ÉDITORIAL
ÉDITORIALÉDITORIAL
ÉDITORIAL
Il y a deux siècles, les Européens ne connaissaient presque rien des traditions de l’Asie.
Deux siècles: bien peu de chose, alors que les sagesses et les voies de salut de l’Inde et
de la Chine, mais aussi de la Grèce et du Proche-Orient affichent vingt-cinq siècles ou
davantage au compteur.
Depuis un bon demi-siècle, depuis deux générations, des pratiques et des enseigne-
ments hindous, bouddhiques ou taoïstes ont lentement percolé dans la culture, dans la
conscience européenne. Deux générations: peu de chose et déjà beaucoup. Après les
premiers tâtonnements, les premières improvisations, une certaine maturité. Au-delà
de la curiosité, de l’engouement un peu naïf, de la séduction de l’exotique. Au-delà aussi
d’un simple savoir extérieur. Des pionniers européens ont accepté de se laisser interro-
ger, de se laisser inspirer et transformer par ce qu’ils découvraient. Leur chemin a croisé
celui de maitres et de témoins asiatiques disposés à partager leur patrimoine, leur expé-
rience.
Entre Orient et Occident, si l’échange atteint une certaine maturité, voilà aussi que nous
sommes entrés dans un temps d’incertitude et de tâtonnements. Foi chrétienne (ou
juive), convictions philosophiques, valeurs humanistes: beaucoup d’Occidentaux ne se
sentent plus portés par un héritage assuré. D’autre part, les personnes et les commu-
nautés qui s’inspirent de l’Orient hésitent: faut-il s’en tenir strictement à ce qui a été
légué par des siècles de pratique en Asie? convient-il plutôt d’élaborer d’urgence des
formes nouvelles, accommodées à la culture occidentale et tenant compte des richesses
du patrimoine européen?
Incertitudes, tâtonnements: il n’y a là rien de déshonorant, rien qui trahisse nécessaire-
ment une attitude de légèreté ou de scepticisme. Ce peut être une marque de modestie,
de prudence. Et le refus de s’enfermer dans une identité un peu étroite.
L’heure n’est-elle pas venue de ce que certains appellent un dialogue ‘intra’(1): un pro-
cessus au cours duquel la rencontre de deux traditions, ou le dialogue entre les person-
nes qui en vivent, se poursuit silencieusement dans l’esprit et le cœur de chacun des
partenaires. Ni peur de l’autre, ni tentative de m’emparer de force de ce qui lui appar-
tient. Ni repli défensif, ni volonté d’imposer quoi que ce soit. Mais plutôt une confiance
profonde et paisible: grâce à l’autre, à travers l’échange, chacun sera conduit un
peu plus loin sur un chemin encore mal exploré, mais un chemin qui est le sien.
Comme chaque année, le programme propose une diversité d’itinéraires et une
diversité d’animateurs. Le point commun, nous le souhaitons, c’est un peu de
cet esprit qui vient d’être rappelé.
L’équipe des Voies de l’Orient
********************************************************************************
(1) Voir sur notre site, sous “Documentation”, la déclaration “Le dialogue interreligieux, chemin de
transformation intérieure”.
1