
VI Le Cardiologue 349 – Février 2012
Les syndromes aortiques aigus
SAA
Les Syndromes Aortiques Aigus (SAA) constituent une entité re-
groupant les différentes atteintes de la paroi aortique mettant en
jeu le pronostic vital des patients. Les recommandations de la société
européenne de cardiologie de 2001 avaient proposé une classifi ca-
tion basée sur l’atteinte de la paroi aortique. Les syndromes aor-
tiques aigus regroupaient alors la dissection aortique, l’ulcère péné-
trant, l’hématome intramural et les dissections traumatiques. Cette
description anatomopathologique est à mettre en parallèle avec les
descriptions morphologiques historiques de Debakey et de Stanford,
celles-ci distinguaient plus simplement les atteintes de l’aorte ascen-
dante (Type 1 et 2 de Debakey ou Type A de Stanford) des atteintes
de l’aorte descendante (Type 3 de Debakey ou Type B de Stanford).
Ces deux classifi cations ne sont pas à opposer, mais doivent toutes
les deux être connues et intégrées dans la réfl exion diagnostique.
Leur principal intérêt est de pouvoir organiser la prise de chaque
patient d’une manière simple et optimale en intégrant les données
anatomopathologiques et morphologiques.
Les SAA sont rares et leur prévalence réelle est surtout diffi cile à
estimer. Si l’on avance dans les différentes populations étudiées, une
incidence de 3 à 5 Patients/100 000 habitants, il ne faut oublier que
cette pathologie grave est responsable d’un grand nombre de décès
préhospitaliers, souvent sous la forme d’une « mort subite » rendant
diffi cile l’estimation correcte des données épidémiologiques. La créa-
tion d’un registre international sur la prise en charge des dissections
aortiques (IRAD: International Registry of Acute Aortic Dissection) a
permis d’obtenir rapidement des données épidémiologiques intéres-
santes concernant cette maladie rare et assez mal connue.
Ainsi, dans leur premiers travaux, 62,3 % des patients étaient hospi-
talisés pour un SAA de type A et 37,7 % pour un type B. Les patients
étaient en majorité des hommes de 60 à 65 ans, aux antécédents
d’hypertension artérielle dans 70 % des cas environ. Les patients
atteints d’un type B étaient légèrement plus âgés, la répartition entre
les deux sexes était égale. La proportion de patients atteints de syn-
drome de Marfan ou présentant un anévrysme aortique était plus
élevée pour le groupe de patients atteints de type A.
Ce registre a également montré que les dissections aortiques comme
les autres pathologies cardiovasculaires suivaient un rythme circa-
dien, avec une plus grande fréquence de survenue entre 18 heures et
0 heure et un pic saisonnier en hiver.
Défi nitions
La défi nition de la dissection aortique est une défi nition anato-
mopathologique. Il s’agit de l’association d’une déchirure de l’intima
à un clivage longitudinal de la média des aortes thoraciques et ab-
dominales et éventuellement de leur branche. Le caractère aigu de
l’événement est défi ni arbitrairement : il s’agit des patients dont les
symptômes ont débuté moins de 14 jours avant l’hospitalisation. Au-
delà, on parle de SAA chronique. La déchirure intimo-médiale se fait
à partir d’un orifi ce appelé « porte d’entrée », cette porte d’entrée
créée une nouvelle voie d’écoulement pour le sang encore appelé le
« faux chenal ».
Ce faux chenal peut ainsi progresser sous l’effet du fl ux sanguin
dans le sens antérograde ou rétrograde. Ce faux chenal est borgne,
même si quelques portes de sortie peuvent de se créer en raison
de la pression exercée sur ces parois fragilisées. Ce faux chenal va
grossir et va dans la majorité des cas comprimer le vrai chenal (lu-
Etiologie et classifi cation
dessyndromes aortiques aigus
Organiser la prise en charge à la phase aiguë
Dr P. Delsart. Lille
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