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Et tout ceci se passe à un moment où l’Église elle-même, parti-
culièrement en Europe et en France, est arontée à de nombreux
dés. Le premier est la sécularisation, la diminution des eectifs,
l’« exculturation » du catholicisme, autrement dit, la « n d’un
monde » selon l’expression de Danièle Hervieu-Léger. Le second
est l’apparition d’une communauté musulmane visible, revendiquant
son identité au point de menacer le fragile équilibre d’une laïcité
spécique, le tout sur fond de conits mondiaux et mondialisés. Le
troisième réside dans la confrontation brutale d’un certain nombre
de positions de l’Église avec celles de la société et du pouvoir sur des
questions sociétales majeures : n de vie, mariage entre personnes
de même sexe, PMA etc.
Le mouvement des Focolari n’est pas épargné par ces questions.
Mais à ces redoutables dés il en ajoute d’autres qui lui sont tout
à fait spéciques.
En eet, le rayonnement du Mouvement avait été, dans les
années soixante, tout à fait spectaculaire. Sa propagation se réalisait
– sans presque même être voulue ni pensée – dans tous les milieux,
tous les âges, et, selon sa vocation propre, dans toutes les sphères
convictionnelles (autres confessions, autres religions, non-croyants).
Aujourd’hui, le premier élan semble sinon retombé tout au moins
aaibli.
Le Mouvement partage-t-il sur ce point les aléas du temps ou
bien serait-il en quelque sorte victime de son « spontanéisme », de
son caractère essentiellement « communicatif », interpersonnel ? Par
ailleurs le caractère nativement « œcuménique » et « interreligieux »
du Mouvement est bien ressenti comme une richesse mais qui reste
presque en friche, sans développement majeur, en tous les cas en
France, du point de vue de la pensée et de l’action.
Le mouvement des Focolari possède un enracinement laïc très
fort. Mais comment cela peut-il se vivre et être ressenti aujourd’hui
au sein d’une Église qui s’est fortement appauvrie en clercs et semble