Complications neurologiques de la rougeole : les encéphalites
Histologie
C’est en effet l’examen histologique du cerveau qui
permet de porter le diagnostic d’encéphalite à inclusions.
Les lésions prédominent dans la substance grise :
–inflammation périvasculaire d’intensité variable, et
zones de nécrose ;
–présence d’inclusions éosinophiles dans le noyau
et dans le cytoplasme des neurones et des cellules gliales ;
la prolifération astrocytaire est toujours faible, ce qui la
distingue des autres encéphalites ;
–il n’y a aucun signe de rechute leucémique locale
ou d’atteintes liées à une éventuelle radiothérapie ;
–la microscopie électronique montre que les inclu-
sions sont constituées de structures microtubulaires,
semblables à celles de la nucléocapside du virus de la
rougeole et retrouvées dans la PESS.
L’étude en immunofluorescence met en évidence la
présence d’antigènes viraux au niveau de ces inclusions.
Enfin, le virus lui-même est présent dans les cultures :
en PCR, on retrouve le même profil génique que dans le
virus sauvage.
Mécanisme
Le mécanisme de ces encéphalites demeure en grande
partie inexpliqué :
–pourquoi cette encéphalite survient-elle si tardi-
vement, à la différence de ce que l’on observe dans la
varicelle ou l’herpès par exemple ?
–pourquoi n’y a-t-il pas de réponse anticorps, alors
que les chimiothérapies ne dépriment que l’immunité cel-
lulaire ?
Une chose est certaine : la gravité de cette encéphalite
justifie une vaccination en urgence, quitte à décaler d’une
dizaine de jours une chimiothérapie inaugurale. Il en est
de même pour la plupart des greffes.
Panencéphalite subaiguë sclérosante
(PESS)
La PESS est due à la persistance du virus de la rou-
geole (exceptionnellement de la rubéole) [7]. Il a fallu
de nombreuses années pour rattacher cette encéphalopa-
thie à la rougeole. Connue depuis les années 1935, c’est
un franc¸ais, Bouteille, qui, le premier, isola en microsco-
pie électronique le virus de la rougeole dans le cerveau
d’un patient atteint de PESS [8]. Plusieurs années après,
une équipe américaine effectua une sérologie rougeole à
plusieurs cas de PESS et découvrit des taux particulière-
ment élevés dans le sang et le LCR de tous les malades...
puis le virus fut isolé par cocultures de cellules de biopsie
cérébrale et de cellules sensibles au virus. Puis le virus fut
isolé par coculture de cellules de biopsie cérébrale et de
cellules sensibles au virus [9]. La fréquence de la maladie a
considérablement diminué depuis la vaccination, passant
de 0,6 à 0,05 cas par million d’habitants.
Il existe d’importantes variations régionales : ainsi,
une publication récente insiste sur la relative fréquence
de la PESS en Papouasie-Nouvelle-Guinée malgré la
vaccination systématique [10]. La survenue d’une PESS
à la suite de la vaccination existe aux États-Unis (nous ne
l’avons pas observée en France). Elle pourrait s’expliquer
par une infection inapparente par le virus de la rougeole
survenue avant un an, soit par l’inefficacité du vaccin
(rupture de la chaîne du froid ?), soit encore par l’action
directe du virus vaccinal. Cette dernière hypothèse est
maintenant unanimement rejetée. Cette encéphalite, au
pronostic toujours fatal, frappe plus souvent le garc¸on.
Elle survient plusieurs années (entre trois et sept ans)
après une rougeole toujours banale ; il existe des formes
du jeune adulte entre 10 et 25 ans [7]. Dans plus de 50 %
des cas, la rougeole est survenue deux ans auparavant.
Parfois, l’infection morbilleuse n’est pas retrouvée à
l’anamnèse (15 à 20 % des cas). La rougeole congénitale
est un facteur de risque de PESS.
Toutes les études épidémiologiques retrouvent comme
facteur de risque la survenue d’une rougeole avant un an :
le risque de PESS étant de 1/6 000 rougeoles. Il semble
que le risque maximal soit la rougeole congénitale [11].
Diagnostic
Le diagnostic en est facile devant l’installation pro-
gressive d’une détérioration intellectuelle, de troubles du
comportement et de myoclonies rythmées : secousses
musculaires massives, assez lentes, prises souvent pour
des tics. Celles-ci occasionnent, lorsque l’enfant est
debout, de brusques déséquilibres responsables de chutes
et souvent de fractures. Il faut signaler que la carbamazé-
pine et ses dérivés peuvent atténuer ces myoclonies, voire
les faire disparaître pendant plusieurs mois.
Les convulsions sont rares au début.
Le tracé EEG est pathognomonique, montrant des
bouffées d’ondes lentes périodiques, bilatérales et symé-
triques, toutes les sept à dix secondes.
Biologiquement, le diagnostic est confirmé par
l’existence de taux d’anticorps rougeole très élevés dans
le sang et une synthèse intra thécale.
L’électrophorèse du LCR est particulièrement instruc-
tive, mettant en évidence un profil oligoclonal témoin
d’une sécrétion intra thécale d’anticorps, alors que
l’élévation de la proteinorachie est modeste. Il n’y a pas
d’hypercytose.
Évolution
L’évolution de la maladie se fait vers la démence et un
état grabataire conduisant à la mort en un à trois ans. Dans
356 mt pédiatrie, vol. 13, n◦5-6, septembre-décembre 2010
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