Marie dans l`expérience du mouvement des Focolari : premières

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Chiara Lubich Centre
Mouvement des Focolari
www.centrochiaralubich.org
(Transcription)
Castel Gandolfo, le 16 février 1987
Marie dans l'expérience du mouvement des Focolari : premières intuitions
Messieurs les cardinaux et Messieurs les évêques,
Le point fondamental de notre spiritualité que j’ai été invitée à vous présenter cette année - et c’est
bien plus qu’un point - est Marie.
Je ne prétends pas cependant parler de Marie comme il conviendrait pour la créature la plus
sublime du monde : cette tâche est si vaste et si importante que seule l’Église peut la remplir au cours des
siècles.
Je désire simplement vous exposer brièvement ce, qu’avec l’esprit du Mouvement, nous avons
compris de Marie, de ses richesses qui sont venues davantage en évidence au cours de notre histoire.
Le thème que je vais traiter s’intitule par conséquent « Marie dans l’expérience du Mouvement
des Focolari ».
Marie avait sa place dans notre vie dès le début du Mouvement et même avant qu’il ne commence
officiellement à exister.
Beaucoup d’entre vous savent que j’ai eu la première intuition de ce qui devait, naître - il y a bien
longtemps, en 1939 - dans la maison de Marie, à Lorette, en Italie.
C’est là que j’ai compris que le Seigneur avait préparé une voie nouvelle - la "quatrième" voie
comme nous l’appelons pour une nouvelle famille spirituelle dans L’Église : les focolarini. C’est en ce
lieu que j’ai eu l’intuition qu’une armée de vierges suivrait cette voie.
Oui, Marie était déjà là à Lorette, silencieuse, et attendait tous ceux qui la suivraient dans son
Œuvre.
Cependant avant de commencer à comprendre - grâce au charisme du Mouvement - quelque chose
de nouveau sur les vérités de notre foi concernant Marie, en général, la Mère de Jésus représentait pour
nous une dévotion, une affection profonde, une possibilité d’obtenir protection ; la Vierge qu’on honorait
surtout au mois de mai. Elle représentait une invocation et aussi un excellent sujet qui a fasciné et fascine
les artistes de tous les siècles et de tout genre.
Plus tard, cette nouvelle spiritualité a approfondi notre précédent concept limité de Marie - que
l’on pouvait comparer à une statue belle, pure et vivante qui ornait et adoucissait aussi notre existence
chrétienne - et nous a donné une idée de Marie plus conforme au cœur de Dieu.
À la naissance du Mouvement - ce fait est assez connu - je me rappelle que j’ai perçu
personnellement et de façon nouvelle, quelque chose au sujet de Marie, lors d’un terrible bombardement
qui aurait pu nous être fatal.
Couverte de la poussière qui avait complètement envahi notre abri, me relevant presque miraculée,
au milieu des cris des présents, j’ai dit à mes compagnes : "Je viens d’éprouver une profonde douleur
tandis que nous étions en danger : celle de ne plus pouvoir réciter, ici sur terre, le "Je vous salue Marie".
À cette époque, je ne pouvais comprendre le sens de ces paroles et de cette souffrance.
J’exprimais sans doute inconsciemment la pensée que, demeurant toutes en vie, avec la grâce de Dieu,
nous pourrions rendre gloire à Marie à travers l’Œuvre qui allait naître.
En attendant, Marie veillait à la porte du premier focolare. "Parce que tu es abandonné"
disions-nous en nous réveillant., exprimant ainsi le pourquoi de notre nouvelle vie. "Parce que tu es
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désolée" ajoutions-nous, même si nous ne comprenions pas encore le mystère insondable contenu dans ce
mot.
Par la suite, nous nous sommes rappelées de Marie, surtout en tant qu’Immaculée, lorsque les
premières focolarines, se détachant du groupe du Mouvement, de par leur vocation particulière, ont formé
"la blanche armée" comme nous l’appelions alors. Nous formulions notre consécration totale à Dieu par
l’entremise du cœur maternel de Marie, la femme qui s’était donnée vierge à Dieu contre l’usage de son
temps.
