P
l
us de la moitié (58 %) n’en
ont “même pas entendu par-
ler” ; 19 % “en ont entendu
parler, mais ne savent pas ce dont il
s’agit” ; seuls 11 % semblent “savoir pré-
cisément ce dont il s’agit”. Cependant,
lorsque le dossier médical personnel est
expliqué aux futurs patients, ils sont alors
73 % à considérer qu’il s’agit là d’un dis-
positif “utile ou très utile”. Par ailleurs, né
en septembre 2004, il doit arriver à
maturité vers mi-2007 : un développe-
ment à petite vitesse qui laisse le temps
de s’y familiariser. Mais, puisqu’il nous est
à tous promis, autant s’y atteler dès à
présent.
Le contenant et le contenu
Il n’existe actuellement aucun dispositif
permettant aux professionnels de santé
de partager l’information médicale d’un
patient. Une des grandes mesures de la
réforme pour l’Assurance maladie est de
favoriser une coordination des soins
effective en créant le dossier médical
personnel qui permettra un parcours de
soins optimal pour toute personne, dans
toute la France, pour n'importe quelle
situation et à tout moment.
Volonté politique et économique du
ministère des Solidarités, de la Santé et
de la Famille, le DMP doit réaliser un
projet ambitieux à vocation médico-
sociale, donc par voie de conséquence
économique, qui devrait concerner dans
les années à venir tous les soignants et
tous les soignés. Les avantages espérés
abondent : limitation des prescriptions
et actes redondants, archivage fonction-
nel des résultats d’examens (imagerie et
laboratoire), prise en charge coordon-
née des soins, disponibilité quasi immé-
diate des informations… In fine, coûts
de Santé abaissés et qualité des soins
optimisée. En quelque sorte, la pana-
cée... Comment en arriver là ? À partir de
16 ans, tout assuré social disposera d’un
dossier médical informatisé qui colligera
– a priori, si la procédure normale est
respectée – tous les éléments diagnos-
tiques et thérapeutiques relatifs à l’as-
suré. Ces informations essentielles pour
le patient devront être incluses par les
professionnels de santé (voir encadré)
aussi bien lors des consultations de ville
qu’au cours des éventuelles hospitalisa-
tions.
Pour “entrer” dans le DMP, une double
sécurité a été instaurée. D’une part, le
malade sera l’unique détenteur du code
d’accès de son DMP. Il faudra donc qu’il
accepte de le communiquer au méde-
cin ce qui se fera grâce à sa nouvelle
carte Vitale (Vitale 2) portant sa photo-
graphie. D’autre part, la seconde néces-
sité pour l’accès est la carte profession-
nelle de santé (CPS) du médecin
traitant. Par ailleurs, la puce de la carte
vitale ne stockera pas le DMP. Celui-ci
sera déposé chez un hébergeur sur un
serveur informatique sécurisé et l’assuré
pourra choisir l’hébergeur après un
appel d’offres.
Quelques ratés
Mais, tout ne va pas pour le mieux dans
le meilleur des mondes pour le DMP.
Un retard conséquent, mal chronique
français, a été pris dans le calendrier pré-
visionnel. Le cahier des charges imposé
aux hébergeurs n’est pas terminé, donc
l’appel d’offres tarde ; les hôpitaux traî-
nent pour la modernisation de leur parc
informatique ; le problème du stockage,
de la lourdeur, de la rapidité d’accès, des
sites retenus pour l’imagerie incluse
dans le DMP reste en cours d’étude.
Quant au risque – certainement minime
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005
– d’une utilisation “déviante” des don-
nées personnelles du patient vers les
mutuelles, les compagnies d’assurance
ou les banques, bien que nié haut et fort
par les pouvoirs publics, il n’en demeure
pas moins un sujet de préoccupation.
Il convient cependant de conserver l’es-
poir d’un aboutissement dans les temps
de cette mini-révolution dans la gestion
de la santé tant du patient que de celle
de l’assurance maladie. Les multiples
défis socio-médicaux à venir – vieillisse-
ment de la population, déficit quantitatif
en soignants, révision structurelle de la
carte hospitalière, pour ne citer que
quelques mastodontes, ne peuvent se
permettre d’y ajouter les ratés d’un outil
de base pour leurs chantiers.
Grâce à l’information partagée, le dos-
sier médical personnel devrait faciliter
une prise en charge coordonnée des
soins dans le respect du secret médical
et de la vie privée du patient, et per-
mettre, par exemple, de réduire les inter-
actions médicamenteuses qui, à cause
d'un manque d'information et de trans-
parence, occasionnent chaque année
plus de 128 000 hospitalisations, et pro-
voquent plus de décès que les acci-
dents de la route.
GM
Soins Libéraux
30
Dossier médical personnel
Pour le service de tous
À en croire une enquête d’opinion réalisée entre le 20 avril et le 4 mai
2005 sur un échantillon de 482 “consommateurs de soins” de 18 ans
et plus (Enquête SNR-RIPAM), la perception du Dossier Médical
Personnel (DMP) par le public reste encore pour le moins contrastée.
Focus ...
Les bénéfices
du DMP
Pour la collectivité,
le DMP permet :
– d’optimiser
les dépenses de
santé des Français ;
– de piloter certains
aspects de la santé
publique en France
sous des angles de
vigilance,
d’amélioration
de la prise en
charge des patients,
de la mise en œuvre
d’actions de santé
publique ciblées.
Qui entre les données
dans le DMP ?
Il y a encore quelques incerti-
tudes à ce propos. Pour l’heure,
le médecin traitant (le référent),
le spécialiste, les services d’ur-
gence et le médecin hospitalier
responsable pourront le consul-
ter et inclure des données. Un
accès limité serait ensuite
accordé à d’autres profession-
nels tels que les infirmières et
les kinésithérapeutes. Reste les
pharmaciens qui – à juste titre
souhaitent eux aussi accéder
aux informations.
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