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Pour le médecin :
« le DMP sera avant tout un outil de travail pour les professions de santé »
(Philippe Douste Blazy) ; c’est la matérialisation de sa mémoire et de celle de son patient.
C’est accepter d’être, conformément aux usages, le dépositaire et le co-gestionnaire d’une
partie de leur histoire commune. C’est l’accès à toutes les données enregistrées du patient à
travers une recherche plus aisée, verticale ou transversale, une coordination des soins, une
facilitation des échanges avec les autres professionnels de santé grâce à une technologie
communicante, un accès aux réseaux, une sécurité probablement supérieure à la sécurité
papier, des alertes programmées et automatiques, des banques de données à disposition, la
traçabilité de tous les actes et rencontres entre un patient et un professionnel de santé, le
stockage des informations à l’infini… Le dossier informatisé et hébergé est aussi un moyen
d’assurer la continuité des soins à une période où le médecin généraliste sera de moins en
moins joignable en urgence.
L’informatisation, c’est éviter les tâches répétitives ou administratives, celles aussi
concernant la gestion du cabinet médical.
Toutes ces commodités pourront, à la longue, estomper, peut être, une partie du temps
consacré à l’informatisation et au rodage de nouveaux réflexes et aboutir à une valorisation
du travail médical.
Il peut aussi s’agir d’un levier économique dans les discussions avec les pouvoirs publics.
Enfin il est possible, pour faciliter l’activation des DMP, et soulager la tâche des médecins,
que les Caisses fournissent des dossiers pré-remplis.
Pour le patient : L’existence même d’un dossier est sécurisante sur le plan de la relation
médecin-patient car elle matérialise le symbole d’un contrat de confiance. L’informatisation
du dossier professionnel, -ou du DMP-, n’est pas pour autant un label de qualité de la prise en
charge ou une obligatoire valeur ajoutée par rapport à l’existant.
Le DMP, nous dit la Loi, devra être composé
de « …l’ensemble des données recueillies ou
produites à l’occasion des activités de prévention, de diagnostic ou de soins, notamment des
informations qui permettent le suivi des actes et prestations de soins… »
C’est donc la
possibilité, après consultation du dossier, de faire le point, d’éviter la redondance d’examens,
les risques de iatrogénie (
les deux objectifs immédiats
de Monsieur Xavier BERTRAND, le
MEDEC) mais ce sera surtout, pour le patient, le moyen d’être remboursé le mieux possible
grâce à l’engagement réciproque des parties.
C’est au médecin qu’il reviendra d’informer le patient des modalités de constitution, d’accès,
de mise à jour, d’utilisation, des conditions de partage et de conservation de ses données
médicales. Il faudra l’informer surtout des dangers potentiels de son libre accès. Il est
probable qu’il faudra plus de temps pour dire ce que l’on fait que pour faire ce que l’on dit.
Il faudra nécessairement prouver au médecin et au patient l’intérêt d’une telle
informatisation, de même que celui de l’échange de données jusque là jalousement bien
gardées. C’est d’ailleurs une évolution plus sociologique que technique puisque désormais les
dossiers pourront être soumis à l’appréciation, à la critique, ou au jugement de ceux qui y
auront accès, professionnels de santé ou pas.