Puis, à dire la vérité, pendant quelques années nous n’avons plus beaucoup parlé de Marie. Dieu
gravait une à une dans nos âmes, et en lettres de feu, ces vérités nouvelles - même si anciennes qui
prenaient tout notre esprit, notre cœur et nos forces Dieu-Amour, la volonté de Dieu, le Commandement
Nouveau, Jésus abandonné, Jésus au milieu, la Parole de vie, l’unité…
À une personne qui nous avait demandé en 1947 pourquoi nous ne parlions pas de Marie, nous
avions répondu que Marie est la porte qui nous introduit en Dieu. "Salue, porte de l’auguste mystère"1,
chante l’Hymne Acathiste. Et la porte n’est porte que si elle s’ouvre pour laisser passer.
Une porte toujours fermée est un mur. Celui qui s’arrête à la porte n’arrive pas à Dieu. La porte
existe pour Jésus.
La Vierge est le vide de soi, le renoncement, l’oubli de soi : c’est la créature qui sait qu’elle est
créature, même si elle est remplie de Dieu.
L’Idéal de l’unité visait le but et il avait par conséquent en lui le moyen de l’atteindre. Le moyen
doit disparaître devant le but. Mais seulement qui a vraiment atteint le but bénit le moyen.
Nous étions convaincus que celui qui vit l’unité - étant ainsi un autre Jésus - c’est celui qui aime
réellement et sincèrement Marie.
Marie avait utilisé pour notre Mouvement la même méthode que pour l’Église : rester dans
l’ombre pour mettre pleinement en lumière celui qui devait l’être : son Fils qui est Dieu.
Mais lorsqu’arriva le moment de son entrée officielle, pour ainsi dire, dans notre Mouvement, elle
s’est montrée - ou mieux Dieu nous l’a révélée - d’autant plus grande qu’elle avait su disparaître.
C’est en 1949 que Marie nous dévoila vraiment quelque chose d’elle. Ce fut une année riche de
grâces particulières, peut-être une période « illuminative » de notre histoire.
Nous avons compris que Marie, "sertie" comme une créature rare et unique dans la Trinité, était
toute Parole de Dieu, était toute revêtue de la Parole de Dieu.
Et si le Verbe, la Parole, est la beauté du Père, Marie, substantiellement Parole de Dieu, était
d’une beauté incomparable.
Nous avons été si fortement impressionnés par cette compréhension qu’à présent encore nous ne
pouvons l’oublier, bien plus, nous comprenons pourquoi à ce moment-là il nous semblait que seuls les
anges pouvaient balbutier quelque chose d’elle.
Voilà donc la première illumination sur Marie que le Seigneur a voulu nous donner.
Marie : Parole de Dieu.
Du reste, que Marie soit toute Parole de Dieu le dit le Magnificat, par exemple, dont l’originalité
vient justement du fait qu’il est une synthèse de phrases de l’Écriture.
1
Inno Acatisto, Horologium, Roma 1937, PP. 899-900, versione dal greco G.Gharib, in AA.VV., Lodi alla Madonna,
Edizioni Paoline, Roma 1979, P. 39.
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Cela nous fait comprendre que Marie était tellement nourrie de l’Écriture qu’elle avait l’habitude,
en parlant, d’utiliser ses mêmes mots.
Laurentin dit : « (Dans) le cantique (du Magnificat) chaque membre de phrase est l’écho d’un
passage de la Bible… Nous y voyons Marie tellement pénétrée de la Parole de Dieu qu’elle en est l’écho
sonore. Ainsi nous ne devons pas nous étonner si Dieu, (à l’Annonciation) lui répond de la même manière
(par l’intermédiaire de l’Ange). À la Vierge nourrie des Écritures, le messager divin parle le langage des
Écritures »2.
L’originalité de Marie était - même si à un degré de perfection unique chez elle - de répéter le
Christ, la Vérité, la Parole, ce que tout chrétien devrait faire avec la personnalité que Dieu lui a donnée.
