Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume IV, n° 6, décembre 2000
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tent facilement d’éliminer une hypoplasie
rénale ou une pathologie tubulo-interstitielle
chronique à l’origine de ce trouble de
concentration. De même, les données biolo-
giques plasmatiques et urinaires doivent
permettre d’éliminer les autres causes de
tubulopathies d’expression précoce : syn-
drome de Bartter, syndrome de Fanconi,
quelle qu’en soit la cause, etc.
Il faut aussi savoir que certaines formes, très
rares de diabète insipide central peuvent
avoir une expression précoce. Le diagnostic
différentiel peut être fait par dosage plasma-
tique de l’AVP dont le taux est bas, dans les
cas de diabètes insipides centraux.
Le test à la dDAVP, agoniste peptidique du
RV2, est également intéressant. Il permet
de faire le diagnostic de l’origine néphro-
génique du diabète insipide. Il peut égale-
ment permettre de différencier les formes
liées à une perte de fonction du RV2 de
celles liées à des anomalies de l’AQP2. En
effet, dans les cas de mutation du gène du
RV2, il n’y a pas d’élévation de l’osmolali-
té urinaire, d’une part, ni d’augmentation
de la production des facteurs VIII et von
Willebrand, d’autre part, traduisant une
absence de réponse de type V2 extrarénale.
Chez les femmes transmettrices de la muta-
tion, les réponses en osmolalité urinaire et
production de ces facteurs de coagulation
sont généralement retrouvées à un niveau
intermédiaire. Inversement, dans les cas de
mutation du gène de l’AQP2, responsables
d’une expression dominante ou récessive
de la maladie, si l’élévation de l’osmolalité
urinaire est absente, la réponse en facteurs
VIII et von Willebrand est, elle, conservée.
DINc par mutations
du gène du RV2
Les premières études génétiques réalisées
ont permis d’infirmer l’hypothèse du
Hopewell émise par Bode et Crawford, en
1969. En effet, elles ont montré que l’haplo-
type de ségrégation de la région Xq28 des
patients descendant des voyageurs du
Hopewell n’était pas le même que celui
retrouvé chez les patients d’autres familles
nord-américaines, ce qui a également été
démontré par la mise en évidence de nom-
breuses mutations différentes du gène du
RV2, responsables de cette pathologie dans
des familles de ce continent (5, 6).
Le clonage du gène du RV2 humain a été
réalisé par Birnbaumer et al. en 1992 à par-
tir d’une banque d’expression génomique
et a permis de montrer que l’ADNc codant
le RV2 humain est constitué de
1163 nucléotides contenant un cadre de
lecture de 1 113 nucléotides (10). Les pre-
mières études concernant l’identification,
sur des bases moléculaires, d’anomalies du
gène du RV2 humain chez des patients pré-
sentant un DINc ont été publiées en 1992.
Ainsi, Rosenthal et al. ont mis en évidence
chez un de ces patients, une délétion d’une
guanosine qui, en modifiant le codon 246,
change le cadre de lecture et aboutit à une
terminaison prématurée en position
270 (11). Depuis ces travaux préliminaires,
plus de 150 mutations de l’AVPR2 ont été
rapportées, dont certaines sont récurrentes.
Parmi ces mutations, on peut distinguer :
– celles qui aboutissent à un récepteur tron-
qué, soit par décalage du cadre de lecture,
après délétion ou insertion, soit par muta-
tion ponctuelle non-sens ;
– celles qui aboutissent à un récepteur
modifié seulement sur quelques acides
aminés, soit par délétion en ne modifiant
pas le cadre de lecture, soit par mutation
faux-sens aboutissant à la substitution d’un
acide aminé par un autre.
Certaines de ces mutations surviennent de
novo, alors que d’autres s’inscrivent dans
un contexte familial de DINc. Cette grande
diversité de mutations décrites par rapport
à la rareté de la maladie est en accord avec
le concept général d’une maladie liée à l’X,
létale dans le passé pour les patients mâles
atteints, mais dont la prévalence est main-
tenue par la survenue de nouvelles muta-
tions. En 2000, Bichet et al. avaient ainsi
colligé 82 mutations différentes survenues
dans 117 familles (9). Parmi celles-ci, une
grande majorité des mutations récurrentes
affectent les dinucléotides CpG, confir-
mant que les dinucléotides CpG méthylés
sont fréquemment l’objet de mutations
n’affectant qu’une seule base.
Certaines de ces mutations ont été caracté-
risées sur le plan fonctionnel, ce qui a per-
mis d’authentifier la responsabilité de ces
mutations dans l’origine du défaut de sen-
sibilité du tube collecteur du rein à l’action
de l’AVP. Ces études fonctionnelles ont
montré que le trafic intracellulaire était
anormal pour la grande majorité des récep-
teurs mutés qui n’étaient pas exprimés au
niveau de la membrane plasmique. Pour
d’autres, les récepteurs mutés restent
exprimés à la surface cellulaire, mais les
capacités de liaison de l’AVP et de trans-
mission du signal sont altérées. Enfin, un
faible nombre de récepteurs mutants ne
sont pas transcrits. Ces études ont permis
de préciser les bases pharmacologiques
correspondant à un phénotype incomplet
de la maladie, comme cela est le cas pour
les mutations D85N ou P322S. Pour les
patients concernés, on constate une éléva-
tion significative, intermédiaire par rap-
port à la normale, de l’osmolalité urinaire
au cours du test à la dDAVP. In vitro,
l’analyse fonctionnelle de ces récepteurs
mutants a montré que la perte de fonction
partielle constatée était expliquée par une
baisse de l’affinité de ces récepteurs pour
l’AVP, ainsi que par une altération de leurs
propriétés de couplage avec, cependant,
conservation d’une certaine capacité de
production d’AMPc après stimulation par
l’AVP (12, 13).
DINc par mutations
du gène de l’AQP2
Le polymorphisme des modes de transmis-
sion de la maladie et de l’expression phé-
notypique, en particulier en ce qui concer-
ne la conservation ou non d’une réponse de
type “RV2 extrarénal”, d’une part, ainsi
que la connaissance des modalités d’action
Mise au point