance, ainsi que sur la prophétie d'Ezéchiel : "Cette porte sera fermée, elle ne s'ouvrira pas, nul homme
n’entrera par là, car Yaweh, le Dieu d'Israël, y est passé Lui-même" (Ez, 44, 2).
Certes l'Evangile employait le terme de "frères de Jésus" ; mais les premiers chrétiens y voyaient
sans difficultés la tournure hébraïque orientale qui y englobe les proches : cousins, neveux, oncles59.
C'est pourquoi, le pape Martin Ier fera entrer, dans une définition dogmatique du Concile de
Latran de 649, l'affirmation de la Virginité perpétuelle Marie est la Toujours-Vierge. Depuis, de nombreux
actes du magistère solennel ont confirmé ce titre : Symboles (Credo), Conciles de Latran IV, Lyon II,
Trente...
59 Cf. P. Lagrange, l'Evangile selon Saint Marc, p. 72-73.
Association Notre Dame de Chrétienté