Cette manière de voir Marie Parole de Dieu nous est toujours apparue riche de conséquences et de
considérations.
Il suffit de penser au dialogue œcuménique.
L’avoir vu ainsi, avec l’âme, nous attira à Elle et naquit en nous un amour nouveau pour Elle.
Amour auquel Elle répondit évangéliquement en se manifestant plus clairement à nous telle
qu’Elle était : MÈRE DE DIEU. Théotokos.
Donc pas seulement la jeune fille de Nazareth, la plus belle créature du monde, le cœur qui
contient et surpasse tous les amours des mamans du monde, mais : la Mère de Dieu.
Une toute petite intuition de ce mystère suffit pour nous laisser sans parole, adorant Dieu, lui
rendant grâce pour avoir autant fait en une créature.
Marie nous dévoila d’elle - non sans une grâce de Dieu - une dimension qui nous était restée
jusque-là complètement inconnue.
Oui., car auparavant nous considérions Marie par rapport au Christ et aux saints de même que
dans le ciel - pour établir une comparaison - nous voyons la lune (marie) par rapport au soleil (le Christ)
et aux étoiles (les saints). Désormais non la Mère de Dieu embrassait, comme un immense ciel bleu, le
soleil lui-même, Dieu lui-même.
Nous étions stupéfaites de la grandeur de Marie, comme si nous la découvrions pour la première
fois.
Marie est en effet Mère de Dieu parce qu’elle est mère de l’humanité de l’unique Personne du
Verbe qui est Dieu et qui a voulu se faire homme. Cependant on ne peut jamais penser au Verbe en le
séparant du Père et de l’Esprit Saint. Jésus lui-même, fils de Marie, dit à Philippe qui lui demande de lui
montrer le Père : "Qui m’a vu a vu le Père… Je suis dans le Père et le Père est en moi" (Jn 14, 9-10).
Marie que nous contemplions contenue dans la Trinité, nous apparaissait aussi contenant, d’une
manière toute particulière, à cause de son Fils, la Trinité.*
[...]
Dieu, dans son amour infini pour cette créature privilégiée, s’était d’une certaine manière
"rapetissé" devant elle.*
2
R. Laurentin, La Vergine Maria, Roma 1970, terza edizione, P. 44.
*
« Ainsi la maternité divine consiste fondamentalement en cette relation ontologique singulière de la personne de
Marie à la Personne du Verbe (en sa distinction, puisque seul le Verbe s'est incarné). Tout l'ensemble des relations de
grâce (qui sont des relations interpersonnelles) entre Marie et le Verbe d'abord, mais aussi entre Elle et les deux autres
Personnes, se sont développées à partir de là » : J.H. Nicolas, Synthèse dogmatique, Paris 1985, P-470.
*
Saint Grégoire de Nysse, dans son homélie sur l'Annonciation, dit en s'adressant à Marie : « Le Seigneur est avec toi !
( ... ) Le fils dans le sein du Père, le Fils unique de tes entrailles, le Seigneur, de la manière que Lui seul sait, tout en
tous et tout en toi ! ( ... ) » : Gregorio di Nissa, Omelia dell'Annunciazione, PG 62, 765766, in AA.VV., Lodi alla
Madonna, cit., p. 26.
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D’ailleurs saint Paul, en parlant de Jésus qui est Dieu, dit "qu’il s’anéantit lui-même" (Ph 2,7). Et
il le fit d’abord dans le sein de Marie.
Et comprenant la grandeur de Marie nous aurions voulu crier : maintenant seulement nous savons
qui est Marie.
La seconde illumination que nous avons eue sur Marie a donc été celle de la découvrir Mère de
Dieu, et pour cela, rendue capable par Dieu de contenir d’une certaine manière la Trinité.
Si Marie est la Parole de Dieu vivante, elle n’est cependant pas un "obstacle" à notre rapport avec
le Christ comme certains peuvent le penser. Elle est en tête de l’armée des disciples du Christ, en tant que
première disciple.
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